VictorioLa nuit est sombre lorsque je quitte le manoir. Le vent glacial me fouette le visage alors que je descends les marches de pierre, les mains dans les poches de ma veste en cuir. Mon esprit est en ébullition. Lorenzo m’a informé que Hawkins voulait me voir d’urgence, et ce n’est jamais bon signe.Je monte dans la voiture noire garée devant le portail. Lorenzo est au volant, son visage fermé, éclairé par la lueur pâle des réverbères.— Il a dit pourquoi ? demandé-je en claquant la portière.— Non, répond Lorenzo, le regard fixé sur la route. Mais il avait l’air… tendu.Je plisse les yeux. Si Hawkins est tendu, c’est qu’un problème sérieux vient de surgir.— Allons-y, dis-je.Lorenzo démarre, la voiture filant silencieusement dans la nuit. Les rues sont désertes, l’air chargé d’une tension palpable.Mon esprit reste accroché à Emily. Elle est restée au manoir. Je l’ai personnellement enfermée dans l’aile privée, sous surveillance constante. Elle ne pouvait pas sortir, et personne
VictorioLe club est toujours aussi bruyant. La musique résonne dans mes tempes alors que je sors de l’alcôve privée où Melaine vient de me laisser avec plus de questions que de réponses. Elle a toujours été douée pour ça — m'approcher, me séduire, puis s’évaporer en laissant derrière elle un goût amer de méfiance.Je longe le couloir qui mène à la sortie du club, mes épaules tendues sous le cuir de ma veste. Lorenzo m’attend dehors, adossé à la voiture, une cigarette entre les lèvres.— Alors ? demande-t-il sans lever les yeux.— Elle joue à un jeu dangereux, dis-je en allumant une cigarette à mon tour.Lorenzo me jette un regard en coin.— Tu crois qu’elle est mêlée à la fuite ?— Non, mais elle sait quelque chose. Melaine ne revient jamais sans une raison précise.Je tire une longue bouffée, le goût amer de la nicotine me calmant à peine.— Tu veux que je la surveille ?Je secoue la tête.— Non. Si elle sent qu’on la suit, elle va disparaître. Je vais la laisser venir à moi.Lorenz
VictorioLa nuit est tombée depuis longtemps quand je sors sur la terrasse du manoir. L’air est lourd, chargé de l’humidité de la mer toute proche. J’allume une cigarette, le rouge incandescent de la braise illuminant brièvement le contour de mes doigts.Mes pensées sont en désordre. Emily. Melaine. Le traître dans nos rangs.Je suis certain qu’Emily n’est pas responsable. Elle n’aurait aucun intérêt à trahir le clan — surtout maintenant, alors qu’elle sait que je suis prêt à tout pour la protéger. Mais Melaine… Elle joue à un jeu dangereux. Elle est revenue trop soudainement. Et elle sait trop de choses.— Tu comptes rester là toute la nuit ?Je me retourne et découvre Lorenzo adossé au chambranle de la porte-fenêtre. Il a changé de chemise — une noire cette fois — et tient un verre de whisky à la main.— Je réfléchis.— Ça se voit, répond-il en s’approchant.Je tire une longue bouffée de ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier posé sur la balustrade.— Tu as trouvé quelque
VictorioLe silence règne dans le bureau, seulement troublé par le tic-tac lent et régulier de l'horloge accrochée au mur. Les rideaux sont tirés, plongeant la pièce dans une pénombre oppressante. Assis derrière le grand bureau de bois massif, je fais tourner distraitement un verre de whisky entre mes doigts. Le liquide ambré scintille faiblement sous la lumière tamisée de la lampe de bureau.— Tu comptes rester là à boire toute la nuit ?Je lève à peine les yeux lorsque Lorenzo entre dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il s’avance d’un pas mesuré, les mains dans les poches de son pantalon noir.— Peut-être, répliqué-je d’une voix froide.— Melaine a semé le doute, hein ?Je serre la mâchoire et pose brutalement le verre sur le bureau.— Elle ne fait jamais rien sans raison. Si elle est venue jusqu’ici pour me dire ça, c’est qu’elle sait quelque chose.Lorenzo s’approche du bureau, son regard sombre et perçant.— Tu crois qu’elle est impliquée ?Je secoue la tête.— Non. M
VictorioL'air est lourd ce soir, chargé d'une tension sourde qui vibre sous la surface. Les couloirs du manoir sont plongés dans une obscurité inquiétante, seulement brisée par la faible lumière des appliques murales. Je marche d’un pas rapide, le bruit de mes chaussures résonnant sur le marbre froid. Derrière moi, Lorenzo me suit de près, son visage fermé et concentré.— Il est temps, dit-il simplement.Je hoche la tête.— Hawkins a frappé un de nos entrepôts. Il ne l’a pas fait au hasard. Il savait exactement où chercher.Lorenzo serre la mâchoire.— Ce qui confirme ce qu’on sait déjà : le traître est parmi nous.Je me retourne vers lui, mon regard dur.— Oui. Et je vais le démasquer ce soir.Nous atteignons le grand salon, où plusieurs de mes hommes sont rassemblés. Les visages sont tendus, marqués par l'inquiétude et la colère. Melaine est assise dans un fauteuil, une jambe par-dessus l’autre, un sourire énigmatique sur le visage. Elle lève les yeux vers moi quand j’entre.— Alor
VictorioLe manoir est plongé dans un silence pesant. Même le vent à l'extérieur semble s’être arrêté, comme si la nature elle-même retenait son souffle en attendant le coup fatal qui allait bientôt tomber.Je suis assis dans mon bureau, le dos droit, les doigts croisés sous mon menton. Devant moi, Antonio et Lorenzo sont debout, les visages fermés. Emily est assise sur le canapé près de la cheminée, le regard perdu dans les flammes qui dansent.— Il est temps, dis-je d'une voix calme mais tranchante.Antonio fronce les sourcils.— Tu es certain que c’est ce soir ?— Hawkins a frappé trop fort, trop précisément. Il savait où trouver nos points faibles. Quelqu’un dans le clan lui a parlé.Antonio hoche lentement la tête.— Tu veux qu’on procède comment ?Je me lève lentement, ajustant le col de ma chemise.— On resserre les rangs. On bloque toutes les sorties du manoir. Personne ne sort, personne ne rentre jusqu’à ce qu’on ait identifié le traître.Lorenzo serre les poings.— Et si c’e
VictorioLe sang coule sur la pierre froide du sol du manoir. L’odeur métallique de la mort imprègne l’air, me brûlant les narines alors que je progresse dans le couloir sombre. Antonio est à mes côtés, son arme levée, prêt à tirer au moindre bruit suspect. Derrière nous, Lorenzo couvre nos arrières, son regard aussi tranchant qu’un couteau.— Tu es sûr qu’ils sont encore dans le manoir ? demande Antonio à voix basse.— Oui, grogné-je. Hawkins est trop malin pour s’enfuir si facilement. Il a prévu ce coup depuis longtemps.Antonio hoche la tête.— Si Melaine nous a trahis, pourquoi Hawkins prendrait-il le risque de venir ici en personne ?Je m’arrête, mes yeux fouillant l’obscurité.— Pour finir le travail lui-même.Antonio esquisse un sourire sombre.— Alors, il a fait une erreur.— Oui.Une porte claque brutalement dans le couloir. Antonio et Lorenzo se retournent immédiatement, armes levées.— C’était quoi, ça ? demande Lorenzo.— On va le savoir.Je me dirige vers la source du bru
VictorioLe manoir est plongé dans un silence pesant, seulement troublé par le bruit régulier de mes pas résonnant dans le marbre froid du couloir. Antonio est à mes côtés, son visage crispé par la tension. Derrière nous, Lorenzo ferme la marche, son arme prête à être dégainée à la moindre menace.Hawkins est mort. Une balle entre les deux yeux. J’ai tiré sans hésitation, sans remords. Pourtant, cette victoire a un goût amer. Hawkins n’était qu’un pion, une marionnette dans une machination plus complexe. Le véritable danger est encore tapi dans l’ombre, et je n’ai aucune idée de qui tire vraiment les ficelles.— On fait quoi, maintenant ? demande Antonio, sa voix basse et tendue.Je m’arrête devant la porte du bureau, mon regard glissant sur le bois massif.— On attend.Antonio fronce les sourcils.— Attendre quoi ?Je pousse la porte, entrant dans la pièce sombre. Le bureau est en ordre, mais je ressens la présence invisible du chaos sous-jacent.— Que le véritable maître du jeu se d
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu
LorenzoJe n’ai même pas pris le temps d’essuyer mes mains. Le sang sèche déjà sous mes ongles, dans les lignes de ma paume, comme une mémoire que je ne peux pas effacer. Emily ne dit rien. Elle ne me regarde plus de la même manière. Mais elle reste. Et c’est bien ça le plus dangereux.Le corps gît encore au sol. Une traînée écarlate s’étend jusqu’à la flaque de pluie entrée par le toit éventré de l’usine. Le sang et l’eau forment une mare trouble, comme un cauchemar dissous dans le réel. Dante s’est écarté, son visage fermé comme à son habitude, mais je vois son cou raidi, ses mâchoires crispées. Même lui sent que cette nuit, quelque chose a changé.Emily m’a suivi. Elle a vu. Elle n’a pas détourné les yeux.Et ça… Ça me retourne plus que je ne veux l’admettre.— Il avait des infos sur les cargaisons ? demandé-je d’une voix sèche.Dante hoche la tête.— Ils comptent frapper sur deux fronts. L’un par la route. L’autre par quelqu’un de l’intérieur.Je plisse les yeux. Ce mot. Intérieur
LorenzoElle me regarde, un mélange de détermination et d’incertitude dans son regard. Mais elle acquiesce, lentement, prenant une profonde inspiration avant de s’installer à mes côtés.— Je suis prête, murmure-t-elle.Les phares de la voiture s’allument, et le moteur rugit dans la nuit. La pluie continue de tomber, mais je n’y prête plus attention. La route est devant nous, et tout ce qui compte maintenant, c’est ce qui va suivre. Nous allons frapper fort. Et personne ne pourra nous arrêter.EmilyLa pluie tambourine encore sur le toit de la voiture, amplifiée par le silence tendu qui règne à l’intérieur. J’ai les yeux fixés sur la route détrempée, les mains posées sur mes cuisses, immobiles, comme si le moindre mouvement risquait de faire éclater l’équilibre précaire qui m’habite. Tout va trop vite. Les mots de Melaine tournent encore dans ma tête comme des crochets venimeux. Sa voix douce, ironique, cette façon de m’observer comme si elle savait déjà ce que je ne voulais pas admett
VictorioLa pluie n’a pas cessé. Elle martèle le toit du motel avec une intensité qui me fait presque oublier la tension palpable qui envahit l’air autour de moi. Le bruit de l’eau tombant sur le métal est monotone, presque apaisant, mais il ne parvient pas à étouffer le tumulte dans mon esprit. Les mots de Melaine résonnent encore dans mes oreilles, des échos désagréables qui s’infiltrent dans chaque recoin de mes pensées.Je jette un regard furtif vers Emily, toujours là, silencieuse à mes côtés. Elle semble être dans son propre monde, perdu dans la pénombre de la pièce. Sa respiration est calme, mais je peux voir les signes de l’agitation sous-jacente qui la traverse. Son regard est distant, presque absent, et malgré sa tentative de rester forte, je sais qu’elle lutte contre quelque chose de plus grand qu’elle. Quelque chose qu’elle ne me dit pas. Mais je peux lire entre les lignes.Je brise le silence, ma voix douce mais ferme.— Tu ne veux pas me dire ce qui te tracasse ?Elle se
VictorioLa pluie s’est intensifiée. De grosses gouttes s’écrasent contre le pare-brise de la voiture alors que je fixe la route devant moi, le regard noir. Emily est à mes côtés, son visage éclairé par la faible lumière des lampadaires qui défilent. Elle ne dit rien, mais je sens sa tension. Ses doigts crispés sur le tissu de son pantalon, sa respiration mesurée, presque forcée.— On devrait s’arrêter pour la nuit, propose Dante depuis le siège passager.— Non, on continue, répliqué-je froidement.Dante me jette un regard en coin.— On ne peut pas rouler éternellement, capo. On a besoin de repos, et elle aussi.Il désigne Emily d’un signe de tête. Je me tourne vers elle. Ses yeux brillent faiblement dans l’obscurité, mais elle ne dit rien.— Je vais bien, murmure-t-elle.Je serre la mâchoire.— On va s’arrêter une heure, dis-je à contre-cœur. Pas plus.Dante sourit légèrement.— Comme tu voudras, capo.Il s’engage sur une petite route secondaire, et quelques minutes plus tard, nous a
EmilyLa nuit est tombée depuis longtemps, et pourtant je suis incapable de dormir. Allongée dans le lit de Victorio, le regard fixé sur le plafond sombre, je sens mon cœur battre trop fort dans ma poitrine. Le silence du manoir est presque oppressant, seulement troublé par le bruit lointain de la pluie qui s’écrase contre les vitres.Victorio dort paisiblement à mes côtés, son bras passé autour de ma taille. Sa respiration régulière et profonde devrait m’apaiser, mais ça ne fonctionne pas. Les mots de Melaine résonnent encore dans mon esprit."Bonne chance. Tu vas en avoir besoin."Ce n’est pas seulement une provocation. C’était un avertissement.Je me tourne légèrement pour observer Victorio. Même dans son sommeil, il dégage cette aura de danger et de contrôle. Ses traits sont détendus, mais son corps reste tendu, comme prêt à réagir au moindre bruit suspect.Je glisse une main sur son torse nu, sentant la chaleur de sa peau sous mes doigts. Il bouge légèrement, son bras se resserra
VictorioLe soleil filtre à travers les épais rideaux du manoir, mais je ne bouge pas. Emily est encore endormie contre moi, sa respiration légère effleurant ma peau. Une mèche de ses cheveux sombres tombe sur son front, et je l’écarte doucement du bout des doigts.La nuit dernière hante encore mes pensées. La menace plane au-dessus de nous, invisible mais bien réelle. Je sens dans mes tripes que la Bratva prépare quelque chose. Ils ne se contenteront pas d’un simple avertissement. Ils vont frapper, et fort.Emily frissonne dans son sommeil, et je resserre mon étreinte autour de sa taille. Elle est si petite contre moi, fragile en apparence… mais je sais qu’elle est plus forte que beaucoup d’hommes que j’ai connus. Sa détermination m’impressionne autant qu’elle m’inquiète.Elle a accepté de rester à mes côtés, de se battre avec moi. Mais cela signifie qu’elle sera aussi une cible.Je l’observe un moment avant de déposer un baiser sur son front. Elle gémit doucement et se blottit davan
EmilyLe silence règne dans le manoir. La nuit est tombée depuis longtemps, enveloppant le domaine d'une obscurité épaisse, seulement troublée par la lumière diffuse des lampes murales. Je suis assise sur le lit, les genoux repliés contre ma poitrine, la tête appuyée contre le bois massif de la tête de lit.Mes pensées sont un tourbillon incessant. La Bratva nous a repérés. Ils savent que je suis ici, que Victorio tient à moi. Cette pensée me glace le sang.La porte de la chambre s’ouvre doucement. Victorio entre, le regard sombre, une tension palpable dans son corps. Il porte encore son costume noir, légèrement froissé par la longue nuit.— Tu ne dors pas ? murmure-t-il en refermant la porte derrière lui.— J’attendais que tu rentres.Il se dirige vers moi, retirant sa veste qu'il laisse tomber sur le fauteuil à côté du lit. Il défait sa cravate d'un geste lent, son regard brûlant ancré dans le mien.— Je suis là, maintenant.Je le fixe en silence tandis qu'il s’approche du lit. Il s
VictorioLa nuit est tombée depuis longtemps quand je sors du bureau, le poids des heures passées à planifier pesant sur mes épaules. Les ombres du manoir dansent sous la lumière tamisée des chandeliers, créant une ambiance à la fois apaisante et menaçante. Antonio est parti vérifier les derniers détails de notre prochaine opération, laissant le silence s'installer dans la maison.Je traverse le long couloir menant à ma chambre, mais mes pas ralentissent en passant devant la porte de la chambre d'Emily. La porte est entrebâillée. Une faible lueur dorée filtre sous le cadre, accompagnée du murmure du vent qui s'infiltre à travers la fenêtre entrouverte.Je reste immobile un instant, la main posée sur le bois froid de la porte. Mon cœur cogne lourdement dans ma poitrine. Après tout ce qui s’est passé ces derniers jours, après cette guerre ouverte contre la Bratva, je ne peux m'empêcher de penser qu’elle pourrait être le prochain objectif.Je pousse doucement la porte et entre sans bruit