LIAMJe regarde l’écran de mon téléphone pour la cinquième fois en une heure.Rien.Pas un message. Pas un appel.Juste ce vide.Et son silence.Je repense à son départ, ce matin. À ses gestes trop lents. À ce baiser avorté. À son regard qui ne me voit pas vraiment. J’aurais dû l’arrêter. L’attraper par le poignet, la retenir contre moi. Mais je respecte son espace. Parce que je l’aime.Et peut-être aussi parce que je suis un imbécile.Je compose son numéro à nouveau. Une tonalité. Deux. Trois. Boîte vocale.– Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Nerya…Je raccroche avant la fin. Sa voix, je la connais par cœur. Mais là, elle me donne envie de hurler.Quelque chose ne va pas.Je le sens dans mes tripes.J’essaie de me raisonner. Elle a besoin de réfléchir. Elle m’a toujours dit que parfois, elle devait disparaître pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Je l’ai connue comme ça. Solitaire. Indépendante. Mais jamais aussi absente.Pas comme ça.Pas sans un mot.Je l’appelle e
KAELJe la sens . Elle s'est réveillée . Et elle sait.Le glyphe s'ancre, vibrant et brûlant entre mes omoplates. Son cri silencieux traverse l'espace comme une lame affûtée. Mon corps réagit avant même que ma pensée n’intervienne.– Je me lève. Lentement. Comme si je sortais d'un rêve trop réel.La cendre vole encore autour de moi. Le campement est en ruine. Le feu est éteint, mais une autre flamme croît en moi.– Nerya.Le nom me lacère la gorge.– Je ne devrais pas. Je ne devrais plus. Mais je m'en fous . Elle est là. Et je ne suis plus seul.Je ferme les yeux un instant.Je revois son visage dans l'obscurité du rêve. Son regard effaré, furieux, magnifique. Sa peau, couverte de sueur et de peur. Son souffle court, son cœur affolé, son corps offert sans le vouloir. Elle a tenté de m'échapper. Elle s'est rebellée . Et je l'ai marquée.Je n'ai pas demandé. Je n'ai pas supplié . Je l'ai prise. Je l'ai liée . Et maintenant… Elle se souvient, murmuré-je. Le murmure racle ma gorge comme
NERYAJe me réveille en hurlant.Mais aucun son ne franchit mes lèvres.Ma gorge est nouée. Mon souffle, coupé. Mon cœur cogne contre mes côtes comme un animal affolé. J’arrache les draps, me redresse en tremblant.Je suis seule.Mais je sens encore sa main. Sur ma nuque. Sur ma peau. Dans mon ventre : Kael.Je recule brusquement. Mes doigts tremblants cherchent le miroir posé contre le mur de pierre. Je bascule sur mes genoux, traînant la couverture derrière moi, nue, vulnérable, en sueur.Je me redresse à peine que je le vois.Le glyphe.Gravé dans ma peau.Juste là, à la base du cou.Noir, brillant, palpitant.Je suffoque.Je tends les doigts vers la marque mais je ne peux pas la toucher. Elle irradie. Elle respire. Elle me parle.Je recule. Mon dos frappe la pierre.Je me souviens.Le rêve. Le temple. Sa voix. Mon nom. Son regard.Le vide, puis… le lien.- Non… non, non…Je me relève d’un bond. Mon souffle devient erratique. Je trébuche, m’agrippe à la table, renverse un vase qui
KAELJe me réveille en sursaut.La sueur ruisselle dans mon dos. Mon souffle est court, haché. Mon cœur cogne si fort qu’il fait trembler mes côtes. La chambre est noire, mais je n’ai pas besoin de lumière.Mes yeux voient encore.Trop.Je vois encore elle.Son regard fendu d’effroi et de reconnaissance. Sa peau nue sous mes doigts. Le cri silencieux de son âme. Le tremblement de ses genoux lorsqu’elle s’est effondrée devant moi. Comme si chaque battement de son cœur appelait le mien.Et son murmure. Mon nom. Prononcé comme une prière qu’on tente d’étouffer.Nerya.Je passe une main sur mon visage, mais rien n'efface l'empreinte. Rien ne calme la fièvre. Pas même la brûlure sous ma paume. Mon front est glacé, mes tempes cognent comme des tambours de guerre.Et dans ma nuque, là où personne n’a jamais osé poser la main, quelque chose pulse.Vivace. Conscient.Le lien.Je me lève brutalement. Les draps tombent. Le froid de la pierre me mord les pieds mais ne me fait pas frissonner. Je s
NERYALa nuit est tombée sans prévenir.Pas lentement, pas avec tendresse — non. Elle a glissé sur le monde comme une chape, lourde et absolue, effaçant le bruit, le souffle, le reste.Et avec elle, ce silence étrange.Trop dense. Trop plein. Trop… présent.Je suis dans mon lit. Mais rien ne repose.Mes draps me collent à la peau comme des chaînes humides. Mon souffle est court. Mon cœur est une bête enfermée, frappant contre les parois de ma cage thoracique. J’ai laissé les rideaux ouverts. Par habitude. Ou peut-être pour laisser un passage à la lumière.La lune glisse doucement sur le parquet.Froide. Spectrale. Presque cruelle.Je me tourne. Encore. Et encore. Mais rien n’y fait.Quelque chose serre ma poitrine.Pas une douleur.Pas une peur.Une absence.Mais pas la mienne.Quelque chose en moi manque à quelqu’un d’autre. Et je le sens. Comme une main invisible qui effleure ma nuque, qui cherche à m’appeler à travers le vide.Je ferme les yeux.Et je tombe.Pas dans le sommeil.Da
BRYNN— Il faut faire quelque chose. Maintenant.Ma voix fend la pénombre comme une lame.Le Conseil est rassemblé dans la salle des pierres anciennes. L’atmosphère y est lourde, moite, chargée de cette magie ancestrale qui palpite entre les murs. Et au centre, le nom de Kael plane comme une malédiction.Tous baissent les yeux. Certains serrent les poings. D'autres déglutissent difficilement.Cela fait trois jours.Trois jours qu’il est parti dans les bois, traînant sa folie derrière lui comme une traînée de feu. Trois jours que la forêt gémit sous ses pas. Que la terre se déchire à chacun de ses cris.— Il ne répond plus, dis-je. Ni à moi. Ni à la meute. Il n’entend rien. Ne ressent rien d’autre… qu’elle.Elle.Nerya.L'absence d'un nom suffit à ébranler ceux qui savent.— Il la cherche, murmure Ilias. Partout. Même dans les reflets des flaques. Même dans les cris des corbeaux. Même dans l’odeur des pierres.— Et il ne la trouve pas, complète Aedon. Et ça le rend fou.Je m’avance d’u