Chapitre 16
La petite Eba courait. Elle était essoufflée et ses poumons manquaient d'air mais elle continuait de courir. Il ne fallait pas qu'elle s'arrête. Le temps était compté. La pénombre recouvrait l'ensemble du domaine et il faisait une nuit noire. Mais la jeune fille n'avait aucun mal à se repérer. Elle traversa le magnifique jardin qui séparait la grande maison habitée par Xavier. De l'autre côté, la modeste cabane en bois appartenant à son père. Elle pouvait la voir au loin. Encore quelques mètres et elle allait l'atteindre.
Eba avait hâte d'arriver enfin à destination. Ils devaient tous la chercher où s'inquiéter. Elle s'était éclipsée en douce depuis le début de la soirée et n'était plus réapparue. Une telle imprudence avait été une idiotie. La jeuSur le petit cahier que je tiens en main, je regarde les nombreuses pages noircies au bic. Ces lignes, c'est moi qui les ai écrites. Sans m'arrêter, j'ai écrit. Encore et encore. Toute la nuit. Il le fallait si je voulais mettre des mots sur les faits qui m'ont été relaté. Toute cette histoire....Ça me dépasse !En tant qu'homme de Dieu, je n'ai jamais vu ça. D'ailleurs, je dois l'admettre, je suis perturbé au dedans de moi. Pourtant, il faut que je me reprenne.Si je veux efficacement prier pour que cette âme soit délivrée, il faut que je me ressaisisse.Alors écrire m'a aidé à le faire. De loin, je préfère cette alternative au risque de divulguer une confession. Parceque c'est de cela qu'il s'agit. Une confession.Hier, une inconnue est venue me voir. C'était une jeune femme. Une jeune dame bien
Dans le véhicule de transport en commun qui la ramenait dans son quartier à Marcory Remblais, Pauline ne décolérait pas. Elle avait toujours le visage fermé et la bouche tirée. Contre Sandra, Pauline était très remontée. Pendant tout le trajet en voiture, elle rumina sa rancœur. Pauline était blessée. Les remarques dures de son amie lui avaient fait du mal. Dans sa tête, elle entendait toujours ses reproches.Insinuer que c'était de sa faute à elle si elle était toujours célibataire à trente ans ! Non mais pour qui Sandra se prennait-elle ? Soit disant parcequ'elle avait eu la chance de se marier très tôt avec un bon parti tel que Léandre Konan, son amie pensait que ce devait être aussi facile pour les autres.— N'importe quoi ! siffla t-elle amère. Si elle revo
Il faisait nuit. Il faisait noir. L'air était frais.Pauline frissonnait. A cette heure tardive du soir, la brise de la mer apportée par le vent lui glaçait les os. Pauline tremblait. Elle tremblait de froid. Mais pas seleument. Pauline avait également peur. Dans sa bouche, ses dents claquaient. Aux aguets, elle prêtait l'oreille. Ses yeux eux, allaient dans tous les sens. Plusieurs fois, elle se tourna et se retourna sur elle-même. Dans l'obscurité, elle guettait. Elle scrutait les ombres, les fouillait. Elle tentait de détecter la moindre menace. Mais il n'y avait rien. Pauline ne voyait rien. L'obscurité était totale. Les environs étaient désert. Sur cette plage du bidonville d'Adjouffou situé dans la commune de Port-Bouet, il n'y avait personne. Personne d'autre à part elle, Coralie qui la précédait et Mama Lokossoué, la vielle voyante qui ferma
Pauline avait chaud. L'atmosphère à l'intérieur de la boîte de nuit lui paraissait suffoquante. La jeune femme étouffait. Elle transpirait. Junchée sur un tabouret au bar, elle n'arrêtait pas de s'éventer. Pour se rafraîchir, elle se désaltérait. A elle seule, elle avait déjà vidé deux verres de mojitos.Mais rien n'y faisait. Pauline crevait toujours autant de chaleur. Et elle ne comprenait pas. C'était vraiment étrange ! D'abord parce qu'il y avait la climatisation qui donnait à fond. Ensuite parce qu'elle semblait être la seule dans cette situation. Les autres clients avaient l'air de se porter à merveille. On aurait dit qu'ils n'étaient pas dans le même endroit.Occupés à consommer leur boisson, les gens remplissaient allégrement l'espace. La boîte de nuit était pleine &
Chapitre 6Sur son siège, Pauline se redressa, mais resta immobile. Le laissant venir à elle, elle se contenta de le contempler. L'homme qui peuplait ses rêves était beau.Grand, musclé avec de larges épaules, il était encore plus à tomber par terre en vrai que lorsqu'elle le voyait à la télé. Dans son costume deux pièces, il était d'une élégance naturelle. La démarche assurée, il s'avançait. Il fendait la foule sans se presser. Sur son passage, les gens s'écartaient instinctivement, comme poussés par une force invisible. C'était à la fois fascinant et déroutant. Pauline était dans tous ses états. Elle suait. Elle transpirait. Etrangement, la chaleur qui l'accablait semblait s'accroître. Comme une vielle ménauposée, elle était prise de terribles bouf
Entre les mains de ce prince charmant des temps modernes sorti de nulle part, Pauline se sentait transportée de bonheur. Le tube de Teeya « en secret», résonnait. Dans les bras de Sidoine, Pauline se laissait guider.Une main posée au bas de son dos, l'autre jointe à la sienne, Sidoine l'enlaçait. Au rythme de la musique suave, il se déhanchait. Il se serrait tout contre elle. Suggestivement, il frottait son bassin au sien.Tchiaaa ! Pauline fondait.Elle se sentait défaillir. Elle perdait la tête. C'en était trop pour elle ! La pauvre célibataire n'avait plus été aussi proche d'un homme depuis bel lurette.Si ce Sidoine continuait à la chauffer comme il le faisait, elle avait bien peur de finir par jouir sur place.De plus en plus troublé, Pauline se força à reprendre ses esprits. Il lui fallait agi
A ce stade du récit, Pauline qui me narrait les faits s'est interrompue. Sans raison apparente, elle a marqué une pause. J'ai attendu. La tête baissée, elle s'est mise à triturer une bague qu'elle portait à son annulaire droit.Tenu en haleine jusque là, je l'ai regardé faire un moment. N'en pouvant plus, je n'ai pas pu me retenir. Impatient, je l'ai brusqué :— Et ensuite ? Vous avez couché avec lui cette nuit là ?Lentement, la jeune femme a levé le regard vers moi. Visiblement mal à l'aise, elle a détourné aussitôt les yeux. En signe de négation, elle a secoué la tête.— Non pasteur, m'a t-elle répondu. Je n'ai pas couché avec lui. Du moins, pas cette nuit-là.Et ce mérite ne lui reve
Les faits se déroulèrent aux environs de Marcory-Bietry. Il était entre une heure et deux heures du matin. Dehors, il n'y avait personne. Bravaient encore la solitude de la nuit, certains noctambules comme des policiers en patrouille, de rares gardiens au regard ensomeillé et quelques prostituées qui battaient le pavé. A part ceux-là, les rues étaient pratiquement désertes.Le boulevard de Marseille était vide lui aussi. Sur l'axe routier qui grouillait habituellement de véhicules, seul le taxi qui transportait Sidoine et Pauline roulait.A bord, le vieux Karamoko conduisait difficilement. Il était distrait. Il n'arrivait pas à rester concentré. Un œil sur la circulation, l'autre sur le rétroviseur, le vieux chauffeur épiait ses étranges clients. Ce qu'ils trafiquaient à l'arrière de son véhi