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Chapitre 2

Mon père m'avait expliqué que je devais être à l'aéroport deux heures avant et que la route durait environ une heure et demi. Je devais donc me lever quatre heures avant le départ de mon vol pour être sûr de l'avoir.

A six heures, mon réveil sonna et je dû m'extirper du lit. Je n'avais pas faim donc je me suis juste habillée, peignée et brossée les dents.

Mon père descendit mes valises dans la voiture pendant que je disais au revoir à ma mère.

« Tu vas nous manquer mais amuses toi.

-Vous allez me manquer aussi mais ne t'inquiète pas, je vais vous appeler tous les soirs.

-Fais attention à toi.

-Je fais toujours attention. »

Je n'aimais pas partir en vacances sans ma famille et pour si longtemps. J'étais déjà partie en classe de neige et en Angleterre mais seulement pour une semaine et même là ils me manquaient. Je n'étais pas le genre de fille qui n'osait pas partir sans ses parents et qui avait peur. Partir sans eux était juste bizarre. Comme si j'oubliais quelque chose à la maison. On partageait tellement de choses ensemble que je ne voulais partager avec personne d'autre.

Mon frère n'aimait pas non plus quand la famille se déchirait. La veille, lors de l'annonce de mon voyage, il avait pleuré et je lui avais promis de le réveiller avant mon départ. Ce que je fis.

« Coucou Noé.

-Tu pars ?

-Oui mais je reviens très vite et je prendrai pleins de photos comme promis. Je t'apporterai même un cadeau.

-Pas besoin de cadeau. Le plus grand cadeau sera ton retour. »

Mon frère ne parlait pas beaucoup mais il savait toujours quoi dire. Sur ce, il me fit un câlin et se rendormit. Quant à moi, je descendis rejoindre mon père dans la voiture. Sur le chemin j'avais luté de toutes mes forces contres mes larmes qui furent refoulés avec succès.

J'avais chargé mon téléphone au maximum et j'avais emporté mes écouteurs. J'en ai placé une dans mes oreilles et j'ai allumé Zombie sur mon téléphone.

« Tu vas bien t'amuser.

-Ouais. Mais pourquoi la Hongrie ? Il y a des tas d'autres pays cool. L'Italie par exemple. Je n'aurais pas bronché. Ou j'aurais pu aller en colo avec Luna. Et si vous vouliez juste me faire plaisir alors pourquoi pas m'avoir acheté un chien ?

-Je peux aboyer si tu veux. »

Je souriais. Mon père sortait toujours cette blague quand je lui parlais de mon envie d'avoir un chien. Un jour je les convaincrai !

Pendant le reste du trajet, mon père me répéta encore et encore ce que je devais faire et où je devais aller. J'avais même appris le numéro de mon siège par cœur.

Une fois arrivés, on est tout de suite allés déposer mes bagages. Avec l'aide de ma mère j'étais parvenue à tout ranger dans une valise et dans un sac à dos que j'allais garder avec moi. Depuis quelques semaines, si un ado de moins de quinze ans voyageait, il pouvait déposer une valise gratuitement alors on n'eut rien à payer. Dans mon sac restant se trouvaient mes livres, mon cahier rose, mes stylos, mes écouteurs, mon téléphone, mes chewing-gum et mes papiers...

« Tu n'as pas faim ?

-Non. Pas trop. »

Mon père insista pour que je choisisse quelque chose dans une boutique et je lui promis de le manger plus tard. Rencontrer des hongrois à Paris était assez rare et ça me faisait bizarre d'entendre des petits groupes parler hongrois.

« Je ne peux pas t'accompagner plus loin. Tu as encore du temps. Ton vol part dans un peu moins de deux heures.

-Merci papa. Ne t'inquiète pas pour moi. Je sais me débrouiller. Ce n'est pas la première fois que je prends l'avion!le rassurais-je

-Oui, je sais mais si jamais tu te perds, ne parle pas à des inconnus et demande ta route à un employé.

-Je sais... Je vous envoie un sms dès que mon avion a atterrit. D'accord ?

-C'est d'accord. »

Mon père m'enlaça puis il attendit sur le côté le temps que j'entre dans la fille et que je disparaisse de son champ de vision.

J'étais seule.

Je devais retirer mon manteau et le poser avec mon sac et mon téléphone dans une barquette avant de passer sous les portiques détecteurs. Une fois passé, un homme me rendit mon sac, mon téléphone et mon manteau mais il brandit le sachet de nourriture que m'avait acheté mon père.

« Je suis désolé mais vous n'avez pas le droit d'emmener de la nourriture mademoiselle.

-Oh pardon, je devais le manger avant d'entrer mais j'ai oublié. Je peux le jeter où ? »

L'homme me sourit et me tendit le sachet en me disant que c'était bon pour cette fois. Je lui ai remercié et j'ai continué ma route.

Je consultais mon téléphone. 9H15. Sachant que mon vol partait à 10h10, je décidais de me diriger lentement vers la portique 12B. De nombreuses personnes de mon âge passèrent à côté de moi sans même me regarder. J'aurais pu être là avec mes parents, mon frère ou même avec Angéliqua ou Victor ou Adèle ou Julie ou Marie ou Mikaël ou même avec Roxana. Mais j'étais seule.

Soudain, mon regard fut attiré par un magasin de livres. J'avais encore du temps devant moi alors je décidais d'y entrer. Malheureusement, je n'y avais rien trouvé de très intéressant alors j'étais ressortit les mains vides et je me suis remise à me diriger vers la portique 12B.

Quelques mètres plus loin se trouvait un espèce de stand de bouteille d'eau qui étaient toutes à un euro. Je me suis mise à fouiller dans mes poches et j'ai acheté une bouteille. J'aurais sûrement eu soif à un moment ou à un autre et sur l'avion, l'eau aurais probablement coûtée plus cher. De plus, sur le stand, il était écrit que l'argent allait être utilisé pour aider des orphelins.

Un autre magasin de livres croisa mon chemin et j'eus la chance de trouver un journal Lego Ninja Go avec une figurine que mon frère adorait mais qu'il avait perdu. J'ai acheté le magazine sans réfléchir. Mon frère allait l'adorer.

Un ours dans une vitrine attira mon œil. Il était habillé en français avec le t-shirt raillé et un béret. Il était presque aussi chou que Hamilton. Je sortis toute l'argent française qu'il me restait. J'avais de l'argent française et hongroise sur moi mais la française n'allait me servir à rien alors je décidais de la dépenser. Il me restait seize euros et cinquante centimes, la peluche coûtait quatorze euro quatre-vingt dix neuf centimes.

Je trouvais les prix à quatre vingt dix neuf centimes sans intérêt. Un centime de plus et ça aurait été rond ! Et c'était encore plus débile en Hongrie puisque les pièces de un Forint n'existaient pas. Mais celui qui avait inventé ça était tout sauf bête. La personne qui faisait les courses allait sûrement retenir le prix avant la virgule et ne prendrait pas la peine (en générale) d'arrondir ce qui pouvait la pousser à acheter le produit. J'adorais le cerveau humain...

Je passais vite fait aux toilettes et j'atteignis enfin le portique 12B où je m'assis et je sortis un livre le temps d'attendre. Il était 9h 34 et je ne dû pas attendre très longtemps vu qu'ils nous faisaient entrer une demie-heure avant le départ. J'envoyai un message à mes parents avant de mettre mon téléphone en mode avion.

Mon siège était le 15A et il se trouvait vers le milieu près de l'aile gauche. Évidement, je m'assis à côté de la vitre et je m'attachai déjà. La route me rendait un peu nerveuse. Avant de m'asseoir, j'avais pris soin de poser mon manteau dans le coffre au dessus de ma tête mais j'avais gardé mon sac à mes pieds. J'étais perdue dans la contemplation de l'aile de l'avion tout en me demandant de quoi elle pouvait bien être composée quand quelqu'un toussa près de moi. Je me suis tournée et suis tombée nez à nez avec Zita.

« Mais qu'est-ce que tu fais là?demandais-je stupéfaite.

-Je vais en Hongrie.

-Oui, je vois ça ! Mais... Toute seule ?

-Oui. Quand j'ai su que tu venais en vacances en Hongrie, j'ai trouvé ça trop cool.

-Mais... Tu es venue parce que je suis venue?demandais-je légèrement agacé.

-C'est ma mère qui l'a sut en première.

-Mais tu ne parle même pas le hongrois !lui faisais-je remarquer.

-C'est faux ! Je sais dire quelques phrases. Tu sais que ma mère est hongroise et ce sera le moment parfait pour apprendre. En un moi, je vais m'améliorer.

-Un moi ? Toi aussi tu rates deux semaines ?

-Oui. Ma mère en a parlé à la CPE et elle a dit que c'était une idée géniale ! C'est comme un voyage scolaire à l'étranger mais ils n'ont rien à payer. »

J'étais au bout du rouleau. J'allais poser deux questions qui allaient déterminer si oui ou non, j'allais passer des vacances horribles.

« Tu es inscrite pour deux semaines dans l'école de Szeged ?

-Oui ! Toi aussi n'est-ce pas ?s'enthousiasma-t-elle.

-Tu vas dormir où?demandais-je à bout de nerfs.

-Dans un hôtel à Szeged. »

J'ai cru que j'allais vomir. J'allais passer tout un moi en sa compagnie et en celle de ma cousine en Hongrie ! Je ne pouvais imaginer pire ! Le petit sourire timide de Zita disparut quand elle remarqua que je n'étais pas enthousiaste du tout.

« Tu n'es pas heureuse ?

-Heureuse ? C'est comme ça que tu me qualifierais à ce moment précis ? Tu penses que je suis heureuse de partir un moi en Hongrie ? Avec toi ? »

Elle se figea quelques secondes stupéfaite et ses joues s'empourprèrent.

« Vas à ta place et laisse moi tranquille...

-Ma place est à côté de toi...hésita-t-elle avant d'avouer.

-Non, vraiment ?

-Oui, ma mère a appelé pour qu'ils nous mettent à côté comme on se connaît.

-Alors ça c'est sûr on se connaît ! »

Elle rangea son sac et son manteau dans le coffre puis elle s'assit à côté de moi. De longues secondes passèrent sans qu'aucune de nous deux ne prononce mot. Ce silence gênant m'aurait dérangé aux côtés de quelqu'un d'autre mais à ce moment précis, il ne m'apportait que du repos.

« Écoute, je comprends que tu sois stressée à cause de l'école et tu es triste de devoir quitter ton amie au collège. Mais on va s'amuser tu verras ! »

Pourquoi est-ce que tout le monde me disait ça ? Cette phrase qui était censée me rassurer eut un tout autre effet sur moi. Zita avait bien insisté sur le fait que je n'avais qu'une seule amie au collège. La rage bouillait en moi et quand le moteur de l'avion se mit à gronder, je cru que c'était ma colère qui prenait vie.

Zita faisait la taille d'Angéliqua mais elle avait des cheveux courts avec un mélange entre blond et brun. Elle était issue d'une famille hongroise tout comme moi et elle avait un petit frère aussi mais elle ne parlait pas hongrois. En quatrième on avait été meilleures amies mais elle était très vite devenue jalouse. Je ne saurais dire le nombre de fois où elle m'a abandonnée pour une autre. Ironie du sort, elle s'était disputée avec toutes les filles pour lesquelles elle m'avait abandonnée.

En début d'année, pour une raison que j'avais oubliée, j'avais dit ses quatre vérités à Zita. Je lui ai dit qu'elle m'avait abandonnée. Ce à quoi elle a répondu qu'elle s'était vexé car elle avait trouvé que je l'abandonnais pour Angéliqua. Sur le coups, je m'étais dit que cette révélation était mignonne et qu'en fin de compte, je pourrais lui pardonner car on s'est vexées pour la même chose.

J'étais aussi meilleure amie avec Catherine à l'époque. Le truc c'est que Catherine était aussi amie avec Zita. Je lui avais raconté ce que Zita m'avait avouée et je lui avais avoué à mon tour que je comptais lui pardonner. Catherine m'a déconseillée de le faire. Au début, je ne savais pas pourquoi. Ensuite, elle m'a révélée qu'alors que j'essayais de m'éloigner de Zita, celle-ci parlait dans mon dos. Elle m'a aussi dit que Zita ne s'était pas énervée contre moi parce qu'elle trouvait que je la laissais tomber pour Angéliqua mais bien pour ce que je pensais. Elle était juste jalouse. Suite à notre échange où je fus pratiquement la seule à avoir parlé Zita avait dit à ses amies qu'elle m'avait dit mes quatre vérités et que j'avais compris la leçon.

J'étais entrée dans une colère noire. Depuis ce jour, je ne daignais plus lui parler ni même lui dire bonjour. Bien sûr elle ne comprenait pas puisque je lui avais dit la veille que je lui pardonnais. Alors que c'était la fin des cours et que je rentrais, Zita était devant moi avec ses trois seules amies (elle les connaît depuis la maternelle et je vous jure que ce sont ses seules amies). Évidemment, je ne voulais pas rentrer avec elles après tout ce qu'elles avaient dit dans mon dos, donc je les ai dépassées et j'ai continué ma route.

Malheureusement, quelques jours après, on partait en voyage avec toute la classe et je me suis retrouvée dans le bus à côté de Zita vu qu'Émile était tombé malade. Elle m'a tout de suite questionné sur pourquoi je ne les avais pas rejointes. A quoi, je lui ai répondue :

« Mieux vaut être seule que mal accompagnée. »

Zita s'était énervée mais je voyais bien que mes paroles lui avaient fait mal. Quelques jours après, elle m'avait joué un tour que je n'oublierai jamais.

J'admirais la vue par la petite vitre qui me séparait du vide absolu quand Zita sortit son téléphone.

« Oh c'est trop chou... »

Elle parlait toute seule pour attirer mon attention mais je ne comptais pas lui donner cette satisfaction. Malheureusement, je n'avais jamais été patiente et au bout du quinzième oh, j'ai tourné la tête vers l'écran. Zita était entrain de dévorer des yeux un garçons de notre âge qui faisait une forme de cœur avec ses mains. Je n'avais posé aucune question mais elle me dit :

« C'est Matthew, mon petit ami.

-Tu es en couple toi?demandais-je surprise.

-Oui ! Je l'aime trop ! »

Je ne comptais pas prolonger la discussion mais ma curiosité l'emporta.

« Matthew... Ce n'est pas un prénom anglais ou américain ça ?

-Si. C'est américain.

-Il est américain ?

-Oui ! Il est super beau non?me demanda-t-elle extasié. »

Personnellement, je le trouvait assez moche mais je ne savais pas si ma haine pour Zita y jouait un rôle quelconque. Et puis chacun ses goûts non ?

« Attends, il est américain ? Il habite en Amérique ?

-Oui.

-Mais tu ne l'as jamais vu?demandais-je soudain ennuyée.

-Si bien sûr ! On fait un Skype au moins une fois par semaine. »

Je n'avais jamais compris les relations à distance. Comment pouvait-on aimer quelqu'un que l'on n'avait jamais vu en vrai ? Comment pouvait-on savoir s'il nous trompait ?

On est restées silencieuses encore quelques secondes avant que je ne me décide enfin à décrocher mes yeux de la double vitre en plastique et que je reporte mon attention vers mon carnet rose. J'avais fini de lire les quelques pages qu'il me restait de Guerre et Paix et je me maudissais de l'intérieur quand je sentis Zita se pencher vers mon carnet. Je l'ai fermé par reflex.

« Tu écris encore dans ton carnet rose?me demanda-t-elle.

-Oui.

-Je peux voir ?

-Je ne préfère pas. »

L'année dernière, j'avais montré à Zita mon carnet rose. Elle n'avait pas tout vu, juste une page mais je regrettais amèrement de l'avoir fait.

« Tu écris quoi comme histoire en ce moment?demanda-t-elle curieuse.

-Une histoire pour mon frère.

-Il est le personnage principale ?

-Oui. C'est un ninja.

-Tu peux en écrire une pour moi aussi ?

-Le vol dure combien de temps ? Deux heures vingt ? Ce ne serait pas suffisant pour te décrire.

-Oh... Tu es trop mignonne...dit-elle tout sourire. »

Ce qu'elle ne savait pas c'est que ce n'était pas un compliment... Mais bon, je n'allais pas non plus remuer le couteau dans la plaie. Je comptais passer de bonnes vacances malgré tout. Pour mes parents.

« Tu veux regarder un film ?me proposa-t-elle. »

Analysons la situation. Si on regardait un film, je n'aurais pas besoin de parler et le vol passerait plus vite. Je n'aurais même pas besoin d'écouter le film. Je pourrais continuer d'écrire.

« D'accord.

-Tu veux regarder quoi ? J'ai ramené plein de films. Alors, que dirais-tu de La reine des neiges ?

-Non, je l'ai vu au moins cent fois.

-Alors, Twilight ?

-Ça dépend, tu as lequel ?

-Le dernier.

-Non.

-Tu as un film que tu aimerais voir ?

-Tu as... Les âmes vagabondes ?

-Non, mais toi tu l'as ? »

J'avais ramené ma tablette aussi avec pleins de films mais la connaissant, elle aurait été capables de la casser ou de la voler. Je parlais par expérience. Elle avait volé la tablette de Zoé mais cette dernière l'avait vue et Zita avait aussi cassé le téléphone d'un garçon de ma classe ''sans faire exprès''.

« Malheureusement non...mentais-je.

-C'est pas grave.

-Tu as... Orgueil et Préjugés ?

-Oui ! Je savais que tu adorais ! »

Elle alluma son ordinateur et me passa un de ses écouteurs que j'essuyais discrètement avant de placer dans mon oreille. J'avais vu ''Orgueil et Préjugés'' au moins trois cent fois et je connaissait les paroles par cœur mais ça ne me dérangeait pas. Au contraire. Ça me permettrait de me concentrer encore plus sur mon histoire. Elle avait mit la dernière version qui durait une heure trente et ça se termina très vite. Il nous restait encore un peu moins de la moitié du vol.

« Tu veux regarder un autre film?me demanda Zita

-Non, merci. »

Elle rangea son ordinateur portable alors que je rangeais mon carnet rose. J'avais écris environ trente pages et je me sentais légèrement nauséeuse à force de regarder vers le bas. J'ai donc reporté mon attention vers la double vitre.

La vue était à couper le souffle. Sur les nuages se reflétait la lumière dorée du soleil et à certains endroit on pouvait apercevoir des maisons ou des champs. Petite, j'adorais les nuages. Je savais qu'ils étaient à base d'eau mais ça me faisait bizarre. Dans presque chacun de mes rêves, je rêvais que je volais au dessus des nuages comme dans Aladdin. Quant au Soleil c'était l'Astre qui me fascinait le plus avec Jupiter et peut être Mars.

Une tête se posa sur mon épaule. Zita essayait de dormir mais le fait qu'elle pose sa tête sur mon épaule me gênait.

« Aïe.

-Oh, désolé, je t'ai fait mal ?

-Non, c'est rien. Je me suis juste fait mal à l'épaule alors si tu pouvais éviter de poser ta tête dessus.

-Oh, oui. Pas de soucie.

-Merci. »

Elle tourna la tête et elle se reposa. Je ne voulais pas que ce vol s'arrête. Je voulais qu'il dure éternellement et qu'on ne se pose jamais en Hongrie. Pour que le vol soit le plus long possible, je comptais rester éveillé et ne rien faire mais mes paupières devinrent lourdes et je m'endormit la tête contre la vitre.

A mon réveil, mes yeux étaient légèrement mouillés mais je n'avais dormi que quelques dizaines de minutes et il me restait une bonne demi heure de route. J'ai eu la mauvaise idée de changer de position et Zita qui avait posé sa tête sur mon épaule se réveilla à son tour.

« On a dormi longtemps ?

-Non. Dix minutes.

-On arrive quand ?

-Une demi-heure environ.

-J'ai hâte qu'on soit à l'hôtel!s'enthousiasma-t-elle. »

Je ne répondais rien. Dans les moments où mes émotions s'entremêlaient, je me maudissais de ne pas tenir un journal intime. Je sortis mon carnet rose et je me suis mise à écrire tout ce qui me passait par la tête. Des choses que même vous n'avez pas le droit de connaître. Bien sûr j'écrivais dans un angle qui rendait la lecture impossible à qui que ce soit à part moi. Les signaux lumineux qui nous avertissaient pour mettre nos ceintures s'allumèrent et le pilote nous annonça en hongrois, en français et en anglais qu'on allait bientôt atterrir.

« Ma mère m'a donné de l'argent pour un taxi. Et toi ?

-Mes cousins viennent me chercher.

-Cool ! Je peux venir avec toi ? »

Je ne comptais pas supporter Zita plus longtemps mais la culpabilité me rongea. Et s'il lui arrivait quelque chose dans son taxi ?

« Ta mère a déjà planifié ton taxi ?

-Oui mais ça ne me gêne pas de t'accompagner.

-Désolée mais non. »

Elle se renfrogna. Les roues de l'avion touchèrent le sol de manière plus légère que dans mes souvenirs et tous les passagers, y compris moi, applaudîmes le pilote. Dès que je le pus, je me suis levée et j'ai pris mes affaires. Je m'arrêtai quelques secondes avant de descendre de l'escalier pour savourer en quelques sortes. Zita quant à elle avait eu la mauvaise idée de me suivre jusqu'à l'endroit où je devais récupérer ma valise. N'empêche ça me permit de ne pas me perdre.

Nos chemins se séparèrent quand j'aperçus ma cousine, mon cousin et leur parents qui m'attendaient. Je les rejoignis jouant la joie. Quand ils me virent, mon cousin ne daigna même pas soulever ses yeux de son téléphone et les autres sourirent. Leurs sourires se voulaient chaleureux mais ils étaient tout le contraire. Ma cousine me prit dans ses bras pour m'embrasser suivit de près par sa mère et son père me fit juste la bise mais je ne me faisais pas avoir par cette mascarade. Bien sûr je souriais aussi.

Ma cousine s'appelait Pamela. Elle et moi étions en assez bon thermes il y a six ans à part le fait qu'on se disputait tous les jours car elle adorait commander mais mon tempérament doux et timide me forçait toujours à la pardonner. J'étais rancunière à présent. Ma cousine avait essayé de me rabaisser toute sa vie mais elle n'avait jamais guérit de sa jalousie. Je ne faisais rien pour qu'elle soit jalouse de moi. J'habitais juste en France, j'étais sûr de moi et ça suffisait. Elle m'a puni pour ça durant huit ans. Le temps ne l'avait pas gâtée. Elle n'avait aucun talent à part en danse hongroise et elle était assez ronde. Elle avait même fait l'erreur de couper ses cheveux courts qui étaient d'après moi son seul atout. Elle me jugeait, je la jugeais. On disait souvent de ne pas faire aux autres ce que l'on ne voudrait pas qu'on nous fasse mais ce qu'elle pensait de moi ne m'intéressait guère.

Mon cousin, Bence, n'était pas vraiment mon cousin. Il était le demi fils de la mère de Pamela et je ne l'avais vu que deux fois de ma vie. Il devait avoir dix-huit ans et il n'avait rien de sympathique. J'étais même surprise qu'il soit venu.

La mère de Pamela, Delfine, était la demi-sœur de la cousine à ma mère et son père, Máté était le fils de la meilleure amie de la mère de Delfine. Ils étaient drôlement riche et nulle ne savait d'où venait toute cette argent. Leur richesse les faisait se sentir supérieurs.

On se mit très vite en route et je me suis retrouvée dans la voiture à côté de la fenêtre et à ma droite Pamela. Je ne disais rien, je regardais par la fenêtre appréhendant d'arriver à destination.

Un visage m'apparut. Cheveux coupés courts bruns avec des reflets argentés. Ses yeux bleus brillaient d'une flamme de bonté, d'intelligence et de joie quand je les voyais. Légèrement ronde mais si belle. Même tôt le matin alors qu'elle se préparait dans la salle de bain. Elle avait des mains renforcés par la vie et de gracieuses tâches sur les bras. Une larme coula sur ma joue mais je l'essuyais vite avant que quiconque ne puisse la remarquer.

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