Tous les chapitres de : Chapitre 21 - Chapitre 30

Le dimanche s’annonçait léger, presque insouciant. Tôt dans la matinée, Ralantsoa et Fara quittèrent la maison, bras dessus, bras dessous, en mission : trouver la robe parfaite.Les rues animées de Tamatave, les vitrines colorées, les essayages entre deux rires — tout cela offrait une parenthèse bienvenue. Elles passèrent presque la moitié de la journée à fouiller les boutiques, à comparer les coupes, les tissus, les couleurs.Fara, infatigable, faisait tourner sa sœur devant les miroirs comme une styliste professionnelle, tandis que Ralantsoa, d’abord réservée, se laissait peu à peu gagner par le jeu.Finalement, elles rentrèrent à la villa en début d’après-midi, les bras chargés de paquets et le cœur un peu plus léger.Le déjeuner se déroula dans une atmosphère chaleureuse, les conversations s’entrecroisant autour du riz au coco et le « ravitoto », des rires de Kolo et des souvenirs partagés. Pour un instant, Ralantsoa oublia Ny Aina, la soirée, et tous les doutes en suspens.L’aprè

La salle commune résonnait encore de conversations animées quand ils y revinrent. Ralantsoa, le pas plus léger qu’à l’arrivée, salua d’un signe de tête quelques collègues. Elle n’avait plus besoin de se faire oublier : elle n’était plus spectatrice.Ny Aina échangea quelques mots avec le directeur régional, félicita poliment l’équipe logistique, tandis qu’elle patientait près de la sortie, son sac noir à la main. Quand il la rejoignit, il lui lança un sourire entendu.— Prête à t’échapper ?Elle hocha la tête.Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dehors. L’air nocturne était tiède, légèrement humide, chargé de l’odeur du canal et du jasmin. Ny Aina ouvrit la portière côté passager. Elle hésita une seconde, puis monta.Ils roulèrent d’abord sans rien dire. La radio diffusait une chanson douce, presque trop lente, mais elle collait étrangement bien à l’atmosphère. Les lampadaires défilaient dans le silence.— Tu veux aller quelque part en particulier ? demanda-t-il enfin.Ell

Ralantsoa se réveilla tôt, malgré la nuit écourtée. Dans la cuisine, sa mère s’activait déjà aux fourneaux. Une douce odeur de gingembre, d’ail et de poivre flottait dans l’air. Le cliquetis des marmites, le crépitement de l’huile… tout annonçait un repas soigné, mais sans prétention.— Il vient à quelle heure, ton collègue ? demanda sa mère, sans lever les yeux de sa casserole.— Vers dix heures, répondit Ralantsoa, en se versant un verre d’eau.— Ah bon ? Alors on a encore un peu de marge.— Tu prépares quoi pour le déjeuner ?— Un peu de tous ce que tu aimes : du moringa et poissons en sauce, achards de légumes cru, du poulet au coco et un dérivé plus léger de tout ça pour ton père.— Tu en fais trop, maman.— Oui, oui, je sais… répondit sa mère, en souriant à demi. On verra bien si ce sera toi ou ma cuisine qui fera revenir ce garçon. Dans les deux cas, j’en serais contente.Ralantsoa lève les yeux au ciel mais au fond, elle savait déjà qu’elle voulait qu’il revienne.—.D’abord, c

Après environ une heure à discuter de tout et de rien, à rire et à profiter de la présence de l'autre, Ny Aina proposa de rentrer à la maison. La route tranquille, le vent toujours présent, mais le ciel maintenant teinté de nuances sombres, préfigurant la fin de la journée. Une fois arrivés chez lui, ils se mirent à préparer le dîner ensemble, une complicité évidente dans leurs gestes. Ralantsoa se sentit à l'aise, presque chez elle, dans cette cuisine qu'elle découvrait peu à peu.Les légumes furent coupés, les épices mélangées, et même les petites plaisanteries qu’ils échangeaient pendant la préparation des plats semblaient charger l'air d'une douce complicité. Le dîner se passa sans accroc, simple et agréable, ponctué de rires discrets, de regards échangés, comme un moment suspendu dans le temps.Après le repas, ils s’installèrent confortablement dans le salon. Le bruit de la télévision, presque secondaire, se mêlait aux éclats de leur conversation. Ny Aina, d’un geste calme, attra

La chaleur de midi frappait la ville avec une intensité presque insupportable. Ralantsoa s'était assurée de sortir du bureau discrètement, sans un regard en arrière. Ils avaient pris soin de partir chacun de leur côté, évitant toute chance de croiser quelqu'un de l'entreprise. Pourtant, à chaque coin de rue, elle ne pouvait s’empêcher de jeter un regard furtif derrière elle, comme si chaque passant pouvait les identifier.Elle arriva enfin au restaurant près de chez elle, un endroit calme où elle avait ses habitudes. Quand elle entra, elle aperçut Ny Aina au fond, déjà installé à une table près de la fenêtre. Il lui fit un signe de la main. Ralantsoa ne pouvait s’empêcher de sourire en le voyant, mais cette joie était teintée de stress. La situation ne cessait de peser sur ses épaules.Elle s'assit rapidement en face de lui, mais sans se détendre complètement. Elle ajusta la nappe de la table, observant ses mains, toujours en mouvement.— Bonjour, murmura-t-elle, encore un peu nerveus