En bas, la maison bourdonnait de vie. Le petit frère de Deborah, Théo, était arrivé la veille pour le quelques jours durant les vacances scolaire. À dix ans, il avait déjà décidé qu’il serait peintre, « comme Deb ». Jonathan l’avait installé dans le salon avec une boîte de crayons et une pile de feuilles, et le gamin s’était mis à dessiner des robots et des dragons avec une concentration qui forçaient l’admiration.— Tu crois qu’il a du talent ? demanda Deborah en descendant l’escalier, Jonathan sur ses talons.— Sans doute. Mais il a surtout ta têtue attitude, donc il ira loin.— Merci pour le compliment.— Je t’en prie.Théo leva les yeux quand ils entrèrent.— Deb ! Regarde, j’ai fait un dragon qui crache du feu bleu !— Waouh, impressionnant, commenta-t-elle en s’accroupissant près de lui. Tu vas finir par me voler la vedette.— Non, parce que toi, tu fais des trucs bizarres avec des gens tout nus, rétorqua Théo, très sérieux.Jonathan éclata de rire.— Il a raison. Tes nus sont
4 ans déjà ! Quatre ans. Quatre années à compter les jours, les saisons, les disputes et les réconciliations. Quatre ans entre lumière et ombre, entre l’envie de tout quitter et celle de rester, malgré tout. Deborah s’arrêtait parfois, le pinceau en l’air, pour se demander comment elle en était arrivée là. Trois ans et trois quarts de bonheur avec Jonathan – un bonheur qui n’était jamais tout à fait simple, jamais tout à fait acquis.Certains matins, en se réveillant à ses côtés, elle se disait que oui, elle partirait à la fin du contrat. Une colère sourde lui serrait alors la gorge, comme un rappel : elle n’avait pas choisi cette vie, pas vraiment. Elle s’était laissée entraîner, piégée par ses propres doutes, par cette façon qu’avait Jonathan de la regarder comme si elle était la seule femme au monde. D’autres jours, quand il lui apportait un café en riant de ses chaussettes dépareillées ou qu’il l’observait peindre avec une admiration presque enfantine, elle se surprenait à pens
Chapitre — L’ultime affrontementOn sonna à la porte, et Cynthia se dépêcha d’aller ouvrir. Elle attendait les ouvriers depuis le matin, et l’impatience se lisait dans ses gestes rapides. La maison résonnait encore des échos de la veille : les rires étouffés, les chuchotements de Deborah et Jonathan, la tension qui n’avait cessé de s’alourdir depuis des semaines. Cynthia, elle, avait choisi de se lever tôt pour s’occuper des réparations en retard. Elle avait ce don de remplir le silence par l’action, comme pour chasser les fantômes que d’autres préféraient ignorer.Mais quand elle ouvrit la porte, elle se figea net.Ce n’était pas les ouvriers.C’était Léa.D’abord, Cynthia crut à une illusion. Ce visage trop parfait, maquillé sans excès, cette silhouette droite dans un tailleur sombre, ces yeux clairs qui ne clignaient presque pas… Léa semblait sortir d’un autre monde, celui où rien n’était encore terminé, où la blessure restait ouverte.— Toi ? fit Cynthia, surprise, mais déjà sur l
Le jour filtrait doucement à travers les rideaux, déposant sur le parquet des rayons dorés qui se mêlaient aux ombres de la nuit passée. Deborah ouvrit les yeux, encore engourdie, mais chaque muscle de son corps se souvenait.Jonathan dormait à côté d’elle, torse nu, un bras posé lourdement sur sa taille comme pour s’assurer qu’elle ne s’échapperait pas. Sa respiration était lente, profonde. Même dans son sommeil, il avait cette présence qui imposait, qui occupait tout l’espace.Elle bougea légèrement et un frisson lui remonta l’échine : ses cuisses étaient sensibles, sa peau encore marquée par ses mains, sa bouche. Elle se souvenait de tout. Du moment où elle avait lâché "Baise-moi", de son sourire de prédateur, de la façon dont il avait tenu parole, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle perde la notion du temps.Un mélange étrange l’habitait : satisfaction, désir, et cette jalousie sourde qui refusait de se taire. Elle s’était offerte à lui comme jamais… mais Léa restait dans un coi
La serviette tomba au sol.Deborah sentit l’air frais glisser sur sa peau encore humide. Jonathan était là, si proche que sa chaleur effaçait presque la fraîcheur de la pièce. Ses yeux brûlaient, et il y avait dans son regard cette lueur qui mélangeait colère, désir et quelque chose de plus sombre.— Tu crois que je pense encore à elle ? dit-il d’une voix basse.Elle soutint son regard.— Je ne sais pas.Son sourire s’inclina dangereusement.— Alors je vais te le faire comprendre. Je vais te montrer comment je t’aime… toi, Deborah !Ses mains se posèrent sur ses hanches, fermes, possessives. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais il captura ses lèvres sans prévenir. Un baiser dur, presque brutal, qui lui coupa le souffle.Sa langue chercha la sienne, avide, gourmande.Elle tenta de reculer.— Non… souffla-t-elle.Jonathan ne recula pas. Il resserra sa prise et lui donna une claque sèche sur la cuisse nue.Le bruit claqua dans l’air.— Tu dis non… mais ton corps, lui, ne dit pas non
Les jours qui suivirent, c’était comme si la vie leur accordait une trêve. Deborah et Jonathan vivaient comme deux rescapés réfugiés dans la même cabane. Leur maison, encore en bordel, vibrait d’une énergie nouvelle.Ils se réveillaient emmêlés, les draps collés à leur peau, l’odeur de l’autre encore là. Les matins sentaient le café chaud et la sueur séchée. Les soirs, c’était des mains pressées, des rires coupés par des baisers qui dérapaient.Deborah peignait dans le grenier, les cheveux attachés n’importe comment, un t-shirt troué sur les épaules, les doigts tachés de bleu et de rouge. Jonathan passait juste la tête par l’ouverture, un mug fumant entre les mains.— Tu vas repeindre tout le toit, là…Il avait ce sourire en coin qui la faisait encore craquer.— Et toi, tu vas finir par transformer le salon en tribunal.Ils éclataient de rire, se croisaient dans l’escalier, s’embrassaient au milieu des cartons. Leur maison devenait à la fois un chantier et un terrain de jeu.Ils avaie