NERYALe chemin devant moi est flou, comme si je marchais à travers un rêve dont je ne peux pas me réveiller. Chaque pas que je fais semble m’éloigner un peu plus de la réalité, m’entraînant dans un maelström de confusion et d’émotions contradictoires.J’ai quitté la maison de Liam à l’aube, laissant derrière moi sa chaleur rassurante. Je ne voulais pas partir, mais quelque chose en moi m’a poussée à le faire. Un besoin irrépressible de comprendre ce qui se passe en moi, de percer le mystère qui entoure mon âme.Je conduis sur la route sinueuse, les mains crispées sur le volant. Le paysage défile autour de moi, une succession de champs et de forêts qui semblent s’étendre à l’infini. Mais mon esprit est ailleurs, perdu dans un labyrinthe de pensées et de sentiments.Alors que je m'approche de ma propre demeure, une maison moderne nichée au cœur d'une vaste propriété, je ressens un mélange d'appréhension et de soulagement. Cette maison est mon sanctuaire, un lieu où je peux être seule a
KAELDans l'obscurité de la nuit, un vent frais caresse la cime des arbres, chuchotant des secrets que seule la forêt connaît. Au cœur de cette immensité, je demeure immobile, en équilibre fragile entre deux mondes.Mon souffle se mêle aux murmures du vent. Je ferme les yeux, cherchant à percer le voile qui nous sépare. Un lien invisible, ancien, me tire vers elle. Nerya.Je la ressens, même à cette distance. Une chaleur qui pulse dans mes veines, une mélodie que seule mon âme peut entendre. C’est comme si chaque battement de mon cœur résonnait avec le sien, créant une symphonie que je ne peux ignorer.Cette nuit, quelque chose a changé. Une fracture s’est ouverte, et à travers elle, son cri a traversé le vide. Un appel désespéré, douloureux, qui m’a réveillé d’un sommeil sans rêve. Je ne sais pas si elle est consciente de ce qu’elle a déclenché, mais je le suis.— Nerya, murmuré-je dans le silence.Elle est là, quelque part, luttant contre ses propres démons. Je peux presque sentir s
NERYAQuand j’ouvre les yeux, le monde est gris.Pas flou. Pas sombre. Juste… gris. Comme si la lumière avait perdu son courage. Comme si tout autour de moi hésitait à exister.Je sens d’abord le drap. Puis la chaleur d’un corps. Puis une main sur la mienne.Liam.Il est là.Silencieux. Présent.Je respire.C’est difficile.Mon ventre est noué, ma gorge serrée, et mon cœur bat avec une lourdeur étrange. Comme si chaque pulsation tentait de faire remonter quelque chose que je veux oublier.— Tu es réveillée.Sa voix est basse. Fatiguée. Il n’a pas dormi. Je le sens.Je tourne la tête vers lui. Il a les traits tirés, les yeux rougis. Il essaie de ne pas avoir l’air inquiet, mais son silence est chargé de questions. Trop de questions.Et moi, je ne sais pas par où commencer.Je ferme les yeux un instant. Peut-être que s’ils se referment assez fort, je pourrai effacer la nuit. L’effacer, lui. Le cri. Le nom. Mais non.— Qu’est-ce qui s’est passé ? demande-t-il doucement.Il me laisse le c
LIAMJe ne comprends pas.Je la regarde enfiler ses vêtements sans un mot, comme un automate. Son visage est fermé, ses gestes rapides, presque mécaniques. Elle ne me regarde pas. Pas une seule fois.Et pourtant, je la connais. Chaque frémissement de sa peau. Chaque pli de son silence.Mais là… c’est comme si une étrangère avait pris possession d’elle.Je veux tendre la main, lui dire de rester, lui dire qu’elle est en sécurité, ici, avec moi.Mais je sens, au fond, que c’est inutile.— Nerya… attends.Elle ouvre la porte.Elle s’arrête.Mais elle ne se retourne pas.— Ne me suis pas, dit-elle. Ce n’est pas contre toi.Sa voix est rauque. Lointaine. Comme si elle parlait à travers des siècles.Comme si un millénaire de douleur se glissait entre chaque syllabe.Et puis elle disparaît.Sans un bruit.Sans un frisson.Sans un dernier regard.Je reste figé une seconde, deux, dix. Mon cœur tape trop fort. Une nausée sourde me tord le ventre. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas elle. Ou si… j
NERYAJe grelotte.Sans raison.Le souffle court. Les mains tremblantes. La gorge sèche.Je suis là, allongée sur les draps encore froissés, la peau moite d’un plaisir récent, les jambes engourdies, le corps encore bercé par une chaleur … et pourtant, tout en moi se contracte.Ce n’est pas du désir.Ce n’est pas la tendresse qui s’attarde.C’est une peur.Sourde.Primal.Une secousse profonde, inexplicable, comme si quelque chose s’était déchiré ailleurs mais que l’écho me traversait, moi, ici, maintenant.Une peur qui ne vient pas de mon esprit, mais de mon sang.Je me redresse d’un coup.Le monde tangue.Ma tête bourdonne. Mon cœur cogne. Mes membres se tendent sans raison.C’est comme un vertige. Un trop-plein. Un trop-vide.Et puis… je l’entends.Un hurlement.Lointain.Inaudible.Et pourtant, là.Pas dans mes oreilles. Pas dans la pièce.En moi.Comme un cri muet dans mes entrailles. Un écho suspendu à mes os. Un grondement si ancien qu’il semble venir d’avant moi.Un cri qui m’a
KAELJe me suis figé.Net.Le cœur battant à m’en déchirer la poitrine.Un souffle.Un craquement dans l’air.Un éclat brûlant dans la colonne.Et le monde s’est effacé autour de moi.J’étais là, debout dans les bois, les pieds nus enfoncés dans la mousse humide, le front couvert de sueur, prêt à hurler à la lune quand ça s’est produit.Je l’ai senti.Pas comme un simple frisson.Non.Comme une déflagration.Une déchirure.Un cri sans gorge.Un feu qui s’allume dans les tripes, mais pas pour moi.Pour elle.Elle.Mon âme sœur.Ma brûlure.Ma malédiction.Elle n’est plus seule.Elle ne l’est plus.Quelqu’un… quelque chose… l’a touchée.De l’intérieur.Je suis tombé à genoux. Un râle m’a échappé, guttural, inhumain. Mon loup s’est soulevé sous ma peau, griffant mes entrailles, prêt à jaillir. Un grondement ancien, archaïque, brut.Mon souffle s’est coupé.Mes poumons ont refusé l’air.Parce que je l’ai vécu à travers elle.Pas comme un rêve.Comme une vision directe. Une immersion. Une