Je venais donc ainsi d'arriver dans mon pays natal et d’origine, le Cameroun. Je descends de l’avion et je me dirigeais vers la salle d’attente, quand j’aperçus mon oncle et Junior qui m’y attendaient déjà.
- ONCLE : Te voir derrière un écran, c’est une chose, mais te voir en vrai en est une autre… Mais c’est que tu es tout un gaillard là. Bref, comment était le vol ? Junior, cherche quelqu’un là qui va nous aider avec tes valises.
- DILANE : Ça a été… J’ai trouvé ça plutôt court puisque j’ai passé le temps à dormir.
- ONCLE : Ah, d’accord… Tu n’étais pas trop serré.
- DILANE : Pas du tout, maman m’a prise une place en première classe.
Pendant que nous étions en train de parler, Junior avait déjà trouvé un porteur qui nous accompagnait avec mes valises et puis on arrive enfin à sa voiture.
Quand je la vis, le souvenir de l’avoir vue une fois m’était revenu. Et en effet, il y a trois ans de cela, mon père avait prévu d’en acheter une du même modèle, donc il l’avait fait, et c’était pour son frère.
Une fois mes valises chargées, mon oncle donna un pourboire au porteur et nous partîmes.
- ONCLE : J’espère que ma voiture te plaît ?
- DILANE : Oui, c’est un très joli modèle.
- ONCLE : Oh oui, je suis très fier de cette voiture. Ton père me l’a offerte il y a déjà trois ans. C’est mon bien matériel le plus précieux. Alors fais-y bien attention si jamais, tu envisages de la prendre pour t’amuser.
- JUNIOR : Il ne plaisante pas, Dilane. J’ai passé trois jours en cellule pour avoir endommagé son phare… Et j’ai dû rédiger une lettre d’engagement.
J’avoue que cela m’avait amusé. Trois jours en cellule et une lettre d’engagement. Il devait vraiment tenir à sa voiture.
Il faisait très chaud et avec les embouteillages, le trajet semblait interminable. Je finis par faire une sieste et lorsque je me réveillai, je pus lire sur un panneau : « BIENVENUE À KRIBI ».
- DILANE : Kribi ?
- JUNIOR : Oui, c’est ici que nous habitons.
- ONCLE : C’est également ton village ici.
- DILANE : D’accord.
Lorsqu’on finit par arriver à la maison, je pus constater qu’elle était moins grande que notre maison à Londres, bien qu’elle correspondait à la description que ma mère m’avait faite.
Mon oncle se mit à klaxonner, mais personne ne vint ouvrir le portail. Finalement, Junior sortit du véhicule et ouvrit lui-même le portail pour nous permettre d’entrer.
Pendant ce temps, mon oncle avait déjà entamé la conversation depuis la voiture. Ou plutôt, il se parlait à lui-même.
- ONCLE : Cette maison, c’est le typique de ta mère. Tu vas entrer et la trouver assise à ne rien faire… Elle ne sait même pas où sont les enfants… Elle passe son temps dans les salons de beauté de la ville ou au téléphone. C’est tout ce qu’elle sait faire. Je ne peux même pas m’absenter deux jours, sinon ce serait la catastrophe. On va m’appeler pour me dire que quelqu'un est mort.
Le portail ouvert, nous pûmes enfin entrer.
Au début, n’étant pas encore habitué à leur langage et leur manière de s’exprimer, j’avais pris au mot quand il avait dit « ta mère ». J’avais vraiment cru qu’il parlait de ma propre mère, mais en réalité il décrivait plutôt le comportement de sa propre femme et mère de ses enfants. Junior était l’enfant né de son union avec sa première femme, désormais décédée depuis quelques années.
Celle dont il se plaignait là était apparemment paresseuse, hautaine, insolente, méprisante, et avait du mal à s’entendre avec les gens, du coup elle détestait presque tout le monde…
Quelque part, mon oncle savait qu’avec elle ça n’allait pas le faire, c’est pourquoi il m’avait très vite dit de venir souvent vers lui lorsque j’aurais un quelconque souci.
Nous étions en train de sortir de la voiture quand il s’est approché.
- ONCLE : Euh… Mon grand, à chaque fois que tu auras des soucis, peu importe lesquels, tu m’en parles hein… Ou bien tu vois d’abord Junior.
D’un hochement de la tête, je lui avais répondu. Ensuite, nous sommes entrés.
Désormais dans sa maison, nous étions 6 au total. Parmi eux, mon oncle et sa femme, Junior l’aîné qui comme je vous l’ai déjà dit était le fils de mon oncle mais pas celui de sa femme Tiffany. Il y avait aussi une autre fille âgée de 15 ans à peine, Marie-Louise. Elle avait une nervosité perpétuelle due au début de l’adolescence qui la dérangeait. Enfin, il y avait Amanda, la plus adorable mais aussi la patronne de la maison.
La différence sautait aux yeux, mon cousin Junior était vraiment très à part. Il était différent de tous les autres enfants de ma belle-tante. Ça m’aurait plu de connaître sa mère pour savoir quelle femme gentille elle était. D’ailleurs, je me souviens m’être promis de demander à ma mère de me parler un peu de sa mère, car j’étais certain qu’elles avaient dû être de grandes amies.
La maison était grande et comptait en tout 8 chambres, dont une m’avait été attribuée. J’avais fait le choix moi-même après avoir visité les quatre disponibles.
La maison était un duplex non loin de la plage, et ma chambre avait une fenêtre qui me donnait une vue incroyable sur la mer. La maison était entourée d’une grande barrière qu’il serait difficile d’escalader pour n'importe quel voleur, puisqu’au-dessus de celle-ci se trouvaient des fils barbelés. Peut-être étaient-ils électrifiés, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de le confirmer.
Mon père n’avait jamais apprécié se retrouver à côté de l’eau. Autrefois, il avait failli se noyer dans l’océan et par conséquent en avait gardé des marques psychologiques. Du coup, je n’avais jamais eu une telle vue sur la mer ou même sur l’océan. Tout ça me plaisait bien.
L’ambiance de la nouvelle maison ne me déplaisait pas tellement. En fait, je me sentais moins étranger comme j’avais imaginé et je m’apprêtais à passer ma première nuit.
Ensuite, il fallait assainir le village. Chaque chef avait ses "cafards dans son placard", car chacun signait un pacte, que lui et lui seul connaissait, avec des esprits. J'ai aussi tout brisé cela. Les autres rois ne le pouvaient pas, car ils n'étaient que souverains d'une tribu, alors que moi, je commandais tout l'océan.J'avais remarqué que l'océan était la cible de blocages mystiques ; plusieurs personnes y allaient uniquement pour nuire à un membre de leur famille. Bien sûr, moi, j'avais brisé tout ça. L'oncle, la tante, ou quiconque avait perpétré ces méfaits, constatait désormais le retour de la victime ou que la famille coupable voyait son pouvoir se dérober. Et si ces sorciers osaient récidiver, j'avais ordonné qu'ils soient emprisonnés. D'ailleurs, beaucoup étaient revenus, mais leur pouvoir était vain face à ma loi.
Au final, Danielle et moi avions passé trois jours au côté de Kaï-Lani dans l'océan. Je devenais quelqu'un d'autre, une nouvelle personnalité se développait en moi… Je le ressentais dans tout mon être, une nouvelle puissance, une nouvelle sagesse coulant dans mes veines, celle d'un souverain dont l'intronisation spirituelle en tant que Roi Batanga serait bientôt scellée.J'avais passé ensuite trois autres jours avec Danielle dans cette grotte afin qu'elle s'imprègne aussi des réalités de notre royaume, afin qu'elle puisse également comprendre la profondeur de cet héritage.Nous étions maintenant à quelques heures de mon intronisation, quand j'annonçai enfin à ma mère ce qui m'attendait. Ce fut bien sûr un choc pour elle, surtout par peur, car de réputation, à Kribi, on craint les créatures de l'e
Quelques jours s'étaient déjà écoulés depuis ma victoire décisive contre les entités qui avaient réussi à me piéger dans Le Nécros. L'Ancien l'avait tout de suite compris lorsqu'il avait posé ses mains sur moi : je venais de livrer un terrible combat. J'étais tellement épuisé qu'il m'avait fallu quelques jours pour récupérer entièrement.Fort des révélations profondes reçues dans la grotte des ancêtres et de mon intronisation spirituelle en tant que Roi Batanga, de nouvelles responsabilités pesaient désormais sur mes épaules. Concernant Tiffany, je lui avais demandé de l'enfermer. Non pas dans une geôle de pierre et de barreaux comme un pénitencier terrestre, mais dans une prison de l'essence et de la conscience, forgée dans les abysses mêmes de mon domaine aquatique. C'était une sphère d'eau primordiale, d'une densité inouïe, où les courants même de la pensée se figeaient. Elle y serait suspendue, intemporelle et inaltérable, chaque sens émoussé jusqu'à l'anesthésie. Le silence absol
Une vague de détermination brûlante m'avait envahi. Ce qui jaillissait de moi alors n'était pas de la lumière, mais la force brute de l'océan, une masse d'onde puissante et irrésistible qui s'étendait, frappant les ombres et les entités. Les plus faibles d'entre elles se dissolvaient, incapables de supporter cette concentration d'énergie primordiale. Leurs cris de terreur se transformaient en râles étouffés, leurs formes déchirées sous l'impact direct de ma puissance.Pour ce qui était des entités les plus fortes, celles qui parvenaient à se maintenir malgré ma puissance écrasante, elles continuaient leurs assauts désespérés, leurs dards d'ombre et leurs griffes spectrales fusant vers moi avec une rage aveugle. Mais je les sentais. Mon corps se déplaçait et tourbillonnait sans effort, faisant corps avec ce milieu
Piégé dans Le Nécros, le royaume des entités malveillantes, et à bout de forces, je faisais face à une mort certaine. Mon pouvoir naissant n'était pas suffisant pour repousser la marée de noirceur qui s'apprêtait à me donner le coup de grâce. C'était la fin…Loin de moi, dans les profondeurs lumineuses de son palais, Kaï-Lani fut frappée par une douleur fulgurante, une déchirure au plus profond de son être qui n'était pas physique, mais spirituelle. La connexion qu'elle partageait avec moi, née de notre lien et du pacte, l'alerta d'un danger mortel. Mon souffle s'étranglait, mon essence vacillait dans Le Nécros, et elle le ressentit comme un écho glaçant.- KAÏ-LANI (murmurant, les yeux écarquillés) : Non… Dilane !Elle comprit immédiatement. Le Nécros. Ce lieu maudit,
Mon initiation dans la grotte sacrée venait de s'achever. J'avais rencontré mon ancêtre, absorbé des secrets millénaires et découvert l'existence d'une entité malveillante liée à ma tante. L'Ancien m'avait quitté, me laissant seul, prêt à affronter les défis de mon nouveau règne. J'étais le Roi Batanga, et la première épreuve était sur le point de se révéler.À peine mes pieds touchèrent-ils le sol rocailleux à la sortie de la grotte, l'air chargé de l'humidité des chutes d'eau, qu'une ombre jaillit de nulle part. Tiffany. Son visage était déformé par une haine pure, ses yeux brillants d'une lueur verdâtre et malsaine que je reconnaissais comme l'empreinte de l'entité. Elle ne perdit pas un instant. D'une force surnaturelle, elle me poussa violemment. Je fus déséquilibré, mes pieds glissèrent, et je tombai en arrière, m'attendant à l'impact rafraîchissant des eaux peu profondes des chutes.Mais l'eau ne fut pas la même. Au lieu d'un bassin accueillant, elle se transfor