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Chapitre 6 / Partie 2

Nous arrivons enfin à l'hôpital. Je sors de la voiture et me rends à l'accueil dans la précipitation. Je n'entends pas Sullivan, je veux m'éloigner de lui pendant rien qu'un moment. L'administration me renseigne le numéro de chambre et je m'y rends la tête baissée.

J'ouvre la porte après avoir frappé, et je la vois en train de regarder la télévision accrochée sur le mur. Je la perçois si affaiblie et absente. Les larmes coincées au fond de mon cœur sortent enfin, j'accours à elle et me blottit dans ses bras comme à notre habitude.

—   Charlotte ! J'ai eu tellement peur pour toi tu n'imagines pas !

—   Ça va Jaliah, je vais mieux, me rassure-t-elle.

—   Qu'est-ce-qui s'est passé, hein ? Tu n'as pas l'air pressée de me raconter...

—   Euh... je...

—   Jaliah, intervient Sullivan, je crois qu'elle doit d'abord bien se rétablir, ça se trouve elle est encore sous le choc.

            Je regarde Charlotte pour lui dire que quelque chose ne va pas avec ce type, mais elle ne remarque même pas mes appels de phares.

—   Non, tout va bien, merci. Vous êtes ?

—   Sullivan King, son petit-ami.

            Euh, non... pas aux dernières nouvelles !

—   Non, nous sommes en relation euh... comment dirais-je ? Enfin bref, on est juste de bons amis.

Un frappement derrière la porte blanche retentit dans la pièce. Nous nous tournons et remarquons un grand homme charismatique. Je plisse les yeux, je crois avoir déjà vu ce visage quelque part. Ses yeux ont un ton sombre mais sont de couleur claire. Sa mâchoire dissimulée par sa barbe est semblable à celle d'un athlète. Ses cheveux bruns sont décoiffés. Je me penche vers Sullivan.

— Dis-moi, il ressemble à....

— Curtis Miller, complète-t-il en acquiesçant, c'est son père.

Je sens mes joues s'empourprer. Je le regarde avec exaltation. Je vois mon précieux coup de foudre au travers lui. Je commence à imaginer combien Curtis Miller va bien vieillir tel un bon vin ! Il sera toujours aussi beau... Cependant, je me rends compte que monsieur Miller dépose ses yeux foudroyants sur moi. Eh bien c'est de famille d'être impoli du regard ?

—   Bonjour, mademoiselle Taylors, je vois que vous avez de la visite... Bonjour monsieur King.

—   Bonjour monsieur Miller, répond-t-il en lui faisant une poignée de main.

—   Et...

—   Bonjour docteur... enfin bonjour monsieur Miller, je suis Jaliah.

—   Jaliah ? répète-t-il, l'air surpris, quel est votre nom de famille ?

—   Fringer.

Il a la même réaction que son fils.

—   Eh bien enchanté... conclut-il, troublé. Je vais devoir ramener votre amie dans un bloc pour les traitements.

—   Enchantée... et sinon monsieur Miller, elle a quoi mon amie ?

Un moment maladroit s'installe. Le père de Curtis me scrute longuement, il cherche la réponse sur mon visage ? 

—   Docteur ? lance Charlotte.

—   Oui, euh elle a juste une fracture costale, d'ici une dizaine de jours tout ira déjà mieux.

—   Elle reste ici ? Pendant dix jours ? Mais c'est beaucoup, j'ai besoin d'elle...

—   J'entends bien, soutient le chirurgien, mais la police et son médecin traitant ont recommandé, avec mon accord, qu'elle puisse rester ici parce que ce serait trop dangereux de la relaisser partir alors que l'incident a eu lieu hier... vous saisissez ?

J'acquiesce et me tourne vers Charlotte, accablée. Je viens la parsemer de baisers. La pièce semble sinistre, et mon cœur est soucieux.

—   Quand j'aurai le temps je viendrai te voir, ma belle... promis.

Elle ne dit rien, elle se contente de me sourire et de venir caresser ma joue. Elle me remercie. Je m'en vais, ne pouvant plus la regarder dans cet état. Sullivan est rattrapé par le docteur Miller.

— J'ai à vous parler avant tout, monsieur King.

En sortant, je repère une silhouette sur ma gauche. Je me tourne et mon cœur cesse de battre. Ma respiration se coupe. Je n'arrive plus à avaler ma salive. Je le regarde, il est juste là, il me voit. Je désire tant sentir de plus près son odeur, ou passer mes mains dans ses cheveux impeccables. Et surtout... pouvoir goûter à ces magnifiques lèvres. Je me mets à fixer sa bouche, l'air rêveuse, mais je les vois subitement bouger :

—   Qu'est-ce-que vous regardez ? crache-t-il.

            Je me reconcentre sur ses yeux.

—   Et vous... qu'est-ce-que vous faites là ?

—   C'est moi qui pose les questions.

Je soupire, oubliant mon fantasme. La réalité me tombe dessus : je suis épuisée, saturée d'émotions. Je décide à contre cœur de m'en aller pour me ressourcer dans les toilettes. Cependant, la main de Curtis s'agrippe à mon bras. Une décharge électrique se produit de nouveau entre nous. Il me semble qu'il la aussi remarqué. Nous nous regardons sans rien dire. Je sais que tu l'as senti aussi...

—   Monsieur Miller, je-

—   J'ai vu votre travail... euh désolé, m'interrompt-il en retirant sa main.

—   Si c'est pour m'humilier, ou dire que c'était nul, prenez un autre jour, je suis vraiment mal mon amie est dans un piètre état et je-

—   C'était vraiment pas mal. Vous êtes talentueuse...

Un large sourire s'affiche sur mon visage. Cette phrase a illuminé ma journée morbide. J'émets un cri de surprise faisant par la même occasion sursauter Curtis. Il me regarde comme si j'étais folle.

— Je... je... désolée... enfin ! balbutié-je. Je ne sais pas trop quoi dire...

— Mon Dieu votre éloquence... relève-t-il en croisant les bras, heureusement que vous n'êtes pas avocate, beaucoup de criminels seraient en liberté.

— Ah bah sympa ça... 

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