Chapitre 5

Chapitre 5

Il lui tendit une feuille, froide, impersonnelle, couverte de mots alignés avec une rigueur presque militaire. Une liste de règles. Des limites. Des directives. Elle la prit sans un mot, mais son silence n’était pas de la soumission. C’était une rébellion muette, un défi lancé dans l’ombre.

— Ce n’est pas négociable, dit Alexander, son regard fixé sur elle comme s’il attendait qu’elle explose.

Elle parcourut les lignes. Pas de sorties sans autorisation. Pas de questions sur ses affaires personnelles. Être disponible pour tout événement ou rencontre nécessitant sa présence. La dernière règle la fit lever les yeux : respecter les apparences en public.

— Vous plaisantez ? lança-t-elle, jetant la feuille sur la table.

— Je suis très sérieux, Lana.

— Vous voulez que je joue à la parfaite petite fiancée devant vos associés ?

— Exactement.

Le ton n’invitait aucune négociation. Elle croisa les bras, le fixant avec une colère froide.

— Vous savez que c’est ridicule, n’est-ce pas ?

— Peut-être. Mais c’est nécessaire.

Elle haussa les épaules, prête à riposter, mais il la coupa.

— Vous m’avez proposé un arrangement, Lana. Et comme dans tout contrat, il y a des conditions. Celles-ci sont les miennes.

Elle détourna le regard, mâchoire serrée.

— Très bien, mais je ne vais pas prétendre aimer ça.

— Ce n’est pas ce que je vous demande.

Son calme, son détachement, tout en lui la rendait folle. Elle avait l’impression de se heurter à un mur chaque fois qu’elle tentait de le provoquer.

Les jours qui suivirent furent une danse étrange entre l’obéissance et la résistance. Lana respectait les règles, mais jamais sans faire sentir à Alexander qu’elle le faisait à contrecœur.

La tension entre eux devint palpable. Chaque conversation était un champ de mines, chaque regard échangé une étincelle prête à enflammer tout ce qu’il y avait autour.

Un soir, il lui annonça qu’ils assisteraient ensemble à un gala.

— Je n’ai rien à me mettre, répliqua-t-elle, croyant pouvoir éviter cette soirée.

— Ça a été pris en charge, répondit-il simplement.

Elle aurait dû s’y attendre. Une robe l’attendait dans sa chambre, élégante, audacieuse, presque provocante. Elle la fixa longtemps avant de se décider à l’enfiler.

Quand elle descendit, Alexander l’attendait au pied de l’escalier. Son regard glissa sur elle, lentement, sans dissimuler ce qu’il pensait.

— Vous êtes parfaite, dit-il d’un ton neutre, mais ses yeux disaient autre chose.

Elle ne répondit pas, préférant ignorer la chaleur qui monta en elle sous son regard.

La soirée fut une épreuve. Les flashs des caméras, les murmures des invités, les questions déguisées sous des compliments. Tout cela la mettait mal à l’aise, mais elle joua son rôle.

— Souriez, murmura-t-il à son oreille alors qu’ils traversaient la foule.

Elle lui lança un regard noir mais obéit.

Les heures passèrent, chaque minute semblant étirer son malaise. Alexander, lui, naviguait parmi les invités avec une aisance déconcertante, son bras posé légèrement sur sa taille.

— Qui est-elle ? demanda une voix derrière eux.

Lana se retourna pour croiser le regard perçant d’une femme élégante, tout en sourires froids et en regards acérés.

— Ma fiancée, répondit Alexander avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.

Le mot résonna en elle comme un coup. Elle savait que c’était un mensonge, un rôle à jouer, mais l’entendre la troubla plus qu’elle ne l’aurait voulu.

La femme s’éloigna, mais Lana sentit son regard sur eux tout le reste de la soirée.

— Qui était-ce ? murmura-t-elle à Alexander une fois qu’ils furent seuls.

— Une ancienne collaboratrice.

Elle fronça les sourcils.

— Et pourquoi avait-elle l’air de vouloir me tuer ?

— Parce que vous êtes ici.

Il ne donna pas plus d’explications, et elle n’insista pas, bien qu’elle sente que tout cela était bien plus compliqué qu’il ne le laissait entendre.

Quand ils rentrèrent enfin, elle se débarrassa de ses chaussures et s’effondra sur le canapé du salon.

— C’était un cauchemar, lâcha-t-elle, les yeux fermés.

— Vous vous en êtes bien sortie.

— Vous pensez que je vais supporter ça longtemps ?

— Vous l’avez déjà fait ce soir, répondit-il, un sourire imperceptible sur les lèvres.

Elle ouvrit les yeux pour le fixer.

— Pourquoi moi, Alexander ?

Il s’arrêta, comme pris au dépourvu.

— Parce que vous êtes différente.

— Ça, vous l’avez déjà dit. Mais je veux savoir pourquoi vraiment.

Il la regarda un moment, comme s’il pesait le pour et le contre.

— Parce que vous avez quelque chose que personne d’autre n’a.

— Et c’est quoi ?

Il ne répondit pas. Il se contenta de tourner les talons, la laissant seule avec ses questions et cette étrange sensation qu’elle n’était qu’au début de quelque chose qu’elle ne comprenait pas encore.