Beranda / Romance / Oskal / CHAPITRE 1

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CHAPITRE 1

last update Terakhir Diperbarui: 2021-11-15 15:35:31
1ère Partie

L'enquête à St Gaudens

 

St Gaudens Haute-Garonne février 2018

Tom est surexcité, plus d’un mois qu’il attend ça ! Tom a quatre ans et à son âge, le temps est une donnée abstraite, élastique. Depuis que son papa lui en a fait la promesse, depuis qu’il sait qu’il va aller voir les jongleurs, les clowns, les animaux, tous les soirs au moment du coucher, il demande inlassablement :

– Papa, c’est après ce d**o qu’on va au cirque ?

– Non Tom, encore 25 dodos.

..........

– Papa, c’est après ce d**o qu’on va au cirque ?

– Non Tom, encore 7 dodos.

Enfin, le jour tant désiré arriva. Un après-midi complet au cirque, avec papa ! Depuis leur départ, il est intarissable.

– Et les clowns, on va les voir les clowns ? Et les tigres, il y en a des tigres, hein, papa ? Moi j’aime les tigres, ils me font même pas peur les tigres. Moi, ce que je préfère, c’est les zequilibreurs, y’en aura, dis, papa, des zequilibreurs ?

– Équilibristes, Tom, on dit : équilibristes.

– J’ai déjà monté en haut du grosboggan, je suis fort, hein, papa. Je pourrai faire zéquilibreur, quand je serai grand, hein, papa ?

– On dit : équilibristes, Tom... Oui, tu es très fort ! C’est normal, tu as 4 ans, tu es un grand maintenant.

Damien Sergent, quoique passablement saoulé par le débit de paroles de son fils, vivait pleinement ce moment de complicité. En s’installant dans la « loge » tout en bordure de piste, il pouvait voir la fierté et le bonheur dans ses yeux. Le petit n’était que surexcitation, il ne tenait pas en place.

– Il est beau ce cirque, hein, papa ? C’est le plus grand cirque du monde, hein, papa…

Lui était plus dans la réalité. Les « loges » étaient de simples bancs recouverts de velours rouge, maculés de taches brunes dont il valait mieux ne pas chercher l’origine. Le velours, quant à lui, avait connu des heures meilleures. Les poils ras étaient par endroit tellement usés qu’ils avaient disparu complètement au profit de la trame.

Damien, regardait son fils avec une bienveillance émue, souhaitant que le petit conserve son pouvoir d’émerveillement : « J’espère que tu vas garder cette innocence longtemps, petit Tom », se murmura-t-il à lui-même, « Tu as tout le temps de voir le monde tel qu’il est vraiment ». 

Enfin, le Mr Loyal fit l’ouverture de la piste, porté par les cuivres et les tambours. La célèbre fanfare de Jean Laporte, « l’entrée des gladiateurs » résonna. Quand on entend cet air, on sait que le spectacle va commencer. Cette musique, c’est l’ADN du cirque.

À cet instant, Damien, voyant son fils incapable de tenir en place, comme habité d’une furieuse envie de faire pipi, se revoit quelques années plus tôt, à son âge. Il est avec son papa à lui, pour cet après-midi mémorable, dans un cirque qui devait être aussi minable que celui-ci, imaginant sans doute être dans le plus grand cirque du monde, avec le papa le plus fort du monde. Ce papa dont il allait s’éloigner sans espoir de retour, quelques années plus tard…

Damien, dans la routine de la vie, ne prenait pas trop le temps de réfléchir à tout ça. Se remémorer cet événement heureux l’emmena loin, très loin. Il sentit la barbe à papa, l’acidité de la pomme sous sa croûte de caramel rouge, le réconfort de la main paternelle lui caressant les cheveux. À nouveau, le fumet de miel et de sucre, mêlé à l’odeur chaude et douceâtre du crottin des chevaux. Ces diverses sensations olfactives et oniriques se mélangèrent à une douleur au flanc droit, qui devenait de plus en plus réelle ; Tom tambourinait sur son ventre avec son petit poing serré.

– Hey, arrête, petit bonhomme. Tu me fais mal, lui dit-il en riant.

– Papa, papa, c’est maintenant... c’est les zéquilibreurs.

– Équilibristes, Tom, on dit équilibristes.

Le père, revenu à la réalité, expliqua à Tom, puisant sa science dans le programme ; la troupe « les Vassilief » directement venue du cirque officiel de Saint Petersburg, issue d’une grande lignée d’équilibristes de l’ancienne Russie, maniant à la perfection la Palki, la barre élastique portée, aussi appelée la barre russe... Et bla-bla-bla et bla-bla-bla... Damien lève la tête du livret pour découvrir la fameuse troupe et leur perle, Irina ! La seule chose sur laquelle la plaquette ne mentait pas, c’était bien sur la danseuse. Elle était présentée comme la petite princesse du Bolchoï. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était une pure beauté. Se déplaçant avec grâce, elle n’apportait rien au numéro, mais sa présence le sublimait. À chaque saut périlleux sur la barre élastique, elle changeait de pose, tendant les bras vers l’acrobate, pour déclencher les applaudissements. Sa silhouette était parfaite, son vêtement était en contre-pied de tout ce que l’on voyait d’habitude au cirque. Elle en cachait beaucoup plus qu’elle n’en montrait. Sa tenue, d’un blanc immaculé, ne laissait voir que le bout de ses doigts. Un décolleté, très esthétique, suggérait la naissance d’épaules graciles, tandis qu’un dos nu à la Mireille Darc devait donner le vertige au plus aguerri des fil-de-féristes. Des jambes, interminables, complétaient le tableau.

Les deux porteurs étaient râblés. Le plus proche de Damien était relativement petit, il avait un cou de taureau et des tatouages sur quasiment toutes les parties visibles, hormis le visage. La tête d’un serpent lui remontait le long du cou et allait dormir au creux de son oreille droite. Sur l’avant-bras droit, une jeune fille tenait une canne à pêche à la verticale. L’hameçon s’était pris dans les pans de sa grande robe en corolle et la relevait sur l’arrière, jusqu’à la naissance de ses fesses. Damien sourit en détaillant cet amusant graphisme. Sur le bras gauche, une madone avec son auréole, et l’acronyme international SOS... 

L’autre porteur, était un peu plus grand, avec des oreilles abîmées sans doute par de longues années de pratique du rugby. Un pilier de mêlée, sans aucun doute.

Les acrobates étaient de stature fine, musclés certes, et bien plus que la moyenne, mais longilignes. Un blond et un brun. Le blond était ce que l’on appelle communément un « beau mec », lui aussi tatoué. Il avait, en revanche, des motifs plus traditionnels : un tribal sur tout le bras gauche, et un tatoo très coloré sur le droit, représentant une montre et un loup emmêlés. Il devait y avoir un sens caché, les tatoués aiment bien entourer de mystère le sens de leurs graphies. Le brun était plus banal, pas franchement moche, ni beau d’ailleurs. Il était effacé, dans l’apparence comme dans le numéro : tout tournait autour du blond. La danseuse gagna le centre de la piste, ses mains se mirent à onduler tel un serpent voulant charmer une mangouste... ou l’inverse. Elle fit quelques pas chassés, vers le clou du spectacle, annoncé par les interminables roulements de tambours. Un saut périlleux vrillé plus tard, et déjà, les Vassilief s’éclipsaient sous les bravos. Tom était aux anges.

– Les zéquilibreurs, ils sont trop forts.

Et la danseuse, elle est trop belle, pensa Damien, renonçant à reprendre la faute du petit.

Ce soir-là, Tom fut très long à trouver le sommeil. Au quatrième aller-retour entre la chambre et le salon, Damien haussa le ton.

– Que veux-tu encore, Tom ? Je te préviens, c’est la dernière fois !

– J’ai soif, tu me fais un verre de lait, papa ?

– Et le mot magique ?

– S’il te plaiiiit…

– OK, mais après, tu dors, tu es prévenu.

Après que Tom eut bu son verre de lait et que Damien eut usé de toute son autorité pour éteindre la lumière ; c’est-à-dire, deux allers-retours supplémentaires... le père s’octroya un moment de calme sur le canapé. Le terme  «autorité », chez lui, était un bien grand mot. Depuis qu’ils s’étaient séparés, Béatrice et lui, et qu’il était seul pour élever son fils, il n’osait plus trop hausser le ton. Inconsciemment, il devait penser que Tom avait plus besoin de câlins et d’amour que de remontrances, quitte à friser le laxisme. De son côté, le petit était un vrai gentil gars qui sentait quand son papa avait un coup de blues. Il venait alors lui faire un gros câlin silencieux, et tous deux pouvaient ainsi passer de longues minutes, blottis l’un contre l’autre, sans un mot, ne sachant pas qui réconfortait qui.

Enfin, Tom dort... Et le téléphone sonne.

– Allo, Capitaine Damien Sergent ? Gendarme Tudieu, de la brigade de St Gaudens, le parquet est injoignable, il n’y a pas de magistrat de garde, et l’on a besoin d’un OPJ. Je suis arrivé « presque » par hasard pour un décès, je suis en dehors de ma zone, vous êtes le seul responsable judiciaire que j’ai réussi à contacter. C’est sans doute un suicide, mais je préfère ne pas faire de conn... enfin, c’est ma première fois, vous comprenez…

Damien se demanda ce qu’il y avait à comprendre. Mais, puisqu’apparemment il s’agissait d’un dépucelage professionnel ! Il acquiesça et incita le jeune gendarme à continuer.

– C’est au pré commun, à St Gaudens. Les pompiers sont arrivés, ils vous attendent. J’ai donné pour consigne de ne toucher à rien avant la venue d’un officier judiciaire, et de protéger la zone.

– Entendu, je viens. Il faut m’accorder un peu de temps, je suis seul avec mon fils, je ne peux pas le laisser comme ça. Dans... 30 minutes, je peux être sur place.

Avant de raccrocher, il ajouta :

– Euh, Gendarme Tudieu ?

– Oui, capitaine ?

– Ne paniquez pas, tout va bien se passer. Pour l’instant, vous faites un sans-faute.

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