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Agonie.
C’est le seul mot qui peut décrire ce que je ressens dès que DOC referme la porte de ma cellule. Je me précipite sous la lumière pâle de la lune, comme elle me l’a conseillé. Mais mes mains se mettent à trembler, mes jambes à fléchir. Je sais que ce n’est pas le froid : c’est l’anticipation, le stress, la peur de ce qui va arriver.
Soudain, une douleur atroce explose dans le bas de mon dos, comme si ma colonne se brisait de l’intérieur. Un cri déchire le silence du couloir. Strident. Animal. Il résonne contre les murs… et il me faut quelques secondes pour comprendre qu’il sort de ma propre gorge.
Mes jambes cèdent et je m’écroule à genoux, les ongles griffant le sol comme pour y trouver un ancrage. La douleur grimpe en flèche, remonte ma colonne, s’étend à chaque muscle, chaque nerf. Mes os craquent, se tordent, se brisent pour se reformer aussitôt.
Je hurle de nouveau, mais ma voix change déjà. Plus rauque. Plus gutturale. Chaque inspiration est un supplice, chaque expiration un feu qui consume ma poitrine. Ma peau brûle, se tend, puis se déchire par endroits, laissant jaillir des poils sombres. Je lutte par instinct, par crainte de poursuivre cette métamorphose dans la douleur.
Mes doigts se crispent, s’allongent, mes ongles s’allègent en griffes. Ma mâchoire claque, s’avance, mes dents se changent en crocs. Le monde vacille devant mes yeux embués de larmes, et pourtant mes sens s’aiguisent : j’entends les battements de mon cœur comme un tambour, je sens l’odeur métallique des barreaux de ma cellule, mélangée à l'odeur d'antiseptique et plus loin, filtrant par la fenêtre, le parfum des sapins qui s'engouffre dans mes narines.
Je lutte encore quelques secondes, accroché désespérément à ma propre conscience. Mais la douleur est trop forte, trop absolue. Elle me broie, m’écrase, et mes pensées s’effilochent comme un tissu qu’on déchire. Et je repense aux paroles de DOC: "Accompagne la transformation malgré la douleur".
Alors j'arrête la lutte, je me résigne et laisse mon corps prendre le dessus. Et contre toute attente, la douleur est moins attroce que les secondes précédentes.
Puis, brusquement, mes forces me lâchent et je m’effondre au sol, à quatre pattes. Un bruit sourd résonne dans mes oreilles, comme si ma propre chair se déchirait pour se recomposer. Une sensation étrange me parcourt tout entier : ma peau se tend, se transforme, et peu à peu, je la sens se couvrir d’un manteau nouveau. La chaleur douce de ma fourrure naissante enveloppe mon corps, apaisant l’horreur de la mutation.
Je sens ma langue pendre de ma bouche tandis que je respire frénétiquement, essayant de reprendre peu à peu mon souffle. Mon corps pulse encore sous l’adrénaline de la transformation, chaque muscle vibrant intensément. Peu à peu, je sens mon cœur ralentir, retrouvant un rythme plus régulier, et ma respiration haletante se calme elle aussi, comme si la tempête qui me traversait s’apaisait enfin.
Mes yeux, adaptés à la nuit, scrutent chaque recoin de la cellule et même au-delà : les ombres deviennent des formes, les formes des repères. Je me rends compte que je perçois des détails qui m’étaient invisibles auparavant, et mon esprit humain commence à reconstruire cette vision avec une logique nouvelle.
Je respire calmement, savourant cette étrange harmonie entre mon instinct sauvage et ma conscience. La douleur s’estompe, remplacée par une énergie brûlante qui me rappelle que je suis plus que ce que j’étais… mais que je reste moi-même, à l'intérieur de ce corps de monstre.
Soudain, le monde autour de moi change. Je n’ai aucune idée de ma taille actuelle, mais tout semble différent, plus net, plus intense. J’avance, tâtonnant, m’appropriant peu à peu ce corps qui m’appartient désormais, et je suis surprise de constater à quel point il s’est déjà adapté à ce changement. Une envie irrépressible me traverse : courir. Parcourir la forêt à toute vitesse, me jeter dans une course effrénée, sans jamais m’arrêter.
Les minutes passent, et je dois admettre que je ne me sens pas si mal dans ce corps de monstre. Puis, une pensée me foudroie : mon frère. Sa cellule est proche de la mienne… et pourtant, je ne me souviens pas avoir entendu ses cris, trop absorbée par les miens.
Je veux l’appeler, mais ma nouvelle forme m’en empêche. Alors je m’avance vers la porte de ma cellule, humant l’air, reniflant les barreaux, cherchant son odeur, essayant de m’assurer que sa transformation s’est déroulée correctement.
Et soudain… une senteur familière, mêlée à une odeur sauvage de fourrure, me parvient. GRABUGE. C’est lui. C’est son odeur. Un souffle de soulagement me traverse, chaud et vif, et je sais qu’il est là, vivant.
Mon attention se fige soudain lorsque j’entends le cliquetis de la serrure. Et la première chose que je vois lorsque la porte s’ouvre… un fusil de calibre 12 braqué directement sur moi. Instinctivement, un grognement sourd m’échappe, mes muscles se tendent, prêts à bondir.
"Avec tout le respect que je vous dois, baissez cette arme, Général ! Il n’y a aucun danger, PURE est toujours là." La voix de DOC résonne, ferme et assurée, en entrant dans la pièce à son tour.
"Et comment pouvez-vous en être sûre ? Son frère s’est montré… un peu virulent ! Pourquoi serait-ce différent avec elle ?" Ses yeux, durs et pénétrants, ne quittent pas les miens.
L’évocation de mon frère déclenche une vague d’inquiétude brûlante. Mon grognement se fait plus intense, instinctif : j’ai besoin de le voir, de m’assurer qu’il va bien, que personne ne lui a fait du mal.
DOC fronce les sourcils et réplique avec autorité : "Vous savez très bien pourquoi !"
Le COLONEL entre à son tour et s’avance vers moi, calmement, le regard empreint de bienveillance, comme à son habitude. « Hey Princesse, tu as réussi ! La transformation s’est déroulée sans accroc, et ton loup… est magnifique ! » dit-il en passant doucement la main sur ma fourrure, ses yeux brillants d’admiration.
Sa douceur ne me surprend pas : il n’a jamais été virulent lorsqu’il nous évoquait les autres espèces qui peuplent cette terre. La réaction du Général, en revanche, contraste violemment avec la sienne, mais elle ne me choque pas non plus. Il déteste tout ce qui n'est pas humain, les loups en particulier, et le mépris qui brûle dans ses yeux lorsqu'il me regarde, je le comprends.
Même si mon loup refuse de tolérer son dédain, mon côté humain partage pleinement la rancune du Général envers ceux qui ont cherché à anéantir tous les hommes.
"Bien, Général, vous pouvez sortir ! PURE est totalement sous contrôle, et il me semble que vous avez des choses à faire, n’est-ce pas ? » ordonne DOC avec calme mais fermeté.
Cette femme m’épate toujours : elle n’a jamais peur de lui tenir tête, même lorsque son rang est pourtant inférieur au sien. J'entends le Général marmonner quelque chose dans sa barbe, puis me jeter un dernier coup d'oeil avant de s'en aller.
"Très bien, Brunette," c'est le surnom que me donnait DOC plus petite, et d'une certaine façon, elle l'emploie encore en privé. Comme COLONEL, elle sait mêler autorité et bienveillance, et me faire sentir que je compte à ses yeux. Elle poursuit : "tu vas devoir redevenir la belle jeune femme que tu es maintenant !"
Ok. J’avais imaginé la transformation en loup, mais je n’avais pas réfléchi à la manière de reprendre forme humaine. Une vague de stress m’envahit soudain, mêlée à la peur de rester bloquée dans ce corps animal. COLONEL, perceptif, s’approche doucement pour tenter de me rassurer.
"Shhh, ça va aller." Sa voix grave et apaisante résonne en moi, tandis qu’il caresse ma fourrure. "C’est normal que tu ne saches pas comment t’y prendre. Ferme les yeux et visualise ton corps de loup dans ton esprit. Respire calmement, sans pression. Imagine ton regard se baisser vers tes pattes avant et voir tes mains et tes bras reprendre leur place. Puis tes pattes arrière redevenir des pieds, puis des jambes. Visualise-toi ensuite te relever sur tes jambes et redevenir entièrement toi."
Je ferme les yeux et me concentre sur ses instructions. Lentement, je sens mes griffes se rétracter, mes doigts retrouver leur souplesse humaine. Mes bras et mes jambes se détendent, les muscles se réaccordent à la coordination que je connais. La fourrure qui recouvrait ma peau disparaît progressivement, laissant place à ma chair habituelle, tiède et familière.
Mon souffle, encore haletant, devient plus calme et régulier. Je sens mon cœur ralentir, mes sens se recentrer. Les odeurs et les sons, auparavant amplifiés par mon corps de loup, reprennent leur intensité normale. Une étrange sensation de légèreté m’envahit : je ne suis plus ce monstre, mais moi-même, complète et entière.
Quand j’ouvre les yeux, je vois COLONEL et DOC me fixer avec un mélange d’attention et de bienveillance. Mon corps humain m’apparaît étrange après tant de minutes dans la peau d’un animal, mais le soulagement me submerge : je suis redevenue moi.
"Parfait", murmure DOC, un sourire rassurant aux lèvres.
Je souris à mon tour, encore tremblante, mais soulagée. Mon instinct de loup reste là, tapi dans un coin de mon esprit, prêt à revenir si nécessaire. Mais pour l’instant, je savoure le retour à ma forme humaine, consciente de ma force et de la maîtrise que j’ai acquise.
COLONEL m'aide à me relever et nos regards se croisent. Je me sens tout à coup nue sous son regard intense, et je baisse mon regard, par réflexe. Et là, je me rends compte de quelque chose de rès important... JE SUIS LITTERALEMENT NUE SOUS SES YEUX !!
Rouge de honte, je le repousse instinctivement en criant, me jetant ventre contre sol pour cacher ma poitrine et ma partie la plus intime. Un léger rire échappe au COLONEL.
"Relax, Princesse. Tu n’es pas le premier corps de femme que je vois", dit-il avec un sourire rassurant. Il s’approche doucement et ajoute à voix basse, avec une pointe d’humour : "Mais je dois reconnaître, c'est la première fois que je regrette mes bonnes manières... une petite tape sur ces jolies fesses rebondies me tente bien !"
PURELe repas se déroule dans une ambiance plutôt calme, et nous en apprenons un peu plus sur chacun de nos nouveaux amis. "Amis"... ce n'est clairement pas le terme que je devrais utiliser pour désigner ces loups, pourtant, dans la peau de Célia Jeffrey, il trouve un sens... Ai-je vraiment le choix, de toute façon ?Soit je m’abandonne entièrement à ce rôle, quitte à brouiller les frontières entre mon personnage et moi… soit je reste fidèle à ma haine, au risque de compromettre la mission avant même de l’avoir accomplie. La réponse est vite trouvée.Mes pensées dérivent aussitôt vers Grabuge, et l’inquiétude qu’il doit ressentir face à mon absence prolongée. Je n’ai aucun moyen de le contacter, et, heureusement, le manoir des Mancini se trouve hors de portée de la maison de la meute. Sans cela, mes hôtes auraient sûrement trouvé étrange que je sois incapable d’échanger par télépathie avec les membres de « ma » meute.À mon grand soulagement, Livio se redresse enfin, annonçant d’un ton
PUREQuand je lui répète encore une fois que les mecs plus âgés, très peu pour moi, le visage de COLONEL s’impose soudain dans ma tête. Comme un flash. Comme si mon cerveau voulait me hurler que je me voile la face. Bon, ok… COLONEL est une exception. D'ailleurs, il est exceptionel ! Il a cette présence rare, à la fois protectrice et tranquille, cette intelligence qui rassure, et ce charme indéniable qui défie le temps; il faut dire qu'il fait bien plus jeune que son âge... Alors, disons plutôt que je ne suis pas attirée par les grands-pères !Je poursuis cette conversation muette avec moi-même, sous le regard de Livio. Mais son regard me trahit. Il m’observe, attentif, et je sais qu’il a perçu le changement d'expression dans mes yeux. Et c’est à ce moment précis que cet idiot en profite pour tester mes limites. Pourquoi doit-il être si direct ? Je ne suis pas l’une de ses admiratrices, prête à le hisser sur un piédestal, ni à me battre pour une place dans son lit ! Pourquoi ne peut-
PURELe lendemain matin, la lumière pâle de l’aube filtre à travers les rideaux. Je m’étire lentement, savourant quelques secondes de répit avant que les pensées ne reviennent en rafale : la mission, Toren, Livio… et cette étrange sensation d’être à la fois protégée et piégée dans ce manoir.Je me lève et me rends dans la salle de bain pour me rafraîchir le visage. Mes yeux, encore gonflés par les larmes de la veille, ont bien besoin de ça pour se décongestionner. Cela ne fait que quelques jours que j’ai quitté mon île, pourtant la fatigue et le brusque changement d’environnement ont eu raison de moi hier. Je ne suis pourtant pas du genre à craquer si facilement mais il faut croire que prétendre être quelqu'un d'autre n'est pas aussi simple que je l'avais imaginé.L’eau froide me ramène à la réalité, tout comme les trois coups frappés à la porte un instant plus tard."Giulia, c’est toi ?"Je me fige. Une voix de femme. Douce, mais assurée.Je baisse les yeux sur ma tenue : le t-shirt
PUREJe ne saurais dire pourquoi, mais savoir que Livio a accepté de venir en aide à Toren m’apporte une étrange satisfaction. Peut-être parce que, d’une certaine manière, j’associe nos deux situations. Malgré sa nature animale, Toren est un orphelin — tout comme moi — et, tout comme mon peuple a été victime de monstres sans pitié qui ont injustement ravagé notre île, lui a subit l’injustice d’un oncle cruel. Différentes en apparence, ces blessures portent pourtant la même empreinte : celle de la perte et du désespoir.Toren a eu la chance de connaître ses parents, mais je me demande s’il n’est pas le plus à plaindre; Est-il préférable d’aimer et endurer la douleur de perdre un être cher, ou ne jamais connaître ce que l’on aurait pu perdre ? Il y a matière à débat...Quoi qu’il en soit, je ne regrette pas ma présence ce soir. Un sourire effleure mes lèvres à l’idée de la tête que fera Giacomo Mancini lorsqu’il apprendra que je ne m’étais pas trompée."Qu'est-ce qui te fait sourire, Pr
LivioAprès avoir distribué les bouteilles d’eau, les fruits et les vêtements mis à disposition pour nos hôtes, les autres loups se transforment à leur tour. Je reste surpris de voir une personne âgée parmi eux : une femme dont les traits sévères témoignent d’une force intacte malgré son âge. Elle a sans doute été une louve puissante, et le simple fait qu’elle se tienne ce soir aux côtés de son Alpha en est la preuve.Je surprends Célia qui tend une bouteille d’eau à ce Toren et l’intercepte aussitôt, mon regard accroché au sien : "D’abord, des réponses !"Il arque un sourcil. "Qu’est-ce que vous voulez savoir ?""Tout ! À commencer par ton nom, ta meute, qui sont ces loups avec toi, et pourquoi vous errez entre mon territoire et celui de Dayne… ?"Il soutient mon regard mais finit par glisser le sien vers Célia, un sourire au coin des lèvres. "Techniquement, j’ai déjà donné mon prénom."Je serre la mâchoire. "T'es décidément très « technique » comme mec. Et tu ne nous as donné qu
LivioCette femme joue avec mes nerfs ! J’ai failli perdre le contrôle lors de notre bref mais intense tête-à-tête. Si elle ne s’était pas ravisée, je l’aurais emmenée à l’écart pour lui faire payer son impertinence. Je l’aurais mordue au cou pour y laisser ma marque et rappeler à n'importe quel mâle en rut que cette femelle est à moi.Comme si Andrea ne suffisait pas, voilà qu’un foutu rogue s’invite dans le jeu. Nu, sans la moindre pudeur, planté devant elle. Et cette insolente… incapable de s’empêcher de le mater et de bafouiller comme une gamine ! Avant de céder à la rage et de me transformer pour lui arracher le cou, je me dirige vers l'un des sacs que l'on a apporté pour en sortir un pantalon à balancer à ce clown ! J'ai bien fait de céder à l'idée de Célia, finalement.(Flashback)"Allons-y sous forme de loup, on arrivera plus vite. Suivez-moi et restez alertes !" j’ordonne au groupe."Euh… mais… pourquoi ?" Sa voix me vrille déjà les nerfs. J’aurais parié qu’elle allait m’éner







