Elya
Je suis enchaînée à eux.
Littéralement.
Des liens invisibles m’étreignent, me tirant tantôt vers Caïn, tantôt vers Dimitri.
Mon cœur, mon âme, mon corps.
Tout est en feu.
Et je ne sais plus où commence mon désir et où finit ma peur.
— Tu dois choisir, Elya.
La voix de Caïn est un grondement de tempête.
— Ou alors laisse-moi le faire pour toi.
Ses doigts effleurent mon bras, et une vague de chaleur traverse tout mon être.
Je frémis.
Mais avant que je puisse répondre, une main glacée attrape mon poignet et me tire brutalement en arrière.
Dimitri.
— Elle n’est pas un objet, sorcier.
Son regard de glace croise celui de Caïn, brûlant comme des flammes maudites.
Leur magie s’entrechoque, crépitant dans l’air comme un orage imminent.
Et moi, je suis entre eux.
Encore.
Toujours.
— Je… Je ne peux pas…
Ma voix se brise.
Parce que c’est vrai.
Comment pourrais-je choisir ?
Caïn est la chaleur dévorante qui menace de me consumer.
Dimitri est la nuit hypnotique qui me hante.
Et tous deux me réclament.
— Elya…
Caïn murmure mon nom comme une prière.
Ses mains attrapent mon visage, me forçant à lui faire face.
Ses yeux sont sombres, fiévreux.
— Je peux te donner tout ce dont tu as besoin. Tout ce que tu désires.
Il se rapproche.
Son souffle effleure ma peau.
— Dis-moi que tu ne veux que moi.
Il est si près que je sens chaque parcelle de sa puissance s’infiltrer en moi.
Et mon corps répond avant mon esprit.
Je bascule.
Mes lèvres rencontrent les siennes.
Un baiser affamé.
Désespéré.
Sa magie s’embrase contre moi, m’emportant dans un maelström de sensations vertigineuses.
Il me veut.
Il me prend.
Et je me perds en lui.
— Non.
Une force glaciale me sépare violemment de Caïn.
Dimitri.
Son regard est un abîme de ténèbres insondables.
Il ne dit rien.
Il agit.
En une fraction de seconde, je suis contre lui.
Son bras m’enlace fermement, m’attirant contre la dureté de son torse.
Son autre main glisse le long de ma mâchoire.
Et puis…
Il m’embrasse.
Férocement.
Son baiser est un poison délicieux, une morsure qui me fait trembler.
Si Caïn est le feu, Dimitri est l’ombre qui me dévore.
Je suis perdue.
Perdue entre eux.
Mais eux…
Eux, ils sont prêts à se battre pour moi.
À s’entre-tuer s’il le faut.
— Ça suffit !
Je me libère, mon souffle court, mes lèvres brûlantes des deux baisers volés.
Caïn et Dimitri se font face.
L’un incandescent, l’autre glacial.
La haine pure crépite entre eux.
— Assez, répété-je plus doucement, tremblante.
Mais aucun d’eux ne bouge.
Leur rage est trop grande.
Leur désir, trop puissant.
Et je suis l’étincelle qui mettra le feu aux poudres.
— Si vous vous battez… je pars.
Je vois leur corps se raidir.
Ma menace est réelle.
Je ne veux pas les voir s’entretuer.
Ils sont liés à moi.
Mais moi, je suis brisée entre eux.
— Laissez-moi du temps… murmuré-je presque dans un souffle.
Caïn serre les poings.
Dimitri détourne les yeux.
Je m’éloigne lentement.
Dimitri
L’odeur de Caïn est partout.
Sur elle.
Sur ses lèvres.
Et je n’arrive pas à le supporter.
Mon sang bout alors qu’elle s’éloigne, tremblante, incapable de nous choisir.
— Tu l’as ensorcelée, sorcier.
Ma voix est un grondement.
Caïn ricane, les bras croisés sur sa poitrine.
— Si seulement. Mais tu sais aussi bien que moi que l’attirance entre âmes sœurs ne se contrôle pas.
Je veux lui arracher son sourire suffisant.
Lui briser les os.
Mais je ne peux pas.
Parce qu’elle est là.
Parce qu’elle nous regarde avec ces yeux pleins de confusion et de douleur.
Et je préfère mourir que de la voir souffrir.
Elle fuit la pièce sans un mot, nous laissant face à face.
Caïn me jauge, son sourire s’effaçant légèrement.
— Tu as peur de la perdre ?
— Je ne l’ai jamais possédée.
Il hoche la tête, pensif.
Puis il soupire, comme s’il était déjà fatigué de cette guerre qui ne fait que commencer.
— Que le meilleur gagne, alors.
Et il disparaît dans un tourbillon de cendres.
Bâtard.
Je serre les poings et me dirige vers la porte.
Je dois la retrouver.
---
Elya
Je me faufile dans la forêt, l’air glacial mordant ma peau.
Je dois respirer.
Penser.
Mais à quoi bon ?
Caïn et Dimitri sont en moi.
Leur odeur, leur voix, leur pouvoir.
Je frémis, encore hantée par leurs baisers, par la brûlure du sorcier et le frisson du vampire.
Ils sont ma malédiction.
Mais aussi mon refuge.
Je m’adosse contre un arbre et ferme les yeux.
— Tu vas attraper froid.
Je sursaute.
Dimitri se tient devant moi, son long manteau noir flottant dans la brise nocturne.
Son regard est intense, indéchiffrable.
— Ça ne sert à rien de fuir, Elya.
— Je ne fuis pas.
— Non ? Alors pourquoi es-tu ici, seule, à grelotter sous la lune ?
Il s’approche lentement, son ombre s’étendant sur moi.
Je déglutis.
— J’ai besoin de temps, Dimitri.
— Et moi, j’ai besoin de toi.
Sa voix est un murmure rauque, une prière silencieuse.
Il tend la main et effleure ma joue du bout des doigts.
Un frisson parcourt mon corps.
— Tu es partagée entre nous.
Je ferme les yeux, incapable de mentir.
— Oui.
— Alors laisse-moi te prouver que je suis celui qu’il te faut.
Avant que je puisse réagir, ses lèvres capturent les miennes.
Ce baiser n’a rien de doux.
Il est affamé. Désespéré.
Ses mains glissent sur ma taille, m’attirant contre lui avec une possessivité qui me coupe le souffle.
Je me perds en lui, oubliant tout.
Jusqu’à ce que…
— Je vous dérange ?
Caïn.
Sa voix est tranchante, venimeuse.
Je me dégage, essoufflée, et me tourne vers lui.
Ses yeux sont sombres, son aura crépite d’une magie menaçante.
— Tu deviens impatient, vampire.
— Et toi, tu deviens jaloux, sorcier.
La tension entre eux est électrique.
Ils sont à deux doigts d’exploser.
— Ça suffit !
Ma voix claque dans l’air comme un coup de fouet.
— Vous ne pouvez pas me forcer à choisir.
Ils restent silencieux, leurs regards brûlants posés sur moi.
Puis Caïn s’avance.
— Alors on va te laisser du temps.
(Elya)---Nous marchons.Pas pour fuir. Pas pour chercher.Nous marchons parce que nous en avons décidé ainsi.Le couloir s’efface lentement derrière nous. Ce couloir qui fut tour à tour prison, sanctuaire, labyrinthe. Il nous a tenus en otages de nos douleurs et de nos espoirs. Il nous a mis face à nos pires reflets. Il nous a séparés autant qu’il nous a liés.Mais maintenant, ce n’est plus lui qui trace notre route. C’est nous.Le silence qui nous enveloppe n’a plus la texture de la peur. Il n’a plus le goût de l’attente. Il est doux. Habité. Dense. Chaque pas que je fais vibre dans mes os. Je sens la pierre sous mes pieds, l’air s’élargir autour de moi, la lumière qui grandit. Et je sens Caïdrian à mes côtés.Pas comme une menace.Pas comme un souffle qui m’épie.Mais comme une évidence.Nous sortons. Le ciel est immense. Le vent est franc, piquant. La lumière du matin nous tombe dessus comme une gifle tendre. Mes yeux pleurent un peu, sans tristesse. C’est la brûlure de la renais
(Elya)---Nous marchons. L’un à côté de l’autre. Silencieux. Mais ce silence n’est plus vide.Il pulse.Comme une respiration nouvelle. Comme un cœur qu’on aurait cru mort, et qui recommence à battre.Le couloir semble s’étirer à l’infini, ce long ventre de pierre que nous quittons enfin. Il y a encore l’écho de tout ce qu’on y a vécu. Les cris tus. Les visages qu’on a croisés. Ceux qu’on a aimés, détruits, pardonnés. Tout ce qui nous a modelés, arrachés, défaits. Chaque pierre a gardé une empreinte de nous.Mais je n’ai plus peur de la distance. Le poids de mes pas ne m’écrase plus. Chaque mouvement est un acte de volonté. Ce n’est plus une fuite. Ce n’est plus une quête. C’est un choix.Et dans ce choix, il y a Caïdrian. Et il y a moi.Pas l’ancienne moi. Pas le fantôme brûlé par les vies passées. Pas l’éclat blessé qu’il a tant cherché à réparer.Moi, ici. Maintenant. Entière. Debout.Et libre.Je ne le regarde pas. Je n’ai pas besoin. Il est là, à la lisière de moi. Comme un ryth
(Elya)---Je ferme les yeux.Et dans le silence, les cendres recommencent à tomber.Pas du feu. Pas de la destruction.Mais d’un souvenir ancien. Un temple brûlé. Une promesse faite dans l’ombre. Une main tendue vers moi, que j’avais refusée, alors. Trop tôt. Trop fort.Aujourd’hui, je ne la repousse plus.---(Caïdrian)---Ses paupières closes, son visage tendu vers moi, comme une offrande. Pas de soumission. Pas de pardon. Juste cette ouverture totale, vulnérable, vertigineuse.Je pose ma main sur la sienne, là où elle sent mon cœur. Et je la couvre de mes doigts, doucement, comme si ce geste pouvait effacer tous les siècles de douleurs, toutes les incarnations manquées, toutes les fois où je l’avais perdue.Elle est là. Pas un écho, pas une illusion. Elya. Entière. Brisée et reconstruite. Elle n’a plus peur. Et je le sens, au plus profond de moi : c’est elle qui me tient désormais en vie.« Ce que nous avons traversé… » Ma voix est rauque, presque étranglée. « Ce que je t’ai fait
(Elya)---La lumière m’aveugle. Elle ne m’enveloppe pas — elle me transperce. Chaque cellule de mon corps semble exploser dans cette clarté absolue, comme si j’étais faite de verre et que je venais de voler en éclats. Je ne tombe pas, je suis arrachée. Arrachée au monde, à lui, à moi.Le sol se dérobe, le ciel s’effondre, et dans cette chute sans fond, il ne reste que la sensation d’un arrachement. Je veux crier, mais aucun son ne franchit mes lèvres. L’air n’existe plus. Le temps non plus. Il n’y a que ce vertige, cette chute intérieure, comme si mon âme elle-même était dissoute dans un océan d’échos oubliés.Puis… le silence. Épais, absolu. Il me plaque contre un sol froid, rugueux. Mes yeux s’ouvrent, lents, comme s’ils traversaient plusieurs vies avant d’atteindre cette réalité. La lumière a disparu. L’espace est nu, gris, suspendu dans une brume translucide.Je ne suis pas seule.Elle est là.La silhouette se tient devant moi, immobile. Elle ne parle pas. Elle n’a pas besoin. El
(Elya)---L’air est plus lourd ici. Il vibre d’une énergie étrange, une force qui semble se concentrer au centre de cette immense pièce. La lumière qui nous a guidés jusqu’ici vacille, projetant des ombres déformées sur les murs. Et alors que nous franchissons ce seuil invisible, je sens que quelque chose a changé. Comme si chaque pas nous rapprochait davantage de la vérité, mais aussi du danger.Caïdrian marche devant moi, chaque mouvement, chaque geste chargé d’une détermination que je n’ai jamais vue auparavant. Ce n’est plus simplement lui qui avance avec moi, mais une version de lui-même que je n’ai jamais connue. Un homme qui a fait face à des vérités qu’il n’aurait jamais voulu connaître. Un homme qui semble accepter que ce qui nous attend ici, dans cette salle, changera tout.Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage, car la pièce devant nous semble prendre forme. Ce n’est pas une simple chambre, ni une salle. C’est un lieu. Un lieu ancien, marqué par une présence imposante
(Elya)---La chaleur du tunnel se dissipe progressivement, remplacée par un froid glacé. La lumière, faible mais persistante, éclaire à peine notre chemin. Chaque pas résonne dans ce vide oppressant. Je serre ma main autour de celle de Caïdrian, mais même son contact, habituellement un réconfort, semble moins solide, moins ancré. Une étrange sensation m’envahit, une peur sourde, presque viscérale. Cette sensation que nous ne sommes pas seuls.Le regard de Caïdrian ne me quitte pas, mais il semble plus distant, comme si une part de lui-même s’éloignait de ce qui nous attend. Ce monde, cet endroit, semble avoir pris une emprise sur lui que je n'arrive pas à comprendre. Il n’a pas dit un mot depuis un long moment, et cette absence me ronge.Je voudrais briser le silence, le sortir de ses pensées sombres, mais une question m'obsède. Le lien que nous partageons… N’est-il pas plus qu’une simple promesse d’amour ? Est-ce une malédiction, un destin inéluctable ? Et si cette silhouette avait
(Elya)---Le silence est lourd, presque palpable. Une angoisse sourde m'envahit alors que je fixe l'endroit où la silhouette a disparu. Elle n'était pas une simple illusion, pas une menace banale. Non, cette entité, cette présence, avait un poids. Et elle nous a laissés avec plus de questions que de réponses.Je sens Caïdrian près de moi, ses bras me tenant toujours, mais il y a quelque chose dans son étreinte qui n'est plus aussi rassurant qu’avant. Une tension. Une incertitude qu'il n'a pas voulu montrer jusque-là, mais qui est maintenant évidente dans la manière dont ses doigts serrent légèrement ma taille. Il a vu quelque chose en nous. Quelque chose qu’il ne comprend pas totalement. Mais il se bat encore pour le cacher, pour ne pas me laisser voir la profondeur du gouffre dans lequel nous venons de nous plonger.Je tourne la tête vers lui, cherchant son regard, mais il ne me le rend pas tout de suite. Il semble perdu dans ses pensées, comme si une part de lui-même se préparait à
(Elya, Caïdrian)---Le silence qui suit les paroles de la silhouette est lourd, suffocant, comme si l’air s’était figé dans une dernière exhalation avant la tempête. Une tension palpable vibre autour de nous, s’intensifiant à chaque seconde. Je suis consciente de la chaleur de la main de Caïdrian dans la mienne, mais tout le reste semble éloigné, flou, comme si le temps lui-même hésitait à nous accorder un instant supplémentaire avant que tout ne bascule.La silhouette, cette entité, semble se redresser avec une lenteur calculée, comme une danse macabre, et ses yeux — ces orbes insondables — se fixent sur nous. Chaque battement de mon cœur est une alerte, un avertissement, et pourtant, je ne peux m’empêcher d’être attirée par cette présence, une force sombre et irrésistible.---Silhouette (d’une voix infiniment grave, les mots flottant dans l’air comme des éclats de glace)« Le prix, vous l'avez déjà payé. Ce que vous cherchez… vous le portez déjà en vous. »(Il y a une pause, comme
Elya---Nous avançons à travers la grande salle, le sol de marbre froid résonnant sous nos pas. La silhouette, toujours immobile mais omniprésente, nous observe de ses yeux perçants. Plus nous nous approchons, plus l’atmosphère devient lourde, et je sens la pression sur ma poitrine grandir. Comme si l’air même ici, dans ce lieu ancien, était saturé de secrets que l’humanité ne devrait pas connaître.Chaque symbole sur les murs semble se réveiller, brillant d’une lumière spectralement douce, mais elle est aussi inquiétante. Ces marques, ces gravures anciennes, sont les témoins d’un savoir perdu depuis des siècles. Je les scrute, tentant de comprendre, mais elles restent énigmatiques, indéchiffrables.Caïdrian reste à mes côtés, son corps tendu, ses muscles prêts à réagir à la moindre menace. Il ne dit rien, mais je sais qu’il ressent cette pression, cette tension qui se fait plus vive à chaque seconde.---Caïdrian (sa voix basse, comme s’il craignait d’altérer le calme de ce lieu)«