Chapitre 7 – Manque

Sera ferma les yeux et les deux loups disparurent. Sa respiration s’accéléra et elle commença à se balancer. Sa tension chuta et la panique la saisit à nouveau. Pourquoi était-elle si faible ?

Sa respiration devint de plus en plus haletante et elle essaya d’inspirer profondément et d’expirer lentement, comme Yelena le lui avait appris.

Sera commença à se calmer, mais la peur restait gravée dans ses os.

— Sera ! — cria quelqu’un en la voyant. C’était Kyria.

Derrière elle se trouvaient Thomas et, de façon surprenante, Karim.

Il se plaça devant tout le monde et s’agenouilla face à elle.

— Que s’est-il passé, bizarre ? Tu es toute pâle. Quelqu’un t’a attaquée ? — Il la saisit par les épaules et la secoua, semblant étrangement inquiet.

— Doucement. Elle est effrayée, — dit Kyria.

Et ainsi, elle fut emmenée à l’infirmerie. Encore une fois. Sera commençait à se lasser de toute cette répétition.

La doctoresse fit sortir tout le monde et la fit asseoir sur le lit. Sera l’observa pendant qu’elle l’examinait. Une femme au sourire doux, aux cheveux noirs courts et à la blouse rose clair.

— Que s’est-il passé, ma chère ? Ton cœur bat toujours vite.

Sera mentit, écrivant qu’elle avait eu une crise de panique. En fait, c’était vrai. Elle avait seulement omis certains détails. Qui la croirait ?

Et peut-être que ce n’était que son imagination. C’est ce qu’elle voulait croire.

Samantha lui demanda de se reposer un peu, et qu’elle lui prescrirait quelques médicaments.

Sera s’allongea, ne réalisant pas à quel point elle était fatiguée. Mais les crises l’épuisaient toujours.

Malgré tout, ses rêves ne furent pas paisibles. Le feu se propageait dans toute la forêt, elle entendait des cris alors qu’il n’y avait plus de corps. Pourtant, celui qui criait n’était pas digne de sa pitié.

Sera se réveilla en sueur.

— Hé, jeune fille. Calme-toi. Ces crises semblent assez fréquentes, — dit Yelena en lui tendant un verre d’eau avec le médicament prescrit.

Sera la remercia, curieuse en regardant la jeune femme aux yeux bleus.

— J’ai commencé récemment à aider à l’infirmerie, quand la doctoresse Ty n’est pas là.

— Mais je suis aussi curieuse, — Yelena rapprocha son visage du sien. — À propos de la malédiction qui entoure les quatre grands clans. — dit-elle en s’éloignant.

— Si tu te sens bien, tu peux sortir. La directrice a dit que tu avais un test demain et que tu pourrais le passer si tu allais mieux.

Yelena sortit et Sera resta quelques secondes à l’infirmerie. Quand elle quitta la pièce, Kyria l’attendait pour lui indiquer où aurait lieu le test.

« Désolée », écrivit-elle. « Je cause trop de soucis. »

Kyria rit en marchant.

— C’est à ça que servent les amis. Ne t’inquiète pas. Je suis là avec toi.

Sera la remercia d’un signe de tête.

— Tu es sûre que ça va ? Tu as vu quelque chose pour crier de cette façon ? J’avoue que j’ai été surprise de voir que c’était toi.

Sera hésita, mais ce serait bien d’avoir quelqu’un à qui se confier.

« Tu vas peut-être me trouver folle, je crois que j’ai pu imaginer ça. »

— Raconte-moi et nous pourrons en discuter, — dit Kyria en souriant.

Alors, Sera nota ce qu’elle avait vu dans son carnet et montra tout à son amie.

Kyria afficha plusieurs réactions au début. Peur, stupeur, incrédulité. Mais son expression devint vite pensive.

— Moi et Thomas, nous pourrons chercher des informations demain. Ça a été une longue journée, — dit-elle en baillant.

Sera s’étira et bailla à son tour.

Elles allèrent jusqu’à leur chambre et la rousse indiqua l’endroit du test quand elles passèrent devant, ainsi Sera ne se perdrait pas.

Sera remercia l’école de fournir des pyjamas aux élèves, c’était agréable de pouvoir enfiler quelque chose de confortable pour dormir. Et, pour la première fois, elle eut un sommeil sans rêves.

Le lendemain, Sera passa la journée à étudier. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas fait et peut-être que les vieux livres de sa mère ne suffiraient pas.

Cependant, son esprit vagabondait vers la nuit précédente. Elle se souvint de son premier jour, des murmures au sujet de la malédiction. Elle frissonna en pensant qu’elle pourrait en être la cause.

Sera pensa à ce qui arriverait si elle disparaissait. Elle n’avait pas de famille importante, en fait, elle n’avait même pas de famille.

Elle n’était connue de personne. Encore moins utile à qui que ce soit. En réalité, elle se sentait comme un poids. Elle n’avait été qu’un problème pour tout le monde depuis son arrivée ici.

Peut-être devrait-elle partir ou… disparaître pour de bon. Après tout, personne ne sentirait son absence.

Sera fut tirée de ses pensées en sursautant quand quelqu’un s’assit à côté d’elle.

Thomas s’excusa d’un geste. Et écrivit sur une feuille la même demande.

Sera sourit et répondit simplement qu’elle ne s’y attendait pas.

« Merci d’avoir aidé Kyria ce jour-là, je suis heureux que nous ayons quelqu’un de courageux de notre côté », écrivit-il d’une écriture élégante.

« C’est mon devoir d’amie. Je ne peux plus permettre que quelqu’un d’innocent soit attaqué. »

« Encore ? Tu connais quelqu’un qui a vécu ça ? » demanda-t-il avec un regard serein.

Et Sera remarqua que Thomas était malin. Malin et observateur. Avait-il découvert quelque chose sur elle ?

« Tu n’as pas besoin de me le dire si tu ne veux pas. Mais sache que je suis là pour écouter. » — Il afficha un sourire doux.

Sera le remercia d’un sourire et continua.

« Excuse-moi, mais tu es important pour moi et pour Kyria. Une nouvelle amie. J’ai remarqué ton regard. Je me suis déjà sentie ainsi. Mais sache que tu es quelqu’un d’important. Nous aimons t’avoir ici, Sera. »

Sera fut surprise. Elle ressentait toujours cette chaleur en voyant comme certaines personnes étaient gentilles ici. Cela réchauffa son cœur sans qu’elle sache pourquoi.

« Merci. Je n’ai jamais été importante pour personne. » Elle ne comprenait pas pourquoi il était si facile de s’ouvrir à Thomas. « J’ai toujours été traitée comme quelqu’un qui ne méritait pas de vivre. »

Thomas la regarda avec pitié. Un regard qu’elle détestait recevoir. Mais, venant de lui, cela ne l’irritait pas.

« Je pense que nous méritons tous de vivre. Je me suis déjà demandé pourquoi quelqu’un comme moi, tel que je suis né, devrait exister. » Il s’arrêta quelques secondes d’écrire, comme s’il se souvenait de quelque chose. Une expression sérieuse prit son visage quelques instants.

« Mais j’ai compris que nous devons vivre pour nous-mêmes et non pour les autres. Nous trouverons toujours quelqu’un qui nous apprécie et qui sentira notre absence, même quand nous pensons être seuls. » Il sourit à nouveau. « Moi et Kyria, nous sentirions ton absence si tu partais, Sera. » — dit-il en prenant sa main.

Sera accepta, sourit et écrivit :

« Moi aussi, vous me manqueriez. »

Et, sans savoir pourquoi, elle pensa que, d’une certaine façon, Karim lui manquerait aussi.