LOGINElle se redresse d’un bond, ignorant les câbles et les moniteurs, ignorant les infirmiers qui se rapprochent pour l’aider. La curiosité et l’incrédulité surpassent toute prudence. Elle quitte précipitamment le lit, ses pieds glissant sur le sol froid de l’hôpital. Chaque pas la rapproche d’un miroir placé à l’entrée de la salle de bain attenante. Ses mains tremblent tandis qu’elle ouvre la porte, le bois froid mordant sous ses doigts crispés.
Elle se fige devant le miroir. Une longue inspiration, un souffle tremblant. Son regard se pose sur le reflet. Et… l’horreur. Ce n’est pas elle. Ce n’est pas Claire Durnel qu’elle voit. Les traits sont jeunes, fins, presque innocents, mais pas les siens. Ses yeux s’agrandissent, ses doigts se crispent sur le rebord du lavabo. — Non… non… non… » souffle-t-elle, sa voix étrangère, aiguë, presque enfantine. Les mots semblent la trahir, car ils sortent dans un ton qu’elle ne reconnaît pas. Elle se penche, touche son visage du bout des doigts, comme pour vérifier qu’elle n’hallucine pas. La peau est douce, tendre, plus fragile que la sienne. Ses yeux… ce ne sont pas ses yeux. Ses cheveux… pas ses cheveux. Chaque détail, chaque imperfection, chaque marque familière qui faisait d’elle Claire Durnel a disparu. Une panique glaciale la traverse. Son esprit refuse la réalité, mais ses sens ne mentent pas. Elle est… dans le corps de Nora. La vérité frappe avec une violence qu’elle n’avait jamais imaginée. Comment est-ce possible ? Comment peut-on être à la fois morte et vivante, à la fois Claire et quelqu’un d’autre ? Elle recule légèrement, mais son regard reste fixé sur le miroir, sur ce visage qui n’est pas le sien. Chaque clignement d’yeux renforce l’angoisse. Ses mains glissent sur ses joues, elle touche son cou, son menton, ses tempes. Tout est réel, tangible. Et pourtant… ce n’est pas elle. Ses jambes fléchissent, et elle s’assoit sur le bord du lavabo, tentant de reprendre son souffle. Son esprit court dans toutes les directions, cherchant une explication logique, rationnelle. «—Ce n’est pas possible… ça ne peut pas être réel… » répète-t-elle encore et encore. Les mots deviennent un mantra, mais ne font qu’accentuer la peur. Elle ferme les yeux quelques secondes, essayant de calmer la tempête qui gronde en elle. Sa respiration devient rapide, haletante. Chaque battement de cœur résonne dans sa poitrine, mais elle sait que ce n’est pas le sien. Ce corps ne lui appartient pas, et pourtant, il bouge, il respire, il vit. Elle est consciente, mais prisonnière. Un tremblement sec parcourt ses mains. Elle veut hurler, appeler quelqu’un, frapper le miroir, mais sa voix est étrangère. Elle n’a pas la force, ni le contrôle. La panique s’installe comme une marée montante. Elle est vivante, mais… pas elle-même. Tout ce qu’elle a connu, tout ce qui faisait sa vie, son identité, semble irrévocablement perdu. Et pourtant, un sentiment plus profond commence à émerger sous la peur : une conscience aiguë, comme un feu glacé, que cette situation pourrait être une chance. Une opportunité, peut-être unique, de réparer ce qui a été brisé, de comprendre la vérité, de se préparer à agir. Mais pour l’instant… elle ne voit que l’horreur. Elle se lève lentement, ses jambes tremblant sous le poids de la découverte. Elle se rapproche du miroir une seconde fois, observant chaque détail de ce visage qui n’est pas le sien. Ses yeux, ses lèvres, la courbe de son menton… tout est étranger, et pourtant parfaitement réel. Son corps bouge sous son contrôle, mais c’est un contrôle qui ne lui appartient pas encore. — « Qu… qu’est-ce qui se passe ?! » murmure-t-elle, la voix aiguë de Nora trahissant son désarroi. Ses mains se crispent sur le rebord du lavabo, ses doigts s’enfoncent légèrement dans le bois. La peur, la confusion et la stupéfaction se mêlent dans un cocktail brûlant, lui coupant presque le souffle. Chaque fibre de son être hurle que quelque chose a changé irrévocablement. Claire Durnel est morte, et pourtant, elle est là. Vivante, consciente, mais emprisonnée dans un corps qui n’est pas le sien. Son esprit lutte pour accepter cette nouvelle réalité. Ses souvenirs, ses émotions, sa colère, sa douleur… tout est intact. Mais elle doit maintenant apprendre à naviguer dans un monde qui la reconnaît sous un autre visage. Le miroir devient son juge silencieux. Son reflet, ce visage étranger, la confronte à une vérité simple et terrible : elle n’est plus Claire Durnel. Elle est Nora. Mais quelque part, au fond de ses yeux, dans la profondeur de son esprit, Claire est encore là. Elle est vivante, consciente, prête à comprendre, prête à observer, prête à agir. Et dans cette révélation, une étincelle apparaît : la peur cède lentement la place à une détermination froide. Si elle est coincée dans ce corps, alors elle utilisera ce corps pour voir, pour comprendre, pour planifier. La vengeance, la justice, la protection de sa fille… tout devient possible. Mais pour l’instant, tout ce qu’elle peut faire, c’est rester là, face à ce miroir, face à ce corps qu’elle ne reconnaît pas, et tenter de réaliser l’ampleur de ce qui vient de se passer. La réalité l’a frappée de plein fouet : elle est vivante… mais dans la peau de quelqu’un d’autre. Et rien, désormais, ne sera comme avant.À l’extérieur, Marc quitte le bureau, laissant Isadora avec ses pensées calculatrices. Il sait que son silence et sa complicité lient désormais leurs destins. Le jeu est en marche. Tout est en place pour que la police croie à l’accident et à la culpabilité de la ménagère. Tout est en place pour que Marc atteigne enfin ses objectifs. Mais dans l’ombre de cette machination, Claire, consciente et toujours vivante, commence à observer, à comprendre, à préparer sa revanche silencieuse.La nuit tombe sur la ville, et avec elle, une tension invisible enveloppe l’entreprise, la maison, et la prison où Claire est enfermée. Tout semble calme, mais chaque respiration, chaque mouvement est chargé de secrets et de plans à venir. Personne ne sait que la vérité est cachée derrière ce corps étranger, que Claire Durnel est toujours là, prête à attendre son moment.Dans le silence de sa cellule, Claire se lève, marche lentement, teste l’espace autour d’elle. Chaque geste, chaque mouvement devient un e
Claire comprend une vérité simple mais terrifiante : elle est seule. Personne ne sait qu’elle est encore là, consciente, vivante. Personne ne sait qu’elle est Claire Durnel, même si son corps est celui de Nora. Elle est prisonnière d’une enveloppe étrangère, accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, tandis que la vraie coupable, Isadora, est désormais libre de manipuler la vérité.Alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrent, Claire est embarquée, hurlant son innocence. Sa voix, étrangère et tremblante, résonne dans le couloir désert. —« Je n’ai rien fait ! Vous vous trompez ! » Mais personne ne l’écoute. Tout le monde voit seulement la ménagère qu’ils croient coupable. La réalité, sa réalité, reste silencieuse et invisible.Elle sent son esprit bouillir de rage et de confusion, mais quelque part au fond d’elle, une idée commence à germer : observer, comprendre, préparer, frapper. Pour l’instant, elle doit rester silencieuse, contenue, invisible aux yeux de tous. Mais bientôt… b
Isadora est assise dans le petit bureau de la police, les mains croisées sur ses genoux, le visage crispé. Les lampes fluorescentes au-dessus d’elle donnent à la pièce un air glacé et impersonnel. Chaque tic-tac de l’horloge résonne dans son crâne comme un rappel cruel de ce qui vient de se passer. Le policier face à elle la fixe d’un regard dur, inquisiteur. —« Alors, madame… expliquez-nous exactement ce qui s’est passé dans la maison Durnel. »Isadora baisse les yeux, tente un sourire qui ne vient pas. Sa respiration est rapide, irrégulière. Elle joue avec le bord de sa manche, une nervosité visible trahissant sa façade de contrôle. Les minutes s’égrènent, chaque silence pesant comme une condamnation imminente. Puis, finalement, les mots sortent, tranchants et froids. «— J’ai… j’ai vu… » commence-t-elle, la voix tremblante. « J’ai vu la ménagère… elle a poussé Claire. »Le policier prend des notes sans émotion.— « Vous êtes sûre de ce que vous affirmez ? » demande-t-il.Isa
Elle se redresse d’un bond, ignorant les câbles et les moniteurs, ignorant les infirmiers qui se rapprochent pour l’aider. La curiosité et l’incrédulité surpassent toute prudence. Elle quitte précipitamment le lit, ses pieds glissant sur le sol froid de l’hôpital. Chaque pas la rapproche d’un miroir placé à l’entrée de la salle de bain attenante. Ses mains tremblent tandis qu’elle ouvre la porte, le bois froid mordant sous ses doigts crispés.Elle se fige devant le miroir. Une longue inspiration, un souffle tremblant. Son regard se pose sur le reflet. Et… l’horreur.Ce n’est pas elle.Ce n’est pas Claire Durnel qu’elle voit. Les traits sont jeunes, fins, presque innocents, mais pas les siens. Ses yeux s’agrandissent, ses doigts se crispent sur le rebord du lavabo. — Non… non… non… » souffle-t-elle, sa voix étrangère, aiguë, presque enfantine. Les mots semblent la trahir, car ils sortent dans un ton qu’elle ne reconnaît pas.Elle se penche, touche son visage du bout des doigts, com
Les ambulanciers préparent les brancards, installent Claire et Nora avec précaution. Marc et Isadora suivent en silence, le regard fuyant, chacun perdu dans ses pensées, chacun conscient que la situation échappe désormais à tout contrôle. Les sirènes retentissent plus près, et le monde extérieur semble enfin se rappeler à eux, une réalité qui ne peut plus être ignorée.Dans la chambre, le sol reste taché de traces, les draps froissés, le silence à nouveau pesant. Mais cette fois, il n’y a plus d’illusions : la vie a basculé, et chaque décision, chaque geste, aura désormais des conséquences irréversibles.Alors que les ambulanciers emmènent Nora et Claire, Marc jette un dernier regard vers Isadora. Les yeux brillants de peur et de culpabilité, elle comprend que tout est désormais hors de contrôle. Les secrets, les mensonges et les trahisons, qui semblaient à l’abri derrière des murs dorés et des sourires parfaits, commencent à s’effriter, laissant place à une vérité brutale et implaca
Le hurlement d’Isadora perce la maison comme un coup de tonnerre. Son cri est à la fois paniqué et paniquant, vibrant de peur et de colère. Nora, la jeune ménagère, entend le vacarme depuis l’étage inférieur. Son cœur bat déjà à tout rompre, et une panique instinctive la pousse à courir vers la source du bruit. Les pas de ses chaussures frappent le parquet avec urgence, chaque écho renforçant l’angoisse qui la saisit.Elle débouche dans le couloir et s’arrête net. Ses yeux s’écarquillent, son souffle se coupe lorsqu’elle voit sa patronne allongée au sol. Claire, immobile, la tête heurtant le marbre, ses cheveux blonds éparpillés autour d’elle. La scène est figée, terriblement silencieuse malgré le chaos apparent.Nora avance à petits pas, le visage pâle, les mains tremblantes. Elle se penche sur Claire, appelle son nom, mais le son de sa voix lui semble ridicule, inutile. Ses yeux se brouillent de larmes alors qu’elle touche la peau froide, tentant de percevoir un signe de vie. L’hor







