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Chapitre 5 – Entre les Crocs du Loup

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-17 19:42:29

Isolde Valentyne

— Quand il t’a embrassée.

Je me crispe. Parce qu’il ne devrait pas savoir.

Mais il sait toujours.

Ses doigts glissent le long de mon dos, dessinant des frissons en moi. Il ne m’embrasse toujours pas. Il me garde prisonnière de cet espace entre le désir et la raison. Là où il règne.

— Tu veux que je dise que c’était une erreur ?

Ma voix tremble à peine. Mais il l’entend.

Raphaël sourit. Un sourire lent. Carnassier.

— Je veux que tu réalises que ce n’est pas lui que tu veux.

Il me relâche d’un coup. Et c’est pire que tout.

Je titube en arrière, mon cœur cognant dans ma poitrine. Je devrais fuir. Mais mes jambes refusent de bouger.

— Tu peux partir maintenant, Isolde.

Sa voix est posée, impassible. C’est un piège.

Parce que je le connais. Il ne me teste pas. Il sait déjà la réponse.

Je serre les poings. Je ne le laisserai pas gagner aussi facilement.

Alors je fais volte-face et me dirige vers la porte.

Jusqu’à ce qu’il lâche, dans un souffle :

— Mais si tu restes… Je te montrerai pourquoi lui et moi, ce n’est pas la même chose.

Je m’arrête net.

Je hais cette manière qu’il a de s’infiltrer dans ma tête. De toujours savoir quelles cordes toucher. De me priver d’oxygène sans me toucher.

Je déteste qu’il ait raison.

Alors, lentement, je me retourne.

Et dans son regard, je vois déjà qu’il a gagné.

---

Dante Orsini

L’air est glacial. Ou peut-être est-ce moi.

Je ne dors pas. Je ne dors jamais quand elle est avec lui.

Je déteste ce que Raphaël fait d’elle. Ce pouvoir invisible qu’il exerce, cette emprise douce et vénéneuse à laquelle elle résiste si mal.

Elle croit qu’elle a le choix.

Elle ne voit pas la cage se refermer.

— Il est trop tard, Dante.

Ariane est toujours là. Accoudée au bar, un verre de vin à la main, l’air félin.

— Elle est déjà à lui.

Je serre la mâchoire. Je ne supporte pas sa voix ce soir.

— Ferme-la, Ariane.

Elle rit, haut et clair.

— Tu es pathétique.

Elle se lève, s’avance vers moi. Son parfum est un piège.

— Tu veux la récupérer ?

Je ne réponds pas.

Elle sourit, se glisse contre moi, ses doigts s’attardant sur mon torse.

— Alors arrête d’attendre qu’elle revienne.

Je lève les yeux vers elle. Elle me défie.

— Fais ce que tu fais le mieux.

Elle approche ses lèvres de mon oreille, son souffle brûlant contre ma peau.

— Déclare la guerre.

---

Isolde Valentyne

L’aube filtre à travers les rideaux, baignant la pièce d’une lumière pâle.

Je suis toujours là.

Allongée sur le lit de Raphaël, ma peau frissonne sous les draps de soie. Pas à cause du froid.

Je tourne la tête. Il est là. Assis au bord du lit, encore en chemise, les manches retroussées sur ses avant-bras. Un verre de whisky à la main. Il ne dort jamais vraiment.

Je ne dis rien. Lui non plus.

Le silence entre nous est lourd de mille choses non dites.

Puis, enfin, il brise l’instant :

— Tu as perdu, Isolde.

Je fronce les sourcils. Je devrais protester.

Mais je n’en ai pas la force.

Parce qu’il a raison.

Je me suis battue. J’ai essayé de lutter.

Mais à la fin… je suis toujours revenue.

Et je ne sais pas si je pourrai encore me sauver.

Isolde Valentyne

Le jour s’étire lentement derrière les rideaux de soie, projetant des ombres dorées sur le parquet. Je suis éveillée depuis longtemps. Mais je n’ai pas bougé.

Raphaël est toujours assis au bord du lit. Il n’a pas dormi. Il ne dort jamais vraiment. Il a cette manière d’être constamment en contrôle, même au repos. Une statue de marbre à la patience infinie.

Son regard est posé sur moi.

— Tu ne regrettes pas.

Ce n’est pas une question.

Je ne réponds pas. Pas tout de suite. Parce que dans cette seconde suspendue entre la nuit et le jour, je ne sais plus ce qui est réel.

Sa main effleure ma joue. Un contact léger, presque absent.

— C’est ce qui te fait le plus peur, non ?

Je déglutis.

Il sourit. Un sourire lent. Confident.

— De réaliser que ce n’est pas une erreur.

Je ferme les yeux. Parce qu’il lit en moi trop facilement.

— Tu devrais partir.

Ma voix est basse. Il l’ignore.

— Rentre chez toi, Raphaël.

Il penche légèrement la tête. Son index trace une ligne invisible sur mon bras nu, éveillant un frisson incontrôlable.

— Ce lit, cette pièce, cet instant… Ce n’est pas chez moi, Isolde.

Il se penche, son souffle effleurant ma clavicule.

— C’est chez nous.

Mon cœur se serre. Il sait exactement où frapper.

Je m’écarte brutalement.

— Arrête.

Il ne me suit pas. Il me laisse fuir, comme toujours.

Mais quand j’atteins la porte, il murmure derrière moi :

— Tu reviendras.

Et le pire, c’est que je le sais.

Dante Orsini

J’attends.

Dans l’obscurité du club, une musique sourde vibre contre les murs en velours. Des murmures. Des regards. Tout s’efface autour de moi.

J’attends qu’elle réapparaisse.

Parce qu’elle va revenir. Elle revient toujours.

Le verre dans ma main est intact. Je n’ai pas bu. L’alcool ne sert à rien.

Une silhouette s’installe en face de moi.

Je ne lève même pas les yeux. Je reconnais son parfum.

— Tu devrais arrêter de t’accrocher à elle.

Ariane. Toujours elle.

Elle croise les jambes lentement, comme si chaque geste devait être admiré.

— Elle est avec lui.

Je serre la mâchoire.

— Et alors ?

Elle sourit, amusée par mon déni.

— Elle l’a choisi.

— Elle est en train de se perdre.

Ariane soupire, s’accoude à la table.

— Ou peut-être qu’elle se trouve.

Je la fixe. Elle ne plaisante pas.

— Tu crois que Raphaël est son salut ? je ricane.

— Je crois que c’est toi qui es son enfer.

Ses mots me frappent plus fort que je ne l’aurais cru.

— Laisse-moi t’aider, Dante.

Elle tend la main. Un piège.

Mais peut-être est-ce le seul moyen de la récupérer.

Je saisis ses doigts.

Et quelque chose bascule.

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