Chapitre 23 — Là où la lumière s’éteint
Aelis
La première fois que je suis morte, je n’ai rien senti. Juste un vide. Une déchirure silencieuse. Comme si mon corps s’était effacé, comme si mon nom s’était effondré dans une nuit sans fin.
Cette fois, c’est différent. Cette fois, je sens tout.
Le feu. Le sang. La mémoire de mes os. Le frisson d’un monde qui vacille au bord de l’abîme.
Je suis debout au bord du ravin. Les bras pendants. Les yeux rivés à l’obscurité qui pulse devant moi.
Là. L’antre. Le deuxième foyer.
Ils l’appellent le Gouffre de Velkar. Un nom qui mord les lèvres quand on le prononce. Un nom oublié des hommes, mais que la terre, elle, n’a jamais cessé de murmurer.
Sous mes pieds, le sol tremble. À intervalles réguliers. Comme un cœur. Comme un avertissement.
— Tu es sûre de toi ? murmure Nikolai dans mon dos.
Il ne parle presque jamais à voix basse. Mais ici, sa voix s’écrase contre les murs invisibles du gouffre.
Je sens la tension dans ses mots. La peur. Elle s’insinu