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Chapitre 2 – Le bois et la fièvre

Author: Jynx
last update Huling Na-update: 2025-06-28 03:46:29

Je ne sais pas comment elle s’appelle.

Je ne sais pas d’où elle vient.

Et pourtant, je pourrais dessiner la courbe exacte de sa bouche rien qu’en fermant les yeux.

Elle est là.

Encore.

Toujours.

Je la vois dans les champs, les herbes hautes lui chatouillant les jambes nues.

Elle marche pieds nus. Lente. Détachée. Comme si elle n’appartenait à rien de ce monde.

Ses cheveux volent dans le vent, des mèches folles caressant ses épaules nues.

Elle me regarde.

Et je perds pied.

Son regard est une morsure, une main qui serre quelque chose de trop profond pour que je le nomme.

Je rêve.

Je le sais.

Mais ça ne change rien.

Mon corps y croit. Mon cœur aussi.

Je tends la main.

Je veux la toucher. Juste une fois. Sentir si sa peau est aussi douce que je l’imagine.

Mais elle recule, un demi-pas. Assez pour m’échapper.

Trop pour que je me sauve.

— Qui es-tu ? que je murmure.

Elle ne répond pas. Elle ne parle jamais.

Mais elle me regarde comme si elle savait.

Comme si elle m’avait attendu.

Le vent se lève autour de nous, soulève sa robe fine. Elle ne bouge pas.

Elle m’embrase.

Je sens la tension dans mon ventre, dans mes bras, dans mon souffle.

Je pourrais la prendre là, maintenant, dans ce champ irréel.

Je pourrais la garder contre moi pour toujours.

Et puis… elle disparaît.

Je me réveille. Haletant. Brûlant. Frustré.

Il fait encore nuit.

La lumière pâle de la lune traverse les volets entrebâillés de mon atelier.

Le bois craque sous moi, vivant.

Mes draps sont enroulés autour de mes jambes comme des chaînes.

Je me passe une main sur le visage, encore chaud de ce rêve.

— Bordel…

Ça fait trois mois maintenant.

Trois mois que je rêve d’elle.

Toujours elle.

Jamais une autre.

Je me lève, les pieds nus sur le sol glacé, et je traverse le salon jusqu’à la cuisine.

J’allume une clope. Le tabac m’arrache la gorge mais j’en ai besoin.

Il faut que je me calme.

Mais même dans l’obscurité, je la vois encore.

Elle est imprimée quelque part dans mon esprit.

Ou pire… dans mon sang.

Je deviens fou.

Je ne la connais pas.

Mais je la veux.

Avec une certitude qui me dégoûte presque.

Je retourne dans l’atelier.

Le bois m’attend.

Toujours.

C’est la seule chose qui m’apaise. La matière brute, le bruit du ciseau, l’odeur de la sciure.

Je ne sais même plus ce que je voulais sculpter à la base.

Mais elle est partout maintenant. Dans chaque forme, chaque courbe, chaque visage.

Je la retrouve dans les détails.

Dans les mains, les hanches, la nuque d’une statue.

Même dans le vide entre deux lignes.

Je suis obsédé.

Et ce n’est pas que sexuel.

C’est pire.

C’est… vital.

Ma maison est construite à flanc de falaise.

En bas, l’océan cogne contre la roche comme un cœur en colère.

Je vis seul.

Et je n’ai jamais eu de mal avec ça.

Avant elle.

Maintenant, la solitude est comme une brûlure.

Elle me pèse. Elle me ronge.

Je me surprends à lui parler parfois.

À voix basse. Comme un vieux fou.

— Si tu existes, je t’en prie, montre-toi.

Je n’attends pas de réponse. Mais le vent frappe contre la fenêtre comme un signe.

Et dans ma poitrine, quelque chose pulse.

Ce rêve.

Cette femme.

Elle est réelle.

Je le sens.

Aujourd’hui, je n’arrive pas à sculpter.

Mes mains tremblent légèrement, comme si l’énergie se bloquait dans mes veines.

Alors je sors.

Je descends les marches creusées dans la falaise, jusqu’au petit recoin secret où les vagues viennent mourir sur les rochers.

Je m’assois. Je regarde l’horizon.

Et je pense à elle.

Ses yeux.

Son rire.

Ses gestes.

Ce que je ressens n’a aucun sens.

Mais ça existe.

Et plus les nuits passent, plus j’ai la sensation qu’elle me cherche, elle aussi.

Comme si nos rêves étaient liés.

Comme si quelqu’un — quelque chose — tissait un fil entre elle et moi.

Je rentre au crépuscule. Le ciel est en feu.

Je m’arrête un instant sur le seuil.

Et je la vois.

Non, pas vraiment.

Mais son image est là, devant moi.

Comme un mirage.

Je ferme les yeux.

Et je murmure :

— Si tu existes… trouve-moi.

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