Share

Chapitre 6

Author: dainamimboui
last update Last Updated: 2025-10-18 00:25:01

Isadora est assise dans le petit bureau de la police, les mains croisées sur ses genoux, le visage crispé. Les lampes fluorescentes au-dessus d’elle donnent à la pièce un air glacé et impersonnel. Chaque tic-tac de l’horloge résonne dans son crâne comme un rappel cruel de ce qui vient de se passer. Le policier face à elle la fixe d’un regard dur, inquisiteur.

—« Alors, madame… expliquez-nous exactement ce qui s’est passé dans la maison Durnel. »

Isadora baisse les yeux, tente un sourire qui ne vient pas. Sa respiration est rapide, irrégulière. Elle joue avec le bord de sa manche, une nervosité visible trahissant sa façade de contrôle. Les minutes s’égrènent, chaque silence pesant comme une condamnation imminente. Puis, finalement, les mots sortent, tranchants et froids. «

— J’ai… j’ai vu… » commence-t-elle, la voix tremblante. « J’ai vu la ménagère… elle a poussé Claire. »

Le policier prend des notes sans émotion.

— « Vous êtes sûre de ce que vous affirmez ? » demande-t-il.

Isadora hoche la tête, incapable de soutenir son regard plus longtemps. «

— Oui… c’est… c’est elle… j’étais là… » La confession tombe, nette, implacable. Elle répète encore et encore qu’elle a vu la scène, qu’elle a assisté à la chute, qu’elle est responsable. Les mots tombent comme des pierres, pesants, inéluctables.

Marc reste silencieux dans l’ombre de la pièce, immobile sur sa chaise. Ses yeux ne quittent pas Isadora, mais son expression est compliquée. Une partie de lui est soulagée : la vérité est enfin révélée. Mais une autre partie se serre douloureusement. La « petite » la ménagère innocente est accusée d’avoir tué Claire, et son cœur se serre. Même s’il ne dit rien, la culpabilité et la douleur se mélangent dans son esprit. Il sent un nœud dans sa poitrine, un mélange d’injustice et de regret.

Quelques minutes plus tard, les policiers se lèvent et sortent des dossiers, prêts à passer à l’étape suivante. Ils se dirigent vers l’hôpital où Nora est encore alitée, le visage pâle, les yeux encore écarquillés par l’horreur et la fatigue. Ils arrivent dans sa chambre, leur présence imposante remplissant l’espace silencieux. L’un d’eux frappe à la porte avant d’entrer, et d’un geste sec, ils annoncent : «

— Police. Nous avons besoin de vous. »

Claire, encore sous le choc de sa récente réincarnation et de sa découverte de son nouveau corps, se redresse instinctivement. Elle se sent faible, tremblante, mais son esprit est vif. «

— Qu… qu’est-ce qui se passe ? » demande-t-elle, sa voix encore étrangère à ses oreilles.

Sans prévenir, les policiers s’avancent et l’une d’entre eux lui prend doucement mais fermement le bras. «

— Vous êtes accusée d’avoir causé la mort de Claire Durnel, madame. Nous devons vous emmener pour enquête. »

Claire s’étouffe presque, le cœur battant à tout rompre. Ses mains se crispent sur le drap.

—« Non ! Non, je n’ai rien fait ! » hurle-t-elle, sa voix aiguë, étrangère, résonnant dans la chambre. Son corps tremble, mais elle sent l’injustice et l’angoisse la submerger. Elle tente de se débattre, mais les policiers sont préparés, fermes, méthodiques. Chaque mouvement qu’elle fait est contenu, contrôlé.

Elle veut crier plus fort, insister, expliquer, mais une partie d’elle reste silencieuse, consciente que révéler quoi que ce soit pourrait compromettre la fragile situation. Elle ne peut pas dire qu’elle est Claire Durnel, que le corps qu’elle occupe n’est pas celui qu’ils pensent. Tout ce qu’elle peut faire, c’est protester, nier avec force et conviction. «

—Je… je n’ai rien fait !Vous vous trompez ! » répète-t-elle, chaque mot une arme contre l’injustice qui s’abat sur elle.

Marc observe la scène depuis le seuil. Ses mains sont crispées, mais il ne bouge pas. Ses yeux trahissent un mélange d’impuissance et de peine. Il voit la peur dans le regard de Nora, l’injustice flagrante de l’accusation, et une douleur sourde s’installe dans sa poitrine. Même si sa voix reste silencieuse, son esprit hurle contre la situation. La vérité est connue, et pourtant, le monde extérieur semble croire en un scénario totalement faux.

Isadora, dans le bureau de la police, est maintenant complètement figée par la gravité de sa propre confession. Elle sent l’effet de ses aveux sur Marc, sur les policiers, et surtout sur celle qu’elle croit être la cause de sa propre perte. Son visage pâlit encore plus, ses mains serrées sur ses genoux, tremblant légèrement sous le poids de la culpabilité.

Les policiers commencent à escorter Claire hors de la chambre. Les tubes, les moniteurs, et les infirmiers sont ignorés dans le tourbillon de tension. Chaque pas que Claire fait est un mélange de peur, de confusion et de colère silencieuse. Son esprit est en alerte maximale : chaque mot, chaque geste, chaque mouvement doit être analysé et mémorisé. Elle se sent à la fois victime et prisonnière.

Dans le couloir, les murs blancs semblent rétrécir autour d’elle. La peur est palpable, mais une force nouvelle, une étincelle de détermination, commence à naître dans son esprit. Même si elle est accusée, même si tout semble perdu, elle sent que quelque chose en elle est encore intact : la conscience, la mémoire, la rage de vivre et de se battre.

Elle tente de crier une dernière fois, mais sa voix étrangère peine à convaincre. Les policiers la maintiennent fermement, lui rappelant qu’elle n’a pas le choix. « Je n’ai rien fait ! » répète-t-elle, chaque mot un souffle de désespoir, un écho de sa véritable identité qui reste silencieuse et invisible pour le monde.

Marc, observant toujours, sent un poids dans sa poitrine. Il sait que la petite fille qu’il a vue s’éloigner de la chambre n’est pas coupable. Et pourtant, il ne peut rien dire. Tout ce qu’il peut faire, c’est regarder et ressentir une douleur sourde qui ne se traduit pas en mots.

Les policiers poursuivent leur marche dans les couloirs de l’hôpital. Chaque pas résonne comme un compte à rebours, chaque respiration comme un rappel cruel que le monde extérieur est aveugle à la vérité. Claire sent son esprit s’éveiller, analyser, mémoriser. Chaque détail du couloir, des uniformes, des gestes des policiers devient une donnée. Tout pourrait servir plus tard.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 8

    À l’extérieur, Marc quitte le bureau, laissant Isadora avec ses pensées calculatrices. Il sait que son silence et sa complicité lient désormais leurs destins. Le jeu est en marche. Tout est en place pour que la police croie à l’accident et à la culpabilité de la ménagère. Tout est en place pour que Marc atteigne enfin ses objectifs. Mais dans l’ombre de cette machination, Claire, consciente et toujours vivante, commence à observer, à comprendre, à préparer sa revanche silencieuse.La nuit tombe sur la ville, et avec elle, une tension invisible enveloppe l’entreprise, la maison, et la prison où Claire est enfermée. Tout semble calme, mais chaque respiration, chaque mouvement est chargé de secrets et de plans à venir. Personne ne sait que la vérité est cachée derrière ce corps étranger, que Claire Durnel est toujours là, prête à attendre son moment.Dans le silence de sa cellule, Claire se lève, marche lentement, teste l’espace autour d’elle. Chaque geste, chaque mouvement devient un e

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 7

    Claire comprend une vérité simple mais terrifiante : elle est seule. Personne ne sait qu’elle est encore là, consciente, vivante. Personne ne sait qu’elle est Claire Durnel, même si son corps est celui de Nora. Elle est prisonnière d’une enveloppe étrangère, accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, tandis que la vraie coupable, Isadora, est désormais libre de manipuler la vérité.Alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrent, Claire est embarquée, hurlant son innocence. Sa voix, étrangère et tremblante, résonne dans le couloir désert. —« Je n’ai rien fait ! Vous vous trompez ! » Mais personne ne l’écoute. Tout le monde voit seulement la ménagère qu’ils croient coupable. La réalité, sa réalité, reste silencieuse et invisible.Elle sent son esprit bouillir de rage et de confusion, mais quelque part au fond d’elle, une idée commence à germer : observer, comprendre, préparer, frapper. Pour l’instant, elle doit rester silencieuse, contenue, invisible aux yeux de tous. Mais bientôt… b

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 6

    Isadora est assise dans le petit bureau de la police, les mains croisées sur ses genoux, le visage crispé. Les lampes fluorescentes au-dessus d’elle donnent à la pièce un air glacé et impersonnel. Chaque tic-tac de l’horloge résonne dans son crâne comme un rappel cruel de ce qui vient de se passer. Le policier face à elle la fixe d’un regard dur, inquisiteur. —« Alors, madame… expliquez-nous exactement ce qui s’est passé dans la maison Durnel. »Isadora baisse les yeux, tente un sourire qui ne vient pas. Sa respiration est rapide, irrégulière. Elle joue avec le bord de sa manche, une nervosité visible trahissant sa façade de contrôle. Les minutes s’égrènent, chaque silence pesant comme une condamnation imminente. Puis, finalement, les mots sortent, tranchants et froids. «— J’ai… j’ai vu… » commence-t-elle, la voix tremblante. « J’ai vu la ménagère… elle a poussé Claire. »Le policier prend des notes sans émotion.— « Vous êtes sûre de ce que vous affirmez ? » demande-t-il.Isa

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 5

    Elle se redresse d’un bond, ignorant les câbles et les moniteurs, ignorant les infirmiers qui se rapprochent pour l’aider. La curiosité et l’incrédulité surpassent toute prudence. Elle quitte précipitamment le lit, ses pieds glissant sur le sol froid de l’hôpital. Chaque pas la rapproche d’un miroir placé à l’entrée de la salle de bain attenante. Ses mains tremblent tandis qu’elle ouvre la porte, le bois froid mordant sous ses doigts crispés.Elle se fige devant le miroir. Une longue inspiration, un souffle tremblant. Son regard se pose sur le reflet. Et… l’horreur.Ce n’est pas elle.Ce n’est pas Claire Durnel qu’elle voit. Les traits sont jeunes, fins, presque innocents, mais pas les siens. Ses yeux s’agrandissent, ses doigts se crispent sur le rebord du lavabo. — Non… non… non… » souffle-t-elle, sa voix étrangère, aiguë, presque enfantine. Les mots semblent la trahir, car ils sortent dans un ton qu’elle ne reconnaît pas.Elle se penche, touche son visage du bout des doigts, com

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 4

    Les ambulanciers préparent les brancards, installent Claire et Nora avec précaution. Marc et Isadora suivent en silence, le regard fuyant, chacun perdu dans ses pensées, chacun conscient que la situation échappe désormais à tout contrôle. Les sirènes retentissent plus près, et le monde extérieur semble enfin se rappeler à eux, une réalité qui ne peut plus être ignorée.Dans la chambre, le sol reste taché de traces, les draps froissés, le silence à nouveau pesant. Mais cette fois, il n’y a plus d’illusions : la vie a basculé, et chaque décision, chaque geste, aura désormais des conséquences irréversibles.Alors que les ambulanciers emmènent Nora et Claire, Marc jette un dernier regard vers Isadora. Les yeux brillants de peur et de culpabilité, elle comprend que tout est désormais hors de contrôle. Les secrets, les mensonges et les trahisons, qui semblaient à l’abri derrière des murs dorés et des sourires parfaits, commencent à s’effriter, laissant place à une vérité brutale et implaca

  • Réincarnée pour me venger: trahison et infidélité    Chapitre 3

    Le hurlement d’Isadora perce la maison comme un coup de tonnerre. Son cri est à la fois paniqué et paniquant, vibrant de peur et de colère. Nora, la jeune ménagère, entend le vacarme depuis l’étage inférieur. Son cœur bat déjà à tout rompre, et une panique instinctive la pousse à courir vers la source du bruit. Les pas de ses chaussures frappent le parquet avec urgence, chaque écho renforçant l’angoisse qui la saisit.Elle débouche dans le couloir et s’arrête net. Ses yeux s’écarquillent, son souffle se coupe lorsqu’elle voit sa patronne allongée au sol. Claire, immobile, la tête heurtant le marbre, ses cheveux blonds éparpillés autour d’elle. La scène est figée, terriblement silencieuse malgré le chaos apparent.Nora avance à petits pas, le visage pâle, les mains tremblantes. Elle se penche sur Claire, appelle son nom, mais le son de sa voix lui semble ridicule, inutile. Ses yeux se brouillent de larmes alors qu’elle touche la peau froide, tentant de percevoir un signe de vie. L’hor

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status