Chapitre 4

Quand j'ai repris connaissance, j'étais dans la salle d'urgence du centre de soins.

J'ai déplacé les yeux vers l'horloge murale.

Il ne restait plus que six heures avant la fin de ma vie.

Assis à mon chevet se trouvait Antoine Moreau, les yeux rougis par les larmes.

Il était le Loup Alpha de la puissante meute du Centre.

Il y a des années, il avait été mon associé qui m'avait soutenue dans la création de mon studio de guérison, et le seul à s'être vivement opposé à ma relation avec Marcus.

Il disait que Marcus et ma famille ne me chérissaient pas — ils ne faisaient que se servir de moi.

Je m'étais violemment disputée avec lui pour cette raison et avais coupé les ponts.

Je savais que je n'aurais pas dû le déranger maintenant.

Mais en regardant le monde entier, à part lui, je ne voyais personne d'autre à qui confier mes dernières affaires.

« Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Ne disais-tu pas que ton studio était en expansion, que ton avenir était radieux ? »

« Ne disais-tu pas que ta famille était parfaite, que tu allais te marier ? Comment as-tu fini dans cet état ? Pourquoi les médecins disent-ils que tu es mourante ? »

La voix d'Antoine était rauque alors qu'il luttait contre ses larmes. Je portais un masque à oxygène, le regardant faiblement.

Nous avions autrefois fait un pacte — si je n'en pouvais plus un jour, il m'aiderait à régler tous mes désordres professionnels.

Ne pouvant parler, j'ai lutté pour lever la main et ai pointé mon sac.

Antoine en a immédiatement sorti les actes de transfert.

Il les a parcourus rapidement, les yeux injectés de sang, mais il a calmement rangé les documents.

Bien. La complicité entre nous était toujours là.

Il ne restait plus que trois heures avant ma mort.

J'ai refusé toutes les mesures de sauvetage.

Après une autre brève perte de connaissance, je me suis réveillée pour voir Antoine tenant son téléphone devant moi.

C'était une publication sur les réseaux sociaux de Céleste — sa dernière mise à jour montrait neuf photos.

Au centre, un portrait de famille avec Maman, Papa et Marcus.

La légende disait : « Merci, Anne, d'avoir rendu cela possible. Désormais, je suis la vraie princesse de la famille. »

En voyant les photos, Antoine — cet Alpha réputé décidé et impitoyable — tremblait de rage.

Dans mon cœur, il ne restait plus qu'un amer mépris.

De toute ma vie, je n'avais jamais pris une décision que je regrettais, sauf le jour où Maman et Papa m'avaient ramenée de la campagne, quand j'avais choisi de croire en leur version de « l'amour familial ».

On m'avait retrouvée dans une petite ville reculée.

Ce jour-là, Maman et Papa étaient venus me chercher dans une voiture de luxe, me disant que j'étais la vraie fille de la meute Dubois.

Céleste était l'enfant qui avait été échangée à la naissance à l'hôpital.

Je les avais suivis à la maison, dans cette demeure magnifique, avec une joie pure.

Au moment où la porte s'était ouverte, je les avais vus instinctivement protéger Céleste derrière eux.

La gêne, la culpabilité et l'instinct de protection envers Céleste dans leurs yeux — je m'en souviens encore.

Je m'en veux d'avoir été si désespérée d'amour familial à l'époque.

Je n'avais jamais réalisé qu'à partir du moment où j'avais franchi cette porte, j'étais condamnée à rester une intruse.

Le plus grand talent de Céleste avait été de ronger lentement tout ce qui aurait dû m'appartenir, sous la partialité de nos parents.

J'ai fermé les yeux, et des images de la première fois où Céleste m'avait pris quelque chose ont défilé dans mon esprit.

C'était le seul souvenir que ma grand-mère m'avait laissé — un collier étoile et lune.

Quand Céleste l'avait vu, elle avait pleuré auprès de Maman et Papa en disant qu'elle le voulait aussi.

Ils m'avaient forcée à l'enlever et le lui avaient personnellement passé autour du cou.

À partir de ce jour, tout ce que je possédais était devenu quelque chose que Céleste pouvait prendre quand elle le voulait.

Tout ce que nos parents avaient préparé pour moi était devenu sien.

Ma chambre était devenue la sienne.

Mes parents étaient devenus les siens.

Tout ce qui était mien était devenu quelque chose qu'elle s'estimait en droit de prendre.

J'avais un jour confronté Céleste, lui demandant pourquoi elle agissait ainsi.

Elle avait simplement souri et répondu :

« Anne, crois-tu que je devrais t'être reconnaissante ? Je ne te laisserai pas voler ma vie. »

« Je vais reprendre tout ce qui t'appartient, y compris l'amour de Maman et Papa, et ton fiancé aussi. »

« J'adore te voir avoir tout, et pourtant n'avoir rien du tout ! »

…

J'avais cru pouvoir prouver ma valeur par mon talent et mon travail acharné.

J'avais cru que l'amour de Marcus pourrait être mon salut.

J'avais été trop naïve.

J'avais sous-estimé vingt ans de liens d'éducation, et surestimé les fragiles attaches du sang.

J'avais perdu complètement.

Mais j'avais préparé un dernier cadeau pour eux tous.

Avant de m'injecter la potion de vie, j'avais soigneusement tout organisé — tous mes dossiers médicaux, le diagnostic prouvant mon empoisonnement à l'argent, la chronologie des mensonges de Céleste, et les preuves de ses vols de mérite.

J'avais tout scellé dans des enveloppes et les avais envoyées à mes parents et à Marcus.

Bientôt, ils connaîtraient la vérité complète, même si c'était une vérité que j'avais dû acheter au prix de ma vie.

Il ne restait plus que neuf minutes avant ma mort.

Ma conscience a commencé à s'estomper, et ma vision s'est progressivement brouillée.

Mais je pouvais encore distinguer le message que Maman venait d'envoyer sur le téléphone d'Antoine :

« Anne, Céleste a de nouvelles idées pour les plans de rénovation du domaine familial. Quand tu auras le temps, parle-en au designer. »

« Aussi, Céleste emménage la semaine prochaine. N'oublie pas de vite libérer tes affaires personnelles. Ne prends pas de place. »

Jusqu'au dernier moment de ma vie, tout ce à quoi Maman pouvait penser était Céleste.

Donc, dans son cœur, je n'étais vraiment qu'un objet que l'on pouvait jeter à tout moment.

Très bien alors…

Antoine semblait crier et pleurer quelque chose à mon oreille, mais je n'entendais plus rien.

Après avoir lutté tant d'années, j'étais vraiment épuisée.

Enfin, je pourrais passer une bonne nuit de sommeil…

Le 20 mai, Anne Dubois est morte à l'Hôpital Central, à l'âge de 27 ans.