Le moteur de la Bugatti ronronnait doucement sur la route.Jade était assise à côté de moi, les jambes croisées, le regard tourné vers la ville qui défilait. Mais elle n’était pas silencieuse. Oh non. Elle me testait. Depuis qu’on avait quitté la maison, elle posait question sur question… avec cet air faussement naïf, et cet éclat espiègle dans les yeux qui me rendait fou.— Alors, dit-elle en grignotant un bonbon pioché dans la boîte entre nous, dans le BDSM… les punitions, c’est comment ? Tu utilises un fouet ? Ou c’est plutôt les fessées ? Tu préfères faire mal ou donner du plaisir ? Ou les deux ?… Grayson ?Je serrai la mâchoire. Mes mains se crispèrent sur le volant.Cette fille…Elle savait très bien ce qu’elle faisait. Sa voix était douce, joueuse. Sa cuisse se balançait nonchalamment, et chaque fois qu’elle prononçait le mot soumise, c’était comme si elle plantait un ongle invisible dans ma peau.Je jetai un coup d’œil vers elle. Elle me regardait avec un sourire innocent qui
Je descendais les escaliers avec un nœud dans le ventre.Pas de tailleur aujourd’hui.Pas d’uniforme Blackwell.Juste moi.Un jean taille haute, un chemisier crème noué à la taille et mes baskets blanches que Grayson regarde toujours avec une légère grimace… mais qu’il tolère vaillamment. Je sentais encore le parfum du shampoing dans mes cheveux, et mes joues étaient un peu trop roses pour que ce soit seulement à cause du soleil matinal.J’allais prendre le petit déjeuner avec lui.Je m’attendais à une table froide, à un majordome coincé et à du café trop amer.Mais non.Grayson était là. Déjà assis.Et il m’attendait.Il leva les yeux de son téléphone quand j'entrai, et un sourire — un vrai, un discret, un de ceux qu’il cache comme un secret d’État — effleura ses lèvres.— Bonjour, murmura-t-il, d’une voix grave, un peu enrouée.Je crois que je bredouillai quelque chose. Un "salut" mal articulé, étouffé par le bruit de mon cœur qui cognait plus fort qu’un marteau-piqueur.La table ét
JadeJe m’étais regardée dans le miroir au moins huit fois. Peut-être neuf. Ou douze. J’avais perdu le compte après avoir changé trois fois de rouge à lèvres. J’étais censée dîner avec Grayson Blackwell. Mon MARI. L’homme glacial, dominant, mystérieux. Et… potentiellement un espèce de dominant sexuel qui voulait m’enchaîner via un contrat de soumission.J’étais complètement paniquée à l’idée de le revoir en tête à tête. Mon cœur jouait du tambourin dans ma poitrine comme si j’allais passer un casting pour le prochain James Bond.Quand Hattie m’a menée jusqu’au jardin privé, j’ai bien cru que je venais de tomber dans un film de princesse. Pas une princesse Disney, hein. Une princesse Blackwell : avec bougies suspendues, guirlandes de fleurs, violoniste caché derrière un buisson et table dressée comme dans un restaurant cinq étoiles.Grayson était déjà là. Costume noir impeccable. Regard brûlant. Et surtout… il souriait. Un tout petit sourire, à peine là. Mais suffisant pour me faire ou
Je suis restée plantée là, devant l’écran du Zenbook, les doigts figés sur le clavier comme si j’avais ouvert la boîte de Pandore.Je relisais encore cette fichue définition."Dans une relation D/s (Dominant/soumise), la soumission est un acte volontaire. Le pouvoir est donné, jamais pris. Une soumise offre sa confiance, ses limites, son corps, et parfois son cœur. Et le dominant… lui appartient."Un frisson m’a parcourue. Littéralement.C’est une blague, hein ? Une caméra cachée ? C’est quoi ce délire encore ? Il veut que je sois quoi ? Sa soumise ?! Genre… littéralement ?!J’ai cliqué sur un lien. Puis un autre. Et encore un. Les sites s’ouvraient en cascade, les mots me sautaient aux yeux : consentement, domination, confiance absolue, rituels, reddition volontaire. Et moi, j’étais là, comme une idiote, les joues en feu, le cœur battant à m’en fendre la poitrine.Et c’est là que ça a vrillé.J’ai lancé une vidéo. Un couple, banal en apparence. Pas des fous furieux. Juste… humains. I
Grayson ne tenta pas de rattraper Jade cette fois.Au lieu de cela, il sortit son téléphone et murmura à son chauffeur, d'une voix sourde :— Ramène-la à la maison.Dans la voiture, Jade garda les yeux rivés au dehors, les bras croisés contre elle-même. Pas une larme ne coula. Pas un mot. Elle était vidée.Quand elle arriva à la résidence, Hattie l’attendait déjà à la porte. Elle comprit immédiatement l’état de Jade. Elle n’avait pas besoin d’explication.— Viens, ma chérie. Viens dans mes bras.Jade s’effondra contre elle. Elle se laissa porter, comme un enfant.Elles s’installèrent dans le salon, près de la cheminée. Le feu n’était pas allumé, mais l’ambiance était douce, presque maternelle.— Hattie… souffla Jade. Je crois… que je suis tombée amoureuse de lui.Hattie l’enlaça un peu plus fort, silencieuse.— Et lui… il ne sait pas aimer. Il m’a dit qu’il ne pouvait aimer qu’à travers un contrat. Qu’il fallait que je devienne sa soumise pour qu’il m’appartienne, corps et âme. Tu te
Jade sortit du bureau comme une tempête. Elle ne courait pas. Elle fuyait. Son dos droit, son pas pressé, et ses bras croisés sur sa poitrine masquaient à peine le tremblement de ses épaules.Grayson n’avait pas bougé tout de suite. Une seconde encore, il observa la porte battante. Puis il tourna lentement la tête vers Annelise.Son regard était glacial, tranchant comme une lame de verre.— Tu cherches les problèmes, Kesington, gronda-t-il.Il ne lui laissa pas le temps de répliquer. Il quitta son bureau à grandes enjambées, traversa l’open-space sous les regards curieux de ses employés, tous bien trop choqués pour oser un mot.L’ascenseur s’apprêtait à se refermer. Il la vit juste à temps.— Jade !Grayson rattrapa Jade juste avant que les portes de l’ascenseur ne se referment. Sa main tendue attrapa la paroi métallique, forçant le mécanisme à s’interrompre. Il entra en silence et appuya sur le bouton de blocage, coupant toute issue. La cabine vibra légèrement puis s’immobilisa.— Jad
La journée avait été longue. Trop longue.Jade, affalée sur sa chaise en cuir, était à deux doigts de sortir son téléphone pour faire défiler des vidéos de chiots qui tombent dans des piscines. Elle baillait à s’en décrocher la mâchoire tandis que les cadres en costume débattaient de « performance trimestrielle », « KPI » et autres acronymes barbares.Grayson, droit comme un piquet, écoutait, impassible. De temps en temps, son regard glissait vers Jade. Chaque fois, il la voyait lutter comme une héroïne silencieuse contre l’ennui absolu. Mais il ne flanchait pas. Il voulait la garder là. Sous contrôle. Même si ça voulait dire la faire mourir à petit feu d’ennui.Puis…La double porte du hall exécutif s’ouvrit.Annelise Kesington entra comme une actrice montant sur scène : talons claquant, brushing aérien, dossier en main et sourire carnassier.— Grayson, lança-t-elle avec un air de conquérante. J’ai eu la confirmation de papa ce matin. Je suis ici pour intégrer officiellement le comit
Le week-end passa dans un silence assourdissant.Pas un mot. Pas un regard.Grayson errait dans l’aile droite de la résidence, enfermé dans son mutisme glacé, absorbé par des appels cryptés et des réunions à distance. Jade, elle, restait enfermée dans sa chambre, l’estomac noué, oscillant entre rancune, colère et tristesse.Les rares fois où ils se croisèrent dans les couloirs, leurs yeux s’effleuraient… et se fuyaient aussitôt. Même Hattie, d’habitude bavarde et maternelle, n’osait plus parler fort. L’ambiance était aussi lourde que du plomb.Puis, vint le lundi matin.Le soleil était à peine levé quand un petit toc discret résonna à la porte de Jade.Elle ouvrit. Hattie se tenait là, les mains croisées devant elle, l’air navré.— Ma chérie… il faut que tu te prépares.— Pourquoi ? demanda Jade, encore ensommeillée.— Grayson m’a demandé de te prévenir. Vous partez ensemble dans une heure pour les bureaux du Groupe Blackwell.Jade cligna des yeux, abasourdie.— Attends… il était séri
Grayson sortit de la salle de conférence, les mâchoires serrées. Les mots de Richard Kesington résonnaient encore dans sa tête, mais il refusait de leur accorder une seconde de plus. Il devait garder l’esprit clair. Il avait signé le pacte avec le diable, maintenant il allait le faire exploser de l’intérieur, point.Mais en atteignant le couloir de marbre, son téléphone vibra. Il consulta l’écran : un message sans expéditeur identifié, juste un fichier vidéo joint.Il ouvrit.Et son monde s’embrasa.Sur l’écran, Mike. Le fichu garagiste.Dans son garage crasseux, celui-là même que Grayson méprisait.Il tenait Jade dans ses bras.Longuement.Elle ne résistait pas. Elle avait l’air brisée, vulnérable… et elle acceptait cette étreinte.La mâchoire de Grayson se crispa au point de craquer. Son souffle se fit plus rauque. Le sang cognait à ses tempes. Il referma violemment l’écran.Il composa le numéro de Knox.— Tu peux m’expliquer CE BORDEL ?! hurla-t-il dès que la ligne décrocha. — Tu m