AlexandeR
L’orphelinat est un squelette sous la lune, un bâtiment gris et décrépit qui semble suinter les souvenirs. Les fenêtres sont cassées, la grille rouillée, et l’air sent la terre humide, comme si le passé refusait de mourir. Je gare la voiture à l’écart, coupe les phares, et jette un coup d’œil à Laurie, assise à côté de moi, son visage pâle mais déterminé. Elle serre son sac, où elle a glissé l’enregistrement et un couteau – « au cas où », a-t-elle dit, avec ce regard qui me rappelle qu’elle est pas juste la gamine que j’ai laissée. Elle est forte, plus que moi, et ça me terrifie autant que ça me rend fier.
— T’es sûre ? murmuré-je, la voix rauque. On peut attendre Marc, l’équipe.
Elle secoue la tête, ses yeux bleus brillant dans l’obscurité.
— Non. Stahl veut qu’on soit là. Si on attend, il frappe. Faut en finir.
Je hoche la tête, incapable de lui dire non, et on sort, nos pas crissant sur le gravier. L’orphelinat est silencieux, trop silencieux, et je sens une vieille peur