Lorsque la cinquantième éclipse lunaire s'abat sur son village, comme le veut la tradition séculaire, Luna se tient dans l'ombre de sa chambre , le cœur alourdi de prières murmurées. Elle implore la clémence des ancêtres, redoutant d'être désignée pour un destin funeste. Les tambours résonnent, puissants et solennels, annonçant l'heure fatidique de minuit. Sous le regard perçant de la lune rouge sang, ses ancêtres l'ont choisie, et elle sait qu'elle devra, comme tant d'autres jeunes filles avant elle, se plier à cette règle ancestrale. Mais à quel prix, ô destin cruel ?
View MoreLUNA
Repliée sur son lit de chêne, Luna fixait la fenêtre aux volets vermoulus, sentant ses mains trembler d'une anxiété sourde. La lune, teintée d'un rouge sanguin, éclairait sa chambre d'une lueur sinistre, métamorphosant les murs en ombres inquiétantes. Ce soir se déroulait l'éclipse, phénomène redouté et rare, annonciateur de malheurs. Comme à chaque éclipse, une jeune fille vierge de leur village devait être offerte en sacrifice, un acte sacré qui pesait sur leurs âmes. L'idée lui tordait l'estomac, et un frisson glacial parcourait sa colonne vertébrale, tandis que les ombres dansaient, tissant une atmosphère de mystère et de frayeur. Le son du tambour résonnait à l'extérieur, un rythme ancestral vibrant à travers le sol de terre battue. Chaque coup résonnait tel un battement de cœur, appelant à la cérémonie. Elle pouvait presque sentir la terre trembler sous ses pieds, comme si le sol lui-même était en émoi. Cette pleine lune brillait d'un éclat surnaturel, mais nulle jeune fille de son âge n'osait se montrer dehors, tout comme aucun parent n'osait exhiber le visage de leur fille vierge. Les anciens, drapés dans leurs robes sombres et usées, se mouvaient tels des spectres, leurs visages marqués par la gravité de leur tâche. « Luna ! » Son cœur s'emballa à l'entente de ce nom, lorsqu'un cri perçant, un cri déchirant, s'échappa de la gorge d'une jeune fille. La terreur s'empara d'elle, et ses lèvres se desséchèrent, comme si le vent avait emporté toute l'humidité de son corps. Ses yeux s'écarquillèrent, et elle s'adonna à une prière silencieuse, les mains jointes contre sa poitrine, ses paumes moites de crainte. Elle espérait ardemment que ce n'était pas Monica, sa confidente, celle qui partageait ses secrets et ses rêves. « Luna ! » Elle sursauta, le cœur battant à tout rompre, se tournant vers sa mère. Celle-ci se tenait là, aux côtés de son père, leurs visages empreints d'angoisse. La lumière vacillante des torches projetait des ombres inquiétantes sur leurs traits marqués par l'inquiétude. Les rides sur le front de sa mère se creusaient, ses yeux, d'ordinaire doux, étaient désormais emplis d'une terreur palpable. Une perle de sueur glissait le long de sa tempe, et Luna aperçut ses lèvres se serrer, blanches comme la craie. « Hélas, le sort a désigné Monica, » déclara sa mère d'un ton solennel. Le monde autour d'elle sembla se figer. Son cœur sauta brutalement dans sa poitrine, tel un oiseau captif. Le bruit du tambour, qui résonnait comme un appel désespéré, devenait un écho lointain, étouffé par la panique qui montait en elle. « Mais elle n'est plus vierge, » murmura-t-elle, tremblante d'angoisse. La réalité était cruelle : Monica allait être bannie avec sa famille, condamnée à l'exil dans les forêts obscures qui entouraient leur village. Les murmures des anciens, tels des vents funestes, parvenaient à ses oreilles, porteurs de malédictions et de chuchotements. À l'extérieur, le tambour résonnait plus fort, un battement de cœur collectif qui semblait se synchroniser avec sa peur. Les cris lointains se mêlaient aux battements, créant une mélodie lugubre. Elle serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume, tandis que la terreur s'emparait d'elle. Son souffle devenait court, chaque inspiration un effort, comme si l'air s'était épaissi autour d'elle. « Nous devons fuir ! » s'écria sa génitrice , la voix tremblante. « Ils vont désigner une autre personne, et je suis convaincue que ce sera toi. » À peine ces mots avaient-ils quitté ses lèvres qu'un grand fracas retentit à la porte d'entrée, brisant le silence pesant. Luna sursauta, se redressant d'un seul coup de son lit, le cœur battant la chamade. Les yeux écarquillés, ses parents et elle observaient avec horreur les deux guerriers les plus redoutés de leur village pénétrer dans leur demeure, leurs armures scintillant d'une lueur sinistre à la lumière vacillante des torches. Leurs visages étaient marqués par la cruauté, et elle pouvait presque voir le rictus satisfait qui se dessinait sur les lèvres de Alaric lorsqu'il annonça d'une voix glaciale : « Votre fille a été désignée par nos ancêtres. Nous sommes ici pour l'emmener. » « Non, je vous en conjure, épargnez-la ! » s'écria le père de Luna, sa voix tremblante d'effroi. « Elle est encore si jeune, si innocente ! » Mais il fut aussitôt interrompu par Rufus, le deuxième guerrier, dont la stature imposante écrasait tout espoir : « Reculez, misérable ! Les dieux l'ont choisie, et vous êtes priés de ne point intervenir. » Il s'approcha d'elle, sa présence menaçante comme un orage s'annonçant. Son père, dans un élan de désespoir, se dressa comme un rempart fragile entre sa fille et le destin funeste qui s'annonçait : « Vous devrez me passer sur le corps avant de l'emmener ! » déclara-t-il, sa voix vibrante d'une bravoure désespérée. Un rire glacial s'échappa de Rufus, résonnant comme un coup de tonnerre, alors qu'il avançait d'un pas assuré vers le père : « Si tel est votre souhait, très bien. » D'un geste fluide, il dégaina son épée à la vitesse de l'éclair. Le temps sembla se figer, et aucun d'eux n'eut le temps de réagir. Dans un mouvement brutal, il trancha le cou du père de Luna. Le sang jaillit, éclaboussant le visage de la jeune fille, chaud et visqueux, tandis que le corps de son père s'effondrait au sol dans un bruit sourd, tel un arbre abattu par la tempête. Un cri déchirant s'échappa de la bouche de sa génitrice , un cri qui résonna comme un écho de désespoir, emplissant la pièce d'une tristesse insupportable. Luna, figée par l'horreur, n'arrivait pas à comprendre l'ampleur de la tragédie qui venait de se jouer. Lorsque Rufus la saisit par le poignet, sa prise brutale la ramena à la réalité. Elle commença à se débattre, hurlant et pleurant de toutes ses forces : « Comment as-tu osé commettre un tel acte ?! » Sa mère, dans un élan désespéré, se jeta sur Rufus, implorant de toutes ses forces : « Lâchez ma fille, je vous en prie ! Épargnez-la ! » Mais Alaric, impitoyable, la saisit par la taille, la maintenant à distance, comme une proie soumise. Luna, le cœur en lambeaux, criait de toutes ses forces, sa voix se brisant sous le poids de la douleur et de la terreur : « Vous ne pouvez pas faire cela ! » Les ombres dansaient autour d'eux, et le destin tragique s'annonçait, implacable, tandis que la mélodie lugubre des tambours résonnait, marquant le début d'une souffrance infinie.LUNA NEUF ANS PLUS TARD.Le soleil incendiait l'horizon, teintant le ciel de pourpre et d'or, comme si les dieux eux-mêmes avaient allumé un bûcher en l'honneur des disparus. Les ombres s'allongeaient, épousant les courbes du tertre où reposait Ace, désormais enfermé dans le silence éternel. La pierre tombale, rugueuse sous les doigts de ceux qui osaient la toucher, portait son nom gravé en lettres profondes, comme des cicatrices dans la roche. À côté, une seconde stèle, plus petite mais tout aussi solennelle, veillait sur le dernier sommeil de sa compagne. Deux âmes unies dans la vie, désormais couchées côte à côte pour l'éternité.Luna sentit la chaleur du soir s'attarder sur sa peau, mais rien ne pouvait dissiper le froid qui lui serrait le cœur. Sa main, tremblante, se referma autour de celle d'Askel, cherchant dans cette étreinte un fragile réconfort. Les doigts de son fils étaient tièdes, vivants, et pourtant, elle y percevait déjà la même force calme qui avait caractérisé ceux
LUNAQUELQUES JOURS PLUS TARD.Qu'est-ce que l'amour ?Qu'est-ce que véritablement aimer ?Devant son miroir aux reflets tremblants, éclairé par la lueur dansante des chandelles, Luna se perdit une fois encore dans cette question éternelle. Depuis l'aube de ses souvenirs, elle s'était interrogée, cherchant en vain une réponse dans les livres poussiéreux, dans les murmures des anciens, dans les battements capricieux de son propre cœur. Mais jamais la vérité ne s'était offerte à elle—jusqu'à ce soir.Une larme, lourde comme une goutte de rosée sur une rose fanée, glissa le long de sa joue d'albâtre, traçant un chemin argenté sur sa peau aussi pâle que la lune qu'elle contemplait à travers la fenêtre. Ses doigts effilés, légèrement tremblants, effleurèrent cette trace humide comme pour en vérifier l'existence.L'amour est un traître, comprit-elle enfin.Il s'insinue dans l'âme comme un voleur dans la nuit, s'empare des sens sans permission, et lie le cœur à un autre, qu'on le veuille ou
SIGVARD Le lourd portail de chêne clouté grinça sinistrement en s'ouvrant devant eux, dévoilant la cour intérieure du château transformée en camp retranché. Sigvard franchit le seuil, la nuque raide sous la menace d'une dizaine de lames frémissantes pointées vers lui. Sous la lumière pâle du soleil hivernal, une centaine de guerriers vêtus de tuniques blanches frappées de larmes écarlates se tenaient en rangs serrés - la redoutable Confrérie des Lames Blanches.Ses propres hommes, enchaînés comme du bétail, gisaient contre les murailles, leurs armures maculées de sang et de boue gelée. Parmi eux, des femmes et des enfants tremblants étouffaient leurs sanglots, terrassés par la peur. L'odeur âcre de la sueur, du fer rouillé et de la neige fondue emplissait l'air glacé.Soren - en réalité Luna - fit avancer son cheval d'un pas mesuré, l'épée toujours posée contre la gorge de Sigvard. Sa voix, habilement modifiée pour imiter celle du guerrier, claqua comme un coup de fouet :- Voici vot
SIGVARD Attrapant une dernière fois la main fine de Luna – qui n'était autre que Soren métamorphosée – Sigvard colla leur front un bref instant avant de s'écarter brusquement, comme brûlé. À ses yeux, ce n'était point sa bien-aimée qui se tenait là, mais bien le facétieux Soren, dissimulé sous son apparence. L'homme – ou plutôt, elle désormais – juché sur la monture noire de Sigvard, étouffa un dernier spasme de rire, ses épaules frémissant sous les plis de la cape de voyage. D'une voix faussement mélodieuse, il lança, enflant les syllabes avec une grâce trop étudiée : - Par les cornes d'Ymir, cessez donc cette mine funèbre, mon seigneur ! Certes, je porte les traits de votre dame, mais mon esprit demeure aussi railleur qu'un corbeau en ribote. Il pencha la tête, imitant à s'y méprendre l'attitude pudique de Luna, avant d'ajouter, malicieusement : Toutefois, si votre cœur s'égare... je ne vous en tiendrai point grief. Un grondement sourd s'échappa de la gorge de Sigvard. Autour
SIGVARD - De toute évidence, nous sommes tombés dans un guet-apens...La voix calme et mesurée de Soren rompit le silence oppressant de la cabane. La Confrérie des Lames Blanches n'est plus en ces terres. Nous avons entrepris ce voyage en vain, et perdu de bons hommes pour une ombre de légende.Une autre voix, plus frêle, s'éleva dans la pénombre :- Celui qui vous a menés ici ne vous a point menti... du moins, pas entièrement. Une vieille femme, le dos courbé par les années, émergea de l'ombre du foyer. En des temps oubliés, avant même que mes cheveux ne blanchissent, leur ordre siégeait en ces montagnes. Mais cela fait plus de vingt hivers qu'ils ont quitté ces pierres.Un frisson parcourut l'assemblée.Sigvard, les traits durcis par une colère froide, resserra son emprise sur le corps de sa bien-aimée :- Un piège longuement ourdi... murmura-t-il. Ils savaient. Ils nous ont attirés loin du château pour frapper en notre absence. À cette heure, je ne serais point surpris d'apprendre
SIGVARD À genoux sur le sol de pierre, Sigvard se penchait sur le corps frêle de sa bien-aimée, ses larges mains tremblantes encerclant son visage comme pour le protéger des griffes de la mort. La lueur vacillante du feu projetait des ombres mouvantes sur les traits tirés de Luna, son teint jadis si vif maintenant pâle comme la lune qu'elle portait en nom. Ses yeux bleus, autrefois pleins de vie, étaient clos, ses cils sombres posés sur ses joues comme des ailes d'oiseau blessé. D'un geste aussi doux que le frôlement d'une plume, il essuya la sueur perlant sur son front, effaçant d'un pouce calleux les stries de souffrance qui creusaient son visage. - Luna... murmura-t-il, d'une voix si rauque qu'elle semblait déchirée de l'intérieur. Il pressa sa paume contre la sienne, entrelaçant leurs doigts avec une ferveur désespérée. Le lien des âmes sœurs s'éveilla entre eux, brûlant comme un fer rouge dans ses veines. Il sentit aussitôt la douleur de sa blessure lui transpercer le flan
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