Sous sa Noirceur : Le Petit Démon de l'Alpha

ALPHA Adam Pierre.

« Sors ! » disais-je d'une voix froide à la femme agenouillée devant moi. Ses yeux s'écarquillèrent, un frisson de peur les traversant.

Mon visage était dénué de toute émotion alors que je me levais du canapé sur lequel je m'étais prélassé et que je remontais mon pantalon, boutonnant et bouclant ma ceinture avant de traverser la pièce.

La femme, toujours à genoux, essuyait la bave au coin de sa bouche avant de parler, sa voix tremblante. « Mais, monsieur… laissez-moi essayer encore si cela ne vous a pas plu… »

« J’avais dit sors. » Ma voix était basse, mais elle était si menaçante que la femme se précipita sur ses pieds et saisit ses talons avant d’ouvrir la porte de la salle privée et de sortir sans jeter un autre regard en arrière.

Je saisis la carafe de whisky et remplissais mon verre vide avant de le porter lentement à mes lèvres, savourant le liquide tout en scrutant le bar en bas. J'étais au deuxième étage dans la section VIP de ce club pour hommes, regardant la foule en contrebas. La grande fenêtre en verre était à sens unique. Je pouvais voir tout le monde, mais personne ne pouvait me voir à l'intérieur.

Bientôt, la porte de la salle VIP s'ouvrait et, sans même regarder, je savais que c'était mon Beta qui entrait.

« Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? C’est la troisième femme que tu renvoies ce soir. Sans compter les autres femmes il y a trois jours. »

Je ne lui répondais pas et continuais à fixer la scène en contrebas. Tout cela devenait lassant.

« On perd notre temps ici. Pourquoi revenons-nous alors qu’aucune femme ne te convient ? »

« Exactement ce que je pense. Allons-nous-en. » Je reposais le verre sur la table avec un bruit sourd avant de prendre mon manteau sur la chaise alors que je sortais de la salle privée.

La musique forte résonnait autour de moi dès que j'ouvrais la porte. Le bar sentait les humains, la sueur et le sexe, et pourtant, j’avais du mal à me mettre dans l'ambiance. Cela faisait presque deux mois que je n’avais couché avec personne, et depuis les deux dernières semaines, je n’avais même plus d’appétit pour une fellation.

Rien n’était défectueux chez moi. Je pouvais facilement bander si quelqu’un me touchait, mais dès que j’associais l'excitation aux visages des femmes devant moi, je commençais à m'irriter et finissais par perdre tout intérêt au point de ne plus avoir envie de me faire sucer par aucune d'elles.

C'était précisément la raison pour laquelle je ne couchais avec personne actuellement. Personne n'était assez bon pour maintenir mon excitation jusqu'à ce que je puisse me libérer.

Quelque chose n'allait pas. Et même si je ne le montrais pas, je commençais lentement à penser que je pourrais devenir sauvage bientôt.

Mon loup, Bête, était déjà sur cette voie.

Il y avait des jours où je ne pouvais plus le contrôler, alors je le laissais sortir rarement, et si je le faisais, c'était généralement en présence de mon Beta ou de mon Gamma, ou près de mes guerriers les plus forts. Bête était une plaie depuis deux ans, et lors des 16 dernières pleines lunes, je n'avais jamais couru avec les jeunes louveteaux nouvellement transformés de nos meutes pour éviter un autre incident comme la dernière fois où je l'avais laissé sortir lors d'une course de pleine lune. Il avait vu les louveteaux nouvellement transformés se lécher et se caresser, et la chose suivante que je savais, il devenait fou et était sur le point de les attaquer, mais heureusement, mon Beta et mon Gamma avaient été assez rapides pour écarter mon loup dès que je les avais contactés par lien mental.

Bête voulait une compagne. Et plus le temps passait, plus il devenait impatient.

J'avais déjà 28 ans, mais dans quelques mois, j'allais en avoir 29. Je n'étais pas encore vieux dans le monde humain, mais pour des métamorphes comme moi, je devrais déjà être lié à une compagne.

Un Alpha sans compagne ni héritier pour transmettre les gènes Alpha pouvait devenir incontrôlable, ou pour le dire plus directement, il pouvait devenir sauvage.

Et je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire à ce sujet.

Personne ne connaissait la tourmente en moi, sauf mon Beta et mon Gamma. Je n'en avais pas parlé à mon père, surtout parce qu'il, avec mon grand-père, ne cessait de me pousser à trouver une compagne, soit celle destinée soit une choisie.

Je n'avais jamais cherché activement ma compagne pour la putain de raison que je pensais qu'elle tomberait du ciel et se présenterait à moi. Mais cela ne s'était pas produit, et avant que je m'en rende compte, j'étais encore sans compagne, et mon loup perdait déjà la tête.

Mon père et mon grand-père, ainsi que les hommes avant eux, les précédents Alphas de la Meute Mystique, avaient tous trouvé leurs compagnes entre 18 et 23 ans, donc personne n'avait vécu ce que je vivais maintenant. Mais je sentais que cela ne tarderait pas avant que je ne sois condamné.

Je savais que je devais prendre une décision bientôt. Une compagne ou un héritier.

Mais sans trouver de plaisir dans l'accouplement, à quoi me servirait une compagne ?

« Alpha Pierre... » Une voix m'a tiré de mes pensées alors qu'un homme plus âgé en costume formel s'approchait de nous.

Malgré l'élégance et la formalité de son apparence, je pouvais sentir la peur et les incertitudes dans son aura. C'était un métamorphe et le gérant de nuit de ce club. J'étais presque certain que la femme que j'avais renvoyée était allée se plaindre directement à lui.

« Je paierai quand même pour la salle et les femmes. Mon Beta s'en occupera. » Je ne lui ai pas laissé le temps de répondre et j'étais sur le point de partir quand sa main a saisi mon avant-bras.

Un grondement sourd émanait de ma poitrine alors que je tournais brusquement la tête pour le regarder, les yeux dilatés alors que je lui lançais un avertissement silencieux pour m'avoir touché.

« Mes excuses, Alpha. » Il a reculé, les mains en l'air. « Je voulais juste m'assurer de pouvoir vous donner quelques détails pour compenser le fait que les femmes n'aient pas pu vous apaiser. »

« Des détails ? Que voulez-vous dire ? » ai-je demandé, fronçant les sourcils en croisant les bras sur ma poitrine. Je sentais mon Beta bouger et se placer derrière moi. Il était probablement intéressé par l'information également.

« La semaine prochaine, le Festin des Omégas aura lieu dans ce club, » disait-il en roulant sa moustache entre son pouce et son index.

Il était nerveux. Il devait l'être.

« Et alors ? »

« Et ils ont dit que les Omégas de cette année sont plus belles que la dernière fois qu'elles ont été présentées. Et je pensais vous en informer en espérant que vous trouverez une femme qui vous intéresse lors de ce festin. »

« Me dites-vous cela pour que je trouve une femme qui m'intéresse, ou parce que c’est avantageux pour vous si je dépense de l'argent lors de l'enchère ? »

« Non ! Non ! C’est juste que nous avons remarqué dernièrement qu'aucune de nos femmes ne répondait à vos attentes, alors je me suis dit que si vous participiez au Festin des Omégas de cette année... »

Je n'écoutais plus le reste de ses bavardages car je m'étais retourné et éloigné de lui. Lui et ce lieu n'avaient rien à m'offrir, et je n'étais certainement pas intéressé à assister au Festin des Omégas, comme cela n'avait pas été le cas les années précédentes.

« Alors, qu'en penses-tu ? » demandait Colin, mon Beta et second en commandement, alors que nous entrions dans l'ascenseur qui nous mènerait au parking VIP du club.

« Penser à quoi ? »

« Au Festin des Omégas, allons-nous y assister ? »

Je gardais le silence, les coudes appuyés contre la fenêtre, la tête reposant sur mes doigts alors que je fixais devant moi sans expression.

« Alpha... » Le métamorphe au poste qui vérifiait notre voiture me saluait, et je lui ai répondu d'un signe de main.

Bientôt, nous étions déjà sur l'autoroute, en route vers notre territoire. J'ai pris une cigarette sur le tableau de bord et l'ai allumée avant de baisser la vitre et de commencer à expirer de l'air pour remplir mes poumons.

Le vent froid balayait ma peau, envoyant un frisson le long de ma colonne vertébrale. La température ce soir était presque à un degré Celsius négatif, mais cela ne me dérangeait pas du tout. Les années n'avaient fait que rendre ma peau plus épaisse et plus résistante au froid et aux intempéries du Nord.

« Pense-y, Adam, » disait Colin soudainement.

« On n'en a pas encore fini avec ce sujet ? »

« Mon fils a besoin d'un Alpha. Si tu ne peux pas produire un héritier, que deviendra notre meute ? Et que penses-tu qu'il arrivera à Bête ? »

Mon regard se durcit, la cigarette se consumant entre mes doigts. « Ton inquiétude est légitime, mais ça ne change rien au fait que je ne veux pas d'une Oméga comme Luna. Ça ne correspond pas à ce que je veux, ni à ce dont notre meute a besoin. »

« Mais tu as besoin de quelque chose, Adam. Tu ne peux pas continuer comme ça. » La voix de Colin était grave, marquée par une urgence qui trahissait ses propres peurs pour l'avenir de la meute.

J'ai soupiré, lançant le mégot par la fenêtre avant de la refermer. « Je sais. Je vais y réfléchir. Mais ce n'est pas en participant à des enchères que je trouverai ce que je cherche. »

« Alors, qu'est-ce que tu proposes ? » demandait Colin, son regard concentré sur la route devant nous.

Je pris un moment pour réfléchir, mes pensées tourbillonnant autour des possibles solutions. « Je ne sais pas encore. Peut-être qu'il est temps que j'envisage autre chose... quelque chose de différent. Pas une Oméga achetée à un festin, mais quelque chose de plus... réel. »

Colin acquiesça lentement, la tension dans l'air se dissipant un peu. « Je suis là pour t'aider, quoi que tu décides. Mais n'oublie pas, Adam, le temps ne joue pas en notre faveur. »

Je regardai par la fenêtre, le paysage nocturne défilant. Une décision devait être prise, et bientôt. Mais pour l'instant, la route devant nous restait ouverte, tout comme les possibilités infinies qui s'étendaient devant moi.