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Chapitre 11

Author: FlemmeDeNom
Après avoir vérifié qu’il n’y avait personne dans le couloir, Amélie a frappé à la porte. De l’intérieur, la voix d’Alexandre a retenti : « Entrez. »

En poussant la porte, elle a découvert qu’il n’était pas seul : un professeur d’une autre filière se trouvait là.

« Bonjour, Messieurs. » a dit Amélie.

En la voyant, l’autre enseignant s’est tourné vers Alexandre : « Ton étudiante est là. Je te laisse, et on fait comme tu as dit. »

Puis il est sorti, les laissant seuls dans le bureau.

« Assieds-toi. » Il s’est levé pour lui désigner la chaise en face de lui.

« Je viens juste récupérer le formulaire et je repars. » Sa voix était un peu timide.

« Pas de précipitation. On ne s’est pas beaucoup vus ces derniers jours. »

Amélie l’a observé se diriger vers le coin où il préparait toujours le thé. Comme la dernière fois, il a ouvert une boîte de bubble tea en portion individuelle.

Puisqu’il avait lancé la conversation, Amélie s’est résignée à s’asseoir en silence.

Très vite, le bureau s’est rempli de l’odeur sucrée du lait et du thé. Alexandre lui a tendu la tasse, encore fumante : « Fais attention, c’est chaud. »

« Merci. » Amélie a tendu la main pour prendre la tasse.

Elle aimait les choses sucrées, c’était comme si le sucre pouvait guérir toutes les petites tristesses.

Elle a bu une petite gorgée et a remarqué qu’Alexandre la regardait.

Amélie s’est aussitôt sentie gênée, sans savoir quel visage adopter.

Quand ils parlaient par messages, elle n’avait jamais ce problème. Peut-être que l’écran lui donnait de l’assurance. Mais là, en face de lui, ce rôle de professeur qu’il incarnait la mettait sous pression, la rendant nerveuse.

Alexandre a semblé percevoir son malaise et a pris la parole le premier : « Comment ça va, ces derniers temps ? »

Amélie, les mains serrées autour de la tasse de bubble tea, a hoché la tête.

« Et le bébé ? » Son regard a glissé vers son ventre.

Amélie a senti ses joues chauffer : « Ça va aussi. »

Elle ne mentait pas. Sans les résultats médicaux, elle n’aurait même pas réalisé qu’elle était enceinte. Son corps n’a pas vraiment changé, à part le fait qu’elle ne supportait plus les aliments trop gras. C’était à tel point qu’elle n’avait toujours pas l’impression d’être une future maman.

« Tant mieux. » Alexandre a ouvert un tiroir et en a sorti une feuille A4. « Dépose la demande au plus vite. Une fois que tu auras emménagé, ce sera plus simple pour moi de veiller sur toi. »

Quand Amélie a vu l’imprimé, elle a été surprise : il avait déjà rempli toutes les informations pour elle, des données personnelles aux motifs de la demande. Il ne restait plus qu’à signer.

« Merci. » Amélie a pris la feuille. « Je la donnerai à l’administration après le cours. »

« De rien. »

Le silence est retombé dans la pièce.

Amélie ne se sentait plus capable de rester et a demandé d’une voix hésitante : « Je peux y aller ? »

Ces mots sonnaient presque comme si Alexandre la retenait prisonnière.

Il a souri en la regardant : « Vas-y, prends soin de toi. »

Amélie s’est levée de sa chaise. Elle a fait quelques pas, puis s’est arrêtée avant de se retourner : « Monsieur Beaumont… merci pour le bubble tea. »

Quand la porte s’est refermée derrière elle, Alexandre a fixé un moment la porte close, les sourcils légèrement froncés.

Monsieur Beaumont ?

On dirait que cette petite n’a pas encore bien compris leur relation.

Amélie ne s’est pas attendue à rencontrer si vite le premier obstacle à son projet de colocation avec Alexandre.

Le responsable de la résidence a regardé le formulaire qu’Amélie venait de déposer et a dit : « Il y a eu un changement de règlement. Désormais, si vous demandez à quitter la résidence, il faut une signature d’un membre de votre famille. »

Le visage d’Amélie s’est décomposé. Elle s’est rappelé que, quand Anne avait fait la même démarche pour quitter le logement, il n’y avait pas eu besoin de signature. « Mais… avant la rentrée, cette règle n’existait pas. »

« Oui, » a acquiescé le responsable. « Mais il y a quelques jours, une étudiante a fait sa demande sans prévenir sa famille. Il lui est arrivé un problème à l’extérieur, et ses proches se sont retournés contre l’école. Du coup, la direction a ajouté cette nouvelle mesure. »

Amélie a quitté le bureau, l’air maussade. Elle n’a même pas encore atteint le rez-de-chaussée que son téléphone a vibré. C’était un message d’Alexandre.

Alexandre : Tu as déposé le formulaire ?

Amélie a immédiatement envoyé un emoji en pleurs.

Amélie : Le responsable du service logement dit qu’il faut une signature d’un membre de ma famille, sinon ils refusent la demande.

Une seconde plus tard, son téléphone a sonné : Alexandre l’appelait directement.

« Monsieur Beaumont… » La voix d’Amélie était faible et découragée.

Ces derniers jours, elle s’était déjà préparée psychologiquement à quitter la résidence. Elle avait acheté cette jolie coiffeuse pour la nouvelle maison, elle avait même déjà réfléchi à quelles plantes elle voulait mettre sur le balcon. Alors, apprendre qu’elle ne pouvait pas emménager à l’extérieur, c’était pour elle un vrai désastre.

« Tu es où ? » La voix calme et posée d’Alexandre a résonné.

« Au Bâtiment Montaigne, devant le bureau du service de la vie étudiante. »

« Attends-moi là, j’arrive tout de suite. »

Alexandre a raccroché sans attendre de réponse. Amélie ne savait pas pourquoi il voulait venir, mais elle n’avait pas d’autre choix que de l’attendre sagement.

Moins de cinq minutes plus tard, il est apparu dans son champ de vision.

Son pas était calme et assuré. Il avançait vers elle à grandes enjambées, son port élégant, ses traits réguliers, dégageant une aura sobre et distinguée.

Lorsqu’il s’est approché, Amélie a murmuré : « Monsieur Beaumont. »

Sa voix a pris, malgré elle, une nuance inquiète.

Alexandre n’a pas relevé son appellation. Son regard s’est posé sur son visage crispé : « Pas la peine de faire cette tête, ce n’est qu’un détail. »

Tout en parlant, il a pris le formulaire qu’elle serrait dans ses mains. « Allons-y. »

Sa haute silhouette, si proche d’Amélie, lui donnait la sensation d’être une enfant protégée par un adulte. Sans s’en rendre compte, Amélie s’est redressée, comme si elle retrouvait de l’assurance.

Le responsable du service logement étudiant n’avait pas imaginé qu’Amélie reviendrait si vite. En la voyant de nouveau entrer, il a soupiré : « Jeune fille, ça ne sert à rien d’insister. Sans la signature d’un membre de votre famille, je ne peux rien faire. »

À peine avait-il fini sa phrase qu’une silhouette élancée est entrée à son tour dans le bureau, bloquant presque toute la lumière de la porte.

Le responsable a immédiatement reconnu Alexandre. Surprise, il s’est levé d’un bond :
« Monsieur Beaumont ! Mais… qu’est-ce qui vous amène ? »

Tout le monde connaissait la réputation d’Alexandre ; rares étaient les étudiants ou professeurs qui ne savaient pas qui il était.

Alexandre a déposé le formulaire d’Amélie sur le bureau : « Je suis venu pour ça. »

Le responsable a jeté un coup d’œil au papier, puis un regard appuyé à Amélie.

Alors, elle est allée chercher du renfort…

Il ne comprenait pas pourquoi Alexandre tenait à se mêler de cette histoire, mais les règles étaient les règles. S’il arrivait quelque chose à l’étudiante, ce serait lui qui porterait la responsabilité.

Avec un soupir impuissant, il a dit : « Monsieur Beaumont, ce n’est pas que je ne veux pas vous aider, mais depuis l’incident de l’autre étudiante, la direction nous surveille de près. Sans une signature familiale, je ne peux pas valider la demande. »

Alexandre a dit d’une voix calme : « Je peux signer pour elle, ne vous inquiétez pas. »

Le responsable du service logement a regardé Alexandre, puis Amélie, en se demandant s’ils étaient de la même famille.

Mais Alexandre a sorti un extrait d’acte de mariage dûment tamponné et l’a posé sur le bureau :
« Voici notre acte de mariage. Sa demande de logement extérieur se fait avec mon accord. Je signerai les papiers et j’assumerai l’entière responsabilité en cas de problème. »

Le document officiel, frappé du sceau de la mairie, est resté là, sous leurs yeux. Le responsable du service logement est resté bouche bée.
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