Lola HarrisonJe pousse la porte du bureau du DRH, le cœur battant à tout rompre. Chaque pas semble résonner dans mon crâne, un mélange d’excitation et de nervosité. Les rues calmes de Lumiville, la brise matinale, mes inquiétudes… tout cela reste derrière moi. Aujourd’hui, je vais enfin rencontrer l’entreprise pour laquelle j’ai tant espéré. Et pour la première fois depuis des semaines, je me sens impatiente, presque euphorique.Le DRH, un homme d’une cinquantaine d’années, se redresse immédiatement en me voyant.— Bonjour, Mademoiselle Harrison, dit-il avec un léger sourire. Je… vous attendais.Je souris à mon tour, soulagée et ravie.— Bonjour, Monsieur… Je suis très heureuse d’être ici. J’espère que ma candidature correspond à vos attentes.Il hoche la tête et se passe une main sur le visage, comme pour se donner contenance.— Oui… oui, bien sûr. Veuillez vous asseoir. Nous allons en discuter.Je m’assois, les mains crispées sur mon sac. Mon esprit déborde de rêves et d’espoirs. P
MarcLe soleil de Lumiville se lève à peine lorsque j’arrive devant les locaux de Lumitech Services. Le bâtiment gris, imposant mais dépourvu de fioritures, trône au milieu de la rue principale. Je sors de ma voiture, ajuste ma cravate, et inspire profondément. La décision est prise depuis des semaines : je néglige trop cette filiale. Rapports en retard, alertes ignorées, réunions virtuelles bâclées… aujourd’hui, je fais une inspection totale. Seul. Sans prévenir personne.Dès que je franchis les portes, un silence feutré tombe. Les employés, me voyant, se redressent instinctivement, certains se courbent légèrement. « Bonjour, Monsieur Marc », murmurent-ils à voix basse, presque comme une prière. Je ne réponds pas. Mon regard balaie chaque visage, chaque bureau, chaque détail. Il y a une satisfaction dans le contrôle, un mélange de fierté et d’autorité qui me traverse, mais aussi… une tension que je ne peux contenir.Je ne me précipite pas vers le DRH. Non, je prends d’abord le chemin
LolaLa lumière du matin frappe doucement ma fenêtre, mais cette fois, elle ne me glace pas. Elle me caresse, presque timide, comme pour me dire que je peux respirer, que je peux exister. Six mois se sont écoulés depuis cette nuit qui m’a transformée, et chaque souvenir reste gravé dans ma chair. Ce n’était pas qu’une passion, c’était une révélation : j’avais été vue, désirée, respectée, aimée. Et pour la première fois depuis longtemps, je savais que je méritais de vivre.Je m’assois sur le lit que j’ai loué à Lumiville, petite ville modeste mais vivante, où les rues ne me semblent plus hostiles, où les visages inconnus ne portent pas tous de jugements. Je prends mon carnet et relis les notes que j’y ai laissées. Chaque candidature envoyée est un petit pas vers l’indépendance, chaque mot un rappel que je peux tenir debout. Technicienne de surface… simple, honnête, concret, et suffisant pour commencer.Mon esprit vagabonde, et la mémoire me ramène à cette nuit. La chambre tamisée, nos
LolaLe matin a changé de parfum. Plus léger, plus neutre. Pas encore celui de la liberté complète, mais au moins celui d’un air que je peux respirer sans suffoquer. La lumière traverse les volets comme avant, mais cette fois elle ne me brûle pas. Elle caresse simplement mes yeux, mes épaules, comme pour me dire : tu es encore là, tu existes, et personne ne peut t’effacer.Six mois. Six mois que j’ai commencé à recoller les morceaux de moi-même. Six mois de blessures pansées à coups de larmes et de rage silencieuse. Six mois où j’ai appris à marcher avec mes cicatrices au lieu de trébucher dessus. La mémoire de cette nuit reste gravée dans mes os, dans chaque frisson que je sens encore au creux de ma poitrine. Pas une honte, ni un regret : juste une marque de ce que j’ai été capable d’aimer et de donner, entière et sans retenue même si c'est un peu flou .Je m’assois sur le bord du lit que j’ai loué, petit, modeste, mais à moi. J’attrape mon carnet et je relis les mots que j’y ai couc
MarcLe soleil m’éblouit dès le matin, mais je ne le vois même pas. Mes yeux sont aveuglés par cette seule image : elle. Je n’ai presque pas dormi, chaque bruit dehors me semble une insulte à mon désespoir. Cette inconnue… je la sens partout, dans chaque souffle, chaque pensée. Même dans le silence de ma voiture, son air me poursuit, comme une mélodie que je ne peux chasser.Je reprends la route, le cœur battant à m’en faire mal. L’hôtel me hante déjà. Le drap froissé, la chaleur de sa main, le rire discret… chaque détail est gravé comme une brûlure sur ma peau. La nuit dernière, je croyais avoir un moment d’évasion, mais aujourd’hui, je comprends : c’est pire qu’avant. J’étais libre de mon corps avec elle, et ce sentiment de puissance, de vie retrouvée, me manque cruellement.Je pousse la porte du hall, prêt à tout demander.— Bonjour, monsieur, dit le réceptionniste, indifférent.— Elle est là ? La femme avec qui j’étais… il y a trois mois… Elle travaille ici ?— Euh… on ne se rappe
MarcJe quitte enfin le bureau, la tête lourde et les pensées enchevêtrées. Chaque pas vers ma voiture est un mélange de détermination et de doute : il faut agir, tester, comprendre. Si mon corps refuse Camille, peut-être qu’un autre contexte, un autre corps, pourra déclencher ce que je n’ai pas réussi à provoquer avec elle.Je choisis un hôtel discret, un endroit où personne ne me connaît, où l’anonymat me permettra de me concentrer sur… moi. Le hall est calme, le réceptionniste à peine intéressé, et je respire un instant, me disant que ce soir, je vais trouver des réponses, coûte que coûte.La porte de la chambre se ferme derrière moi, le cliquetis du verrou est un écho familier. La femme que j’ai choisie est belle, charismatique, mais surtout, elle est inconnue. Je me dis que la distance, le détachement, peut me libérer. Je tente de chasser Camille de mon esprit, de me concentrer sur le moment présent.Je l’invite à s’asseoir, à se rapprocher, à me montrer ce que mon corps devrait