WILLOWLe silence m’enveloppe comme une couverture lourde dès que la porte se referme derrière nous. Cette maison, d’ordinaire vibrante de rires et de pas précipités, semble figée dans une étrange torpeur. Les horloges restent muettes. Le parquet ne craque pas. Même l’air semble retenir son souffle.Maxime entre à ma suite, ses pas lents, comme alourdis par des chaînes invisibles. Ses épaules, habituellement si droites, s’affaissent légèrement sous le poids de la journée. Je pose mon sac sur le meuble de l’entrée, nos manteaux trouvent leur place sur le portemanteau, et tout cela se fait dans un silence presque sacré. Nous sortions de trois heures interminables au commissariat. Les dépositions, les signatures, les photos – une mécanique froide et implacable – nous laissaient vidés. La mort de Richard flotte encore dans l’air, une ombre pesante qui s’ajoute à tout le reste. Le passé. Le présent. L’avenir incertain.Je brise le silence, ma voix à peine audible :– Tu disais que le perso
MAXIMELe coup de feu retentit, un bruit sec, brutal, définitif, qui fait vibrer l’air comme un coup de tonnerre. Le corps de Richard s’effondre, mou comme une poupée de chiffon, s’écrasant sur le parquet ciré. Le sang gicle, éclaboussant le bois en une flaque sombre qui s’étend lentement, reflétant la lumière des flammes. Un râle s’échappe de sa gorge, un son guttural, puis plus rien. Le silence qui suit est assourdissant, seulement brisé par le crépitement du feuಸJe reste figé, incapable de bouger, incapable de respirer.Willow non plus ne bouge pas, ses doigts crispés sur mon bras, son souffle court et irrégulier.On ne crie pas.On ne pleure pas.On regarde juste le sol, le corps de mon père, le vide. Le revolver gît à côté de lui, luisant comme un accusateur muet.Mes jambes tremblent, mais je ne peux pas m’effondrer. Pas maintenant.Mes pensées tourbillonnent, un chaos de souvenirs et de douleur.Ma mère. Ses yeux tristes, sa voix douce me disant de ne pas m’inquiéter, que tout
MAXIMEJe serre Willow contre moi, si fort que mes bras en tremblent. Comme si lâcher prise risquait de la faire disparaître.Mon cœur bat encore trop vite. Mon souffle est court. J’ai cru la perdre. Je l’ai vraiment cru.Quand j’ai vu mon père pointer son arme sur elle, j’ai senti le monde basculer. Tout est devenu flou, sauf elle. Son visage. Son silence. Sa peur.Je savais que je l’aimais. Mais à cet instant précis, dans ce chaos, cette seconde suspendue entre la vie et la mort…Je me suis rendu compte qu’elle était plus que tout.Elle était tout.Mon oxygène. Ma lumière. Ma maison. Ma rage et ma paix.Je glisse mes doigts dans ses cheveux, doucement, pour l’ancrer là, contre moi. Pour lui faire comprendre, sans un mot, que je ne la laisserai plus jamais seule face à ça. Que même blessé, même brisé, je me battrai pour elle. Pour nous.Elle ne parle pas. Mais je sens sa main s’accrocher à ma chemise, comme si elle essayait de recoller nos morceaux.Et moi, je ferme les yeux.Juste u
MAXIMEJe pivote juste à temps. Richard, toujours à terre, a attrapé une statuette en bronze, un cheval cabré que ma mère avait choisi pour décorer cette pièce maudite. Il la brandit comme une arme, le métal sifflant près de mon oreille alors qu’il tente de me frapper. Je sens l’air se déplacer, un frisson glacial contre ma peau. Dans cet instant, tout ralentit. Je revois ma mère, ses larmes silencieuses, ses silences lourds, la façon dont elle s’est éteinte sous les mensonges de cet homme, son esprit brisé par ses manipulations. La rage m’aveugle, un voile rouge devant mes yeux. Mon poing s’écrase contre sa pommette, un craquement sinistre retentit, comme un os qui cède sous la pression. Richard s’effondre, du sang gouttant de sa lèvre éclatée, son rictus enfin brisé, remplacé par une grimace de douleur.Je recule, haletant, l’air brûlant mes poumons. Mes jointures écorchées saignent, la douleur pulsant au rythme de mon cœur affolé. Mes yeux brûlent, pas seulement de colère, mais d’u
MAXIMELa fureur explose en moi, un volcan longtemps contenu qui déchire mes entrailles, un cri rauque jaillissant de ma gorge, comme si toutes ces années de silence, de douleur refoulée, de souvenirs étouffés se brisaient d’un seul coup, dans une déflagration brutale. Mes muscles se tendent, mes veines pulsent sous ma peau, et mes poings se serrent si fort que mes ongles mordent mes paumes. Chaque fibre de mon être hurle une vérité que je ne peux plus taire.— Tu crois vraiment que je t’aurais laissé la tuer ?Les mots jaillissent, propulsés par une rage incandescente, une tempête qui me consume de l’intérieur. Ils ne sont pas réfléchis, ils sont instinctifs, comme si ma voix avait pris vie pour cracher des années de rancœur. Je bondis vers Richard, l’homme qui a détruit ma mère, qui a empoisonné chaque instant de ma vie, et qui ose maintenant menacer Willow, la seule lumière dans mes ténèbres. Mon poing s’abat avec une précision froide, presque mécanique, arrachant le revolver de se
willowUn cri déchire l’air, rauque, chargé d’une fureur qui me glace le sang. Mon cœur s’emballe, martelant ma poitrine comme s’il voulait s’échapper. Le salon des Valdrake, avec ses tapis persans et ses dorures, se transforme en un piège, les murs semblant se refermer sur moi.— Tu crois vraiment que je t’aurais laissé la tuer ? rugit Maxime, sa silhouette s’élançant vers Richard avec une violence brute, comme un animal libéré de ses chaînes.Je suis paralysée, mes jambes lourdes, mes yeux rivés sur le revolver dans la main de Richard. Les cachets qu’il m’a forcée à prendre – ou qu’il a essayé – sont encore dans ma bouche, leur goût amer me brûlant la langue. Dans un réflexe, je les crache, et ils s’éparpillent sur le tapis, scintillant comme des éclats de verre sous la lumière vacillante du lustre. Maxime frappe, un coup précis qui arrache l’arme des doigts de Richard. Le revolver glisse à travers la pièce, traînant dans sa chute une poignée de pilules qui s’égaillent comme des per