LiraJe suis allongée contre lui, peau contre peau, encore nue, encore offerte, mais dans un calme étrange qui ne ressemble en rien à la fin d’un acte charnel. C’est un silence alourdi d’échos, de battements en suspens, de présages. Un de ces silences qui précèdent les bouleversements, les révélations, les éclats d’un monde qui vacille.Sa chaleur me pénètre comme une lumière douce, comme une évidence ancienne que j’aurais retrouvée au creux de ses bras. Mes doigts reposent sur son torse, caressant sans y penser la cicatrice pâle qui traverse son flanc gauche. Il respire lentement, profondément, comme si chaque souffle le ramenait plus près de lui-même ou de ce qu’il était destiné à redevenir.Ses paupières sont closes, mais je sais qu’il ne dort pas. Il est là, avec moi, pleinement là, suspendu dans le même entre-deux, dans ce moment fragile où le monde entier semble retenir son souffle. Sa main remonte le long de mon bras dans un geste lent, sans but autre que celui de sentir, de co
LiraLe silence ne s’est pas brisé.Il s’est simplement transformé.Il s’est lové entre nos respirations, il a glissé sous ma peau, comme une rivière souterraine qui remonte lentement vers la surface. Il ne hurle pas. Il chuchote. Il étire le temps jusqu’à ce qu’il n’en reste que la sensation. Le frisson. L’instant.Volarion est là.Tout proche. Trop proche. Pas assez.Ses bras m’enveloppent sans me contraindre. Ils m’engloutissent avec cette douceur étrange des choses qui ne menacent pas mais retiennent. Comme un souvenir. Comme une prière silencieuse gravée dans la chair.Je suis blottie contre lui, front niché dans le creux tiède de sa gorge, juste là où son pouls bat avec régularité comme s’il me prêtait son rythme pour calmer le tumulte en moi. Je ferme les yeux. Je laisse mon souffle s’accorder au sien. Je laisse mon corps se mouler au sien, centimètre par centimètre, jusqu’à ne plus savoir où je commence, où il finit.Le silence respire avec nous.Il est devenu la chambre elle-
LiraJe garde les yeux fermés encore un instant.Pas parce que j’ai peur d’ouvrir les paupières.Mais parce que je veux retenir le monde ainsi.Juste un peu . Suspendu ! Respirant contre le sien.Liée à lui par un fil invisible, une onde, un battement.Il ne parle pas.Il ne bouge pas.Et pourtant, tout en moi sait qu’il est là.Son front contre le mien, très légèrement.Son souffle, chaud, irrégulier, qui effleure ma peau avec la délicatesse d’un souvenir.Nos doigts encore mêlés, encore serrés, comme un ancrage, un refus de redevenir deux.Dans cet espace minuscule entre nous, où plus rien ne sépare nos visages, j’ai l’impression que le reste peut attendre.Les réponses , les justifications .Les blessures qu’on n’a pas encore nommées.Les absences trop longues, les nuits trop vides.Tout ça peut bien rester dehors.L’univers peut vaciller, hurler, se briser à nouveau.Nous, nous sommes là.Et c’est assez.Je sens ses doigts se refermer un peu plus fort sur les miens.Pas pour me r
LiraD’abord, je crois que je rêve un de ces rêves flottants, suspendus entre l’oubli et la mémoire, sans contours précis, sans son pour guider, sans forme pour ancrer, simplement habité par une sensation qui pulse doucement sous la peau, un écho venu d’ailleurs, comme un murmure oublié, un appel fragile, tissé de silence et de vertige.Ce n’est pas une peur.C’est un éveil.Quelque chose se lève dans l’air.Quelque chose s’ouvre, doucement, sans violence, comme si le monde, ce monde immense, écorché, recousu de blessures anciennes, retenait soudain son souffle de peur de troubler ce qui s’approche.Le vent change.Il se densifie.L’air devient presque palpable, lourd et épais comme une mer invisible à traverser.Je ressens chaque pas dans mon corps comme s’il me tirait hors de moi, hors du réel, vers une frontière que mes yeux ne voient pas encore, mais que mon cœur connaît par-delà les âges.Le sol vibre à peine sous mes pieds, pas comme un tremblement, mais comme une mémoire enfoui
VolarionLe feu s’est tu.Pas éteint.Pas dompté.Mais contenu pour l’instant.Comme une bête tapie, lovée dans mes entrailles, aux aguets, prête à se redresser si je faiblis encore.Ma peau fume, mes veines tremblent, et la magie, toujours brûlante, serpente sous ma chair comme un serpent ivre de colère.Mais ce n’est plus la rage qui la nourrit.C’est autre chose.Une tension fine. Un appel venu d’ailleurs.Je l’ai senti.Faiblement. Presque comme un souffle.Un frisson dans l’air.Une vibration ancienne, mais reconnaissable.Elle.Mon corps gémit sous l’effort alors que je me redresse. Chaque muscle proteste, chaque os craque sous la pression du feu contenu.J’ai cru céder.J’ai failli me laisser consumer.Mais un souvenir m’a rattrapé à la dernière seconde.Lira.Sa main contre la mienne.Son front posé contre le mien, jadis, dans un monde plus doux.Sa voix, basse, quand elle me disait : "Je suis là."Ce souvenir ou peut-être ce mirage m’a ramené.Et maintenant, quelque chose me
VolarionLe sol tremble sous mes pas.Pas parce que la terre gronde, non mais parce que je gronde.Ma magie n’est plus une compagne.Elle est devenue ennemie.Insatiable. Instable.Un feu noir, affamé, acide, qui s’insinue dans mes veines, écorche mes os, ronge mon souffle.Elle me réclame.Elle hurle.Elle veut brûler , détruire , avaler ce monde qui m’a pris Lira , même si c'est faux , car c'est moi qui l'ai quitté malgré ses supplications .Chaque pas devient plus lourd, comme si la terre refusait de me porter, comme si elle savait que je n’étais plus fait pour marcher parmi les vivants.Je titube.Je tombe à genoux.Et la magie explose.Un cercle de feu se propage autour de moi, dévorant tout ce qu’il touche roches, poussière, lumière.La terre se fissure, les arbres ceux qui avaient osé pousser malgré les cendres se désintègrent, et l’air lui-même crépite.Et pourtant, au centre de cet ouragan incandescent, je grelotte.Le feu est en moi.Un feu ancien. Primal. Celui de la perte.