Il y a longtemps, Pierre a rencontré un être unique et merveilleux. Une Petite Fée de Noël, qui pour combler un de ses souhaits n'a pas hésité à accomplir un acte interdit. Pierre a grandi, en oubliant ses rêves d'enfants. Mais lorsqu'à la veille de Noël il rencontre une jeune femme un peu extravagante dans un magasin bondé, son coup de foudre se heurte vite aux mystères qui gravitent autour de celle-ci. L'amour qu'il éprouve pour Gaëlle est pourtant réciproque. Leur attirance est d'autant plus forte qu'elle obéit à des règles qui font également de lui un être d'exception, sans qu'il le sache encore. Mais Pierre arrivera-t-il à dépasser les trois-cent-soixante-cinq jours qui courent devant lui sans révéler le secret de sa belle, au risque de la perdre à jamais ? Entre la jalousie d'une assistante éconduite et les manigances d'un ancien fiancé venu d'un royaume improbable, les embuches seront nombreuses. Une histoire en deux parties, qui mêle notre univers contemporain à un monde parallèle secret et féérique, au sein duquel évolueront deux couples, liés par les imbrications du destin.
Lihat lebih banyak— Alors, mon Pierrot, encore en train de rêvasser ?
La question de sa mère le tira de son rêve éveillé. Avec légèreté, la main de la jeune femme passa dans ses courts cheveux noirs, relevant ceux-ci en épi sur son front. Comme souvent depuis que son ventre s’arrondissait, elle portait son ample tunique de velours rouge, toute douce, contre laquelle l'enfant aimait frotter son visage.
Avec sa queue de cheval haute et ses joues un peu plus rebondies, elle lui apparaissait comme la plus jolie des mamans. Il eut envie de venir se blottir dans ses bras. Un bref instant pourtant, l’inquiétude l’envahit. Il se demanda quand la petite sœur qu’elle leur avait promise les rejoindrait. Parce qu’un bébé à la maison allait sûrement réclamer une grosse part de câlins. Mais déjà, il oubliait son souci. Les doigts fins de sa mère caressaient le bout de son nez. Son regard brun était si tendre qu’il ne put que lui répondre d’un sourire complice avant de se replonger dans son grand livre d’images.
C’était de loin l’ouvrage qu’il préférait. Pas besoin de savoir lire pour admirer les fées dessinées sur ses pages. Il n’avait jamais reçu de plus beau cadeau, et l’avoir trouvé l’année précédente au pied du sapin le rendait plus précieux encore. Il avait même gardé le beau papier doré qui le couvrait.
Confortablement installé au centre du divan de cuir beige du salon, il feuilletait le beau livre avec autant de plaisir que d’impatience. Car cette nuit, il recevrait un autre trésor. Sa demande au Père Noël se résumait en un recueil illustré sur les licornes. Le vieux bonhomme vêtu de rouge le lui apporterait. Il en était certain. Parce qu’il avait auparavant adressé son vœu à une autre personne, qui intercéderait pour lui auprès du Père Noël. Elle en avait le pouvoir. C’était un être très cher et spécial à son cœur. C’était son amie à lui tout seul. Elle ne l’avait jamais déçu. Et elle l’exaucerait encore.
Le livre qu’il espérait le comblerait de bonheur. À ses yeux d’enfant, il contenait la même somme de richesses que les magazines de science de son père, professeur dans un lycée réputé. On disait les licornes amies des fées. Alors il apprendrait tout sur elles. Parce que les fées et lui, c’était déjà une longue histoire. C’était aussi son secret.
— Tu vas croire encore longtemps à ce genre d’histoires à dormir debout ?
La voix de son cher frère lui rappela qu’il n’était malheureusement pas seul dans la pièce. Gaétan avait le don d’écorner sa réputation d’enfant calme et facile en provoquant ses rares colères. Mais pour l’instant, sa question l’inquiétait surtout.
Méfiant, il jeta à son aîné un regard par en dessous. À genoux sur le tapis du salon, vêtu d’un jean noir et d’un affreux pull bordeaux que Pierre espérait bien ne jamais récupérer dans son armoire, il négligeait dangereusement le puzzle qu’il avait commencé sur la table basse pour l’observer. Avait-il percé son secret ? Apparemment, non. S’il en jugeait à l’expression chafouine de l’unique blondinet de la famille, c’était juste une manière de plus de lui pourrir la vie. Naturellement, Gaétan avait attendu que leur mère sorte pour attaquer.
— En plus, c’est un livre de fille, poursuivit sa Némésis avec un petit sourire en coin aussi moqueur que l’éclat qui s’allumait dans ses yeux noirs.
Le plus petit se renfrogna. Là, son frère exagérait vraiment. Tous ses copains avaient écouté l’histoire de Cendrillon lorsque leur maîtresse l’avait racontée en classe. Et aucun n’avait trouvé ça infâmant. Boudeur, Pierre replongea le nez dans son ouvrage. Ignorer la bêtise de son aîné lui semblait la meilleure solution. Mais c’était mal le connaître.
— Les fées et les licornes, ça n’existe pas, assena le plus grand en se relevant pour venir se planter devant lui.
Cette fois, c’en était trop. Refermant en claquant la couverture du livre, Pierre fusilla son frère aîné des yeux.
— C’est pas vrai ! s’écria-t-il en haussant aussitôt le ton. C’est le Père Noël qui m’a amené ce livre. Et le Père Noël, il peut pas inventer toutes ces histoires. Alors si ! Ça existe !
Plié de rire, Gaétan s’assit à son tour sur le divan en frappant le coussin du plat de la main. Les façons de petit coq de son frère le désopilaient à chaque fois. Conscient de son insignifiance, Pierre refusait pourtant de baisser les yeux. À six ans, il savait qu’il allait avoir bien du mal à clouer le bec à ce grand machin de neuf ans qui prenait des airs supérieurs pour le rabaisser. S’essuyant les yeux de rire, Gaétan conservait mal son sérieux.
— Parce que tu crois encore au Père Noël ?
Et devant le regard noir de son petit frère, il ajouta :
— Le Père Noël, c’est les parents. Et Maman ne t’a rien dit parce qu’elle aime bien les histoires bizarres. Mais le truc, c’est qu’elle achète nos cadeaux dans des magasins. Si tu veux tout savoir, ton livre sur les licornes vient de la vieille librairie de la rue d’en face. J’étais là quand elle l’a acheté. Il en reste d’autres sur le rayon. Je te montre si tu veux.
Pierre avait beau être vaillant, son regard vacilla. Son frère aîné avait l’air tellement sûr de lui. Son visage aux traits fins se crispa, et pour la première fois depuis le début de la conversation, Gaétan réalisa qu’il brisait le rêve d’un petit garçon de six ans. Mal à l’aise, il ajouta soudain, presque gentiment :
— Moi, je dis ça pour toi, tu sais. T’es plus à la maternelle cette année. Si tu parles de ces trucs aux autres, tu vas finir par te faire frapper à l’école.
Cette fois-ci, Pierre n’avait plus de doute. Son frère parlait comme leur père lorsque celui-ci voulait qu’il fasse ses devoirs avant de prendre un livre. Ça sentait le conseil éclairé, et c’était encore pire que si son aîné lui avait dit qu’il avait inventé la mystérieuse personne qui le rejoignait certaines nuits.
— Je te déteste !
Bousculant le plus grand, Pierre quitta le salon. Les larmes aux yeux, il monta l’escalier pour courir se réfugier dans sa chambre. Recroquevillé en boule sur son lit, il serrait son vieux nounours entre ses bras. Son frère avait tout gâché. Bien sûr qu’il savait que la plupart des enfants de son école ne croyaient plus au Père Noël. Il n’était pas non plus totalement stupide. Apprendre que sa mère avait menti le décevait, sans pour autant véritablement le surprendre. Il fallait bien que les adultes se débrouillent comme ils le pouvaient avec le Père Noël. Les grands étaient trop aveugles pour voir quoi que ce soit, de toute façon. D’ailleurs, lui non plus, il ne l’avait jamais vu, le bonhomme rouge. Pas le vrai, en tout cas. Pourtant…
Pourtant Pierre savait que la magie de Noël existait. Il en était certain. Elle commençait même plusieurs jours avant le grand soir. Les autres n’apercevaient tout simplement pas ce que lui avait la chance de voir. La belle dame qui le visitait était bien plus importante que tous les vieux messieurs à barbe blanche du monde. Alors son frère pouvait bien dire ce qu’il voulait ; depuis plusieurs nuits, c’était bien l’ombre d’une présence qu’il distinguait près de sa fenêtre avant de s’endormir. Celle de sa Petite Fée. Enfin, « petite »… Elle était presque aussi grande que sa maman.
Il n’avait jamais parlé d’elle à personne. Lorsque la belle apparition disparaissait, elle le faisait toujours avec un sourire en partie caché par un doigt posé sur sa bouche. Comme pour lui demander de se taire.
Pierre se souvenait très bien de la façon dont il avait appris l’existence des fées. C’était en écoutant les histoires que lui racontait sa mère. Un jour, sa maman lui avait expliqué que les petits enfants disposaient parfois d’un don très spécial. Celui de voir des choses que les adultes ne discernaient plus. Elle le lui avait dit voilà longtemps déjà. Mais il n’avait jamais oublié, et il se rappelait avoir prié très fort en souhaitant apercevoir une fée. Et la sienne s’était manifestée.
Cela faisait un an à quelques jours près. Elle était apparue un peu avant Noël, pour disparaître la veille du vingt-cinq. C’était ainsi : sa Petite Fée de Noël ne pouvait pas franchir ce cap. Alors Pierre lui avait fait promettre de revenir cette année. Il avait souvent pensé à elle durant les mois écoulés, et il n’avait jamais douté de la parole de sa Petite Fée. Il avait eu raison. Car depuis une dizaine de jours, elle était de retour.
Pierre avait beau se convaincre que ce qu’il voyait était vrai, les paroles de son frère empoisonnaient son esprit. Si le Père Noël n’existait pas, sa Petite Fée n’était-elle elle aussi qu’un rêve ? Elle venait toujours le rejoindre juste avant qu’il s’endorme, et il devait faire un gros effort pour conserver les yeux ouverts suffisamment longtemps afin de la contempler. L’enfant ne savait plus, et il détestait son frère pour avoir semé ainsi le doute en lui.
Avec tristesse, ses yeux se posèrent sur le livre qu’il avait violemment jeté à terre avant de se laisser tomber sur le lit. Il s’était ouvert sur une page pleine de dessins de fées qui volaient sous les grands arbres d’une forêt. Chacune d’entre elles possédait quatre ailes qui ressemblaient à celles de papillons de toutes les couleurs. Tout comme la sienne. Mis à part que la sienne était encore plus jolie. Ses grandes ailes transparentes se bordaient d’un liseré doré qui ressemblait à un ruban d’étoiles.
À ce souvenir, Pierre soupira de ravissement malgré son chagrin. Elle était si belle lorsqu’elle se montrait à la fenêtre dans sa longue robe blanche qui brillait sous la lune. Il ne la voyait jamais en pleine lumière, mais sa peau lui semblait aussi pâle que ses cheveux étaient bruns. Elle portait sa chevelure nouée en une longue tresse rejetée dans son dos, et un mince cercle d’or dégageait son front. Le petit garçon regretta qu’il fasse toujours trop sombre dans la chambre pour distinguer la couleur de ses yeux. Il les imaginait bien verts. Ou bleus. Comme les siens. Mais peut-être qu’il imaginait trop, justement.
Lorsque Pierre redescendit pour manger, sa tristesse demeurait aussi vive. C’est à peine s’il regarda le grand sapin décoré dans le salon en passant. Illuminé par les petites lumières que sa mère venait d’allumer, l’arbre ressemblait pourtant à un soleil. Demain, son pied se couvrirait de paquets, et parmi tous ces cadeaux se trouverait le livre qu’il espérait. Mais reverrait-il sa Petite Fée avant que celle-ci ne le quitte pour une année entière ? Reviendrait-elle seulement ?
L’histoire racontée à l’époque par sa mère prédisait aussi un grand malheur : à un moment donné, les questions arrivaient dans le cœur des enfants. Elles n’étaient pas mauvaises. C’étaient elles qui aidaient les plus jeunes à devenir grands. Mais elles engendraient aussi des réponses qui, elles, refermaient toutes les portes ouvertes sur les liens magiques. Définitivement. Et Pierre refusait de perdre ainsi son amie merveilleuse.
Joachim détestait devoir s’enfuir, mais privé de ses pouvoirs, il devait admettre qu’il ne faisait que la gêner. Rageant contre son inutilité, il fila le long de la barre rocheuse. Il évitait de trop s’approcher du bord de la crevasse qui déroulait un sol uniformément plat à perte de vue. S’il voulait aider Kalinda, il devait d’abord trouver un endroit où se dissimuler. Le sable ralentissait sa course, mais il atteignit un amoncellement de gros rochers sans être inquiété. Derrière lui, les explosions, les cris et les imprécations se multipliaient. Tant que le combat se poursuivait, il avait une chance de tirer la jeune femme de ce mauvais pas. Demeurant à couvert, il escalada une petite butte en espérant avoir un meilleur point de vue sur la bataille. Arrivé en haut, il se retourna. Kalinda parvenait encore à faire front à ses adversaires. Elle reculait toutefois de plus en plus contre la mura
Ils déambulaient entre les parois abruptes, lorsque Joachim ralentit pour l’interpeller : — Je suppose que tu vas dévoiler l’existence de Sylfinata. — Non. — C’est bien. — C’est bien ? Juste ça ? Étonné, il la dévisagea. — Qu’attendais-tu que je te dise ? — Je ne sais pas, moi : félicitations ; tu me surprends ; je suis fier de toi , énuméra-t-elle, sans parvenir à cacher sa déception. Elle devenait pathétique, et elle souhaita qu’il poursuive sa route en l’ignorant. Mais il conservait son regard posé sur son profil, et une chaleur embarrassante enflamma les joues de la jeune femme. Ce fut le moment qu’il choisit pour répondre : — Félicitations ; tu me surprends ; je
Passé maître dans l’art de la guerre, Joachim aurait pu profiter du sommeil de Kalinda pour neutraliser Némor et tenter de s’enfuir. La chauve-souris avait beau être rapide, elle ne possédait pas l’efficacité des menottes. Mais le risque de tomber entre des mains moins caressantes, joint à l’obscur besoin de ne pas décevoir sa geôlière l’arrêtaient. Il tenait donc sa parole en gardant la jeune femme endormie blottie contre lui. Il aurait pu tout aussi bien lui briser le cou. Partager une étreinte ne rendait pas un ennemi plus doux. C’était même une manière redoutable de tromper sa confiance. Une imprudence contre laquelle il se promit de mettre en garde la jeune femme au bout de leur périple. Ce serait son dernier cadeau. Quoique l’idée qu’elle puisse être défaite si facilement le heurtait moins que celle qu’elle se donne ainsi à un autre. Une constatation qui l’obligeait à une conclusion déra
Une heure plus tard, Joachim barbotait dans un grand baquet de bois rempli d’eau tiède. Un simple rideau l’isolait du reste de la chambre, et il entendait Kalinda vaquer de l’autre côté. Exceptionnellement, la jeune femme avait accepté de lui retirer ses menottes pour qu’il puisse se déshabiller. Ne plus être entravé par les bracelets de fer lui donnait l’illusion d’une liberté, qui s’évanouissait chaque fois que ses yeux se posaient sur Némor. Perchée sur le haut de l’armoire, la chauve-souris l’observait avec une acuité presque gênante. Kalinda avait été la première à se décrasser, et l’établissement étant ce qu’il était, il devait se contenter de l’eau de son bain pour ses ablutions. Mais après la marche forcée qu’il venait de vivre, il aurait consenti à bien moins pour retrouver une peau et une chevelure propres. Rassemblant cette dernière pour la tordre, il sortit de l’eau pour se s
Némor les rejoignit alors qu’ils atteignaient le sommet d’une butte qui marquait le début d’une série de collines couvertes de buissons hauts. La chauve-souris rentrait bredouille, et la modification du paysage interdisait à la jeune femme de lui demander de réitérer ses efforts. L’étroit sentier se transformait en large chemin de terre, où subsistaient des traces de chariots encore fraîches. Ils approchaient de la civilisation, et celle-ci était dangereuse pour Joachim. Kalinda renvoya aussitôt Némor en éclaireuse. Poursuivant leur route, les deux marcheurs se contentèrent de grappiller des fruits mûrs sur les groseilliers qui poussaient au bord du chemin. Depuis leur dernière discussion, un silence tendu régnait entre eux, et ils mangèrent du bout des lèvres. Ils accédaient à un bosquet plus épais lorsque Némor réapparut pour cliqueter au-dessus de leurs têtes. La jeune femme traduisit à Joachim les informations que celle-c
Le terrain humide cédait progressivement la place à des îlots envahis d’herbes hautes. Cheminer devenait plus aisé, ce qui ne rendait pas leur progression plus joyeuse. Depuis leur mésaventure avec les sirènes de vase, survenue trois jours plus tôt, Kalinda refusait farouchement de revenir sur cet épisode. Elle voyait là une atteinte à son autorité. Le fait que Joachim ait agi pour l’aider à reprendre pied lui interdisait de le vouer aux gémonies, mais il était hors de question qu’elle le félicite pour cet acte. À la décharge du Mage Blanc, elle reconnaissait qu’il ne tentait pas d’abuser de la situation. Conséquence d’autant plus fâcheuse, qu’elle aurait aimé avoir une bonne raison pour le punir de son baiser volé. Baisé qui, en l’occurrence, la gênait exclusivement à cause du trouble suscité par le contact de ses lèvres alors qu’elle aurait dû se sentir outrée par l’acte lui-même. &n
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