Chapitre 4

« Caterina, tu penses vraiment que ce petit drame va fonctionner ? »

Je venais à peine de sortir du bâtiment de bureau de Rocco lorsque le lien mental de Scarlett a envahi mes pensées.

« Damon ? S'il te plaît. Tu penses vraiment que Rocco te laissera partir ? »

Sa voix mentale était saturée de satisfaction narquoise.

« Il est furieux. Il doit déjà être en train de planifier comment il va te charmer pour revenir dans ton lit. Tu penses quelle excuse il va sortir cette fois ? Une excuse ? Une autre promesse vide ? »

Je n'ai pas répondu, renforçant simplement mes boucliers mentaux.

Mais elle avait raison.

Rocco ne me laisserait pas partir si facilement.

Cette fois, cependant, ce n'était pas à lui de décider.

Les lumières néon de la ville défilaient à travers la fenêtre de la voiture. Les piétons se pressaient dans les rues, chacun avec un endroit où aller, un endroit auquel appartenir.

Et moi, j'étais sur le point de quitter cette ville pour de bon.

Trois jours avant mon vol.

Il était minuit lorsque je suis retournée enfin dans le salon vide.

Une lumière était allumée dans le salon.

Rocco était sur le canapé, l'air épuisé. Son costume était froissé, ses cheveux en désordre, et ses yeux rouges.

« Caterina. » Il s'est levé, sa voix inhabituellement douce. « Je suis désolé. J'ai agi de manière excessive tout à l'heure. »

Il s'est approché de moi, ses pas prudents, comme s'il avait eu peur de surprendre un animal blessé.

« J'avais tellement peur de te perdre. » Un tremblement a pénétré sa voix. « Tu ne sais pas à quel point tu es mon monde, Caterina. »

C'était la première fois que j'avais entendu Rocco être aussi humble, aussi désolé.

« Notre anniversaire approche dans quelques jours, » a-t-il dit, s'arrêtant à quelques pas de moi, observant attentivement mon expression. « Que veux-tu faire ? On pourrait aller aux Maldives, ou en Islande pour voir les aurores boréales comme tu as toujours voulu. Je te promets, aucune interruption. On peut même éteindre nos téléphones. »

« Comme tu veux, » ai-je répondu, ma voix plate.

« Caterina, je te promets, j'ai réglé le problème avec Scar, » a-t-il dit, se rapprochant, cherchant ma main. « Elle ne… »

« D'accord. »

Je l'ai coupé, l'atmosphère dans la pièce devenant immédiatement gênante.

Rocco était clairement mal préparé à ma réaction placide. Il s'attendait à des larmes, des cris, une réunion dramatique — mais il n'a eu rien de tout cela.

J'étais comme une étrangère polie, distante et froide.

« Je vais prendre une douche, » ai-je dit en le contournant pour me diriger vers la salle de bains.

« Caterina, » a-t-il appelé derrière moi, sa voix teintée d'une angoisse indéniable. « Ça va… ? Tu sembles… »

Je me suis retournée pour le regarder, l'homme qui avait autrefois fait battre mon cœur, l'homme pour qui j'aurais tout sacrifié, et je lui ai offert un petit sourire fatigué.

« Ça va. »

Dans la salle de bains, l'eau chaude coulait du pommeau de douche. J'avais réglé la température si haute qu'elle me brûlait presque la peau.

J'espérais que la chaleur pourrait laver l'odeur persistante de lui, effacer le vide et l'engourdissement dans mon cœur.

Mais c'était inutile.

Lorsque je suis sortie de la salle de bains, Rocco n'était plus dans le salon.

Il se tenait devant le placard, fixant l'intérieur.

Autrefois, il avait été plein de mes vêtements. Maintenant, seuls quelques vieux manteaux hors saison restaient.

« Où sont tes vêtements ? » a-t-il demandé en se tournant vers moi, les yeux remplis de confusion.

« J'ai nettoyé un peu. J'ai donné ce qui ne me va plus, » ai-je répondu calmement en me dirigeant vers la coiffeuse.

Son regard s'est dirigé autour de la pièce, cherchant d'autres signes de changements.

Mais j'avais été méticuleuse, ne laissant que l'essentiel.

« Caterina. » Il s'est avancé vers moi et a ouvert les bras.

Je ne me suis pas reculée.

Son étreinte était chaude, sa poitrine large, son odeur Alpha familière et sécurisante. Mais je n'ai ressenti aucune des sensations familières.

« Je t'aime, » a-t-il murmuré à mon oreille. « Tu es ma seule Luna. »

C'étaient les mots que j'avais autrefois désirés entendre plus que tout.

Rocco m'a serrée fort, cherchant à sentir une réponse à travers notre lien de compagne.

Mais mon corps est resté rigide et froid, offrant aucune chaleur en retour. Il ne pouvait ressentir l'amour et l'affection qu'il attendait de ma part, seulement une distance profonde et infranchissable.

Il a froncé les sourcils, la douleur sourde qui avait commencé dans sa poitrine le jour où il a signé le papier commençant à pulser à nouveau.

À ce moment-là, mes boucliers mentaux ont été frappés avec une force violente.

Un flot d'images et de souvenirs a envahi mon esprit—

Des liens privés entre Rocco et Scarlett s'étendant sur six ans—une tapisserie dense et nauséabonde de tromperies.

【Rocco : Caterina a fait tes scones aux myrtilles préférés aujourd'hui. Je pense à toi chaque fois que je les mange. 】

【Scarlett : Vraiment ? Les petits-déjeuners que tu me préparais me manquent.】

【Rocco : La forme de louve de Caterina ressemble vraiment à la tienne, surtout ses yeux. Parfois, je ferme les yeux et je fais comme si c'était toi que je tenais.】

Cadre après cadre de leurs liens privés a explosé dans ma tête—

Rocco, imaginant le visage de Scarlett pendant que nous étions intimes.

Rocco, mentalement entremêlé avec elle pendant qu'il me tenait.

Et il avait même secrètement lié son esprit avec elle lors de notre propre cérémonie de lien de compagne.

Pendant six ans, j'avais été son substitut.

Les larmes ont brouillé ma vision, mais je les ai retenues.

J'ai frappé mes boucliers mentaux en place, la bloquant complètement.

Assez.

Cette douleur prend fin maintenant.

« Caterina ? » Rocco a remarqué ma détresse. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »

« Rien, » ai-je répondu en me détachant de son étreinte. « Juste fatiguée. »

« Repose-toi, » a-t-il dit doucement. « Je t'emmène au cinéma demain, comme avant. »

J'ai hoché la tête, me dirigeant mécaniquement vers la fenêtre.

Il continuait de parler derrière moi, faisant des projets. « Après-demain, on pourra aller à la plage. J'ai déjà réservé la suite présidentielle à cet hôtel en bord de mer. Tu te souviens ? Celui où nous avons séjourné lors de notre premier voyage… »

J'étais presque endormie quand la porte de la chambre s'est ouverte violemment en claquant.

Rocco se tenait dans l'embrasure de la porte, son visage, si doux il y a quelques instants, maintenant sombre et terrifiant.

Il tenait un morceau de papier froissé qu'il avait tiré de la poubelle.

C'était l'ébauche de ma demande aux Anciens, couverte de mes notes griffonnées sur les procédures et les raisons de retirer une marque de compagne.

« Caterina, » a-t-il dit, sa voix basse, dangereuse, « explique-moi ça. Pourquoi as-tu demandé aux Anciens de retirer notre marque de compagne ? »