MaximeLe moteur hurlait, un rugissement désespéré qui vibrait dans mes os, et l’odeur âcre de gomme brûlée emplissait l’habitacle. La voiture tanguait, incontrôlable, sur une route bordée de pins sombres, et derrière nous, des phares clignotaient, trop proches, une menace qui nous talonnait. Mes jointures blanchissaient sur le volant, mes yeux scrutaient le virage devant, un mur de ténèbres où la route disparaissait dans un ravin.Willow était à côté, réveillée en sursaut, ses doigts crispés sur l’accoudoir, son souffle court, paniqué. Les freins ne répondaient plus – sabotés, j’en étais sûr. Damon, Tarek, ou un pion de mon père – quelqu’un voulait qu’on finisse en miettes. La rage bouillonnait, mais je la ravalais. Pas maintenant. Pas avec elle à sauver.— Les freins sont morts, dis-je, ma voix rauque, presque avalée par le vent qui sifflait par la vitre entrouverte.Elle me regardait, les yeux écarquillés, la peur gravée sur son visage, et je sentais mon cœur cogner, pas seulement
WILLOWLes valises étaient bouclées, soigneusement empilées sous le porche comme une promesse d’évasion. Bien que nous ne partions qu’une semaine, le nombre impressionnant de bagages donnait l’impression que nous nous apprêtions à un véritable déménagement. Maxime avait tout orchestré avec sa précision habituelle, rendant chaque détail fluide et naturel. Une lune de miel hors du temps, loin des tensions et des fantômes du passé. Juste lui et moi, et un avenir flou, mais étrangement lumineux.Une semaine s’était écoulée depuis que nous avions signé devant le maire, depuis que j’avais pris son nom, Valdrak, un poids à la fois étrange et enivrant. Je déambulais dans sa demeure – notre demeure – avec ce sentiment de m’y fondre, peu à peu. Les hauts plafonds, les parquets cirés, les tableaux austères qui m’avaient d’abord intimidée s’adoucissaient, s’ouvraient à moi comme une maison qui apprend à vous connaître. Je commençais à y respirer librement, à m’y sentir chez moi.Maxime avait vid
DamonJe roulais sans voir la route, les yeux floutés par une rage qui me bouffait de l’intérieur. La ville n’était qu’un amas de lumières sales, de néons clignotants, de souvenirs que je voulais écraser à coups de poing.Les rires de Willow résonnaient encore dans ma tête, son sourire éclatant, sa robe blanche qui hurlait sa victoire, et Maxime Valdrak, ce fumier, qui la regardait comme si elle était tout, comme si moi, Damon, n’étais rien.Mes mains serraient le volant, mes jointures blanchissaient, et je sentais mon cœur cogner, un tambour de guerre qui ne s’arrêtait jamais. Cassidy était là, dans un coin de ma tête, ses larmes, sa voix brisée, notre dispute qui pesait comme un boulet.Elle m’avait reproché ce mensonge, cette grossesse que j’avais balancée à ses parents pour qu’on ait l’air solides, pour que son père, me prenne enfin au sérieux.Et cet enfant, réel ou pas, qu’elle avait évoqué comme un défi, comme si j’avais trahi une promesse. Je l’aimais, à ma manière, tordue, po
DAMONLa télé illuminait le salon minable comme une claque en plein visage, crachait des images si lisses qu’elles me donnaient envie de tout fracasser.Willow, en robe blanche, rayonnait comme une déesse intouchable, un sourire éclatant gravé sur son visage. À son bras, Maxime mon demi-frère, l’héritier parfait, celui que mon père, Richard Valdrak, avait toujours placé au-dessus de moi. Leur mariage était une insulte, un spectacle orchestré pour me piétiner, me, le bâtard, celui qu’on avait rayé de l’histoire.Je m’affalais sur le canapé , une bière tiède pesait dans ma main, la jalousie me dévorait, une bête qui plantait ses crocs dans mes tripes. Chaque sourire que Willow lançait à Maxime me vrillait la poitrine, pas seulement à cause de lui, mais à cause d’elle.Willow.Celle qui aurait dû être mienne.Celle qui, quelque part, m’appartenait encore dans un coin tordu de ma tête.Cassidy vibrait à côté, ses ongles griffaient l’accoudoir, ses yeux noirs fixaient l’écran avec une ra
MAXIMEL’aube s’infiltrait à peine à travers les rideaux épais de la suite, une lumière pâle, presque timide, qui effleurait les murs de pierre et les draps froissés où Willow dormait encore.Je m’étais réveillé bien avant elle, le corps lourd d’une nuit sans sommeil, le cœur battant d’un mélange de calme et de trouble, et je restais là, allongé, à l’observer dans ce silence suspendu.Elle était là, à quelques centimètres, une main posée sur l’oreiller, ses cheveux roux en désordre, une mèche collée à sa joue, sa respiration si douce qu’elle semblait irréelle, comme si elle appartenait à un autre monde.Il y avait quelque chose de brut chez elle, même endormie, une force qui pulsait sous sa peau, et je ressentais ce tiraillement dans ma poitrine, cette envie idiote de tendre la main, de toucher cette mèche, juste pour sentir qu’elle était vraiment là.Ce mariage, c’était un contrat, un an, un deal entre deux têtes brûlées, mais la veille, dans ses hésitations, ses regards, ses frisson
willowQuand la porte de la suite s’est refermée, un silence doux, presque vivant, a enveloppé la pièce, comme un voile soyeux glissant sur nos peaux après une journée éclatante.La suite royale, nichée au cœur du château, semblait murmurer des siècles d’amour, ses murs de pierre baignés d’une lumière dorée par des lampes tamisées, ses rideaux de velours retenant les étoiles, et un lit à baldaquin drapé de soie ivoire, prêt à accueillir nos secrets.Des princesses, des duchesses, avaient gravé leurs vœux ici, leurs noms effacés par le temps, et ce soir, c’était moi, Willow, la mariée, et lui, Maxime, mon époux, l’homme qui faisait trembler mes certitudes dans ce mariage d’un an.J’ai avancé, mes pas feutrés sur le tapis persan, mes doigts effleurant les draps frais, et une chaleur montait en moi, un désir frémissant, mais aussi un doute, un murmure qui me rappelait que tout ceci n’était qu’un contrat, temporaire, fragile.Je me suis tournée, et il était là, près de la cheminée, son co