Home / Romance / L'interdit et l'évidence / Chapitre 6 — Retour au point zéro

Share

Chapitre 6 — Retour au point zéro

Author: L'encre
last update Huling Na-update: 2025-07-21 23:44:11

Azar

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

J’ai tourné dans mon lit comme un fauve en cage, les bras vides et la tête pleine d’elle.

Leyna.

Son regard coupant.

Sa voix sèche.

Et cette manière de me vouvoyer comme pour m’effacer, pour se convaincre que je suis un autre, un homme à fuir.

Un cliché de plus dans sa galerie de désillusions.

Mais elle se trompe.

Ou alors… peut-être qu’elle a raison.

Je ne sais même plus qui je suis, face à elle.

Je me lève à l’aube, incapable de rester inactif.

Un shooting prévu à 11h, une réunion avec le sponsor principal à midi.

Mais mon corps va ailleurs.

Je prends la voiture. J’envoie balader mon planning.

Je roule vers son quartier, ce bloc gris que je n’ai vu que de nuit, dans le silence.

Je ne sais pas ce que je cherche.

Je ne sais même pas ce que je dirais si je la revois.

Mais il faut que je sois là.

Juste… là.

Je gare la voiture un peu plus loin, baisse ma capuche.

Personne ne me reconnaît ici.

Ici, je ne suis pas "Azar Khaled, attaquant vedette de l’OM".

Ici, je suis juste un type de trop avec des baskets trop blanches.

Je repère son immeuble, son entrée.

Tout est calme. Trop calme.

Quelques gosses qui jouent au ballon. Une vieille dame qui arrose ses géraniums.

Je reste dans l’ombre, appuyé contre un muret.

Attendre n’a jamais été mon fort.

Mais là, je pourrais attendre des heures.

Elle finit par apparaître.

Un manteau trop léger. Un sac sur l’épaule. Les cheveux tirés.

Son visage est fermé.

Fatiguée.

Belle.

Elle marche vite, sans lever les yeux.

Mais à peine ai-je fait un pas que son regard me heurte.

Elle s’arrête net.

Ses sourcils se froncent.

— Qu’est-ce que vous faites là ?

Ce vouvoiement me frappe à nouveau comme un mur froid.

— Je voulais te voir.

— Et tu penses que venir traîner devant chez moi, c’est une bonne idée ? Tu crois que c’est séduisant, peut-être ?

Je reste calme. Parce qu’elle s’attend à ce que je joue le mec vexé ou blessé.

Mais moi, je ne joue plus.

— Je crois que j’ai plus envie de jouer, justement.

Elle souffle, agacée. Elle me contourne. Ne veut pas s’attarder.

Mais je la suis. Pas trop près. Pas pour l’étouffer. Juste assez pour qu’elle sente que je suis là.

— Je te dois rien, murmure-t-elle sans se retourner.

— Non. Rien du tout. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir envie de tout te donner.

Elle se fige un instant.

Je le vois. Ce petit geste. Cette hésitation.

Son corps dit "pars", mais ses mains tremblent légèrement.

Elle reprend sa marche. Sans un mot.

Mais moi, je reste là, planté au milieu de cette rue anonyme, à la regarder s’éloigner.

Et je me dis que je n’ai pas fini d’y revenir.

Leyna

Je n’ai pas de temps pour penser à lui.

Voilà ce que je me répète toute la matinée.

Je me lève tôt, prépare les tartines de mes frères à la va-vite, réveille Sofia pour ses médicaments. Elle tousse encore cette toux sèche et profonde que je déteste.

Je cale un foulard autour de son cou, force un sourire.

Elle, elle me regarde avec ses grands yeux noirs, comme si elle lisait déjà dans mon trouble.

— Tu n’as pas dormi, me dit-elle doucement.

Je hausse les épaules.

Je mens.

Comme d’habitude.

Je quitte l’appart en courant, sac sur l’épaule, le cœur trop lourd.

Et puis je le vois.

Lui.

Azar.

Devant la résidence. Comme un gosse perdu, avec sa capuche et son regard fixe.

Et j’ai froid d’un coup.

Pas parce qu’il me fait peur. Non.

Mais parce que je sens que ce qu’il veut, ce n’est pas un jeu.

Et que moi, je ne peux pas me permettre d’y croire.

Au bar, je fais des doubles services.

Je nettoie, je sers, je souris à des clients qui ne me voient pas vraiment.

Mais lui, je le vois partout.

Son regard. Sa voix. Son odeur, même, me revient.

Je me déteste de penser à lui.

Je me dis qu’il est comme tous les autres.

Un mec plein d’argent, qui veut juste s’offrir un caprice, une distraction.

Un fantasme de banlieue pour une semaine, peut-être deux.

Mais au fond… je sais que ce n’est pas ça.

Et c’est justement ce qui me fout en l’air.

Parce qu’Azar Khaled me regarde comme si j’étais unique.

Pas comme un trophée.

Pas comme une proie.

Mais comme une faille à comprendre.

Et ça, je ne suis pas prête.

Je ne veux pas qu’on me touche là.

Je rentre tard. La lumière grésille dans la cuisine.

Sofia dort déjà, les garçons aussi.

Je me faufile dans la salle de bains, je m’asperge d’eau froide. Longtemps.

Comme si je pouvais éteindre ce feu qu’il a laissé en moi.

Je m’assois ensuite dans le noir, dos contre le mur, genoux repliés.

Je me répète encore :

"Tu n’as pas le droit de rêver à ça, Leyna."

Et pourtant, dans un coin de mon ventre, il y a quelque chose qui pulse.

Quelque chose de vivant.

Quelque chose qui ne veut pas mourir.

Patuloy na basahin ang aklat na ito nang libre
I-scan ang code upang i-download ang App

Pinakabagong kabanata

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 65 : L'aube des promesses

    Épilogue — L’Aube des Promesses LeynaLa lumière du matin filtre doucement à travers les rideaux légers, dessinant des motifs dorés sur les draps froissés. Mes paupières s’ouvrent lentement, et la première chose que je vois est Azar, encore endormi, ses traits détendus, son souffle régulier. Mon cœur se serre de tendresse, et un sourire naît sur mes lèvres.Je me glisse hors du lit avec précaution, pour ne pas le réveiller, et m’approche de la fenêtre. La mer scintille sous le soleil naissant, et le ciel pastel se reflète dans l’eau calme. L’air est doux, empli du parfum des fleurs et du sel de l’océan. Tout semble suspendu, comme si le monde entier retenait son souffle pour nous laisser savourer cette intimité.Azar s’étire, bâille et ouvre un œil, me découvrant debout près de la fenêtre.— Bon…jour, murmure-t-il, un sourire endormi se dessinant sur ses lèvres.— Bonjour… soufflé-je, me glissant à nouveau dans ses bras. Le contact de sa peau contre la mienne me réchauffe instantaném

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 64 — L’Étreinte des Étoiles 

    LeynaLa nuit est tombée sur la villa, et le ciel est un océan d’étoiles qui se reflètent dans la mer calme. La brise chaude porte le parfum discret des fleurs tropicales, et chaque souffle semble murmurer notre nom. Azar me prend la main, et le simple contact fait frissonner ma peau.— Leyna… murmure-t-il, sa voix rauque de désir et de tendresse, je n’ai jamais attendu ce moment avec autant d’impatience.Je souris, me rapprochant de lui, sentant son souffle sur ma nuque. Chaque mouvement est chargé de promesses silencieuses, chaque regard un serment d’intimité.— Moi non plus… je veux que cette nuit ne s’arrête jamais, dis-je, la voix basse, presque un souffle.Il m’attire contre lui. Nos corps se pressent, et je sens sa chaleur se mêler à la mienne. La douceur de ses mains sur ma peau, le rythme de sa respiration, le battement de nos cœurs qui s’accordent… tout devient intense et vibrant.— Tu es tout ce que j’ai attendu… murmure-t-il contre mon oreille.— Et toi… mon monde entier,

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 63 — L’Évasion des Sens 

    LeynaL’air du matin est doux et parfumé lorsque nous quittons enfin la ville. Les souvenirs de la réception et les flashes des journalistes semblent déjà s’éloigner derrière nous, remplacés par le calme et la promesse d’un monde à nous. La voiture glisse sur la route, bordée d’arbres qui filtrent la lumière du soleil, et chaque virage dévoile un paysage d’une beauté presque irréelle : champs dorés, collines ondulantes, et l’horizon qui s’étire comme un tableau vivant.Azar conduit avec cette assurance tranquille qui m’apaise toujours. Parfois, sa main frôle la mienne sur l’accoudoir, juste assez pour que je sente la chaleur de sa peau et le frisson doux qui traverse mon corps.— Tu as vu ce ciel ? murmuré-je, émerveillée par l’orange du soleil qui éclaire les collines.— Oui, répond-il, un sourire dans la voix. Mais rien n’est aussi beau que toi dans cette lumière.Je rougis, posant ma main sur la sienne. Le trajet est ponctué de rires légers et de silences confortables. Nous n’avons

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 62 — Lumières et Éclats

    LeynaLa soirée commence dans un tourbillon de couleurs et de lumières. Le lieu de la réception est somptueux : des guirlandes lumineuses s’entrelacent avec des fleurs fraîches, et des chandeliers diffusent une lueur douce sur les tables impeccablement dressées. L’air est empli du parfum sucré des desserts, de celui des fleurs et d’une note subtile de parfum des invités élégamment vêtus. Chaque détail scintille, mais je ne peux m’empêcher de chercher Azar du regard. Sa présence à mes côtés est mon ancre.Dès notre arrivée, les flashes crépitent. Les photographes immortalisent chaque sourire, chaque geste, chaque éclat de rire. Les journalistes, élégants mais insistants, prennent des notes et capturent des images, mais Azar me serre la main, discret et protecteur. Sa simple pression m’indique que je n’ai rien à craindre, même sous cette lumière crue.— Ne les laisse pas te distraire, murmure-t-il près de mon oreille. Profite de chaque instant.Je hoche la tête, laissant le tumulte glis

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 61 — Le Jour de la Joie 

    LeynaLe matin se lève avec une douceur inouïe. Les rayons du soleil traversent les rideaux, éclaboussant le parquet de taches dorées qui dansent comme des éclats de cristal. L’air est chargé d’une multitude de parfums : café fraîchement préparé, fleurs délicates choisies pour le mariage, et le léger parfum de savon sur mes mains après le ménage du matin. L’énergie qui flotte dans la maison est à la fois fébrile et douce, emplie de promesses et d’attente.Ma sœur est déjà dans sa chambre, entourée de ses demoiselles d’honneur. Ses yeux brillent de nervosité et d’excitation. Elle respire profondément, ajustant pour la dernière fois sa robe ivoire, et chaque sourire qu’elle offre à ses proches illumine son visage. Je sens mon cœur se gonfler de fierté et de bonheur. Ce jour est la concrétisation de tous les efforts, des rires, et des larmes que nous avons partagés. Elle est rayonnante, et sa force me touche profondément.Les garçons, mes frères jumeaux, gambadent dans le salon, habillés

  • L'interdit et l'évidence   Chapitre 60 — Les Préparatifs du Bonheur 

    LeynaLe soleil du matin éclaire doucement l’appartement. Les rideaux laissent passer des rayons dorés qui dansent sur le parquet, et la poussière en suspension capte la lumière comme de petits éclats de cristal. L’air sent la cire fraîchement passée, mêlée au parfum subtil des pivoines et des roses que ma sœur a choisies pour son mariage. Aujourd’hui, la maison est pleine de préparatifs, de rires et de conversations animées. L’excitation flotte dans chaque recoin.Ma sœur s’affaire dans sa chambre, essayant différentes robes et accessoires. Ses éclats de rire résonnent dans le couloir et font vibrer mon cœur d’une joie que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. Elle est radieuse, presque insouciante, et chaque geste de bonheur qu’elle accomplit me réchauffe profondément. Ses yeux brillent de cette étincelle que j’avais oubliée, et je sens que tout ce que nous avons traversé l’a rendue encore plus forte et lumineuse.Les garçons, mes frères jumeaux, sont installés dans le salon av

Higit pang Kabanata
Galugarin at basahin ang magagandang nobela
Libreng basahin ang magagandang nobela sa GoodNovel app. I-download ang mga librong gusto mo at basahin kahit saan at anumang oras.
Libreng basahin ang mga aklat sa app
I-scan ang code para mabasa sa App
DMCA.com Protection Status