La poignée de main entre Lorcan et Elara scellait un pacte improbable, une alliance fragile née dans un moment de vulnérabilité et de nécessité. Lorcan sentait la chaleur de sa main dans la sienne, un contraste saisissant avec le froid qui le rongeait depuis des années. Il avait juré de ne jamais faire confiance à un humain, mais il sentait qu'il y avait quelque chose de différent chez Elara. Une sincérité, une curiosité insatiable et une détermination qui résonnaient avec son propre désir de protéger sa meute.
"Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il faut vous soigner", dit Elara, rompant le silence. Elle scruta son torse, son visage trahissant une inquiétude sincère. "Cette blessure a besoin de soins. Et vous devez être épuisé."
Lorcan hocha la tête. Il ne voulait pas l'admettre, mais elle avait raison. Il était à bout de forces. "Suivez-moi", dit-il. "Je connais un endroit sûr."
Il conduisit Elara à travers la forêt, se frayant un chemin à travers les arbres et les buissons. Il avançait avec précaution, conscient que les Traqueurs pouvaient être n'importe où. Il devait protéger Elara, non seulement pour tenir sa promesse, mais aussi parce qu'il sentait qu'elle détenait la clé pour comprendre ce que la Confrérie recherchait.
Ils arrivèrent à une petite clairière cachée, dissimulée derrière une cascade d'eau cristalline. Au centre de la clairière, se trouvait une cabane en bois rustique, construite par ses ancêtres il y a des siècles. C'était un endroit sacré, un refuge sûr pour sa meute.
"Bienvenue chez moi", dit Lorcan, un sourire amer se dessinant sur ses lèvres.
Elara observa la cabane avec admiration. Elle sentait l'histoire imprégnée dans les murs, le poids des générations passées. "C'est magnifique", dit-elle. "On dirait un lieu plein de souvenirs."
Lorcan hocha la tête. "Il l'est. Mes ancêtres ont construit cette cabane il y a des siècles. Ils ont vécu et sont morts ici. Leurs esprits veillent encore sur nous."
Ils entrèrent dans la cabane. L'intérieur était sombre et poussiéreux, mais propre et bien rangé. Un feu crépitait dans la cheminée, répandant une chaleur agréable dans la pièce. Sur une étagère, étaient rangés des livres anciens, des herbes séchées et des outils en argent.
"Installez-vous", dit Lorcan. "Je vais aller chercher de quoi vous soigner."
Il se dirigea vers une armoire en bois et en sortit une boîte en métal remplie d'herbes médicinales et de bandages. Il s'assit à côté d'Elara et commença à nettoyer sa blessure avec un chiffon humide.
Elara grimaça de douleur. "Soyez doux", dit-elle.
"Je fais de mon mieux", répondit Lorcan, son ton adouci par un sourire. "Mais la magie des Traqueurs est puissante. Elle laisse des traces."
Il continua à soigner sa blessure, appliquant une pommade à base d'herbes sur la plaie et la recouvrant d'un bandage propre. "Voilà", dit-il enfin. "Ça devrait aller mieux maintenant."
"Merci", dit Elara, son regard rempli de gratitude. "Je me sens déjà mieux."
Elle hésita un instant, puis demanda : "Pourquoi m'avez-vous fait confiance ? Vous ne me connaissez pas. Je pourrais être une espionne, envoyée par les Traqueurs."
Lorcan la fixa dans les yeux. "Je ne sais pas", dit-il. "Il y a quelque chose chez vous... Une aura de vérité. Et puis, il y a ce livre."
Il prit le livre qu'Elara avait trouvé et le lui tendit. "Qu'est-ce que c'est exactement ?" demanda-t-il. "Où l'avez-vous trouvé ?"
Elara prit le livre et l'ouvrit à une page marquée. "Ce livre est une compilation d'anciennes légendes et de récits historiques", dit-elle. "Il a été écrit par un moine bénédictin il y a plusieurs siècles. Je l'ai trouvé dans les archives d'un monastère abandonné, perdu au milieu de la forêt."
Elle continua : "Il raconte l'histoire de votre meute, de son pacte avec la lune, et de sa mission de protection de cet équilibre fragile entre le monde des humains et celui des loups. Mais il parle aussi d'une menace qui pèse sur vous depuis des siècles."
"Quelle menace ?" demanda Lorcan, son ton devenant grave.
Elara hésita un instant, puis répondit : "Il parle d'un artefact ancien, connu sous le nom de Clair de Lune. Un objet d'une puissance incommensurable, capable de corrompre la nature même des loups-garous."
Lorcan fronça les sourcils. Il n'avait jamais entendu parler de cet artefact. "Corrompre ? Que voulez-vous dire ?"
"Il est dit que le Clair de Lune peut transformer les loups-garous en monstres incontrôlables, dépourvus de toute humanité. Des bêtes sauvages, guidées uniquement par leur instinct de survie."
Lorcan sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il comprit alors ce que les Traqueurs recherchaient. Ils ne voulaient pas seulement se venger. Ils voulaient mettre la main sur le Clair de Lune pour détruire sa meute.
"Les Traqueurs...", dit-il, la voix tremblante de colère. "C'est ça qu'ils veulent. Ils veulent nous transformer en monstres."
"C'est ce que je crois", répondit Elara. "Et je pense que le moine qui a écrit ce livre savait quelque chose. Il a laissé des indices, des indices qui pourraient nous aider à trouver le Clair de Lune avant qu'il ne tombe entre de mauvaises mains."
"Des indices ?" demanda Lorcan, son regard s'illuminant d'espoir.
Elara hocha la tête. "Oui. Des énigmes, des symboles cachés, des références à des lieux mystérieux. Je pense qu'en déchiffrant ces indices, nous pourrons découvrir où se trouve le Clair de Lune."
Lorcan se leva, son regard rempli de détermination. "Alors, qu'attendons-nous ?", dit-il. "Commençons à déchiffrer ces indices. Nous devons trouver le Clair de Lune avant qu'il ne soit trop tard."
Elara sourit. "Je suis avec vous", dit-elle. "Ensemble, nous allons percer le mystère du Clair de Lune et protéger votre meute."
Et alors qu'ils se penchaient sur le livre, illuminés par la lueur vacillante du feu, ils ne savaient pas qu'ils venaient de se lancer dans une quête dangereuse, une quête qui allait les mener à travers des forêts enchantées, des ruines antiques et des dimensions parallèles. Une quête qui allait les rapprocher plus que jamais, mais qui allait aussi mettre à l'épreuve leur courage, leur loyauté et leur amour.
Le lendemain matin, le ciel s’était assombri d’une manière étrange, comme si même la lumière hésitait à s’étendre sur le territoire des Écailles de Lune. Une aube lourde. Chargée de non-dits.Keiran, toujours en convalescence sous étroite surveillance, avait brièvement repris conscience. Son regard confus et apeuré hanta les membres de la meute qui l’avaient veillé. Il n’avait presque aucun souvenir de l’attaque. Juste un parfum métallique et la sensation d’être devenu un simple objet qu’on manipulait.Lorcan, lui, n’avait pas dormi.Il avait immédiatement convoqué une réunion exceptionnelle.Mais cette fois… avec les représentants humains.Dans un chalet discret aménagé près de la frontière, sous la supervision du pacte naissant, les diplomates officiels s’étaient installés. Autour de la table : Caleb Vaillant, l’émissaire loyal qui portait encore l’espoir fragile de l’alliance ; une représentante du Conseil Mondial ; et, pour la première fois, un observateur militaire invité à titre
La nuit s’étendait comme un voile d’encre sur la forêt, plus dense qu’à l’accoutumée. Aucun vent, aucun bruissement d’aile. Même les animaux nocturnes semblaient avoir fui, comme s’ils pressentaient l’imminence du danger.Dans une clairière éloignée, à la limite Sud du territoire de la meute, un jeune éclaireur s’entraînait seul.Il s’appelait Keiran.Louveteau encore inexpérimenté, mais prometteur. Trop jeune pour les grandes décisions politiques de la tanière, mais assez curieux pour chercher à prouver sa valeur, même lors des patrouilles nocturnes.Il n’entendit pas l’arrivée de ses traqueurs.Plus loin, dissimulés derrière une rangée de troncs, les opérateurs du Projet Héméra avançaient avec une précision chirurgicale. Équipement de vision nocturne. Armement non-léthal. Combinés radio internes.Leur commandante, une femme athlétique du nom de Larsen, donna ses ordres à voix basse :— Cible identifiée.— Aucun autre loup à proximité immédiate.— Séquence d’approche : 3-2-1… action.
L’été s’installait sur les forêts, enveloppant la tanière de ses parfums de mousse tiède et de fleurs écloses. Mais sous cette chaleur paisible, le vent du danger soufflait plus sournoisement que jamais.Lorcan avait réussi à maintenir la stabilité apparente de la meute malgré la scission. Eldric et les siens restaient discrets, respectant pour l’instant la trêve fragile. Les anciens murmuraient, les jeunes hésitaient. Mais tout tenait encore.En apparence.Car ailleurs, dans des bureaux fermés, dans des laboratoires clandestins, la patience de certains humains était à bout.Dans une zone industrielle désaffectée en périphérie de Prague, à l’intérieur d’un hangar parfaitement insonorisé, une autre réunion avait lieu.Autour d’une table froide, plusieurs figures masquées échangeaient des rapports confidentiels. Sur les écrans, des images satellites de la tanière, des fiches biométriques, des relevés thermiques.Au centre, un homme aux cheveux d’argent : le Docteur Anton Varg. Ancien ch
Le soir tombait doucement sur la tanière, mais cette fois, l’air portait une lourdeur inhabituelle.Lorcan avait décidé.Assez de chuchotements. Assez de jeux d’ombre. Si la fracture devait se dessiner, alors qu’elle le soit à visage découvert. À cœur ouvert.Dans la salle du conseil, éclairée par de larges torches fixées aux murs, la meute avait été convoquée. Tous étaient là. Les anciens, les jeunes, les sceptiques, les indécis. Même ceux qui murmuraient d’habitude dans l’ombre étaient venus, attirés par la promesse d’un face-à-face qu’ils n’auraient jamais osé provoquer eux-mêmes.Lorcan se tenait au centre, droit, imposant, mais le visage calme.À sa droite, Elara, le regard tendu mais déterminé. Derrière, Kael et Anya, en posture de soutien discret.Eldric entra à son tour, suivi de Mira et des membres silencieux du Cercle Gris. Ils avançaient lentement, mais sans dissimuler leur défiance.Le silence était si dense qu’on entendait presque les cœurs battre.Lorcan prit la parole d
La nuit s’étira comme une ombre étouffante sur la tanière.Tout paraissait calme, comme à l’accoutumée : les sentinelles patrouillaient sur les hauteurs, les derniers feux mouraient lentement dans les cercles de pierre, les jeunes dormaient. Mais sous cette tranquillité apparente, quelque chose se tramait.Dans une ancienne salle souterraine oubliée, aux pierres usées par les siècles, un petit groupe s’était réuni. Ils n’étaient qu’une poignée, mais leur silence valait mille cris. Leurs visages étaient fermés, leurs regards sombres, leurs motivations claires.Au centre, Eldric.Debout, les bras croisés, il dominait l’assemblée sans forcer. Il n’avait pas besoin d’imposer. Sa colère contenue, son passé glorieux, son regard sans concession suffisaient à faire de lui un point de ralliement.— Lorcan a franchi une ligne, dit-il d’une voix grave.— En pactisant avec ceux qui nous ont traqués. En exposant nos traditions, nos capacités. En affaiblissant les racines mêmes de notre peuple au n
La nuit était tombée sur la tanière, plus lourde qu’à l’accoutumée. Sous la clarté pâle de la lune, les chants et les rires avaient laissé place à des murmures étouffés, des regards furtifs, des silences inhabituels.Depuis plusieurs jours, la tension s’insinuait lentement dans les veines de la meute.Tout avait pourtant semblé si prometteur. Le pacte avec la Confrérie restaurée. La neutralité des Maîtres de l’Équilibre. Même cette ouverture prudente envers certaines autorités humaines.Mais dans l’ombre des conciliabules officiels, des doutes anciens, presque primitifs, refaisaient surface.Dans une petite clairière à l’écart du cercle principal, plusieurs loups s’étaient réunis en secret.Parmi eux, Eldric, un ancien guerrier respecté, vétéran des anciens conflits, à la carrure massive et à la voix grave qui imposait le respect.— Jusqu’à quand allons-nous courber l’échine sous prétexte de « dialogue » ? gronda-t-il, ses yeux étincelant sous la lumière des torches.— Nous avons vain