All Chapters of Le hasard du destin: Chapter 11 - Chapter 20

Les jours passaient, mais le trouble restait. Depuis ce moment figé dans le temps, dans le bureau de la succursale, Cyra faisait tout pour l’éviter. Mais la ville semblait s’être rétrécie. Comme si, par une force étrange, les pas de Raphaël croisaient toujours les siens.Elle avait pris l’habitude de sortir plus tôt du travail, de modifier ses trajets, de ne jamais fréquenter deux fois de suite les mêmes lieux. Pourtant, malgré tous ses efforts, il était là. Toujours au bon moment, au bon endroit. Jamais trop près. Mais jamais trop loin non plus.Le premier vrai échange eut lieu un matin, alors qu’elle sortait d’un café, les bras chargés de croissants pour l’équipe de la boutique. Elle ne l’avait pas vu arriver. Il n’y avait eu qu’un frôlement, à peine perceptible, puis sa voix grave, derrière elle.— Tu ne changes pas, Cyra. Toujours à penser aux autres avant toi.Elle s’était figée. Le sac de viennoiseries avait failli lui glisser des mains. Elle n’avait pas osé se retourner, mais e

Le café avait laissé dans sa bouche un goût amer. Pas à cause du breuvage en lui-même, non. Mais à cause des vérités qu’il venait d’entendre. Raphaël n’avait pas prononcé un mot depuis que Cyra lui avait tout avoué. Il s’était contenté de l’écouter, les mains croisées sur la table, les yeux dans les siens. Son cœur avait battu plus fort qu’il ne l’avait cru possible.Et maintenant, il était seul dans sa voiture, garée devant la grande grille de la demeure familiale. L’écho de ses pensées résonnait plus fort que le cliquetis du moteur qui se refroidissait. Iris. Elle s’appelait Iris. Sa fille. C’était une certitude. Il l’avait su au moment même où il avait posé les yeux sur elle. Cette façon qu’elle avait eu de croiser les bras quand elle était fâchée, ce regard vif, cette façon de marcher tête haute, comme pour défier le monde entier. Elle était sa fille. Sa chair. Son sang.Il inspira profondément, sortit de la voiture et referma la portière avec douceur, comme si un bruit trop fort

Les jours qui suivirent la reconnaissance d’Iris furent doux, presque irréels. Cyra, Raphaël et leur fille se retrouvaient enfin, comme une famille à reconstruire. L’émotion restait palpable dans chaque regard, chaque geste, chaque mot encore maladroit, mais chargé de tendresse.Et pourtant, dans l’ombre, le poison commençait à se répandre.Élise n’avait rien laissé paraître lorsqu’elle avait compris ce qui se tramait. Le visage figé, les lèvres crispées dans un faux sourire lorsqu’elle avait vu une photographie discrètement glissée sur le bureau de Raphaël : celle de Cyra, tenant Iris dans ses bras, devant un champ de fleurs.Son regard s’était assombri, mais elle avait continué à jouer son rôle à la perfection.La fiancée officielle.La compagne idéale aux yeux du monde.Mais en coulisses, elle avait entamé un tout autre jeu.D’abord, elle glissa dans les couloirs du siège central quelques rumeurs légères : que la nouvelle PDG de la branche fleurissante du groupe n’avait aucune légi

Le soleil du matin filtrait doucement à travers les grandes baies vitrées de la maison familiale des Delacroix. Le parfum du thé à la verveine flottait dans l’air, se mêlant à celui des croissants tout juste sortis du four, posés avec soin sur la table du salon. Iris, assise au sol, jouait avec un petit puzzle en bois, tout en gardant un œil discret sur les adultes qui l’entouraient.Cyra était là, légèrement intimidée malgré tout, mais son cœur apaisé par la bienveillance ambiante. Raphaël, assis non loin d’elle, l’observait avec tendresse, et elle sentit sa main chercher la sienne sous la table.Face à eux, la mère de Raphaël — Éliane — tenait entre ses mains le journal du jour. Et à ses côtés, assise plus droite encore que d’habitude, la grand-mère — Madame Joséphine Delacroix — lisait, lunettes au bout du nez, les lignes imprimées avec attention.— “Une femme de courage, une voix d’inspiration.” lut Éliane à voix haute, avant de baisser doucement le journal. Ils ont vraiment titré

La matinée s’annonçait pourtant calme. Cyra, assise dans le grand salon baigné de lumière de la villa Delacroix, terminait son café pendant qu’Iris dessinait paisiblement sur la table basse. Depuis le gala, les jours s’étaient écoulés avec une douceur presque irréelle. L’élocution de Cyra avait été saluée par les médias, les réseaux sociaux et l’opinion publique. Elle était devenue, en quelques jours, un symbole d’inspiration. Une femme partie de rien, debout sur ses propres jambes, désormais à la tête d’un empire aux côtés de l’homme qu’elle aimait.Mais le calme ne dure jamais longtemps quand l’ombre veille.Tout bascula à dix heures précises.Le téléphone de Cyra vibra. Une notification. Un message d’alerte provenant du service juridique de l’entreprise. Elle fronça les sourcils.“Madame Delacroix, un article vient de paraître sur le site de La Tribune. Nous préparons une réponse juridique, mais il s’agit d’un contenu particulièrement diffamatoire. Le lien est ci-joint.”Cyra ouvri