MasukLe nom Gideon pesait lourd entre eux, un appât spectral qu'ils devaient prendre. Le moulin, un lieu rempli d'une douleur fraîche. Le fragment du Fléau ne s'était pas juste enfui ; il avait laissé une traînée de souffrance, les menant vers des ténèbres plus profondes, plus personnelles."Il nous utilise," dit Kael, s'appuyant lourdement contre un vieux chêne. Une sueur froide couvrait son visage, et rester debout lui coûtait tout. "Il ne se cache pas. Il cultive. Nous conduit d'un repas au suivant, nous laissant nettoyer l'assiette pour qu'il puisse se repaître du plat suivant."La vérité était glaçante. Ils n'étaient pas des chasseurs ; ils étaient des dératiseurs, servant la peste même qu'ils combattaient."Nous n'avons pas le choix," dit Liora, la voix vide. La chaleur ressentie après avoir purifié l'épingle à cheveux avait disparu, remplacée par un froid profond et las. "Si nous n'y allons pas, le garçon meurt, et la graine grandit. Nous jouons son jeu, ou il gagne."La mâchoire d'
Le silence dans le ravin était lourd du poids des paroles de Liora. Nous chassons. Ces mots restaient suspendus là, non pas une question mais une nouvelle et effrayante règle de leur vie.Ronan fut le premier à briser le silence et sa voix pratique coupa la tension. "Chasser nécessite une arme. Et un chemin." Ses vieux yeux argentés, plus sages que les arbres, se posèrent sur Liora. "Ton pouvoir. Cette... boussole. Comment fonctionne-t-elle ?"Liora ferma les yeux et regarda à l'intérieur d'elle. Le grand océan avait disparu, mais l'étang qui restait était profond et calme. Elle se concentra sur le faible écho de sa vision, l'épingle à cheveux argentée, le puits, la petite fille. Elle ne força pas, elle demanda simplement à son pouvoir silencieux de la guider.Une douce chaleur argentée grandit dans sa poitrine, tirant doucement vers l'est, vers le village."C'est là-bas," chuchota-t-elle, ouvrant les yeux. "L'épingle à cheveux. Elle... bourdonne. Une fausse note dans la chanson du mo
Le silence après la tempête était un piège.Il ne dura que trois battements de cœur, le temps qu'Ash se remette debout. Ses yeux balayèrent la place, vifs et aux aguets comme un homme qui savait que la paix ne pouvait jamais durer. Ils se posèrent sur les chasseurs qui s'agitaient puis se braquèrent aussitôt sur Liora, non avec soulagement, mais avec une panique pure et crue.Il ne l'aida pas à se lever avec douceur. Il la tira brutalement sur ses pieds, agrippant son bras avec une poigne ferme et forte. "Bouge. Maintenant."Le premier cri fendit l'aube. Ce n'était pas de la peur, c'était de la rage. Un chasseur, un grand homme au nez cassé et portant l'emblème du loup noir de Gorven sur sa veste, s'avança en titubant, se tenant la tête. Ses yeux égarés se libéraient de l'emprise du Fléau. Ils se verrouillèrent sur eux : sur Liora, qui luisait encore faiblement de pouvoir ; sur Ronan, portant le corps inconscient de Kael ; sur Elara, essayant de stopper le sang qui coulait de l'épaule
Le défi de la Sœur Chef resta suspendu dans l'air, froid et tranchant. Utiliser le dernier souffle de leur ami comme une piste vers l'antre du lion. Ce n'était pas un choix, c'était une dernière chance désespérée.Liora regarda le visage impassible de la Sœur, puis Kael, qui respirait faiblement, des veines noires rampant vers son cœur, comme un mauvais tatouage. Elle le sentait, la pression froide et intelligente du chasseur, se rapprochant, apprenant leur peur à chaque seconde."Faites-le," dit Liora, sa voix toute de détermination.La Sœur Chef posa la boussole de verre sur la poitrine de Kael. L'aiguille noire tourbillonnante se fixa droit sur son cœur, puis elle prit la main de Liora et la pressa sur le verre froid."Tu es la clé," dit-elle doucement. "Tourne-la."Liora ne chercha pas le pouvoir froid. Elle chercha le lien, l'attraction terrible qui tuait Kael. Elle se concentra dessus, et au lieu de lutter, elle céda.Le monde ne se déchira pas. Il s'ouvrit.Un instant, la place
Le froid de l'aube grise s'installa au plus profond de leurs os. C'était comme si leur peur avait pris vie. Ils ne couraient pas, ils avançaient en trébuchant, blessés, vides et chancelants comme des soldats brisés. La forêt silencieuse n'était plus paisible. Elle semblait retenir son souffle, attendre quelque chose de mauvais, comme une terrible catastrophe.Kael s'appuyait sur Ash, son visage tordu par la douleur. Le bandage à sa main était trempé, non pas de sang rouge, mais d'un argent faible et lumineux qui pulsait comme une lumière malade, et chaque pulsation le rendait plus faible."Il faut s'arrêter," dit Elara doucement, presque trop bas pour être entendu. "Il ne peut pas continuer."Liora, marchant juste devant, s'arrêta. Ses épaules étaient raides, le pouvoir en elle tremblant, et elle se tourna lentement. Un instant, Ash ne vit pas la fille qu'il aimait, mais quelque chose d'ancien et d'usé. Ses yeux, mélange de brun et d'argent, se posèrent sur la main de Kael."La coupur
Le monde était un tambour, et la porte en était la peau. Chaque coup était un coup de tonnerre, secouant le sol de pierre et faisant vibrer les os des trois prisonniers à l'intérieur.BOUM. Ash grogna, son épaule à vif et douloureuse pressée contre la porte. Le symbole épineux brillait d'une lumière orange brûlante, la magie des Sœurs rongeant le pouvoir ancien de la porte.BOUM. Kael se tenait près du piédestal de pierre, en serrant le bord si fort que ses jointures blanchirent. Le couteau noir devant lui ne brillait pas, il absorbait la lumière, une chose sombre et dangereuse. Les vieilles histoires de sa mère résonnaient dans sa tête : La Coupure Finale. Une lame pour mettre fin à une lignée. Une dernière solution.BOUM. Elara était accroupie, tenant le journal silencieux contre elle. La porte gémit sur ses gonds, une longue fissure s'étendant dans le bois sombre, et à travers elle, elle vit le visage de la Sœur Chef, calme et mortel. Pas de colère, juste la froide certitude d'un c







