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Du néant plein de ténèbres, des cris monstrueux qui se mélangeaient les uns aux autres montaient jusqu’à lui. Il grimpait un gouffre abrupt à mains nues, terrifié par ce qu’il pressentait exister sous lui, loin en bas, ces présences invisibles qui puaient la mort, qui l’attendait. Il imaginait des monstres aux tentacules vertigineuses depuis la corniche où il venait d’échouer, épuisé, évitant une chute fatidique et sans avenir dans les profondeurs d’un monde affreux dont il ne voulait surtout pas voir à quoi il pouvait ressembler.

En haut de la montagne, plus très loin, un feu brûlait, source d’un espoir bien faible que la vie existait encore.

Et lorsqu’il fut à côté du feu, après un dernier effort pour fuir l’enfer, Stan comprit qu’il était allongé par terre, à deux ou trois mètres des flammes brûlantes.

Ses doigts enserrés à leurs bases par des mitaines en laines pouilleuses, épaisses, trouées, étaient tout ensanglantés par son escalade qui n’avait rien de virtuelle, apparemment.

Pourtant, autour de lui, il ne vit aucun trou ni aucun puits ni aucune falaise ou gouffre qu’il aurait pu gravir.

Juste un sol bien crasseux.

Sa tête reposait sur un sac poubelle de papier éventré d’où émergeait des légumes pourris et toutes sortes de choses étranges, remplies de blattes, de rats et d’autres insectes repoussants.

Il s’assit en criant, se frottant le visage pour enlever les bestioles qui couraient sur ses joues.

Dans une grosse marmite qui pendouillait au-dessus du feu, attachée par de grosses chaînes au-dessus des flammes de bois sec, bouillait une soupe dont l’odeur lui donna une faim de loup rien qu’à la sentir, bien que le fumet un tantinet fort en épices devait cacher des ingrédients qu’il ne fallait peut-être pas trop connaître.

Une vieille africaine vêtue de haillons trop larges et d’un fichu tourneboulé sur sa tête touillait avec un gros et long bâton de bois la mixture épaisse sans jamais faire de pause. Des gris-gris, des colliers de plumes, de dents pourries, et des boucles d’oreilles, au moins dix accrochées à chaque lobe – certaines pendouillaient jusqu’aux épaules ou tombaient jusqu’à sa plantureuse poitrine –, s’entrechoquaient à chaque mouvement circulaire de ses mains épaisses.

Lorsqu’elle vit que Stan la regardait, ahuri et abruti, elle éclata d’un rire sonore à lui en faire exploser les tympans.

Alors, le p’tit roupillon a été bon, Stan ? beugla-t-elle en continuant de s’esclaffer tout en touillant.

Vu la taille de ses muscles, elle avait dû tourner le bouillon toute sa vie.

J’ai fait un cauchemar, Sandy-la-soupe, répondit Stan en se relevant, se demandant comment il la connaissait.

Il était sur une sorte de terrasse inclinée faite de bric et de broc, à une dizaine de mètres au-dessus de ce qui ressemblait être une ancienne avenue parisienne. Mais de l’avenue, il ne restait presque rien, à part quelques parcelles de bitume bouffées par le chiendent, les ronces, les mauvaises herbes et le lierre.

Partout, des constructions de toutes sortes en bois, en tôle, en toile, en pierre, s’entrelaçaient les unes derrière les autres et les unes sur les autres jusqu’à former un labyrinthe tridimensionnel dont personne n’aurait pu établir de plans. Des passerelles, des escaliers, des échelles courtes ou hautes de plusieurs étages, des sentiers boueux, des cordes à nœuds, des tyroliennes, des échafaudages, des élévateurs qu’on tirait à la force du poignet ou d’autres équipés d’ingénieux systèmes de poulies et de contre-poids, tout était construit avec des matériaux de récupération du Monde de l’Avant. Ils permettaient de circuler dans cette jungle urbaine hallucinante créée sans aucune logique.

De chaque côté s’élevaient les immeubles haussmanniens bordant à droite et à gauche la vieille avenue.

Le long de la plupart des étages de ces immeubles du passé se croisaient des coursives qui donnaient sur des logements ou des échoppes installées à l’intérieur d’appartements détruits et réaménagés. La plupart des entrées des rez-de-chaussée étaient bouchées par des planches ou de lourdes plaques de métal.

Ici, tout se passait dans les hauteurs.

Un peu partout, des néons annonçaient des microbars, des clubs, des sexyclubs, des restorapides, des chinorestos, des artisostocks, des nanasagogo, des stockslives.

On y accédait par des fenêtres ou d’anciens balcons qu’il fallait enjamber ou par des séries de planches simplement posées au-dessus du vide entre deux échafaudages de fortune.

Des graphs de toutes les couleurs ajoutaient de l’ambiance à tout ce bordel.

Des cheminées artisanales projetaient des tas de fumées colorées dont certaines puaient la fiente tandis que d’autres laissaient éclater des odeurs de weeds.

C’était pareil en dessous de lui : des anciennes grilles d’aération du réseau de métro et d’égouts s’élevaient des fumerolles de toute sortes. Tout se mélangeait pour former une atmosphère dense, odorante, opaque, poisseuse.

Stan se sentait graisseux de partout. Il puait la sueur.

Des centaines de feux dans des fûts éclairaient ici et là jusqu’à l’horizon des ombres et des groupes flous, à tous les niveaux, des gens bien trop nombreux pour les compter.

Certains dansaient, d’autres discutaient, d’autres se battaient.

Des câbles électriques moisis pendouillaient partout, bourrés d’étincelles et de claquements secs. Ils reliaient des groupes électrogènes à énergie solaire à tout un tas d’installations électriques biscornues, aux baraques difformes, aux échoppes, aux néons.

Des cordes pendaient de partout et des gens les grimpaient comme des singes.

Du linge accroché séchait au milieu de ces fumées nauséeuses qui empuantissaient l’air.

Un gamin aux cheveux rouge et vert traversa plus de vingt mètres de distance en se la jouant à la Tarzan, très loin au-dessus du sol.

Stan se releva avec un mal de tête à en crever sur place.

A trois ou quatre cents mètres, à travers l’écheveau d’étages et de paliers branlants, il vit l’Arc de Triomphe. Il n’était qu’une esquisse tant l’air épais rendait floue la distance.

Sur le toit de l’Arc avait été construit une sorte de cité sur plusieurs niveaux et des échelles de bois fixées à même les deux imposants pieds du bâtiment permettaient d’y accéder. Des hommes, des femmes, des enfants et même des vieillards montaient ou descendaient comme si de rien n’était ces échelles d’une hauteur folle, sans protections. S’ils tombaient, c’était la mort assurée.

La Place entourant l’ancien édifice semblait ne plus exister, l’écheveau urbain ayant pris le dessus jusqu’à toucher les pieds noirâtres de pollution de cet antique symbole d’un pays qui jadis s’appelait la France, dans le Monde de l’Avant.

Stan, maintenant debout, s’aperçut qu’il portait une cape très large d’un bleu délavé dans laquelle il pouvait s’envelopper et un bâton de roseau rouge, pour marcher. Au-dessous de la cape, une sorte de robe de bure de moine jaune cradingue lui laissait pas mal de liberté de mouvement.

Il avait l’impression d’être au cœur d’un Escape Game, un de ces jeux qui dure un week-end et où on incarne un personnage. Lui devait être à coup sûr un magicien.

Mais ce n’était pas un jeu ! C’était la RÉALITÉ.

Une autre chose étrange formait une grosse boule dans sa gorge : l’impression très très forte qu’il était chez lui.

Il ressentait le même plaisir que quand on rentre d’un long voyage. On est heureux d’être dans sa maison mais il faut se réhabituer à ses petites habitudes, rallumer le chauffage, aérer ses draps, ouvrir les fenêtres, faire le tour du jardin pour voir si les poules n’ont pas été mangées par les renards.

Trois très vieilles femmes habillées de noir, assises sur un canapé défoncé posé dans un coin de la plate-forme bancale, bavassaient. Elles firent un petit salut à Stan de leurs yeux blancs sans pupilles.

Salut les pipelettes, dit Stan avec un naturel qui le surprit lui-même.

Elles rigolèrent et de la bave coula sur leurs robes. C’était un truc entre eux depuis des lustres. Comment il le savait ?

Tiens, Stan, mange ça avant de te sauver, tu maigris à vue d’œil depuis la dernière fois que je t’ai vu !

Il n’avait jamais été épais mais c’est vrai qu’il se sentait maigrichon, flottant comme un croque-mort dans son étrange costume de moine magicien.

Sandy-la-soupe lui tendit un bol de métal défoncé rempli à moitié de son bouillon. Elle y plongea une cuiller en bois et lui tendit le bol d’un regard mi-chaleureux, mi-glacial :

Tiens ! Et si tu manges pas tout, je te botterai ton petit cul tout osseux avec mes gros pieds jusqu’à ce que t’avale tout !

Elle lui colla le bol entre les mains.

Merci, Sandy-la-soupe. A plus tard.

Buvant des gorgées bouillantes d’où émergeaient des bouts de légumes indéterminés, il grimpa les étages. Tout lui semblait connu, il n’avait pas besoin de réfléchir pour se diriger. Et puis la mixture avait bon goût, et elle le réchauffait, et il se sentait doucement revivre après son affreuse remontée de l’Hadès. Rêve ou réalité ?

Tous ceux qu’il croisait le connaissaient. Et ça semblait réciproque.

On le salua, il salua ; on lui serra la main, il serra des mains ; on s’inclina devant lui, il s’inclina devant eux. Certains s’allongèrent même comme s’il était l’incarnation d’un dieu. Il passa sa main dans des cheveux rêches, caressa des joues jamais lavées, distribua son bonjour à tout le monde, sans exception.

Tous portaient des haillons, parlaient des langues ou des dialectes différents, beaucoup vivaient là où Stan les croisait, sur une marche, une coursive branlante, un coin d’échafaudage.

Des ordures de la vie courante traînaient partout mélangées aux restes de la civilisation d’Avant : éviers, radiateurs, tv, tables sans pieds, lattes de parquets brisées, tablettes tactiles sans plus aucune utilité ; tout cela attendait d’être récupéré pour construire quelque chose de nouveau. Ces monticules de tout et de n’importe quoi montaient parfois à plusieurs mètres de haut.

Certains s’étaient aménagé des abris provisoires dans ces montagnes de détritus, creusant des grottes et des abris provisoires.

Et Stan prit d’un coup conscience qu’il n’avait aucune douleur aux jambes. Il ne boitait pas non plus. Son bâton rouge était juste un accessoire décoratif.

Jamais il n’avait connu ce plaisir d’être « comme tout le monde ». Marcher normalement ?

Il avait l’impression de voler, oui !

Pour la toute première fois de sa vie, il savait enfin ce que les gens ressentaient avec leurs jambes.

Comment mettre un pied devant l’autre était si naturel, si facile… au lieu d’être une torture permanente, une épreuve à chaque coup de talon posé sur le sol.

Il respira un grand coup, un sourire jusqu’aux oreilles.

Il se trouvait à peu près au septième étage des immeubles Hausmannien, au milieu des constructions urbaines de fortune, quand il se sentit observé : deux niveaux plus haut, à une cinquantaine de mètres de lui, une femme aux couettes bleues et touffues, portant une tenue de cuir noire et moulante et des gants qu’on aurait dit en acier clouté, l’observait depuis une plate-forme suspendue, sans accès apparent.

Lorsqu’elle comprit qu’il l’avait vue, elle plia les jambes et bondit à plus de trente mètres de haut – un saut tranquille, sans se presser – jusqu’au dernier niveau de construction existant, là où il n’y avait qu’une passerelle de fortune où nul ne se risquait jamais.

Elle le regarda de nouveau à travers l’épaisse atmosphère – elle n’était plus qu’une ombre là-haut – avant de partir d’un pas serein.

Les autochtones qui l’avaient vue voler n’en furent pas plus surpris que de croiser un rat (et il y en avait des tonnes ici).

Qui était cette femme étrange, la seule à ne pas porter des vêtements puants et pleins de trous ?

Stan chercha un moyen de grimper là-haut. Il se perdit dans des impasses, revint sur ses pas, monta un escalier de métal sans rambarde de sécurité, partit à droite, fit demi-tour.

Et un néon juste devant lui le stoppa net.

Le néon coupa toutes ses réflexions. Toutes les questions qu’il se posait sur cette fille s’évanouirent : un BibiBar en néons rouge et bleu clignotait devant lui, avec une grosse flèche verte en dessous qui indiquait la direction à suivre.

Bibibar ? Sérieux ? Ça ne pouvait pas être un hasard.

Il marcha en écartant une foule bigarrée rassemblée autour d’une partie de Cafardland, le grand jeu local. Stan grimpa une échelle qu’une simple corde retenait attachée à un balcon pour ne pas qu’elle bascule loin dans le vide sous ses pieds.

Il marcha ensuite sur deux longues planches de bois de dix mètres de long, posées côte à côte sans être attachées entres elles, ce qui formait l’unique et seule entrée du BibiBar, avant d’atterrir, soulagé, sur du béton bien dur et bien lézardé par le temps.

Il était sur le toit d’un immeuble à moitié en ruine aménagé en troquet.

Un vieux de chez vieux jouait du saxo, assis sur un rebord de pierres à l’autre bout de la terrasse. Les yeux fermés, il se donnait à fond dans son morceau, un classique d’Otis Reeding. Old Boy. C’était son nom. C’était un black qu’on disait vieux de 150 ans et personne ne remettait son âge en cause. On racontait que 130 ans plus tôt, il jouait déjà dans les speakeasy de Lucky Luciano – les bars illégaux vendant de l’alcool pendant la grande dépression de 1929 – avant d’être l’attraction principale du Courtson Cave, un club du Monde de l’Avant qui avait connu son heure de gloire un peu avant les années 2000.

Allez savoir ! Tout ici pouvait être vrai après tout !

Des tables remontées des appartements des étages du dessous et des chaises complètement disparates formaient la salle à l’air libre qui devait être pleine à craquer la nuit.

Derrière un véritable comptoir avec ses bars de zinc pour poser les pieds et les bras, une blonde incendiaire en mini-jupe attendait le chaland en mâchant du chewing-gum et en se faisant les ongles.

Des toiles plantées sur des piliers de bois créaient un enchevêtrement de plafonds pour se protéger des rayons brûlants du soleil, lorsqu’il faisait son apparition. Stan savait qu’il était essentiel de se protéger du soleil. Avec la disparition de la couche d’ozone et la création de la Troposphère nucléaire, une heure sous des rayons bien chauds suffisait à vous transformer en mouton grillé. Sans parler des pluies acides.

Il n’y avait que quatre clients, chacun à leur table. Stan en connaissait deux qu’il salua de loin.

Une voix un peu fluette qu’il reconnaîtrait entre mille résonna à côté de lui.

Tiens Stan, t’es là ?

Il était assis à une table sur un fauteuil énorme, capable de supporter ses deux cents kilos de graisse, une sorte de trône au centre du pub.

Bibi ?

Impossible de ne pas le reconnaître, même avec vingt ans de plus, une calvitie qui remontait jusqu’en haut de son crâne et des cheveux en pointes, orange vif fluo, à l’horizontale au-dessus des oreilles sur plus de vingt centimètres qui lui donnait un air de… démon sympathique avec sa bouille toute ronde. Ou peut-être que c’était des antennes pour rendre son cerveau tordu encore plus tordu.

Blondie chérie, hurla Bibi, ramène-nous la bouteille de Stan et deux verres. Et propres les verres !

Va te faire foutre, le Gros.

Bibi, ce que je suis content de te voir ! hurla Stan en serrant son pote de toujours dans les bras.

Le ventre de son ami était vraiment énorme, il ne pouvait même plus faire le tour de son torse.

Alors, enfoiré, t’es de passage ? Les plans avancent, dit Bibi en montrant des tas de croquis qu’il dessinait sur un large cahier à dessin. Je crois que j’ai trouvé le moyen d’atteindre la Chrysalide pour l’explorer puis pouvoir en monter et en descendre à chaque fois qu’on le veut. Ca va pas être évident à construire, mais avec les trafiquants de Ross-le-renifleur (il montra d’un geste de la tête le haut de l’Arc de Triomphe), on devrait pouvoir y arriver. J’ai commencé à lui préparer une liste et j’ai réussi à mettre de côté plus de deux cents plaques solaires, bien gardées, crois-moi. On les disposera entre le second et le dernier étage. On sera autonomes en énergie.

Stan n’y comprit rien : ni ce qu’il voyait, ni l’âge de son ami, ni de quoi il parlait.

Et il savait qu’il n’était pas en train d’halluciner.

Et il savait qu’il était déjà venu ici plusieurs fois au cours des dix dernières années, dans ses rêves nocturnes. Ça lui arrivait de temps en temps de vivre des aventures dans ce monde.

Des images floues lui revenaient, pas plus. Mais là, un truc n’était plus le même.

Bibi s’en rendit bien compte.

Ça va, mon vieux ? T’as pas l’air bien. Tiens, donne ton bol, je le redonnerai à Sandy-la-soupe.

Je ne sais pas… Je me sens… je me sens…

Oh, bon Dieu de merde ! lâcha Bibi en reculant de deux mètres avec son fauteuil en le poussant de ses pieds, une main bien tendue devant lui pour empêcher Stan de s’approcher. Mon pote, c’est quoi ton dernier souvenir ?

Stan se rappela le choc de la crosse du sniper contre sa tête.

Quand on était sur le toit et que j’ai fait diversion.

Bibi plaqua ses mains contre sa bouche pour s’empêcher de parler.

Oh putain de merde de putain de merde de putain de merde de sa mère la grosse en pyjama dans un cadi, cracha-t-il en postillonnant partout ! Il faut que tu te casses, Stan. Maintenant ! J’ai rien le droit de te dire. Rien, rien rien ! Mia Quà de sti tutti cleo patroli Te pe ne qua dralii !

Qu’est-ce que tu baves, Bibi ? Pourquoi t’as le droit de rien dire ? Tu me la joues à quoi, là ?

C’est toi qui me l’as interdit, c’est toi qui me l’as interdit, répéta Bibi, au bord de la panique, aussi livide que sur le toit de la Nation, quelques heures plus tôt. Oh putain de merde de putain de merde de putain de merde ! Pitio des nervas attentico lessibio kie tue ra…

Il n’arrêtait pas de reculer. Les pieds de son fauteuil crissaient sur le béton.

Va-t’en, Stan, tu peux pas rester là, c’est trop dangereux.

Un des clients que Stan ne connaissait pas se leva et s’approcha de lui. Les yeux de Bibi s’écarquillèrent comme des soucoupes en l’apercevant.

Oh non ! C’est presque le Jour J ! Il remit les mains devant sa bouche.

L’homme, un vieux de cinquante piges au moins avec des cheveux tout blancs façon Richard Gere, tendit la main à Stan, un sourire franc au centre d’un visage sympathique et propre, et c’était pas courant dans le coin.

Bonjour, Stanislas. Je me nomme Théophile. On ne se connaît pas encore mais ça ne va pas tarder. Je suis juste venu te dire que je m’occupe de tout. On se voit très bientôt. Je te ferai signe.

L’homme lui sourit encore puis s’éloigna, franchissant les planches avec agilité.

Bibi était tout vert comme un légume. Il montrait l’homme qui venait de prendre une échelle d’un doigt tremblant.

Stan perçut un scintillement partout dans le décor autour de lui, sur chaque être vivant qu’il pouvait voir, sauf un, le second client qu’il ne connaissait pas.

Tout scintilla de plus en plus – sauf celui-là, l’inconnu – et son mal de crâne s’amplifia jusqu’à ce qu’il hurle de douleur et qu’il s’écroule à genoux.

Il vit Bibi tenter de se lever pour venir le secourir sans y parvenir, lui aussi devenant une lumière parmi les autres et tout le décor, finalement, disparut en rayons arc-en-ciel.

Sauf le mystérieux client qui regardait Stan, et il souriait bêtement, visiblement tout heureux.

Stan toucha sa tête bouillante et il sentit…

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