La surprise est telle que je ne fais presque plus attention au sang qui s’écoule de mes blessures, jusqu’à ce que d’affreuses brûlures viennent se rajouter à la douleur actuellement présente dans mon corps. Le sang d’une Gémone ne doit pas être très compatible avec l’absinthe.—Alors, je vous ai manqué ? s’exclame Mélodie.Angie se précipite sur elle et la plaque contre le mur le plus proche. Il la tient par la gorge, mais il n’ose pas forcer. Il sait que cela aura des répercussions sur Isaac.—Je ne m’attendais pas à un tel accueil, déclare-t-elle.—Et à quoi t’attendais-tu, exactement ? Tu pensais que je te remercierais gentiment d’avoir sauvé nos vies ? réplique-t-il sèchement.Mélodie ne répond pas. Au lieu de cela, elle pointe du doigt la main que porte Angie à son cou et susurre:—C’est fou à quel point la colère peut te faire perdre pied. Tu ne réalises même pas que ta «petite miss» est en train
—Je savais qu’on n’aurait pas dû te faire confiance ! s’écrie Sean en dégainant aussi sec un poignard.Il le lance violemment en direction de Mélodie. Cette dernière l’évite. L’arme vient se figer dans la porte du Siège, qui s’ouvre automatiquement sur un Zéphyr aux yeux exorbités par le choc de la scène se présentant à lui. Il accourt aux côtés de la reine, peinant à se faire une petite place entre Apolline et Cassie. Ces dernières refusent catégoriquement de s’éloigner du corps de leur mère. L’Aimant parvient à prendre le pouls de Candélaria, deux doigts posés sur son cou.—Je ne sens rien, déclare-t-il. Je suis désolé.—Non ! Elle ne peut pas être morte comme ça ! sanglote Cassie, passant sa main autour de la taille de sa mère pour la serrer dans ses bras. Elle... elle est plus forte que ça !—C’est ta faute ! hurle Apolline.Elle se lève, chancelle, mais recouvre bien vite ses esprits et se jette sur Mélodie. Dagues en main
Le choc me coupe les voies respiratoires. Je me laisse glisser au sol, lorsqu’une main aux longs ongles manucurés de rouge me saisit par le cou et m’arrache le poignard que je gardais précieusement contre moi.—Oh, voyons Evalina ! Un poignard ? Tu ne sais même pas t’en servir, s’esclaffe-t-elle avant de le jeter par terre. Je t’aurais bien fait une petite démonstration, mais je viens de me souvenir que j’avais quelque chose d’encore plus drôle à te montrer!Je déglutis difficilement, la main de Mélodie enserrant toujours fermement mon cou.—Tu n’es pas forcée de faire ça, Mélodie, la dissuadé-je. Tu peux encore revenir en arrière. Tu peux tout arranger, il suffit de le vouloir ! Quelque part, ton humanité doit toujours subsister !Mélodie desserre son emprise autour de mon cou.—Tu veux la voir, mon humanité cachée ? chuchote-t-elle. La voici !Elle enfonce brutalement sa propre main dans mes entrailles. Littéralement.
Trois ans avant l’arrivée d’Evalina à Réturis...L’alarme stridente retentit dans le village tout entier. Je saisis le sac à mes pieds et y fourre les quelques fruits que j’ai pu voler, puis je m’empresse de quitter ce village avant qu’il ne soit trop tard. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve à la limite du village, prêt à fuir. Cela fait presque un an que c’est mon quotidien. Voler, entendre l’alarme, fuir. Chaque jour, j’explore un nouvel endroit. Et chaque jour, des attaques de trénones éclatent un peu partout. Elles n’ont jamais été aussi fréquentes qu’en ce moment. Je me demande encore pourquoi je persiste à vouloir continuer ainsi. Pourquoi je me bats. Peut-être qu’au fond, j’espère me réveiller le matin par les cris de ma sœur faisant un cauchemar. Comme avant. Mais chaque matin, je me réveille seul. Ma sœur n’est plus là. Je n’ai plus personne. Je ne sais pas où je vais.Je me retourne une dernièr