Il m'en a fallu du temps pour me remettre de ma surprise. Au lieu de réagir sur le coup, j'ai perdu de précieuses minutes à observer le démon, incrédule, les yeux exorbités. J'étais tellement décontenancé. Pas seleument par son apparition soudaine, mais également par son apparence. Pour m'affronter, cet ange déchu avait choisi de se présenter sous son meilleur jour. Il s'était mis sur son trente et un. Alors que moi le serviteur du Dieu tout puissant j'étais vêtu d'un maillot de corps troué et d'un vieux pantalon jogging, l'acolyte du père du mensonge était élégant dans un impéccable costume. Il avait même une cravate ! Ainsi apprêté, il avait plus l'air d'un homme d'affaires que d'un esprit malin.
Ce constat m'a dérouté sur le moment. Mais après réflexion, je n'ai rien trouvé d'
Près de la fenêtre, Xavier se tenait en retrait. Un verre de vin à la main, il savourait discrètement son apéritif. Dans quelques minutes, le repas n’allait pas tarder à être servis. En attendant, il patientait. Pour s’occuper, il se plaisait à jauger chacun des invités. À ’ap
Dans l'immense salle de réception du palais du gouverneur Reste, Agnès Le Bourgeois déambulait. Vêtue d'une élégante mais vielle robe en mousseline, elle semblait flotter. Le buste droit et la tête haute, elle se déplaçait avec une grâce toute calculée. Parmi les convives, elle errait d'un groupe de personnes à l'autre. Discrètement mais attentivement, elle scrutait chaque visage. A la voir ainsi, elle intriguait, piquait au vif la curiosité de certains admirateurs. Donnant l'impression de s'être égarée, elle semblait chercher à se retrouver. Il n'en n'était rien. Ce que cherchait Agnès, ce n'était pas son chemin, mais plutôt quelqu'un. Agnès cherchait son père. Ensemble, ils s'étaient rendus à la réception. La jeune femme avait beaucoup insisté à cet effet. Non que cet évén
À la véranda de l'imposante villa qui supplantait tout le domaine, une silhouette se percevait dans l'obscurité de la nuit. En avançant de plus près, Xavier reconnu sans difficulté Eba, la fille du contremaître. De qui d'autre aurait-il pût s'agir ? Qui d'autre aurait-il pût perdre son temps à l'attendre jusqu'à une heure aussi tardive ? Seule la jeune fille avait cette patience. Elle seule également parmi tous les employés du domaine avait l'autorisation de se tenir sur le porche de la demeure. Elle seule avait également reçut son autorisation pour bien d'autres privilèges. A la jeune fille à laquelle il s'était pris d'affection, Xavier ne pouvait rien refuser. En l'observant se lever prestement et courir à sa rencontre, le jeune maître sourit. Il savait qu'elle allait s'enquérir du déroulement des évènements de la soir&
Quand Eba poussa doucement la porte en bois, la jeune fille eût une surprise. Ils étaient là, ses deux parents qu'elle croyait couché depuis fort longtemps. Ils étaient toujours debout et avaient même de la visite. Dans la pièce exiguë qui servait à la nombreuse famille de salle de séjour, son père recevait un inconnu. Jeune, la peau aussi noir que la sienne, ce dernier semblait bien étrange avec sa chemise blanche soigneusement fourrée dans son pantalon beige. Face à son père, lui et ce dernier se tenaient tranquillement assis autour de la table. Debout près d'eux, Effoua sa mère faisait le service. Soigneusement, celle-ci s'appliquait à remplir les deux verres des hommes de «coutoutou». Partout dans la minuscule pièce, l'odeur forte et entêtante de cet alcool artisanale flottait dans l'air. Grisés par le breuvage enivrant, les de
Dans son boudoir, Xavier était installé confortablement. Ses longues jambes posées l'une sur l'autre sur le guéridon centrale, il fumait en silence un cigare, un verre de cognac à la main. Perdu dans ses pensées, il savourait le doux nectar lorsque N'wozan , son domestique signala sa présence.—Tu peux entrer N'wozan , fit-il à l'intention du domestique.—Pardonnez de vous déranger mais, monsieur a de la visite, annonça poliment le serviteur.Intrigué, Xavier haussa un sourcil interrogateur avant de se redresser. Qui cela pouvait-il bien être ? Qui pouvait oser le déranger à une heure pareille ? pensa t-il en reposant son verre sur la petite table.—Kouamé votre frère il est arrivé dans la soirée, crut bon d'ajouter N'wozanface au regard interrogateur du jeune maître, il vous attend en bas.A l'a
Dans la cuisine située à l'arrière de la vaste demeure de Xavier qui faisait face à l'immense jardin, Effoua s'activait. Le nez dans les marmites, la femme du contremaître préparait le déjeuner pour le propriétaire du domaine et son demi frère. A ses côtés, Eba lui donnait un coup de main. Du moins, c'était ce qu'elle essayait de laisser paraître. Distraire, la fille d'Ezan avait la tête ailleurs. Ses yeux, elle les gardait rivés sur le jardin. Adossée à l'une des fenêtres, elle l'observait. Discrètement, Eba épiait Kouamé, le mystérieux frère de Xavier. A l'ombre du géant acacia, le jeune homme se tenait tranquillement assis. Un livre entre les mains, il semblait plongé dans sa lecture. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lire ? se demandait Eba intriguée. Elle aurait bien voulu savoir. Curieuse,
A l'heure du déjeuner, Xavier était là. Il était de retour de ses plantations. Toute la journée, le propriétaire du domaine l'avait passé sous le soleil. Sur la supervision du vieux Ezan, il avait inspecté le travail de ses manœuvres. A présent, il était éreinté. A grosses gouttes, il suait. Il faisait tellement chaud. Tout de suite, il sentit le besoin de respirer l'air frais du jardin. Sans surprise, il y retrouva son demi frère. Ce dernier n'avait pas bougé. Là où Xavier l'avait laissé plus tôt dans la matinée, Kouamé était toujours assis. Un vrai paresseux, pensa t-il avec dédain. Bien qu'il aurait voulu se passer de cette formalité, Xavier s'obligea à échanger quelques mots avec lui. Sans entrain donc, il le rejoignit en bas du géant acacia où ce dernier était install&
Pendant le déjeuner, Xavier qui mangeait avec son frère surpris une fois encore le regard de ce dernier pour Eba.La jeune fille qui faisait le service se déplaçait autour d'eux discrètement. De la cuisine à la véranda, elle allait et venait en silence. Enervé par l'attitude de Kouamé, Xavier qui n'en pouvant plus, évita de reposer bruyamment ses couverts dans son assiette comme il en avait la furieuse envie. Sans détour, il aborda ouvertement le sujet qui le taraudait.—Elle te plaît à ce que je vois ? Lui demanda t-il une fois la jeune fille repartie pour la cuisine.—De qui est ce que tu parles ? Fit mine d'ignorer Kouamé.— Ne fais pas semblant ! Lui intima Xavier d'une voix où commençait à poindre l'irritation.Je te parle de ma jeune domestique que tu n'arrête pas de manger des yeux d'une maniè