Lahat ng Kabanata ng SOUVIENS-TOI DE MOI NUE : Kabanata 231 - Kabanata 240

LYRALa matinée s’effiloche dans une lumière douce, un peu laiteuse.Chaque son dans la maison semble dilaté, comme si l’air lui-même hésitait à bouger.Mon père part le premier, ponctuel comme toujours.J’entends le froissement de sa veste, le claquement bref de la porte, puis le grondement lointain de la voiture qui s’éloigne dans l’allée.Lucas, encore mal réveillé, descend les escaliers en courant, un toast entre les dents, les cheveux en désordre.Il rit, crie quelque chose à Tania qui rit aussi, puis disparaît à son tour.Et alors, le silence retombe.Dense.Feutré.Presque liquide.Alex se prépare à partir.Je le regarde enfiler sa veste, ajuster sa montre, passer une main dans ses cheveux comme il le fait toujours quand il est nerveux.Il s’avance, son regard cherche le mien.Il a ce mélange d’attention et d’inquiétude qu’il porte depuis des semaines, comme une seconde peau.— Tu es sûre que ça ira ? me demande-t-il.— Oui, tout ira bien.Je souris.Je sais comment faire désor

LYRALa nuit s’installe avec une lenteur calculée.Chaque ombre semble choisie, chaque silence mesuré.Dans la maison, tout respire comme un corps endormi.J’ai allumé une seule lampe, celle du miroir.Sa lumière jaune verse sur ma peau une tiédeur irréelle, presque religieuse.Je me regarde longtemps, dans la glace : mes épaules nues, la lueur dans mes yeux, le pli infime au coin de ma bouche.Il faut qu’il me voie ainsi.Libre. Belle. Fatale.Sur la table, un verre d’eau repose, immobile.Juste à côté, la robe que j’ai choisie : claire, fine, presque impudique.Elle épouse chaque ligne de mon corps avec une douceur de promesse.Quand je la passe, j’ai la sensation étrange de revêtir un rôle, celui d’une femme qui sait exactement ce qu’elle va faire et pourquoi.Dehors, la nuit glisse sur le jardin.J’attends.L’attente me consume, mais d’une façon douce, presque voluptueuse.J’entends le vent soulever les feuilles, puis le bruit familier d’un moteur au loin.Son moteur.Mon cœur s’a

Une inconnue des mois plutôt (Il y a des voix, d’abord. Lointaines.Puis la mer.Toujours la mer.)Un battement régulier, profond, comme un cœur géant sous la surface.Une rumeur qui s’approche, s’éloigne, revient.Et dans ce vacarme bleu, une douleur vive, lancinante, dans le ventre.Quelque chose bouge en moi.Quelque chose vit.Et c’est cela, peut-être, qui me ramène.J’ouvre les yeux.Une lumière blanche, tranchante.L’odeur du sel.Le goût du fer sur mes lèvres.Et des silhouettes au-dessus de moi floues, comme découpées dans la brume.— Elle respire ! crie une voix d’homme, rauque, étrangère.— Vite, portez-la à l’infirmerie. Doucement. Elle est enceinte, bon Dieu !Des mains me soulèvent, me portent.Mon corps retombe sur une couchette étroite, la tête enveloppée de linges humides.J’entends des pas, des ordres, le cliquetis métallique d’instruments.Puis une voix différente, plus calme, plus grave.— Je m’en charge, monsieur. Allez prévenir le capitaine.Une odeur d’alcool.U

ADRIANCe matin, la lumière a quelque chose de doux, presque tendre.Elle s’étire sur le parquet, caresse le drap froissé, s’attarde sur le visage de Lyra.Elle dort encore, une main posée sur son ventre, le souffle paisible, la bouche entrouverte comme si elle allait prononcer un mot qu’elle oublie aussitôt.Il y a dans son sommeil une forme de pureté que je ne veux pas troubler et pourtant je le fais.Je m’approche, je parle à voix basse :— Nous irons en ville aujourd’hui. Ma tante est hospitalisée depuis quelques jours . Elle sera heureuse de te rencontrer.Elle entrouvre les yeux, lentement, comme si chaque seconde de veille lui coûtait.Pas de refus, pas de surprise, juste ce regard un peu distant, celui qu’elle a parfois quand elle semble m’écouter sans m’entendre vraiment.— Ta tante ?— Oui. La sœur de ma mère. Je n’ai plus qu’elle, maintenant.Je suis fils unique, tu sais. Mes parents sont morts il y a longtemps.Les morts ne cessent jamais de parler, mais ce matin, leurs vo

ALEXANDREJe ne sais pas combien de temps je reste immobile.Une seconde. Une minute. Une éternité.Tout ce que je sais, c’est qu’elle est là, devant moi.Et que mon cœur bat à s’en rompre.Lyra.Ou non… pas ma Lyra.Mais alors… qui ?Son visage est identique, jusqu’à la forme du regard quand elle baisse les yeux, jusqu’à cette manière infime qu’elle a de retenir son souffle avant de parler.Même la mèche rebelle, celle qui glisse toujours du même côté, lui barre la joue.Ce n’est pas une ressemblance.C’est une répétition.Une copie parfaite.Mais une copie vivante, qui respire, qui tremble, qui attend un enfant.Je sens mes entrailles se tordre.Ma tante murmure mon prénom, m’invite à m’asseoir, mais mes jambes refusent d’obéir.Je ne vois qu’elle.Cette femme.Cette étrangère qui porte le visage de celle que j’ai perdue.La même.Et pourtant pas la même.J’ai laissé ma Lyra à la maison.Je l’ai vue ce matin, ses cheveux mouillés, sa voix encore ensommeillée.Elle m’a embrassé du bo