Malia resta figée, son souffle coupé. Face à elle, l’homme qu’elle avait cru mort, ou pire : inexistant. Son père. Elrik Nayar.
Il portait un manteau noir, impeccablement taillé, ses cheveux gris foncés soigneusement coiffés en arrière. Son regard n’avait rien d’humain. Il brillait d’une froideur scientifique, d’une cruauté élégante.— Tu as grandi, dit-il en s’approchant, les mains jointes dans le dos. Et tu es devenue… spectaculaire.Aydan s’interposa aussitôt, arme en main.— Ne t’approche pas d’elle.Elrik le regarda à peine.— Toujours aussi impulsif, Deveraux. Je t’avais formé à mieux.Malia fronça les sourcils.— Vous vous connaissez ?Aydan serra la mâchoire.— Il a été mon mentor. Mon recruteur. Mon bourreau.Elrik esquissa un sourire froid.— Ton libérateur, plutôt. Tu étais un garçon perdu, sans repères. Je t’ai donné un but. Une raison d’exister. Et maintenant, tuLe hangar résonnait des échos métalliques des bottes et des armes qui se mettaient en joue. La fumée, épaisse et suffocante, brouillait la vue, mais les projecteurs implacables rendaient chaque ombre tranchante, chaque respiration plus lourde. Kael, debout au milieu de ses compagnons, gardait son arme levée, mais son regard était fixé sur la silhouette de Moretti, dominant la scène depuis la passerelle métallique.— Toujours aussi prévisible, Kael, lança Moretti avec un sourire cruel. Tu crois tendre des pièges, mais c’est toujours moi qui écrase l’adversaire sous ses propres illusions.Kael ne broncha pas. Ses yeux étincelaient d’une rage froide.— Cette fois, tu t’es trompé d’ennemi, Moretti. Tu aurais dû apprendre à craindre les loups solitaires.Autour d’eux, les hommes armés se resserrèrent. Liora plaça instinctivement Selene derrière elle, son arme pointée vers la nuée d’adversaires. Armand, déjà accroupi, pianotait fébrilement sur sa tablet
Kael ne quitta pas Selene des yeux. La tension dans l’appartement était si dense qu’on aurait pu la trancher au couteau. Liora tenait toujours son arme pointée vers elle, ses doigts crispés sur la détente, prête à tirer au moindre faux mouvement. Armand, lui, avait déjà inséré la clé USB dans son ordinateur, ses doigts courant fébrilement sur le clavier pour ouvrir les fichiers.— Alors ? demanda Kael, la voix basse, sans détourner son regard de Selene.Armand fronça les sourcils, son visage pâlissant à mesure que les lignes de données défilaient.— C’est… monstrueux. Elle ne ment pas. Ce qu’il y a là-dedans dépasse tout ce que nous avons déjà. Des réseaux d’esclavage moderne, des transferts d’armes chimiques, des noms de généraux, de juges… et des preuves d’exécutions déguisées.Il leva les yeux, presque choqué.— Kael, avec ça, on peut rayer Moretti de la carte. Mais…— Mais quoi ? gronda Kael.— Mais ça implique aussi
L’aube se leva sur une ville en suspens. Dans les rues, les journaux avaient déjà repris les fuites massives publiées dans la nuit. Les écrans des télévisions diffusaient les preuves de corruption, les comptes offshore, les visages de juges, de banquiers, de politiciens liés directement à Moretti. L’effet était immédiat : un tremblement social, une onde de choc qui ne pouvait plus être étouffée. Les murmures se transformaient en cris, les regards de peur en regards de colère.Mais derrière cette victoire, Kael sentait le vide. Son esprit revenait sans cesse au mot entendu la veille : Selene. Il ne pouvait pas l’ignorer. Chaque fibre de son être refusait d’accepter qu’elle ait pu les trahir… et pourtant, les indices s’alignaient. Une silhouette familière, un nom lâché dans la rage, des coïncidences trop parfaites.Liora, quant à elle, n’avait pas fermé l’œil. Elle observait Kael, ses épaules tendues, sa mâchoire serrée, ses yeux perdus dans le vide. Elle savait qu’i
Kael ne laissa pas le temps au silence de s’installer. La nuit précédente n’avait pas seulement brisé des murs ; elle avait révélé une logique : Moretti frappait là où il croyait faire le plus mal — en transformant la peur en écran. Kael décida de répondre sur un autre terrain. Si Moretti voulait la démonstration, il allait lui en donner une… mais pas celle qu’il attendait.Ils passèrent la matinée à recouper les informations arrachées à l’intermédiaire capturé la veille. Armand, toujours aussi efficace, avait identifié un refuge discret appartenant au réseau de Moretti — un entrepôt transformé en hub pour les transferts illégaux et les réunions secrètes. Derrière ce hangar se trouvaient des serveurs, des comptes, des papiers qu’il fallait saisir. S’ils mettaient la main sur ces preuves, ils pourraient retourner l’opinion, mettre à nu les complices, faire trembler les piliers qui protégeaient Moretti.— On ne peut pas se contenter d’une frappe chirurgicale, dit Kae
La nuit était tombée, mais la villa de Kael ne s’était pas assoupie. Au contraire, elle vibrait d’une activité intense : des hommes montaient la garde, des véhicules circulaient à l’extérieur, et chaque lumière allumée donnait l’impression d’une forteresse imprenable. Pourtant, derrière cette façade rassurante, Kael savait que l’ennemi préparait son coup.Liora, assise dans le salon, feuilletait nerveusement un dossier qu’Armand avait apporté. Les pages regorgeaient de noms, de comptes, de numéros de téléphone. Elle levait parfois les yeux vers Kael, qui faisait les cent pas, incapable de rester immobile.— Tu sens comme moi qu’il ne va pas tarder, murmura-t-elle.— Oui, répondit Kael sans hésiter. Moretti ne nous laissera pas le temps de frapper en premier.Il s’interrompit, passa une main dans ses cheveux, puis ajouta avec gravité :— C’est ce soir, Liora. Je le sens.⸻Un grondement de moteur se fit entendre au loin. Armand ent
Kael n’avait presque pas fermé l’œil de la nuit. Les dossiers laissés par Armand restaient étalés sur la table, témoins muets d’une menace grandissante. Le jour se levait à peine, et déjà une tension électrique emplissait l’air de la villa.Liora descendit les escaliers, ses cheveux encore humides de la douche, son regard déterminé. Elle trouva Kael dans le salon, en train de scruter des cartes et des schémas avec une intensité glaciale.— Tu n’as pas dormi, constata-t-elle doucement.— Impossible, répondit-il sans lever les yeux. Ces gens ne nous laisseront pas de répit.Elle s’approcha, posa une main sur son épaule.— Alors on ne leur en laissera pas non plus.Kael releva enfin le regard vers elle. Dans ses yeux brillait une lueur nouvelle : moins de rage brute, plus de calcul, plus de clairvoyance. Il inspira profondément, puis déclara :— Aujourd’hui, on prend les devants.⸻La matinée fut consacrée aux préparatif