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Chapitre 5 – Les Ombres de l’Obsession

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-07-27 23:09:53

Mila

La rue est déserte, avalée par la nuit. Le vent glisse contre ma peau, mord mes joues, mais je ne ressens rien d’autre que cette brûlure intérieure qui refuse de s’éteindre. Mes pas résonnent sur le trottoir comme un écho de ma propre obstination. Chaque respiration me rapproche de lui, comme si l’air que j’aspire n’existait que pour me pousser à le retrouver.

Je m’arrête un instant, levant les yeux vers les réverbères qui grésillent au-dessus de moi. La lumière tremble comme mes mains, mais je me refuse à faiblir. Abandonner ? Ce mot n’a jamais eu de place dans ma tête. Pas maintenant. Pas après ce qu’il a osé me dire.

– Tu es folle…

Ces mots claquent encore dans mon esprit, mais je n’entends pas le mépris. Je n’entends que sa peur. Une peur qui prouve qu’il ressent quelque chose, qu’il n’est pas indifférent. Et s’il croit pouvoir m’effacer d’un bloc, il se trompe.

Je continue de marcher, m’arrêtant devant un vieux café désert. L’enseigne clignote faiblement, une ombre sur le mur projette ma silhouette comme celle d’un fantôme. J’hésite. Devrais-je entrer, m’asseoir, faire semblant de réfléchir ? Non. Rester immobile, ce serait comme mourir un peu. Chaque minute loin de lui est une lame plantée dans ma poitrine. Alors je reprends ma route, le souffle court, les pensées enragées.

Je dois le retrouver. Il n’y a rien d’autre qui compte.

Eliah Reed

Je tourne en rond dans l’appartement comme un animal enfermé dans une cage trop étroite. Le silence pèse, écrasant, et mes pensées cognent contre mes tempes. Je ne veux plus voir son visage. Mais je ne vois que ça. Ses yeux, son sourire… cette certitude insensée qu’elle porte comme une armure.

Je me laisse tomber lourdement sur le canapé, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains.

– Qu’est-ce que tu fais, Eliah ? murmuré-je pour moi-même.

Elle est partout. Dans chaque geste, chaque pensée, dans ce vide qui s’étend dès qu’elle n’est plus là. Je l’ai repoussée, j’ai cru que c’était nécessaire. Mais est-ce que c’était vraiment ce que je voulais ?

Une part de moi sait que je mens. Je ne la déteste pas. Je n’y arrive pas. Je la crains. Je crains cette force qui me désarme, cette façon qu’elle a de lire en moi comme personne ne l’a jamais fait.

Je saisis mon téléphone. Son numéro est encore là, à portée de main. Mes doigts tremblent au-dessus de l’écran. J’ai envie de l’appeler. De hurler. De comprendre. Mais je fais le seul geste qui me semble logique sur le moment : je la bloque.

– Reste loin de moi… souffle-je, comme une prière que je sais déjà inutile.

Je sais qu’elle reviendra.

Mila

Le taxi file dans la nuit, les lumières de la ville se reflétant sur les vitres comme des étoiles brisées. Je ne ressens plus rien, juste cette impulsion glacée au fond de mon ventre.

– Plus vite, ordonné-je au chauffeur, les doigts crispés sur mon sac.

Chaque seconde qui passe me donne l’impression qu’il m’échappe un peu plus. Je refuse ça. Je refuse qu’il me ferme la porte au nez. Il doit m’écouter. Comprendre.

Je ne cherche pas à calmer ma respiration. Je veux qu’il voit ce feu dans mes yeux. Je veux qu’il comprenne que ce n’est pas un caprice. C’est nous. C’est lui et moi, et personne d’autre.

Eliah Reed

Je reste dans le noir, immobile, comme si la moindre lumière pouvait attirer son ombre jusqu’ici. Je sais qu’elle est là, quelque part. Je le sens. Elle a ce don pour franchir les murs, pour s’insinuer dans ma tête, même à distance.

– Elle ne reviendra pas. Pas ce soir.

Je dis ces mots à voix haute, mais ils sonnent creux.

Un frisson me parcourt, glacial. Est-ce que je veux vraiment qu’elle reste loin ? Ou est-ce que je suis déjà en train d’espérer qu’elle me prouve que je me trompe ?

Je serre les poings. Je me déteste pour cette faiblesse. Pour ce besoin étrange d’elle, de son chaos, de ses yeux qui me regardent comme si j’étais la seule vérité qui vaille la peine d’être vécue.

Mila

Je suis devant l’hôtel. Le bâtiment se dresse devant moi, haut, froid, mais je n’ai pas peur. Derrière ces murs, il y a ce que je veux. Ce qui m’appartient.

Je reste plantée là, les bras croisés, fixant les fenêtres sombres. Je sais qu’il est là, quelque part, peut-être en train de m’insulter en silence, de m’effacer. Qu’il essaye. Qu’il ose.

– Tu peux fermer les portes, Eliah. Tu peux me bloquer. Mais tu ne m’effaceras jamais.

Ma voix n’est qu’un souffle dans le vent, mais je sais que ces mots brûleraient ses oreilles s’il les entendait.

Je fais un pas en avant, puis un autre. Mes mains tremblent, mais ce n’est pas de la peur. C’est de la rage. De la détermination.

– Tu es à moi. Que tu le veuilles ou non.

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