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Chapitre 5

Author: Lento
« Iris, on dirait que tu as vraiment hâte de te marier hein ? »

« Tu crois que c'est en achetant une robe de mariée que tu peux lui forcer la main ? »

« Il m'a déjà promis de m'épouser, il y a très longtemps, bien avant toi ! Il ne faut pas te leurrer. »

En chemin, je lisais les messages de Yveline sur WhatsApp, épuisée par les émotions. Toute la soirée, y compris une bonne partie de la nuit, j'avais conduit dans les rues de Toulouse, jusqu'au petit matin, transie par le vent froid de cette nuit d'automne, avant de rentrer à la maison.

À ma grande surprise, lorsque je suis rentrée, toutes les lumières à la maison étaient allumées. Hugo s'est levé du canapé et est venu vers moi. « Pourquoi rentres-tu si tard ? »

« Je suis allée faire un tour. »

Je voulais profiter une dernière fois de cette ville dans laquelle j'avais vécu tant d'années avant de partir.

Il a hoché la tête et a essayé de me prendre dans ses bras, mais j'ai reculé instinctivement. Il a froncé légèrement les sourcils. « Tu es encore fâchée ? »

Puis il s'est excusé, « C'est moi qui ai été trop dur ce matin. Si tu ne veux pas aller travailler, ne te force pas, d'accord ? »

« Tant que tu es heureuse, c'est tout ce qui compte. »

J'ai esquissé un sourire ironique, mais je ne voulais pas envenimer les choses. « D'accord. Dans quelques jours, c'est ton anniversaire, tu as prévu quelque chose ? »

Ce matin, en regardant le calendrier, j'avais réalisé que la veille de mon départ tombait le jour de son anniversaire, qui était aussi notre anniversaire de couple.

« Je veux le passer à la maison avec toi, évidemment. »

Hugo m'a prise prudemment dans ses bras, et comme je ne le repoussais pas cette fois, il semblait rassuré et m'a serrée contre lui. « Iris, j'ai l'impression que tu as changé ces derniers temps. »

« Tu te fais des idées. » Je me suis éloignée doucement de lui. « J'ai un peu froid, je vais prendre une douche. »

Si c'était avant, il aurait déjà remarqué que j'étais engourdie de froid. Je ne savais pas qui de nous deux avait le plus changé.

« Au fait, où sont passés ma brosse à dents et mon gobelet ? » a demandé soudain Hugo derrière moi.

J'ai baissé les yeux. Dans cette maison, il n'y avait pas que ces deux objets qui avaient disparu. Mais son esprit était déjà ailleurs. Il était normal qu'il ne remarque pas l'absence de mes affaires à moi.

J'ai répondu distraitement : « Il faut changer régulièrement les produits d'hygiène. Tu en as des nouveaux dans l'armoire de la salle de bain. »

Je suis allée dans la salle de bain pour prendre une douche. Mon téléphone sonnait sans arrêt sur le lit. En sortant, j'ai vu que c'étaient encore des messages d'Yveline. En fin d'après-midi, elle m'avait envoyé des messages provocants, mais je n'avais pas envie de répondre.

Cependant, elle ne semblait pas vouloir me lâcher. Elle m'envoyait message après message. Voyant que je ne réagissais pas, elle m'a envoyé plusieurs captures d'écran de ses conversations avec Hugo.

Les messages dataient de plus d'un an, certains même de deux ans. La plupart du temps, c'était Hugo qui exprimait ses sentiments en monologue, sans réponse d'Yveline.

« Yvie, j'ai suivi ton conseil et je suis en couple maintenant. Elle est très bien, son sourire me rappelle le tien. »

« Yvie, chaque fois que je suis avec elle, j'ai l'impression de revenir à l'époque où nous étions inséparables. »

« Yvie, comment vas-tu ces temps-ci ? J'ai rêvé de toi hier soir, tu me manques. »

« Yvie, je vais peut-être me marier. Après tout ce qu'elle a fait pour moi, je ne peux pas la trahir. »

« Elle m'a soutenu pendant toutes ces années, grâce à elle, j'ai réussi ma carrière et pu acheter une voiture et deux appartements à Toulouse… »

Après ce message, Yveline avait soudainement commencé à répondre. En apprenant qu'il avait acheté deux appartements au centre-ville, dont un grand duplex en cours de rénovation, et là, ils retombaient amoureux. Ils partageaient sans cesse des moments de leur quotidien.

Un jour, sachant qu'il avait trop bu lors de son dîner d'affaire la veille, je lui avais préparé une soupe de légumes le lendemain matin. Et il avait envoyé une photo à Yveline. « J'ai eu de la soupe ce matin, et toi ? »

Quand mon citronnier donnait des fruits, il le montrait immédiatement à Yveline. « Regarde, c'est impressionnant, non ? Quand ils seront mûrs, je t'apporterai le plus gros au bureau pour ton eau. »

Mes mains tremblaient en tenant le téléphone.

Savoir qu'il me considérait comme un substitut et voir concrètement ces conversations étaient deux choses bien différentes.

Malgré la douche chaude que je venais de prendre, j'avais froid jusqu'aux os. Je ne pouvais m'empêcher de rire, mais ce rire s'est transformé bientôt en larmes. Ce n'était pas la trahison qui me faisait pleurer, mais la prise de conscience que moi, Iris Girard, fière comme je l'étais, avais été manipulée pendant toutes ces années ! Les moments que je croyais uniques, intimes et précieux étaient partagés avec une autre !

J'ai retenu mes larmes et j'ai répondu, feignant l'insolence, « Si tu n'as rien à faire la nuit, va à la boîte pour pécho des mecs. »

Elle a répondu immédiatement, « Iris, ne fais pas ton air hautain ! Même si tu ne pars pas, Hugo m'épousera. Je sais que l'entreprise est sur le point d'entrer en bourse, et tu ne veux pas lâcher prise. Par égard pour ton aide pendant la création de l'entreprise, sois raisonnable, allez, je demanderai à Hugo de te donner dix mille euros pour votre rupture. »

« Après tout, après Hugo, tu ne trouveras personne d'aussi riche. »

Dix mille euros. Je me demandais si cela suffirait pour une table au banquet de mariage des Chevalier.

Alors que je finissais de lire le message, la porte de ma chambre s'est ouverte brusquement. « Iris, pourquoi as-tu mis en vente la montre que je t'ai offerte sur Vinted ? »

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