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Chapitre 4 – L’Envers du Masque

Author: Déesse
last update Huling Na-update: 2025-02-17 19:41:39

Isolde Valentyne

Raphaël et moi quittons le palais en silence. Personne ne nous arrête. Personne n’arrête Raphaël De Veyrac quand il décide quelque chose.

Sa voiture nous attend. Noire. Sobre. Luxueuse. Un chauffeur nous ouvre la porte arrière. Il me laisse entrer en premier. Je pourrais refuser. Mais quelque chose en moi veut comprendre où il veut m’emmener.

La voiture démarre.

Je me tourne vers lui.

— Où allons-nous ?

Il observe la ville défiler par la fenêtre. Il semble ailleurs.

Puis il me regarde enfin.

— Chez moi.

Mon cœur s’arrête.

Il ne m’a jamais invitée chez lui. Jamais.

— Pourquoi ?

Son regard s’assombrit.

— Parce que si je veux cette nuit… Je veux qu’elle soit réelle.

Je ne sais pas pourquoi ces mots m’ébranlent autant.

Mais je sais une chose.

Je suis en train de plonger dans quelque chose dont je ne reviendrai pas.

Isolde Valentyne

La voiture file à travers la ville endormie, avalant les rues pavées sous un ciel d’encre. Je ne parle pas. Raphaël non plus.

Je pourrais briser le silence, exiger des réponses, lui demander ce qu’il attend exactement de cette nuit. Mais je ne le fais pas. Parce qu’une partie de moi sait.

Cette nuit n’est pas une simple nuit. C’est une mise à l’épreuve.

Il veut me prouver quelque chose.

Il veut me faire comprendre ce qu’il représente, ce qu’il peut m’offrir, ce que Dante ne pourra jamais me donner.

Et moi… Je suis assez folle pour le laisser essayer.

La voiture ralentit, s’engouffre dans une allée privée. Un portail de fer forgé s’ouvre sans un bruit. Derrière, une demeure surgit de l’obscurité, majestueuse et glaciale sous la lueur des réverbères.

Le manoir De Veyrac.

— Descends.

La voix de Raphaël est basse, contenue. Je l’observe une seconde, cherchant une hésitation dans ses traits. Il n’y en a pas.

Je sors de la voiture. L’air nocturne est plus froid ici, plus dense. Une domestique nous ouvre la porte d’entrée. Nous pénétrons dans un vaste hall de marbre, éclairé par des lustres en cristal. Tout est parfait. Froid. Millimétré.

— Viens.

Il ne me laisse pas admirer les lieux. Il sait que ce n’est pas le décor qui m’intéresse. C’est lui.

Nous traversons des couloirs silencieux, passons devant des portes closes, des œuvres d’art qui valent des millions. Tout respire le pouvoir.

Et puis, enfin, une porte s’ouvre sur un salon privé.

Je m’arrête sur le seuil.

La pièce est plus intime que le reste de la demeure. Moins parfaite. Des livres empilés sur une table, un fauteuil en cuir légèrement usé, une bouteille de whisky à moitié entamée sur un bar en acajou. Un fragment de Raphaël que peu de gens doivent voir.

— Assieds-toi.

Je ne bouge pas.

— Pourquoi tu m’as amenée ici, Raphaël ?

Il s’approche lentement. Son ombre s’étire sous la lumière tamisée.

— Parce que tu dois comprendre quelque chose, Isolde.

Son regard se plante dans le mien.

— Tu peux courir. Tu peux jouer avec le feu. Mais à la fin…

Il effleure ma joue du bout des doigts. Un contact presque tendre.

— Tu reviendras toujours à moi.

Dante Orsini

Je sors du palais sans un regard en arrière. L’air est glacé.

Je passe une main sur mon visage, tentant de chasser l’image qui me hante.

Isolde.

Dans ses bras.

Son hésitation.

Son trouble.

Je serre les poings. Je la perds.

— Tu comptes rester là toute la nuit à broyer du noir ?

Je me retourne. Ariane est toujours là.

Elle s’avance, son regard perçant plongé dans le mien. Elle sait.

— Il l’a emmenée chez lui, pas vrai ?

Je ne réponds pas.

Elle sourit, effleurant mon bras du bout des ongles.

— Tu peux encore la récupérer.

Je l’ignore et allume une cigarette. Elle ne me lâche pas.

— Tu crois qu’elle pourra résister à lui ?

Je souffle lentement la fumée.

— Je sais qu’elle résistera.

— Vraiment ?

Son sourire s’élargit. Elle me met au défi.

— Ou est-ce ce que tu espères ?

Isolde Valentyne

Le silence s’étire entre nous. Trop dense. Trop chargé.

— Tu crois vraiment que je reviendrai toujours à toi ? je murmure.

Un éclat traverse ses yeux.

— Je crois que tu en as déjà conscience.

Son pouce effleure ma lèvre inférieure. Je retiens mon souffle.

— Tu peux mentir aux autres, Isolde.

Sa main glisse sur ma nuque, m’attirant imperceptiblement vers lui.

— Mais pas à moi.

Je devrais le repousser. Je devrais.

Mais ses lèvres frôlent les miennes. Une caresse. Une promesse.

Et mon corps me trahit.

Je ferme les yeux.

Je bascule.

Et dans cette seconde où tout disparaît sauf lui… Je sais que je suis perdue.

Isolde Valentyne

Ses lèvres frôlent les miennes, et un vertige s’empare de moi. C’est subtil. Dévastateur. Il ne me force pas, il attend. Comme toujours.

Raphaël ne prend jamais rien. Il me pousse à donner.

Et c’est ça, le plus dangereux.

Je devrais le repousser. Lutter. Dire son nom pour briser l’instant, retrouver mes repères. Mais j’ai perdu cette bataille avant même qu’elle ne commence.

Sa main se referme sur ma nuque, m’attirant contre lui dans une lenteur calculée. Il sait exactement ce qu’il fait.

Mon souffle se suspend quand il murmure contre ma peau :

— Tu as hésité.

Ses lèvres effleurent ma mâchoire, traçant une ligne invisible jusqu’à mon oreille.

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