Nous arrivons enfin à l'hôpital. Je sors de la voiture et me rends à l'accueil dans la précipitation. Je n'entends pas Sullivan, je veux m'éloigner de lui pendant rien qu'un moment. L'administration me renseigne le numéro de chambre et je m'y rends la tête baissée.
J'ouvre la porte après avoir frappé, et je la vois en train de regarder la télévision accrochée sur le mur. Je la perçois si affaiblie et absente. Les larmes coincées au fond de mon cœur sortent enfin, j'accours à elle et me blottit dans ses bras comme à notre habitude.
— Charlotte ! J'ai eu tellement peur pour toi tu n'imagines pas !
— Ça va Jaliah, je vais mieux, me rassure-t-elle.
— Qu'est-ce-qui s'est passé, hein ? Tu n'as pas l'air pressée de me raconter...
— Euh... je...
— Jaliah, intervient Sullivan, je crois qu'elle doit d'abord bien se rétablir, ça se trouve elle est encore sous le choc.
Je regarde Charlotte pour lui dire que quelque chose ne va pas avec ce type, mais elle ne remarque même pas mes appels de phares.
— Non, tout va bien, merci. Vous êtes ?
— Sullivan King, son petit-ami.
Euh, non... pas aux dernières nouvelles !
— Non, nous sommes en relation euh... comment dirais-je ? Enfin bref, on est juste de bons amis.
Un frappement derrière la porte blanche retentit dans la pièce. Nous nous tournons et remarquons un grand homme charismatique. Je plisse les yeux, je crois avoir déjà vu ce visage quelque part. Ses yeux ont un ton sombre mais sont de couleur claire. Sa mâchoire dissimulée par sa barbe est semblable à celle d'un athlète. Ses cheveux bruns sont décoiffés. Je me penche vers Sullivan.
— Dis-moi, il ressemble à....
— Curtis Miller, complète-t-il en acquiesçant, c'est son père.
Je sens mes joues s'empourprer. Je le regarde avec exaltation. Je vois mon précieux coup de foudre au travers lui. Je commence à imaginer combien Curtis Miller va bien vieillir tel un bon vin ! Il sera toujours aussi beau... Cependant, je me rends compte que monsieur Miller dépose ses yeux foudroyants sur moi. Eh bien c'est de famille d'être impoli du regard ?
— Bonjour, mademoiselle Taylors, je vois que vous avez de la visite... Bonjour monsieur King.
— Bonjour monsieur Miller, répond-t-il en lui faisant une poignée de main.
— Et...
— Bonjour docteur... enfin bonjour monsieur Miller, je suis Jaliah.
— Jaliah ? répète-t-il, l'air surpris, quel est votre nom de famille ?
— Fringer.
Il a la même réaction que son fils.
— Eh bien enchanté... conclut-il, troublé. Je vais devoir ramener votre amie dans un bloc pour les traitements.
— Enchantée... et sinon monsieur Miller, elle a quoi mon amie ?
Un moment maladroit s'installe. Le père de Curtis me scrute longuement, il cherche la réponse sur mon visage ?
— Docteur ? lance Charlotte.
— Oui, euh elle a juste une fracture costale, d'ici une dizaine de jours tout ira déjà mieux.
— Elle reste ici ? Pendant dix jours ? Mais c'est beaucoup, j'ai besoin d'elle...
— J'entends bien, soutient le chirurgien, mais la police et son médecin traitant ont recommandé, avec mon accord, qu'elle puisse rester ici parce que ce serait trop dangereux de la relaisser partir alors que l'incident a eu lieu hier... vous saisissez ?
J'acquiesce et me tourne vers Charlotte, accablée. Je viens la parsemer de baisers. La pièce semble sinistre, et mon cœur est soucieux.
— Quand j'aurai le temps je viendrai te voir, ma belle... promis.
Elle ne dit rien, elle se contente de me sourire et de venir caresser ma joue. Elle me remercie. Je m'en vais, ne pouvant plus la regarder dans cet état. Sullivan est rattrapé par le docteur Miller.
— J'ai à vous parler avant tout, monsieur King.
En sortant, je repère une silhouette sur ma gauche. Je me tourne et mon cœur cesse de battre. Ma respiration se coupe. Je n'arrive plus à avaler ma salive. Je le regarde, il est juste là, il me voit. Je désire tant sentir de plus près son odeur, ou passer mes mains dans ses cheveux impeccables. Et surtout... pouvoir goûter à ces magnifiques lèvres. Je me mets à fixer sa bouche, l'air rêveuse, mais je les vois subitement bouger :
— Qu'est-ce-que vous regardez ? crache-t-il.
Je me reconcentre sur ses yeux.
— Et vous... qu'est-ce-que vous faites là ?
— C'est moi qui pose les questions.
Je soupire, oubliant mon fantasme. La réalité me tombe dessus : je suis épuisée, saturée d'émotions. Je décide à contre cœur de m'en aller pour me ressourcer dans les toilettes. Cependant, la main de Curtis s'agrippe à mon bras. Une décharge électrique se produit de nouveau entre nous. Il me semble qu'il la aussi remarqué. Nous nous regardons sans rien dire. Je sais que tu l'as senti aussi...
— Monsieur Miller, je-
— J'ai vu votre travail... euh désolé, m'interrompt-il en retirant sa main.
— Si c'est pour m'humilier, ou dire que c'était nul, prenez un autre jour, je suis vraiment mal mon amie est dans un piètre état et je-
— C'était vraiment pas mal. Vous êtes talentueuse...
Un large sourire s'affiche sur mon visage. Cette phrase a illuminé ma journée morbide. J'émets un cri de surprise faisant par la même occasion sursauter Curtis. Il me regarde comme si j'étais folle.
— Je... je... désolée... enfin ! balbutié-je. Je ne sais pas trop quoi dire...
— Mon Dieu votre éloquence... relève-t-il en croisant les bras, heureusement que vous n'êtes pas avocate, beaucoup de criminels seraient en liberté.
— Ah bah sympa ça...
« Montre-moi l'état de ton cœur car tes mots traduisent ta haine » — Jaelly LaRose.Je remarque Sullivan sortir de la chambre d'hôpital suivit du docteur Miller. Je me mets à soupirer.— Désol&eacut
Il lève les yeux au ciel.— Ah... intéressant, vous osez jouer les héros pour elle ? ricane-t-il en me pointant du doigt. Votre père vous a bien appris à jouer la comédie.Je vois une colère sans précédent posséder Sullivan. Donc le mot "Père" est à bannir de mon vocabulaire face à lui... Ça le met en rogne.Il ne faut surtout pas de dégâts, donc je m'empresse de lui saisir le bras pour l'éloigner, mais il reste sur place, animé par la haine.
« J'aurai aimé ne jamais croiser le chemin d'un miroir afin de cotinuer à me voir comme une femme forte » — Jaelly LaRose. J'entends mon réveil sonner comme un malade. Je l'éteins et me roule dans la couette.— Humm... non je veux dormir, ronchonné-je en voyant qu'il n'est que cinq heures trente.Malheureusement, je sens la couverture se retirer de mon corps, dévoilant ma petite culotte rouge et mo
Mon âme se fend. L'eau salée vient me chatouiller les joues. C'est impensable. Mes pensées divaguent à la recherche de réponses, je ne sais même plus à quoi je songe. Je suis absente. Il revient m'embrasser et me pénètre juste après. J'écarquille mes yeux ; il est brutal et violent dans ses vas-et-viens, ce n'est plus la même chose. J'aimerais tant me défaire de lui et de tout ce qui m'entoure, mais je suis paralysée par la peur et l'angoisse me ronge le corps. Je m'en veux de ne pas me débattre... encore une fois, il a sûrement raison, je ne suis pas capable de survivre sans lui. Je n'ai aucun repère, mais j'ai promis à mon être que je sortirai de cette relation coûte-que-
« Même si mon cœur s'éteint, le silence te dira que je t'aime » — Jaelly LaRose.Je bois les dernières instructions de Curtis avant de verrouiller mon téléphone où j'ai tout noté. Je lève mes yeux et croise un océan bleu mais toujours avec ce ton sombre. Dès que je le vois, mon monde prend des couleurs vives et flamboyantes. Je sens mes joues brûler, j'ai l'impression de retourner au collège... je serre mon mobile contre ma poitrine. Son regard sur moi me consume.Cette sensation de le connaître me fascine, mon âme semble l'avoir déjà vu dans mes songes les plus profonds et les plus inavouables. Je suis émue de le voir dans la réal
Elle sort.— Navrée monsieur Miller, je ne voulais pas du tout dire ça... C'est totalement ridicule et-Il saisit mon épaule et m'adresse un sourire en coin.— Calmez-vous... Vous aviez conscience de tout ça, non ? — De quoi vous parlez ? — Moi, je n'ai pas honte de vous le dire, vous êtes toute aussi magnifique. Mais respectez la limite, je suis votre supérieur.Il me jette un dernier coup d'œil avant de sortir du bureau. Au claquement de la porte, c'est définitif, je crois m'écrouler. Je suis dans un rêve ?—&nbs
« Il n'y a plus de retour en arrière, je suis mon propre destructeur » — Jaelly LaRose.Curtis.Je rentre dans la pièce où se déroule la conférence de presse. Je me sens ailleurs et totalement absent. Néanmoins, je monte sur l'estrade et allume le micro posé sur la table haute.— Bonjour à vous... Je... j'ai conscience que vous attendiez cette conférence avec beaucoup d'engouement et d'impatience. Donc à part
Je me souviens de mon passé... je n'ai pas vécu de violence, ni de discrimination. Au contraire, j'ai toujours été bercé dans l'amour et l'affection de mes parents. J'ai toujours eu tout ce dont j'avais besoin. J'ai étudié dans de bonnes institutions. J'ai toujours eu un bel entourage. Cependant, c'est l'arrivée de Fringer dans ma vie qui a causé tout mon malheur et mon bonheur à la fois. Son regard pétillant croisant le mien m'a anéanti. Je suis dépourvu de toute arme.Si seulement je pouvais tout réécrire.Quelqu'un toque à ma porte.— Entrez.Le visage fatigué de Sullivan ne me fait pas sourciller. A