Léo
Je suis encore assis dans la salle des parloirs, le combiné toujours entre mes doigts, alors qu’Eva s’éloigne. Elle a trouvé quelque chose.
Un trou dans mon dossier. Une faille.
Une porte de sortie.
Les battements de mon cœur cognent contre mes côtes. Trop tôt pour espérer, trop tard pour l’ignorer.
Le gardien frappe du pied contre le sol.
— Allez, Morgan, c’est fini.
Je repose lentement le téléphone. Retour à la cellule. Retour en enfer.
Mais cette fois… quelque chose a changé.
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Retour au Bloc
Quand je rentre dans la cour, tout le monde sent que je suis différent.
Je ne sais pas si c’est la lueur dans mon regard, la tension dans mes épaules, mais les regards s’accrochent à moi avec plus d’intensité.
Léa m’attend près du mur.
— Alors ?
— Alors quoi ?
Elle fronce les sourcils.
— Ta visite.
Je la fixe. Je n’ai pas envie de parler. Pas ici. Pas entouré de ces murs qui écoutent tout.
— Rien d’important.
Elle me scrute, cherchant le mensonge.
— Tu mens.
Je ne réponds pas.
Mais je sens une présence derrière moi. Un frisson me remonte la nuque.
Samira.
Elle est appuyée contre un poteau, les bras croisés, son sourire venimeux plaqué sur les lèvres.
Elle n’a pas oublié notre affrontement.
— Alors, le prince charmant a une admiratrice dehors ?
Sa voix dégouline d’ironie.
Je me tourne lentement vers elle.
— T’es jalouse, Samira ?
Un ricanement dans son clan.
Elle s’approche, sans quitter mon regard.
— Jalouse ? Elle rit doucement. Tu crois que ton petit espoir va changer quelque chose ?
Elle se penche à mon oreille.
— Tu ne quitteras pas cet endroit vivant.
Elle recule et me laisse là, avec cette promesse suspendue entre nous.
La guerre est déclarée.
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Un Cadeau Empoisonné
La nuit tombe.
Ma cellule est silencieuse. Léa est assise sur son lit, le regard perdu dans le vide.
Je sais qu’elle réfléchit. Qu’elle analyse.
Enfin, elle lâche :
— Samira ne te lâchera pas.
Je soupire.
— Je sais.
Elle se tourne vers moi.
— Alors pourquoi tu ne fais rien ?
Je la regarde.
— Parce que je ne joue pas sur son terrain.
Elle secoue la tête.
— T’es trop calme. Ça me fait flipper.
Je souris.
— C’est le but.
Elle me fixe un instant, puis se lève et quitte la cellule.
Je ferme les yeux, adossé au mur.
Je devrais dormir. Mais l’instinct me dit que ce serait une erreur.
Et j’ai raison.
Quelques minutes plus tard, un bruit dans le couloir. Des pas.
Un petit paquet glisse sous la porte.
Je me redresse. Merde.
Je l’attrape et l’ouvre.
Un morceau de tissu noir, soigneusement plié.
Et à l’intérieur, une lame artisanale.
Un message.
"Prépare-toi."
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La Nuit du Chasseur
J’attends.
Le silence est un monstre qui rampe le long des murs.
Je ne bouge pas, la lame cachée sous mon matelas.
Et puis, à 2h du matin, ça arrive.
Des bruits de pas furtifs. Un craquement de métal.
La porte s’ouvre lentement.
Trois ombres entrent.
Je reconnais la brune de la dernière fois, celle qui m’a attaqué dans le couloir. Cette fois, elle a un couteau.
L’air est glacé.
Elle murmure :
— T’aurais pas dû résister, Morgan.
Je ne réponds pas.
L’adrénaline pulse dans mes veines.
Elle s’approche.
Je bouge avant elle.
Rapide. Précis. Féroce.
Je frappe du poing, mon coude s’écrase contre son nez. Elle recule en hurlant.
Les deux autres attaquent.
La cellule est trop petite. Ça va vite, c’est sale.
Je bloque un coup, mais l’autre m’atteint dans l’estomac. Mon souffle se coupe.
Je réplique.
Je saisis l’une par le bras et la balance contre le mur. L’autre recule, hésite.
J’en profite. La lame dans ma main est une extension de moi-même.
Je la plaque contre la gorge de la brune.
Elle se fige.
— Sors.
Elle hésite, tremble.
— Sors !
Elles disparaissent, laissant derrière elles le goût métallique du danger.
Je reste debout, haletant.
J’ai gagné. Cette fois.
Mais Samira n’en restera pas là.
Et moi, je n’ai plus qu’une solution : frapper le premier.
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Léo et Eva – La Dernière Carte
Le lendemain, une autre visite.
Eva est là, encore plus déterminée.
— Ils ont triché.
Ma mâchoire se crispe.
— Explique.
Elle pose un dossier devant elle.
— Des preuves ont été modifiées. Des témoignages corrompus. Quelqu’un a voulu s’assurer que tu sois condamné.
Mon estomac se serre.
— Qui ?
Elle hésite.
— Un nom revient souvent : Erik Vasquez.
Mon sang se glace.
— Vasquez ?
Elle acquiesce.
— Il a tout manigancé. Et il ne veut pas que tu sortes.
Je me renfonce dans ma chaise.
— Ça veut dire quoi, Eva ?
Elle me regarde, droite, inébranlable.
— Ça veut dire que ton incarcération n’est pas un hasard. Et si on ne bouge pas vite, ils vont s’assurer que tu restes ici… à jamais.
Un silence.
Puis elle murmure :
— Mais j’ai un plan.
Et moi, pour la première fois depuis longtemps, je veux y croire.
ÉvaIl y a des moments où le monde semble ralentir, où chaque seconde devient un reflet d’un autre temps, d’une autre vie. Pourtant, ici et maintenant, dans cette pièce baignée par la lumière dorée de l’après-midi, tout se passe à une vitesse fulgurante. Les bruits de la rue s’estompent derrière les fenêtres, la vie continue à l’extérieur, mais ici, dans notre monde à nous, chaque mouvement, chaque pensée est calculée, précise. L’adrénaline de nos vies passées semble se dissiper, mais l’intensité, elle, demeure. Cette intensité silencieuse, palpable, qui flotte entre nous, une force qui nous pousse à avancer, encore et encore. Nous avons survécu à la tempête, à la rage des éléments, à la douleur. Mais ce n’est pas la fin. Non, c’est le début d’autre chose. D’une ère nouvelle.À mes côtés, Léo, toujours aussi calme et concentré, semble avoir trouvé sa place dans ce monde que j’ai reconstruit. Un monde que j’ai voulu solide, implacable, mais aussi, d’une certaine manière, plus doux. Il
ÉvaLes heures se sont glissées dans le silence, dissimulées dans l’ombre de ce que nous avons traversé. Le passé semble si lointain maintenant, presque irréel, et je m’étonne de voir à quel point il peut se dissiper lorsqu’on laisse place à l’instant présent. La ville autour de nous est silencieuse, comme si elle retenait son souffle, comme si elle savait que ce que nous vivons ici est plus grand que tout. Le vent léger de l’aube entre par la fenêtre, caressant ma peau. L’air est frais et pur, mais dans mon cœur, il n’y a plus que la chaleur de ce qui nous lie. Le monde tout entier semble avoir disparu, et il ne reste que lui et moi, dans cet espace intime, où le temps n’a plus d’emprise.Léo est là, adossé contre le mur, ses yeux rivés sur moi. La lumière douce de l’aube se joue de ses traits, éclairant chaque détail de son visage, chaque nuance de son expression. Dans ses yeux, il y a une calme certitude, comme s’il savait que tout ce qui comptait à cet instant n’était pas tout ce
ÉvaLes lumières de la ville brillent au loin, comme des étoiles égarées.Le vent de la nuit fait frissonner les rideaux.Il est tard, trop tard.Mais il n’y a plus de retour possible.Je regarde Léo, assis près de la fenêtre, les yeux perdus dans l’obscurité.Il est là, près de moi, mais tout semble si lointain.Nous avons traversé un océan de sang et de mensonges, et maintenant, l’eau est calme, trop calme.Un silence lourd comme un secret non dit.Tout est terminé, et pourtant, il reste quelque chose, un écho, un murmure d’un autre temps, une promesse que nous avons échangée.Je m’approche de lui, pose une main sur son épaule.Il sursaute à peine, mais je vois la guerre dans ses yeux.La guerre qui ne cesse jamais vraiment.Même quand les coups sont partis, même quand tout est fini.Éva – doucement« Léo, est-ce que tu penses qu’on peut réellement repartir de zéro ?Ou est-ce que tout ce qu’on a fait n’a été qu’un chemin vers un nouveau commencement ? »Il tourne son regard vers mo
LéoLa nuit est tombée en silence, comme une promesse de calme avant l’explosion.Dans le vieux bureau, les papiers sont éparpillés partout.Les dossiers sont maintenant prêts, les preuves rassemblées.L’odeur de l’encre, du vieux papier, et de l’adrénaline flotte dans l’air, imprégnant chaque recoin du lieu comme une alerte avant le départ.Éva n’a pas dit un mot depuis que nous avons commencé à rassembler les morceaux de l’empire.Mais je vois la tension dans ses gestes.Ses doigts effleurent parfois un document, puis se figent.Elle ne me le dit pas, mais je sais.Elle a la même peur que moi : que tout cela n’ait été qu’un rêve.Je m’arrête un instant, le regard plongé dans l’écran de l’ordinateur.Les premières informations sensibles sont en train d’être envoyées à l’adresse codée.Bientôt, le monde saura.Et à cet instant, tout ce que nous avons, tout ce que nous avons bâti – ou détruit – sera exposé à la lumière.Éva – voix calme mais sûre« Qu’est-ce qui nous attend, Léo ?Tu s
ÉvaIl y a quelque chose d’intime, de précieux, dans ce silence entre nous.Pas celui de l’évitement.Non.Un silence qui apaise, qui dit que l’on peut exister l’un à côté de l’autre sans crainte.Quand il se retourne enfin, il s’approche, prend une miette sur ma lèvre avec le pouce.Geste simple. Presque dérisoire.Mais je sens le poids des choses non dites dans son regard.Léo – bas, presque honteux« J’ai peur, tu sais. »Je ne bouge pas.Je ne réponds pas tout de suite.Je laisse son aveu suspendu dans l’air, comme une note fragile qui ne demande qu’à vibrer plus fort.Éva – doucement« Moi aussi. »Nos regards se croisent.Il y a de la peur, oui. Mais aussi une détermination nouvelle.On a déjà trop perdu.On a déjà trop brûlé.Alors maintenant, il ne reste que ce choix : avancer, ensemble.---LéoJe m’assieds en face d’elle, mes coudes sur la table, les mains jointes.Elle me regarde toujours.Pas avec pitié.Pas avec crainte.Mais avec cette lucidité brûlante qui m’a toujours
ÉvaLe soleil n’a pas encore franchi l’horizon.Pourtant, une clarté douce et chaude baigne déjà la chambre.Non celle du jour, mais la sienne.Sa chaleur, son souffle régulier dans mon cou, sa main qui repose encore sur ma hanche.Il dort.Et pour la première fois depuis si longtemps, son visage s’est détendu.Ses traits d’ordinaire tendus par la douleur ou l’inquiétude sont apaisés, presque juvéniles.Je me retourne lentement, veillant à ne pas rompre cette quiétude fragile.Je le contemple.Léo.Mon tumulte. Mon refuge.Ses cils frémissent, effleurent sa joue.Un soupir glisse de ses lèvres. Peut-être rêve-t-il.Peut-être de nous. Peut-être de rien.Je tends la main, effleure sa joue du bout des doigts.Il ouvre les yeux. Ils sont encore lourds de sommeil, mais leur éclat me frappe comme une évidence.Léo – voix rauque, veloutée par la nuit« Tu es encore là. »Je hoche la tête.Je ne réponds pas.Ce silence contient plus d’engagement que n’importe quelle promesse formulée à voix h
LéoJe croyais que j’aurais plus de temps.Mais à peine deux jours se sont écoulés que déjà, les ombres de mon monde remontent à la surface.Le téléphone vibre. Trois fois. Toujours le même numéro.Celui de mon père.Je n’ai pas décroché.Pas encore.Mais je sens que ça approche. Que le moment vient.Éva est dans la pièce d’à côté.Elle trie des papiers, fait semblant de ranger.Depuis qu’on s’est retrouvés, tout est fragile.Chaque mot pèse. Chaque geste est une promesse silencieuse qu’on n’ose pas encore prononcer à voix haute.Et pourtant, elle est là.Présente.Belle dans ses silences.Je m’approche. Je pose ma main sur sa nuque.Léo – bas« Je dois lui parler. »Elle ne se retourne pas.Éva – calme« Je sais. »---ÉvaJe le sens reculer.Même quand il s’avance vers moi.Il pense que je vais le retenir.Mais ce n’est pas ce qu’il me faut.Je ne veux pas d’un homme qui fuit.Je veux quelqu’un qui reste debout. Même quand tout vacille.Alors je me tourne.Je l’embrasse doucement su
LéoLe train file à travers la campagne.Le paysage défile si vite que j’en ai mal à la tête.Mais je ne détourne pas les yeux.J’ai quitté le manoir cette nuit.Pas un mot. Pas un bruit.Je n’ai pris que l’essentiel : la lettre de ma mère, les documents, et la bague qu’Éva a oubliée sur ma table de chevet un matin où elle était pressée.Elle croyait que je ne l’avais pas vue.Mais je l’ai gardée.Parce qu’elle sentait encore sa peau.Je ne sais pas ce qui m’attend.Mais je sais ce que je laisse derrière.Et je n’ai aucun regret.J’ai tout dit au journaliste.Tout.Les noms. Les comptes. Les morts qu’on a voulu faire taire.Il a promis de publier. De tout dévoiler.Moi, je n’ai rien demandé.Pas de reconnaissance. Pas de pardon.Seulement… que ça s’arrête.Que le silence cesse de couvrir les hurlements.Je pense à elle.À Éva.À la façon dont elle me regardait quand je pensais ne plus rien valoir.À sa patience. Sa colère. Son absence de jugement.Je me suis brûlé à son amour.Mais c’
ÉvaDeux jours.Quarante-huit heures à regarder les aiguilles tourner, à guetter les messages qui ne viennent pas, à remplir les silences avec des souvenirs qui font plus mal qu’ils ne réconfortent.Je fais semblant d’avoir une vie. Je vais au travail, je ris aux blagues de collègues dont je n’entends pas les mots, je rentre chez moi comme si c’était normal.Mais je ne suis plus là. Je suis ailleurs.Là où il est.Ou là où il n’est plus.Le café n’a plus de goût.La musique m’agace.Je n’écoute que les battements irréguliers de mon propre cœur, comme s’il me rappelait chaque minute que Léo me manque. Que tout en moi le réclame.Je dors mal. Les nuits sont pleines de rêves troués.Je me réveille en sursaut, persuadée de l’avoir entendu frapper à la porte.Mais il n’y a que le vent. Et le vide.Le mot qu’il a laissé… je l’ai relu cent fois.Je le garde plié dans mon livre préféré, au creux d’un chapitre sur les départs.Ça me semble ironique. Cruel, même.Et puis ce matin, la lettre.Gl