Savannah
Je me tenais là, figée dans l’immensité de ce qui m’entourait, mes pensées flottant dans un brouillard épais. Lysander, Darius, Orion... Ces trois hommes, ces créatures imposantes et mystérieuses, me regardaient avec des yeux emplis de certitudes. Comme si tout cela avait toujours été prévu, comme si mes peurs, mes doutes, n’étaient que des illusions.
Je n’avais pas de réponses. Pas de réponses claires, en tout cas. Une part de moi voulait courir, disparaître dans l’obscurité de la nuit, loin de cet endroit où des secrets anciens semblaient se cacher derrière chaque mot prononcé. Mais une autre part, plus profonde, plus instinctive, me retenait là, comme une ancre, me maintenant immobile au milieu de la tempête de confusion qui dévastait mes pensées.
Lysander s’approcha encore un peu plus, son regard fixé sur moi, une intensité étrange dans ses yeux.
"Tu ne dois pas avoir peur," murmura-t-il, sa voix douce mais ferme. "Tu as toujours été ce que tu es, Savannah. Il est temps que tu acceptes enfin qui tu es."
Ses mots me frappèrent comme une vague, me submergeant de sensations contradictoires. Accepter ce que j’étais... Mais que fallait-il accepter exactement ? Qui étais-je réellement ?
Avant que je puisse répondre ou même exprimer une pensée cohérente, Darius, le second des triplés, s’avança. Il était plus silencieux, plus réservé que Lysander, mais ses yeux, eux aussi, brillaient d’une étrange certitude. Il s’arrêta juste devant moi, et un frisson me parcourut l’échine à la simple proximité de sa présence.
"Tu ne peux pas fuir ton destin, Savannah," dit-il calmement. "Tu n'es pas seule dans cette bataille. Tu as des alliés, et tu as surtout une famille."
Je déglutis, mes lèvres serrées. Une famille ? Etait-ce possible ? Une famille ? Ces trois créatures puissantes pouvaient-elles vraiment prétendre à cela ? Mon esprit résistait encore à cette idée. Comment pouvaient-ils voir en moi une famille, alors que j’étais simplement une jeune femme brisée, traînant ses cicatrices du passé, son cœur en lambeaux ?
Orion, le plus jeune des triplés, posa alors une main douce sur mon épaule, interrompant mes pensées. Il n’avait pas dit un mot depuis que j’étais arrivée, mais ses yeux exprimaient une compréhension que je n’arrivais pas à saisir.
"Nous sentons ton odeur, Savannah," dit-il, sa voix profonde mais remplie de douceur. "Et au-delà de ton odeur, nous sentons ton âme. Elle nous appelle. Elle nous reconnaît, tout comme nous te reconnaissons."
C’était un concept étrange, une idée presque irréelle. Leur "âme sœur" ? Mais, comment cela pouvait-il être possible ? Je n’étais qu’une fille abandonnée par la vie, sans repères ni soutien. Comment ces trois créatures puissantes pouvaient-elles se sentir liées à moi de cette façon ?
Un silence lourd s’installa. Le vent, qui soufflait plus fort maintenant, semblait porter avec lui des murmures lointains, des promesses d’avenir, mais aussi des menaces cachées.
"Tu as des pouvoirs, Savannah," reprit Lysander après un moment, son regard sombre et sérieux. "Des pouvoirs que tu n’as jamais compris. Mais ce n'est pas juste un accident. C’est ton héritage. Ton pouvoir est immense, et nous devons t’aider à l’accepter. À le maîtriser."
Je fermai les yeux, tentant de repousser la panique qui montait en moi. Je voulais leur faire confiance. Une partie de moi en avait désespérément besoin. Mais la peur de l’inconnu me bloquait, m'empêchait de franchir ce pas décisif. Comment leur faire confiance après tout ce que j’avais vécu ? Après toutes les souffrances que j’avais endurées seule ?
Soudain, une pensée s’imposa à moi, brutale, sans préavis.
"Pourquoi vous m’aidez ? Pourquoi moi ? Qu’est-ce que vous voulez réellement de moi ?"
La question était lancée, plus dure que je ne l’avais voulu, mais je ne pouvais plus la retenir.
Lysander, Darius, et Orion échangèrent un regard silencieux, comme s’ils communiquaient sans mots. Puis, Lysander s’avança lentement, se mettant juste à ma hauteur. Il sembla hésiter un instant, puis, d’une voix douce, il répondit :
"Nous ne cherchons rien de toi, Savannah. Pas ce que tu imagines. Nous t’avons reconnue, oui, mais ce n’est pas pour exploiter tes pouvoirs. C’est pour te protéger. Et pour t’aider à comprendre qui tu es."
Une boule se forma dans ma gorge. Je le voulais. Je voulais comprendre. Mais j’avais peur. Peur de me découvrir, peur de ce que j’allais découvrir.
Darius s’approcha alors, son regard intense fixé sur moi. Il n’avait toujours pas parlé beaucoup, mais sa présence était indéniablement puissante, presque magnétique.
"Tu es un dragon et un loup, Savannah," dit-il, sa voix profonde résonnant en moi. "Tu es l’équilibre entre deux mondes. Et tu as plus de pouvoir que tu ne le crois. Mais il est temps que tu apprennes à contrôler cette force, à comprendre ce que cela signifie pour toi."
Les mots frappèrent comme un éclair, et tout en moi semblait vaciller. Un dragon. Un loup. Moi. Ces créatures mythologiques, ces êtres puissants. C’était impossible. Et pourtant, quelque chose en moi réagissait. Mon cœur battait plus vite, mon esprit se remplissait de visions confuses mais étrangement familières.
"Qu’est-ce que vous attendez de moi ?" demandai-je d’une voix brisée, sentant une larme perler à mes yeux. "Pourquoi ce lien ? Pourquoi maintenant ?"
Orion se pencha légèrement, ses yeux brillants d’une lumière étrange. "Nous sommes liés à toi par cette force, Savannah. Une force ancienne. Une destinée que tu ne peux ignorer. Ensemble, nous devons protéger ton héritage. Et ensemble, nous devons faire face aux ennemis qui viendront."
Je fermai les yeux, essayant de digérer ce qu’il venait de dire. Leur douceur et leur force me touchaient plus profondément que je ne voulais l’admettre. Et pourtant, malgré toute ma méfiance, je sentais qu’une partie de moi était déjà prête à accepter cette réalité.
Je n’étais pas seule.
Je n’étais pas simplement cette fille fragile, brisée et rejetée.
Je faisais partie de quelque chose de plus grand. Et c’était maintenant à moi de l’accepter.
Les triplés étaient là pour me guider. Et bien que je sois effrayée, une voix dans mon cœur me disait que tout cela faisait partie d’un chemin que je devais suivre.
Je pris une profonde inspiration, les yeux toujours fermés. Le vent soufflait fort autour de moi, emportant avec lui mes doutes et mes peurs. Et dans le silence qui suivit, je pris enfin la décision de les écouter. De les suivre.
Le temps était venu.
SavannahLes portes s’ouvrent dans un grincement silencieux, interrompant le calme qui s’est installé entre Kylan et moi. Lysander et Orion entrent, leurs silhouettes imposantes occupant immédiatement l’espace. Leurs regards se croisent brièvement, mais je sens qu’ils ne sont pas là pour perdre du temps.Lysander est le premier à franchir le seuil, son regard glacé balayant la pièce, avant de se poser sur moi. Il est impassible, ses traits figés dans une expression que je peine à déchiffrer. Il n’a pas besoin de mots pour marquer son entrée, sa simple présence suffit. À côté de lui, Orion entre, son sourire en coin qui semble dissimuler plus qu’il ne révèle. Mais je vois au fond de ses yeux un mélange d’ironie et de curiosité. Ils sont là, réunis.Et je comprends que ce n’est pas seulement pour me retrouver, moi, mais aussi pour retrouver cette unité qui a toujours été au centre de leur existence, même si, jusqu’à maintenant, elle était éclatée, fracturée. Ce n’est pas simplement un j
SavannahJe ne sais pas ce qui m’a poussée à avancer. Peut-être que c'était l’intensité de son regard, ou peut-être que c’était la douleur d’avoir attendu si longtemps pour enfin me rendre compte que la cage dans laquelle je m’étais enfermée n’était pas un refuge, mais une prison. Une prison que j'avais construite de mes propres mains, avec des chaînes invisibles mais solides, me liant à une version de moi-même que je n'avais jamais vraiment choisie.Je fais un pas, puis un autre. Et je sens le sol sous mes pieds se dérober un peu, comme si, à chaque mouvement, je m'éloignais davantage de tout ce que je connaissais. La sensation est grisante, mais aussi terrifiante. Chaque fibre de mon être hurle de reculer, de retourner à la sécurité que j'avais si longtemps cherchée. Mais quelque chose en moi, quelque chose de plus fort, m'empêche de revenir en arrière.Kylan reste immobile, observant chaque mouvement, chaque respiration que je prends. Il attend. Il ne parle pas, mais son silence es
SavannahLes mots résonnent en moi, lourds comme des chaînes que je n'avais jamais vues. Kylan ne fait pas de mouvement, mais ses yeux me traversent. Chaque parcelle de mon corps se tend sous son regard, chaque fibre de mon être se réveille, déchirée entre la peur et une curiosité insatiable, un désir brûlant de connaître la vérité, mais aussi de comprendre ce que je suis devenue.Je ne peux plus ignorer ce qu’il me dit. La cage dorée dans laquelle je m'étais enfermée, pensant que tout allait bien, qu'elle me protégeait, que je pouvais y trouver mon propre pouvoir, se fissure lentement. Kylan, avec sa présence imposante, sa voix mielleuse et en même temps implacable, me force à regarder la vérité en face. Cette vérité que j’ai toujours évitée.— Tu veux que je sois comme toi, n'est-ce pas ? Je brise le silence, mes mots mordants. Comme un prédateur, comme un homme qui domine tout. Tu veux me faire entrer dans ton monde, où la force est tout ce qui compte, où chaque geste est calculé,
SavannahL’atmosphère dans la pièce est tendue, une énergie palpable flotte dans l’air. Mes pensées s’enchevêtrent comme des fils de soie, fragiles et prêts à se rompre à la moindre pression. Kylan me regarde, un demi-sourire au coin des lèvres, mais ses yeux, eux, ne mentent jamais. Il attend, toujours, comme une bête prête à bondir.Je sens cette réalité m’envahir, me saisir, comme un étau qui se resserre autour de moi. Tout ce que j’ai connu jusque-là, tout ce qui m’a définie, semble s’effacer lentement. Cette sensation d’impuissance, de contrôle perdu, me ronge. Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable. Et en même temps, j’ai cette étrange impression que, pour la première fois, je suis en train de devenir moi-même.— Tu n’as jamais voulu savoir ce que c’était que d’être libre, Savannah ? me lance-t-il, sa voix basse mais percutante, comme une brise chaude qui fait frémir la peau. Il fait un pas vers moi, chaque mouvement aussi mesuré qu’un calcul.Je suis tentée de reculer, de
SavannahJe ferme les yeux. Je veux crier. Je veux tout effacer. Mais au fond de moi, je sais que ce cri serait vain. Parce que, au fond, je l’ai toujours su.Je me lève brusquement, mon cœur battant la chamade, mon souffle saccadé. L’air semble plus lourd, plus dense, et tout ce qui m’entoure se met à tourner en un vertige insupportable. Les mots de Kylan résonnent en moi comme un écho sinistre, se frayant un chemin jusque dans chaque recoin de mon esprit. C’est trop. Trop de choses que je ne comprends pas, trop de choix qui s’imposent à moi, trop de vérités inavouées qui menacent de me submerger.Kylan me fixe toujours, silencieux, observant chaque mouvement que je fais. Sa présence est à la fois rassurante et terrifiante, un paradoxe vivant que je ne parviens pas à démêler. Il s’approche, mais je recule instinctivement. Je veux fuir, me cacher, m’échapper de cette situation, de cette relation, de ce monde qui m’entoure. Mais il n’y a plus d’échappatoire.Je suis piégée.— Pourquoi
Savannah Le regard de Kylan, si lourd de significations non dites, reste ancré dans mon esprit, et je suis incapable de le chasser. Il a raison, je le sais. Il n’y a pas de place pour l’hésitation, pour l’incertitude. Mais est-ce que j’ai vraiment le choix ?Je me suis levée brusquement, m’éloignant de lui comme pour fuir cette prise invisible qu’il exerce sur moi. Mais plus je m’éloigne, plus je me sens piégée, comme un animal traqué qui court en cercle sans fin. La vérité qui m’a frappée de plein fouet, avec une violence silencieuse, est bien plus cruelle que tout ce que j’aurais pu imaginer.Je n’ai pas le temps de fuir.Le monde autour de moi est bien plus vaste et bien plus dangereux que ce que j’ai cru comprendre jusqu’à présent. Je suis dans un jeu dont les règles m’échappent, et chaque mouvement que je fais semble m’enfoncer un peu plus dans la toile. Le murmure du vent à l’extérieur, la lumière pâle qui se glisse à travers les rideaux, tout cela semble d’un calme trompeur, c