À trente-quatre ans, Marc porte un secret qui ronge son orgueil : son impuissance. Malgré les rendez-vous chez les spécialistes, les traitements, les thérapies, rien n’a jamais fonctionné. Chaque échec laisse derrière lui une blessure plus profonde, un poids qu’il dissimule derrière son regard dur et sa réussite professionnelle. Jusqu’à cette nuit-là. Poussé par une insatiable envie de changement, il se laisse entraîner dans un club obscur, un monde qu’il pensait ignorer. C’est là qu’il rencontre Lola, une femme mystérieuse et bouleversante, dont la fragilité dissimule une force insoupçonnée. Droguée pour la faire passer pour une simple prostituée, elle est pourtant vierge, inconnue de ce milieu sordide. Et sans le savoir, elle devient la seule capable de réveiller enfin le désir enfoui de Marc, faisant vibrer son corps et son âme d’une manière qu’il croyait impossible. Mais au petit matin, Lola disparaît. Marc se retrouve seul, désemparé, hanté par cette unique nuit où tout a semblé possible. Il enchaîne les rencontres, les rendez-vous, les essais mais aucun ne ravive cette étincelle, aucun ne parvient à dénouer le nœud de sa frustration. Des mois s’égrènent, marqués par des nuits blanches et des espoirs déçus, jusqu’à ce jour où le destin frappe à sa porte : il découvre le visage de Lola sur le dossier d’une candidate à un poste clé dans son entreprise. Un sourire mêlé de soulagement et de défi se dessine sur ses lèvres. Cette fois, elle ne lui échappera pas. Cette fois, il prendra le contrôle.
View MoreLOLA
J’ai vingt-trois ans, mais parfois, j’ai l’impression d’en porter cinquante. Mon reflet dans le miroir est celui d’une femme que je ne reconnais plus : mes longs cheveux noirs tombant en cascade, ma peau claire, douce, qui semble presque irréelle, et ces yeux sombres, lourds d’une fatigue qui ne part jamais, comme si mon âme portait chaque jour un peu plus de poids. On me dit belle, fragile, presque mystique. Mais cette beauté, c’est une prison dorée.
Je rentre chez mon père, comme chaque soir. Cette maison qui devrait être un refuge est devenue une cage. Le cœur serré, chaque pas me rapproche d’un mur invisible qui m’étouffe.
– Tu rentres tard, encore, lance-t-il d’une voix froide, sans lever les yeux de son journal.
Je baisse la tête, évitant son regard, sachant que chaque silence est un reproche.
– Tu crois que tu peux faire ce que tu veux ? Sa voix se fait plus dure, tranchante. Ici, c’est moi qui décide.
Le monstre en lui se réveille, un souffle glacé qui fait trembler mes entrailles. Je recule, un frisson me parcourt.
– Laisse-moi tranquille, s’il te plaît… murmuré-je, la voix brisée, presque inaudible.
Il lève la main. Ce n’est pas la première fois. Pas la dernière non plus.
– Tu crois que j’ai besoin de ça ? crie-t-il. Je fais ça pour ton bien, pour que tu comprennes ta place !
Mais ce soir, ce n’est pas la violence physique qui vient. Il me tend un verre, un simple verre.
– Bois ça. Ça t’aidera à oublier.
Je veux refuser. Je veux courir, disparaître. Mais ses yeux me figent, un piège silencieux.
– S’il te plaît, papa… dis-je en tremblant.
Il penche la tête, un sourire triste, presque sincère.
– Ce n’est pas pour être méchant. C’est pour toi.
Je bois , la brûlure monte vite, s’enroule autour de ma gorge, embrume mes sens. Tout devient flou, comme si un rideau sombre tombait entre moi et le monde.
– Je t’aime, tu sais… murmure-t-il alors que je sombre, ces mots lourds d’une ironie cruelle qui me vrillent le cœur.
Je voudrais crier que ce n’est pas de l’amour. Que ce n’est qu’une cage de fer dorée, un piège qui m’enchaîne. Mais je suis déjà partie, loin de moi-même.
PÈRE
Elle ne comprend pas encore. Elle croit que je suis son ennemi, alors que je suis le seul à vouloir la protéger, à vouloir lui montrer sa place.
– Tu es faible, Lola, lui ai-je dit maintes fois. Tu dois apprendre à obéir, sinon tu vas te perdre.
Ce soir, la drogue dans son verre lui fera perdre toute résistance. Elle comprendra. Elle acceptera.
– Tu ne m’échapperas jamais, murmurai-je en serrant son bras, sentant son corps devenir mou, prêt à se briser sous mon contrôle.
Ce club, ce lieu sordide, sera sa punition. Son enfer temporaire. Elle y retournera sans autre choix que d’accepter sa réalité, sa condition.
Je sais qu’elle souffre, mais c’est pour son bien. Elle doit comprendre, apprendre, plier.
LOLA
Je me réveille dans un lieu qui sent la peur, la sueur, la douleur. Un endroit froid, sale, un mélange d’odeurs âcres et de voix lointaines qui murmurent des choses que je refuse d’entendre.
– Lève-toi, dépêche-toi, tu n’es qu’une marchandise ici, me souffle une voix rauque dans mon dos.
Une main ferme agrippe mon bras. Je veux me débattre, hurler, mais je suis faible, trop faible pour lutter.
– Arrête, laisse-moi partir ! je supplie, les larmes aux yeux, la gorge nouée par le désespoir.
Mais personne ne m’écoute. Je suis seule, terriblement seule. Perdue, enfermée dans ce cauchemar dont je ne vois pas la fin.
Je repense à mon père, à son visage dur, à ses mots qui résonnent comme des chaînes.
– Je t’aime, tu sais…
Ces mots me hantent, me brûlent comme une douleur vive et amère.
– Je ne suis pas à toi, papa. Je ne serai jamais à toi.
Mais mes cris restent muets, emportés par le silence glacé de cette pièce.
Je pleure, seule, tandis que le monde autour de moi continue de tourner, indifférent à ma chute.
MarcJe dors à peine.Le sommeil n’est qu’une illusion fragile, traversée de réveils courts, de battements de cœur qui résonnent dans mes tempes, et de souvenirs encore brûlants sur ma peau. Chaque fois que je ferme les yeux, je sens de nouveau ses mains, sa chaleur, comme un écho qui refuse de s’éteindre.Elle est là, tout près, sa respiration lente effleurant mon épaule. Un souffle régulier, presque apaisant… mais incapable d’éteindre le tumulte qui me maintient éveillé.J’ouvre les yeux dans la pénombre, et le simple contour de son visage, dessiné par la lueur froide de la lune qui glisse à travers les rideaux, suffit à rallumer ce désir qui n’a jamais vraiment disparu depuis que je l’ai touchée.Mon corps décide avant ma raison.Je me tourne vers elle, avec une lenteur calculée, comme pour ne pas briser la bulle fragile qui nous entoure. Ma main glisse le long de son bras nu, caressant cette peau tiède qui me fait oublier tout le reste. Elle bouge à peine, mais un frisson léger tr
LolaLe matin filtre à travers les volets entrouverts, dessinant des lignes pâles sur le mur face à moi. Allongée, mon corps encore brûlant de la nuit passée, la peau marquée de ses caresses, je sens mon cœur tambouriner sous ma poitrine comme un animal apeuré.Je cligne des yeux, cherchant à chasser la confusion qui m’étreint. Ce n’était pas un rêve. Tout est là, chaque souffle, chaque frisson, chaque murmure gravé dans ma mémoire comme un tatouage indélébile.L’ampleur de ce que j’ai vécu s’abat sur moi comme une tempête. Ce premier abandon, ce don de moi que je n’aurais jamais cru possible.Un poids énorme écrase ma poitrine.La honte.Si forte qu’elle me noue la gorge, m’étouffe, me pousse à me cacher, à fuir.Mais sous cette honte, une flamme plus sombre s’allume : la colère.Une rage sourde, brûlante, qui serre mes poings, fait battre mes tempes à tout rompre.Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? Pourquoi cette ville pourrie, pleine de regards cruels, de jugements qui me dévorent ?Et
MarcAprès plusieurs minutes à la caresser, à effleurer chaque parcelle de sa peau, à l’embrasser avec une passion tremblante, je sens que quelque chose de nouveau s’installe entre nous. Un lien fragile mais puissant, un souffle partagé, une promesse silencieuse.Je prends une profonde inspiration, le cœur battant à tout rompre. Tout mon corps est tendu, chaque muscle alerte, chaque pensée concentrée sur cet instant qui s’annonce comme un passage, un seuil à franchir.Je me penche vers elle, mes mains glissent lentement le long de ses hanches, hésitent un moment avant de s’aventurer un peu plus bas. Son corps se tend légèrement, puis se détend, m’accueillant sans réserve.Je sens son souffle, irrégulier, se mêler au mien. Ses yeux cherchent les miens, cherchant une confirmation, une permission. Je lui souris, essayant de lui transmettre toute ma douceur, toute ma vulnérabilité.Puis, avec une lenteur sacrée, je me place entre ses cuisses. Mon corps frissonne, un mélange d’appréhension
MarcLe silence pèse lourd dans la chambre. Je reste assis, figé, les mains crispées sur mes cuisses, le visage brûlant de honte. Pourtant, mes yeux ne peuvent s’empêcher de revenir vers elle, cette femme allongée sur le lit, à la fois fragile et forte, fatiguée mais magnétique.Je la regarde de plus près. Ses courbes sont harmonieuses, son corps semble dessiné pour inspirer le désir, pour offrir un refuge. Une douceur émane de son visage, malgré la dureté de son regard.Quelque chose d’irréel commence à se passer. Une sensation que je n’ai jamais connue depuis longtemps s’insinue en moi, timide d’abord, puis de plus en plus pressante. Une chaleur, une vie, un feu qui s’éveille dans mon corps.Je bande!!!!Pour la première fois de ma vie.Le choc me fige. Je n’ose pas y croire. C’est comme si cette chambre poussiéreuse, cette nuit imposée, cette femme inconnue avaient réveillé en moi une part oubliée, enterrée sous des années de honte et de silence.Je croise le regard de la femme. El
MARCJe sens l’air lourd dès que je pousse la porte. Une odeur mêlée de cigarette froide, de parfum bon marché et de renfermé me saute au visage. C’est un mélange toxique qui me serre la gorge et fait naître un goût amer sur ma langue. Mon cœur cogne, un rythme irrégulier, autant à cause de l’angoisse que de la honte qui m’étouffe.Lorent, mon ami d’enfance, m’a traîné ici sans vraiment me demander mon avis. Il ne comprend pas. Il ne peut pas comprendre. Ce genre d’endroit me donne la nausée. Je n’ai jamais eu l’habitude de franchir ces seuils où les hommes viennent chercher ce qu’ils n’osent pas demander ailleurs, ce qu’ils ne peuvent pas trouver dans un regard sincère ou dans la chaleur d’un vrai contact.– Allez, Marc, lâche-toi un peu, lance Lorent d’un ton qui se veut rassurant, mais qui sonne surtout comme un ordre. C’est juste une chambre. Une femme, une nuit. Tu verras, ça te fera du bien.Il ne sait pas que je me bats chaque jour contre une humiliation plus grande encore que
PÈREJe serre les billets entre mes doigts, le froid du papier glacé qui contraste avec la chaleur brûlante au fond de ma gorge. C’est la preuve que j’ai tenu parole, que j’ai fait ce qu’il fallait, aussi cruel que ce soit. Lola est vendue. Une marchandise désormais, un corps que je peux monnayer sans remords.– Voilà ta part, je lance au type à l’air dur, mon regard croisant le sien, froid et méfiant. Je récupère mon dû, un poids en moins sur mes épaules, mais un fardeau qui ne s’allège jamais vraiment.Il me répond par un rictus, un sourire cynique.– T’as bien fait, elle fera son taf, crois-moi.Les mots sont durs, mais ils résonnent avec la dure réalité que je tente d’imposer. Je ne peux plus revenir en arrière.Je pense à Lola, enfermée quelque part dans ce labyrinthe d’ombres, perdue dans un monde qu’elle n’a jamais choisi. Pour moi, c’est un mal nécessaire. Elle doit apprendre, plier sous le poids de cette existence.Je ferme les yeux un instant, cachant ce qui pourrait ressemb
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