Share

Chapitre 3

Chapitre 3

On aperçut en moment,leur autre ami Jacob qui s'approchait.On ne put d'abord pas distinguer ses traits;mais comme c'était le plus gros garçon du voisinage,Il n'y avait pas à se tromper sur son identité.

_Holà,voici le gros qui arrive!s'écria Karl,et il en avait un autre avec lui long et mince.Il a tout l'air d'un étranger.

_ C'est le cousin anglais de Jacob,dit le petit Voost,ravi de pouvoir annoncer cette nouvelle.Il s'appelle : Ben Dobbs.Il doit rester ici jusqu'après la grande course.

_ Camarades,je vous présente mon cousin,dit Jacob un peu hors d'haleine.Il arrive d'Angleterre.C'est un John Bull,et il désire se joindre aux concurrents pour la course,si vous le trouvez bon.

_ Accepté ! Accepté ! S'écria toute la bande.

Ben s'était senti embarrassé en compagnie des amis de son cousin.Quoique la plupart eussent étudié l'anglais et le français,ils n'étaient pas très hardis à parler l'une ou l'autre de ces deux langues,et Ben,de son côté faisait de très drôles de bévues en essayant de converser en hollandais.

Cependant quand Jacob fut parvenu à lui faire comprendre qu'ils avaient projeté une grande excursion pour lui faire voir le pays,il put de temps en temps placer un ''ya'' ou un signe de tête d'une façon toute familière.

Le projet en question était vraiment un <<grand projet>>,et il se présentait en une magnifique occasion de l'exécuter.Outre les congés habituels de la Saint-Nicolas,on avait été obligé d'accorder à tous les écoliers quatre jours de congé extra pour un nettoyage à fond des bâtiments de l'école,qui était devenu nécessaire.

Jacob et Ben en devaient profiter pour faire un long voyage sur la glace.Ils devaient parcourir en patinant une longue distance qui sépare Broek de la Haye,pas moins de cinquante mille ( soixante kilomètres environ).

_ Maintenant, camarades,ajouta Jacob quand il eut dévoilé le plan,qui veut venir avec nous?Qui veut faire partie de notre expédition ?

_ Moi! Moi! s'écrièrent ils avec empressement.

_ Moi aussi,hasarda timidement le petit Voost.

Jacob se mit à rire en tenant ses côtés rebondies et en secouant ses grosses joues.

_ Toi !venir avec nous?Un petit bout d'homme comme toi?Mais, jeune novice,tu n'as pas encore quitté ton bourrelet !

L'insulte de Jacob blessa au-delà de toute expression celui à qui il s'adressait.Il s'énerva :

_ Faîtes attention à ce que vous dites,lui cria-t-il de sa voix flûtée;ce sera tant mieux pour vous quand vous pourrez quitter vos bourrelets,car vous êtes ouaté du haut en bas.

Tous les jeunes gens à l'exception du jeune anglais qui ne comprit pas, poussèrent des éclats de rires.Le bon Jacob eut l'esprit de rire d'aussi bon coeur que les autres.Il n'avait pas la prétention d'être svelte.Il joignit son vote sans rancune à tous ceux de ses camarades pour que le petit fût agréé compagnon de voyage,et l'on décida à l'unanimité que le jeune Voost devenu populaire se réunirait à la société...si ses parents le permettaient bien sûr.

_ Bonsoir,chantant l'heureux enfant en patinant de toutes ses forces pour regagner sa demeure.

_ Brrr !Mais il fait froid,dit Ludwig le frère de Peter.Si nous retournions à la maison ? avait-il demandé.

_Qu'importe qu'il fasse froid, monsieur peau tendre?cria Karl qui était occupé à étudier un pas qu'il appelait <<le double tranchant>>;nous aurions une jolie saison de patinage,s'il faisait aussi chaud qu'en décembre dernier !

_ Je sais que la soirée est extraordinairement aussi froide dans tous les cas, répondit Ludwig.Et je rentre à la maison !

Peter sortit de son gousset une grosse montre d'or et ,la tenant aussi bien que ses doigts engourdis le lui permettaient,de manière que le cadran fût éclairé par la lune, s'écria :

_ Allons!Il est prêt de huit heures !Saint- Nicolas doit être en route.Pour ma part,je tiens à voir les yeux étonnés des petits tout grands ouverts par l'attente de ce qui va se passer à la maison.Bonsoir! 

_ Bonsoir ! crièrent - ils tous.

Et ils partirent,criant,riant et chantant.

Où étaient Helena et Ozïl pendant ce temps? Hélas ! Que la joie est de courte durée !Ils avaient patiné pendant une heure,se tenant un peu à l'écart des autres,contents d'être ensemble.Ozïl s'était écrié :

_ Oh! Helena ,qu'elle bonne chose d'avoir tous les deux des patins! Je te  répète que la cigogne nous a porté bonheur !

Tout à coup ils crurent entendre quelque chose.

C'était un cri,mais un cri bien faible! Personne ne le remarqua sur le canal; mais Helena ne pouvait s'y tromper,elle connaissait trop bien la signification.Ozïl la vit pâlir au clair de lune,pendant qu'elle arrachait ses patins de ses pieds.

_ C'est sûrement notre père ! cria-t-elle.Il a effrayé maman!

Et Ozïl la suivit de toute la vitesse de ses jambes,pendant qu'elle courait vers la maison apeurée.C'était celà,la vie des deux pauvres jeunes.

Du côté des jeunes riches, l'heure fixée pour la fameuse expédition avait sonné.Les camarades de Peter, fidèles au rendez-vous, étaient réunis sur le canal.

Peter,le meneur de la bande ,comme c'était son devoir,y était arrivé le premier.

_ Sommes nous tous présents et prêts ?dit-il encore.Et pour plus de sûreté,il procéda à l'appel.

_ Jacob Poot?

_ Ya

_ Karl ?

_ je suis là.cria Karl encore surpris par l'appel alors qu'il étouffait un bâillement qui n'était pas en accord avec le réveil trop prématuré de celui-ci.

_ Ben Dobbs?Vous êtes là ?avait demandé Peter en anglais pour que ce dernier comprenne mieux.

_ Yes!Ya!Oui,si! Répondit le jeune polyglotte pour être plus sûr  d'être compris.

_Lambert Van Persie ?C'est ok?

_ Ya.avait répondu celui-ci avec empressement.

_ C'est fort heureux,dit le capitaine Peter,que je suis de te compter parmi nous.Notre jeune ami Ben, quoiqu'il sache dire Oui en quatre langues serait peut être embarrassé pour marcher sans toi,mon cher Lambert.Tu parles très bien à anglais et tu arriveras facilement à lui épargner les efforts qu'il aurait à faire pour se faire comprendre en hollandais.

Il continua de vérifier la présence des ses amis :

_ Ludwig ?

_ ya je suis là, mec !

_ le petit Voost .

Il n'avait obtenu aucune réponse.Et là Karl prit la parole comme il ne manquait jamais l'occasion de se moquer du petit Voost.

_Oh,on aurait empêché le petit coquin de sortir,dit Karl,qui ne perdait jamais l'occasion de lancer une pointe, même à un absent.

Celle ci n'étant pas bien méchante, personne ne la releva.

_ L'heure est passée,dit le capitaine.Il a été dit qu'on n'attendrait personne ;tant pis pour les retardataires !Allons,camarades,il est huit heures,et le quart d'heure de grâce va sonner.La glace est solide.L'Y est fermé comme un roc,le temps est admirable,nous serons à Amsterdam dans trente minutes.Une ,deux ,trois,partons…

Leur petite troupe s'envola.

Moins d'une demie- heure après,elle se trouvait au cœur d'Amsterdam effectivement,la grande métropole des Pays-Bas.

La ville avait revêtu ses plus beaux costumes de fêtes.Les boutiques resplendissaient en l'honneur de la Saint-Nicolas.

 Le capitaine fut plus d'une fois obligé de ramener ses amis à l'ordre et de leur enjoindre,d'une voix qui ne permettait pas de réplique,de s'éloigner des étalages tentateurs, où brillait à leurs yeux tout ce qui a été,est ou peut être inventé en fait de jouets.

La Hollande est célèbre pour ce genre d'industrie.Tout y est imité en miniature pour attirer l'attention des petits enfants.Les jouets mécaniques qu'un petit garçon maniait insoucieusement pourraient servir de modèle de démonstration pour les écoles scientifiques de tous autres pays.Il n'est machine,engin utile, bateaux, traîneaux, appareil d'usine,qui ne deviennent joujou dans ce pays où tout à son côté pratique. 

Tout intérressait le jeune Anglais Ben.Il aurait voulu tout voir , s'arrêter partout.Les canaux,les navires,les ponts,les tours,le palais royal, l'école de marine,etc,il ne put apercevoir tout cela qu'en courant.

_ Je voudrais bien vous faire passer devant l'hôtel de ville,lui dit Lambert,mais notre itinéraire ne le nous permet pas.C'est là que vous auriez pu vous étonner tout à votre aise.Les fondations seules en sont déjà une merveille.Près de quatre milles pilotis enfoncés à soixante-dix pieds dans le sol,ce n'est pas une petite affaire,mais il n'en fallait pas moins pour supporter un tel monument.

_ Halte! Prononcé par Peter,Lambert s'interrompit.

_ Otez les patins,dit Peter,voici le musée.Il ne sera pas dit que les hollandais auront passé devant ''la ronde nuit de Rembrandt,sans la faire connaître à leur hôte.Ben,...dix minutes pour toi,tu ne regarderas pas ce tableau,mais je suis tranquille,tu ne l'oublieras plus. 

Ben ravit aurait embrassé Peter si le temps le lui avait permis.Il sortit au bout de dix minutes,ébloui, émerveillé, enthousiasmé.

_ Quel effet de nuit! S'écria- t- il,qu'elle lumière et qu'elles ténèbres !

_ Je suis fâché,lui dit Lambert,de contredire à ton exclamation mais la vérité m'oblige à vous confesser,mon cher Ben,deux choses graves à propos de la ronde de nuit.La première,c'est que ce n'est pas une ronde de nuit; et la seconde,c'est que ce n'est pas une ronde du tout.La scène a lieu le jour.La lumière est celle du jour,d'un jour bizarre qui tombe du côté gauche de fenêtre obscur surprenant qu'on s'obstine encore à prendre pour un effet de nuit.Ce chef- d'oeuvre de Rembrandt, auquel je crois que je préfère la leçon d'anatomie qui est au musée de La Haye,ce chef-d'oeuvre représente la compagnie du capitaine français Banning au sortir de la maison de  corporation.

_ Ne nous disputons pas pour si peu,dit Ben gaiement,effet de nuit  ou effet de jour,cette page de votre plus grand peintre est merveilleuse et je ne l'oublierai de ma vie.

Ils se hâtèrent de courir vers le canal.

_ Remettez les patins !Êtes vous prêts ?

Et Peter donna le signal du départ.

_ La glace me paraît très forte,dit le capitaine à sa troupe,continuerons-nous à suivre le canal ou prendrons - nous  la rivière?

_ Prenons la rivière,s'écria Karl.Ce sera plus amusant de côtoyer la route.Il ajouta:

_ C'est un peu plus long,mais qu'importe ?

Jacob Poot se sentit tout à coup fort intéressé par la question.

_ Je vote pour le canal le plus court,dit- il d'un air suppliant.

_ Eh bien,ce sera le canal, répondit le capitaine,qui comprit que le pauvre Jacob Poot,moins alerte qu'eux à cause de son poids,avait besoin de ménager ses forces.

_ Nous sommes tous d'accord pour le canal ! Crient les autres avec une bonne grâce parfaite.

Seul Karl Schummel avait haussé les épaules.Il n'était pas trop d'accord avec le groupe mais décida de se taire pour une fois.

Peter,le capitaine,prit la tête.

_ En route,dit il ,nous serons à Haarlem dans une heure.

Pendant qu'ils patinaient à toute vitesse,ils entendirent le bruit des wagons du chemin de fer tout près derrière eux.

_ Ho! Hé! Camarades !s'écria Ludwig en se retournant vers eux,qui battra la locomotive parmi nous? Hop! pour la course ! Que le premier gagne.

Le sifflet du chemin de fer se mit à crier à défi.Les jeunes garçons en firent autant et partirent.

Pendant un moment,ils tinrent la tête,poussant des hourras frénétiques un moment seulement,mais c'était déjà quelque chose.

Un peu calmés,ils voyagèrent avec plus de loisir,tout en causant et en badinant entre eux.Ils s'arrêtaient parfois pour échanger quelques mots avec les gardiens stationnés de distance à distance,sur le canal.C'étaient des hommes chargés en hiver de veiller à ce que la surface gelée ne s'encombre pas d'immondices.

_Regardez ces patineurs- là sur le canal,dit soudain Lambert,ils sont rouges comme des pivoines et heureux comme des lords.Ho,hé! capitaine, cria-t-il en hollandais,que penses-tu de l'idée de nous arrêter à cette ferme,pour nous y réchauffer un peu les pieds?

_ Qui d'entre vous  à froid? fit Peter en se retournant.

_ Benjamin Dobbs.Cria Jacob à propos de son cousin.

_ Eh bien,on réchauffera l'Angleterre, répondit Peter avec un beau sourire et une bonne humeur.

Et il fût décidé que toute la société allait se permettre un temps d'arrêt.

La chaumière la plus proche d'eux avait une apparence plus engageante.Son toit bas,des tuiles rouges, s'étendait jusque sur l'étable qui se pressait tout contre le bâtiment principal.

Une vieille femme très propre, à l'extérieur paisible, tricotait assise près de l'une des fenêtres.Contre l'autre se voyait le profil de la figure grasse et rebondie d'un homme assis,la pipe à la bouche derrière les carreaux brillants et le rideau blanc comme la neige.

En réponse aux coups modestes frappés par Peter,une jeune fille aux joues roses et aux cheveux blonds, revêtue de ses habits du dimanche,lui ouvrit la moitié supérieure de la porte verte coupée en deux et lui demanda ce qu'il désirait.

_ Pouvons nous entrer un instant dans votre belle demeure,pour nous réchauffer, mademoiselle ?demanda respectueusement Peter.

_ Soyez les bienvenus !répondu la belle jeune fille.

Sur ce,elle ouvrit l'autre moitié de la porte.La porte roula doucement sur ses gonds avant d'entrer,chacun frotta longtemps et consciencieusement ses pieds sur le gros paillasson,et ils saluèrent de leur mieux la vieille dame et le vieux monsieur assis près des fenêtres.Le vieil homme envoyait ses bouffées de fumée,et sa femme faisait claquer ses aiguilles l'une contre l'autre comme si elles avaient été mues par des roues intérieures.

Mais la fillette aux joues roses! C'est elle qui se donnait du mal.Elle s'empressait à offrir aux jeunes garçons des chaises à hauts dossiers polis.Quelle vivacité à ranimer le feu! Elle faillit faire pleurer d'attendrissement Jacob Poot,en plaçant devant lui une énorme tranche de pain d'épice et un broc de bière.Elle rit de bon cœur et secoua gaiement sa tête à la vue de l'appétit féroce déployé par les écoliers qui dévoraient le pain d'épice avec la gloutonnerie d'animaux sauvages,tout en essayant de déployer leur savoir-vivre des dimanches.Mais où elle eût la mine déconfite ,c'est lorsque Peter refusa poliment,mais avec fermeté,la choucroute et le pain noir qu'elle leur offrait.

Pour se consoler sans doute,elle tira la mitaine de Poot, déchirée au pouce et se mit à la raccommoder sous ses yeux ,cassant le fil avec ses blanches dents et disant ,tout en le mordillant ,au bon garçon tout confus d'être l'objet d'une si grande attention : 

_ Ce sera plus chaud monsieur,dit-elle en rendant mitaine recousue à Jacob Poot avec un sourire de bonté.

Finalement,elle donna une poignée de main à chacun des jeunes gens ,et demandant d'un regard à la vieille dame sa permission,elle insista pour qu'ils remplissent leurs poches de pain d'épices.

Pendant tout ce temps-là les aiguilles à tricoter continuaient à cliqueter et la pipe à envoyer  la bouffée de fumée.

Les jeunes garçons ravis d'un si aimable accueil remercièrent à qui mieux mieux leur hôtesse d'un instant et se remirent en route .Ils arrivèrent bientôt en vue du château de Swanenburg au portail de pierre massive ,aux deux tourelles formant un petit cercle, chacun surmontée d'un cygne en en pierre.

_ Nous sommes presque arrivés,les amis,vous pouvez ôtez vous patins,cria Peter le chef de la bande avec soulagement.

Meryl

Salut mes amis( e),je suis vraiment désolée pour le retard des chapitres .je vous promets de vite me rattraper mes amours🥺❤️.

| Like

Related chapters

Latest chapter

DMCA.com Protection Status