point de vue de Soraya Je restais tapie près de la fenêtre, mon souffle suspendu, les doigts crispés sur le rebord de pierre. Les rideaux lourds masquaient presque tout, mais une petite ouverture me permettait d’entendre ce qui se passait dans la grande salle de réunion. Je n’aurais pas dû être là, je le savais. Les adultes avaient été clairs : ce genre de discussions n’était pas pour les enfants. Pourtant, mes oreilles se dressaient au moindre mot, avides de comprendre. Les voix étaient basses, étouffées, comme si elles craignaient d’être entendues. Je ne distinguais pas tout, seulement des bribes. … sacrifice… frontière… courage… Et puis, ce nom, qui me fit l’effet d’un éclair en plein cœur : Rayan. Je reculai, ma poitrine se serrant si fort que j’eus du mal à respirer. C’était lui. Papa. Ils parlaient de lui. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi avec cette gravité ? Mon père… que je n’avais jamais connu autrement que par les récits épars de maman. Je restai encore quelques seco
point de vue d’alex Le vent du nord s’était levé, froid et chargé d’humidité, quand Tharek accompagna l’elfe de sang vers la lisière des bois. Le prisonnier marchait la tête basse, les poignets toujours liés, mais je pouvais sentir son regard se poser parfois sur moi, un mélange de défi et d’ironie dans ses yeux. Je me tenais en retrait, les bras croisés, le regard fixé sur leur départ. — Rappelle-toi, soufflai-je à Tharek par lien mental, tu ne quittes pas ses pas, pas une seule seconde. Vérifie ses dires. Si un seul mot sonne faux, tu me le rapportes immédiatement. — Comptez sur moi, Alpha, répondit-il sans hésiter. Quand ils disparurent au détour du chemin, je sentis un poids se déposer dans ma poitrine. Ce n’était pas seulement la méfiance envers l’elfe. C’était ce qu’il avait dit. Ce qu’il avait osé insinuer. Un lycan blanc… avec mon odeur. Je serrai les poings si fort que mes jointures blanchirent. Derrière moi, Ragnar, Negan et Cael s’étaient approchés. Aucun d’eux ne p
point de vue d’alex La pièce était lourde de tension. Les torches fixées aux murs diffusaient une lumière vacillante sur les visages graves de mes frères d’armes. L’odeur de sang et de plantes médicinales emplissait l’infirmerie, piquant les narines et serrant la gorge. Sur la couche de pierre, recouverte de draps blancs, l’elfe de sang blessé nous observait avec une lueur de défi. Son torse portait encore les bandages que mes guérisseurs lui avaient posés, mais cela ne l’empêchait pas de bomber le menton avec arrogance. Je me plaçai face à lui, les bras croisés. — Tu es sur mes terres, elfe. Tu saignes dans mes murs. Alors parle. Pourquoi franchir la frontière interdite ? Un sourire en coin déforma ses lèvres. — Pourquoi ? Peut-être pour chasser. Peut-être pour observer. Peut-être parce que vos loups nous provoquent depuis longtemps. Cael, à ma droite, laissa échapper un grondement sourd, prêt à bondir. Je levai une main pour l’apaiser, sans quitter l’elfe des yeux. — Ne me f
point de vue d’alex Le lendemain de la fête, le village baignait dans une lumière douce, presque dorée. L’air était encore chargé des effluves de braises et de fleurs fanées, souvenirs des réjouissances nocturnes. Les enfants couraient dans les allées, poursuivant des poules récalcitrantes, tandis que les adultes émergeaient lentement, le sourire encore accroché aux lèvres. Assis autour d’une grande table improvisée, je retrouvai Ragnar, Negan et Cael. Les tasses de café fumaient encore, et les plaisanteries fusaient. — Alors, qui s’est endormi le premier hier soir ? lança Ragnar, un large sourire aux lèvres. — Toi, vieux loup, répondit Negan en éclatant de rire. J’ai vu ta Luna te tirer par l’oreille pour t’empêcher de ronfler au milieu des tambours. Ragnar gronda pour la forme, mais ses yeux pétillaient de malice. — Et toi, Alex, dit Cael avec un air faussement sérieux, tu as failli lever ta corne une troisième fois. On aurait dit que tu voulais noyer tout le monde sous tes di
point de vue d’alex La nuit avait enveloppé le village d’un manteau rougeoyant. La Lune Pourpre trônait au-dessus de nous, éclatante, et ses lueurs se mêlaient à celles des torches et des feux de joie. La musique résonnait, tambours et flûtes accompagnant les rires, et la fête battait son plein. Je me tenais parmi les Alphas, entouré de Ragnar, Negan et Daryl. Nos voix graves et nos éclats de rire dominaient un instant le vacarme de la fête. — Je n’ai pas vu une fête aussi vivante depuis des années ! lança Ragnar, une corne de bière à la main, son large sourire éclairant son visage. — On dirait presque que la guerre n’a jamais existé, ajouta Negan en hochant la tête. — C’est bien le but, répondis-je. Que nos enfants grandissent dans la paix, pas dans le sang. — En parlant d’enfants, ricana Daryl, fais gaffe Alex… Negan va encore leur apprendre des bêtises. Nous nous retournâmes. Plus loin, Negan s’était amusé à courir après Mason, le fils de Ragnar, ainsi que Jax et Soraya, qui
Point de vue : Alex Le village était en effervescence. Les guirlandes d’éclats violets et rouges flottaient au vent, les torches illuminaient la place centrale, et l’odeur des plats traditionnels embaumait l’air. Pour une fois, aucun hurlement, aucun sang à nettoyer : juste la vie, la fête et la promesse de paix. — Alpha ! lança Cael en déboulant sur la place, les bras chargés de tonneaux. — Tu comptes faire boire toute la meute à toi seul ? lui lançai-je en riant. — Pas du tout ! répondit-il, le sourire malicieux. Juste m’assurer que la fête soit mémorable… et peut-être trouver ma compagne ce soir ! Je secouai la tête, amusé, tandis que Maëva posait sa main sur la mienne. Ce simple contact me rappelait que, malgré tout, nous avions construit notre propre équilibre, notre propre famille. Les enfants couraient partout. Jax, notre fils de huit ans, riait aux éclats avec les autres enfants de la meute. Soraya, la fille de Lina et Rayan, essayait de les rattraper, ses cheveux flott