LénaIl n’a rien dit pendant deux jours.Pas un reproche.Pas une menace.Pas même une remarque acerbe.Juste le silence.Son silence.Lourd.Calculé.Presque clinique.Il m’a regardée comme une équation qu’il n’arrivait plus à résoudre.Il m’a frôlée sans me toucher.Il a dormi à côté sans me frôler.Et moi, j’ai attendu.Pas comme une femme soumise.Mais comme une joueuse.Parce que je savais qu’il finirait par revenir.Il revient toujours.Mais il revient avec une décision.Pas avec des excuses.Ce soir-là, il entre dans le salon.Costume sombre.Cravate défait.Les manches roulées.Les veines de ses avant-bras battent comme une promesse.Ou une menace.Il s’assoit.Calme.Sûr.Comme un roi sur son trône.Mais ses yeux me cherchent.Me percent.Me lisent.— J’ai pensé à ton refus.Je croise les bras.Je me prépare au duel.Pas à la conciliation.Je ne réponds pas.Je le laisse parler.C’est rare, qu’il cherche les mots avant de les dire.D’habitude, il impose.Il ordonne.Il tranch
LénaOu juste un nouveau masque.Encore plus dangereux.Parce qu’il ressemble à l’amour.— Pourquoi ? Parce que je te sers le petit déjeuner au lit ?— Parce que tu n’as jamais été gentil sans raison.Il penche la tête.Ses doigts remontent lentement jusqu’à mon genou.Un frôlement à peine là.Mais il enflamme tout.— Et si je voulais juste te voir sourire ?Je ne réponds pas.Je trempe mes lèvres dans le café.Il est parfait.Évidemment.Chaque détail est calculé.Dosé.Tout est trop parfait.Et moi, je ne suis pas faite pour ça.Je ne crois pas à l’apaisement après l’orage.Avec lui, il n’y a pas de répit.Il y a toujours une tempête qui couve.Il m’observe.Il attend quelque chose.Une réaction.Un mot.Une faille.Il veut savoir jusqu’où il peut aller.Jusqu’où je tiendrai.— Tu m’en veux pour cette nuit ? demande-t-il, trop calmement.Ses doigts ne bougent plus.Ses yeux sont sombres.La douceur n’était qu’un vernis.Je pose le croissant.Je le regarde droit dans les yeux.— Tu m
LénaIl ne s’arrête pas.Il me prend encore.Encore.Encore.Comme si chaque coup de reins devait effacer la mémoire du monde,comme si chaque va-et-vient hurlait une vérité plus ancienne que le silence.Il me baise comme on cherche à survivre.Comme un cri jeté à la nuit.Comme une prière sans dieu pour l’entendre.Ses mains sont féroces.Ses doigts s’enfoncent dans mes hanches, m’obligent à rester là, offerte.Ses bras sont des chaînes qui ne veulent plus me rendre au monde.Je suis prise.Captive.Sacrifiée.Et j’ouvre les bras au sacrifice.Je ne respire plus.Ou peut-être est-ce lui qui respire pour moi.Ma peau brûle.Mes cuisses tremblent.Mon ventre se tord.Je suis à la frontière de moi-même.Dépouillée de toute volonté.Consentie à ma propre dissolution.Il me pénètre avec rage.Avec fièvre.Avec un besoin qui dépasse le corps.Il me baise comme on frappe.Comme on jure fidélité.Comme on tue.Je m’accroche aux draps, à son cou, à sa nuque, à tout ce qui peut encore me raccr
LénaJe suis à lui.Et s’il doit me briser…Alors qu’il me brise entièrement.Jusqu’au dernier souffle.Jusqu’au dernier battement.Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’autre que ce feu entre nous.Et dans cette nuit sans fin, dans cette étreinte sans retour, je le choisis.Encore.Et encore.Et encore.Parce qu’il est le seul homme capable de faire de mes ruines un empire.Et que moi, je suis prête à m’effondrer pour régner à ses côtés.Il ne s’arrête pas.Il me prend encore.Encore.Encore.Comme si c’était la seule façon de me retenir.Comme si, s’il arrêtait, je m’évaporerais.Comme si mon corps n’existait que dans la friction du sien, que dans le cri qu’il me vole à chaque coup de reins.Je ne sais plus quelle heure il est.Je ne sais plus qui je suis.Je ne sais plus où il finit et où je commence.Je ne sais même plus si je veux le savoir.Je suis ouverte.Je suis vide.Je suis pleine.Je suis perdue.Et je ne veux pas revenir.Il me murmure des mots que je ne comprends pas, da
LénaJe ferme les yeux. Et pour un instant, je me laisse faire. Parce qu’au fond de moi, je sais que tout ça est la fin. Que ce que nous avons commencé, ce n’est plus un amour. C’est une guerre. Et la guerre n’a pas de place pour la pitié.Je le laisse m’embrasser, me brûler. Je le laisse me détruire, parce que c’est ce que je mérite. Parce que c’est ce que j’ai choisi.Et lorsque nos lèvres se retrouvent, je sais qu’il n’y a plus de retour. Que nous avons franchi la ligne de non-retour.Nous avons brûlé le monde.LénaJe reste là.Ses bras autour de moi.Ses lèvres contre ma peau.Et je sens mon corps trembler, mais je ne sais plus si c’est de peur, de désir ou d’abandon. Peut-être un peu de tout. Peut-être que ce sont les trois en même temps. Une tempête muette sous ma peau.Tout est là, dans cette seconde suspendue.Le mensonge.La douleur.La vérité.Et l’inévitable.Je croyais pouvoir fuir. Me convaincre qu’il ne s’agissait que de passion, de corps, d’une pulsion mal placée. Que
LénaLe silence est lourd. Trop lourd pour être supporté. Il flotte autour de nous, dans l’air saturé de chaleur, de parfum, et de l’écho de nos respirations hachées. Je suis là, dans ses bras, et pourtant, je me sens plus éloignée que jamais. Il me serre, mais je me sens m’échapper. Comme si une partie de moi était déjà en fuite, prête à disparaître dans l’ombre de ce que nous avons créé. Cette nuit, ce que nous avons fait, ce n’était pas de l’amour. C’était de la survie.Je me redresse lentement, mes yeux cherchent quelque chose dans la pièce, comme si la réalité m’échappait. Mais il y a quelque chose qui me rattrape. Cette douleur sourde, persistante, qui est toujours là, même après tout ce que nous avons traversé. Elle est en moi, comme une ombre qui refuse de partir.Je me retourne vers lui. Il est toujours là, les yeux fixés sur moi, comme s’il attendait quelque chose. Un signe. Une parole. Peut-être même une permission. Mais je sais que je ne peux pas lui offrir ce qu’il attend