Personnages : Aleksandr, Yvi, Lyam, Kael, SorenAleksandrJe la regarde.Elle est là.Debout.Immobile.Mais je vois ses genoux vaciller, ses mains crispées dans les plis de sa robe comme si elle voulait s’arracher à ce corps, fuir, hurler.Elle se tient devant moi comme une condamnée face à son bourreau, mais il n’y a pas de chaînes autour de ses poignets. Non.La chaîne, c’est moi.Et je la hais pour ça.Pour cette emprise qu’elle a sur moi.Pour ce pouvoir qu’elle ne maîtrise même pas.Elle m’a possédé sans me toucher. Elle m’a brisé sans lever la main. Elle est mon fléau, mon salut, mon malheur.Et pourtant, elle ose.Elle ose me demander l’impensable.L’abandon.La fin.La délivrance.— Tu me demandes de te laisser partir…Les mots s’échappent dans un souffle rauque, étranglés par la colère, par la peine, par une douleur trop ancienne pour être humaine.Ma voix se brise, et je sens tout en moi se fissurer.Je suis un roi. Je suis un monstre. Un seigneur de sang. Un dieu parmi les
YviJe le sens dans mes os, ce poids qu’il dépose sur mon âme. La guerre est à ma porte, et pourtant, c’est lui qui est mon maître, celui qui me brise sans même me toucher. Il n’y a pas de fuites, pas de protection dans ce monde. Je suis prisonnière de son emprise, et il le sait. Et je le sais aussi.Je devrais être effrayée, mais c’est une chaleur étrange qui me consume. Il m’a marquée, son ombre se glisse dans mon esprit, se faufile dans chaque pensée, chaque souffle. La promesse d’une liberté que je n’ose plus appeler de ce nom. Parce que je suis mienne et pourtant… je lui appartiens.Il m’a fait ce qu’il a voulu. Il m’a brisée, mais il me garde encore intacte, comme un objet précieux et dangereux. Le goût de sa possession sur mes lèvres m'étouffe, mais je ne peux m’en défaire. Pas encore. Il a tout ce que je suis, tout ce que je pourrais être. Et il le sait.La guerre gronde, elle m’entoure, mais je suis comme suspendue dans cet espace étrange où il n'y a plus de place pour la fui
YviJe suis là, suspendue entre deux mondes, entre l'envie et la défaite. L'ombre de ce que je suis s'effrite chaque fois qu'il me touche, chaque fois qu'il m'approche. C'est une sensation indescriptible, douce et douloureuse à la fois, comme si mon âme était brûlée par un feu que je ne comprends pas. Il est la flamme. Il est la cendre. Et je me consume sans pouvoir échapper à cet incendie, sans pouvoir me défaire de la chaleur qui me dévore. La vérité est que je suis à la fois la victime et la complice, et dans cette dualité, je me perds un peu plus chaque fois que nos corps se frôlent.Ses mains effleurent ma peau, douces d'abord, comme une promesse. Je le sens, chaque frisson parcourant mes nerfs, chaque souffle que je n'arrive pas à contrôler. Ses doigts caressent mes bras, suivent la ligne de mes côtes, tracant des sentiers invisibles de désir. Il est là, dans mon espace, et tout en lui me parle d'une domination silencieuse. Il ne me force pas, mais il ne me laisse pas le choix.
YviJe suis en train de m'effondrer, lentement, inexorablement. Le monde autour de moi disparaît peu à peu, tout ce que je suis se rétrécit, se concentre sur lui. Lui, l'homme qui a pris racine dans mon esprit, qui étreint mon cœur avec une force que je n’arrive plus à définir. Chaque souffle que j’inspire, chaque battement de mon cœur résonne avec sa présence. Il est là, toujours là, dans chaque recoin de mon être, dévorant, insatiable.Je sens le désir m'envahir à chaque contact. Ses mains, brûlantes, m'effleurent et me consument, comme des flammes mangeant un bois sec. Chaque baiser qu’il dépose sur ma peau est un acte de possession, un marquage invisible, mais inaltérable. Il me dévore de l’intérieur, mais je ne peux pas m’arrêter. Parce que, paradoxalement, je veux qu’il le fasse. Parce que je suis perdue. Et plus je lutte, plus il enflamme cette guerre entre ce que je veux être et ce que je suis devenue.Mon corps répond à ses caresses avant même que ma volonté ne puisse y réagi
YviJe me réveille lentement, comme si le monde entier était flou, noyé dans une brume chaude et pesante. J'ai l'impression que le temps lui-même hésite à reprendre son cours, que tout se suspend autour de moi. Chaque souffle que je prends est lourd, chaque mouvement me coûte un effort insurmontable. Je me sens brisée, éparpillée, comme si chaque partie de moi-même était en train de se remettre en place, mais de façon désordonnée, confuse.Je tourne lentement la tête, mes yeux se posent sur lui. Aleksandr. Il est là, à mes côtés, son regard toujours aussi intense, même dans le silence. Et c'est ce silence qui me paralyse. C'est dans ce calme presque effrayant que je ressens la profondeur de ce qui s'est passé. Il n'a pas besoin de dire un mot, je le sais déjà. Je suis mienne, et je suis à lui. Le monde peut bien brûler autour de nous, rien n'a changé. Je suis perdue, mais j'y trouve un étrange réconfort.Je ferme les yeux, mais l'image de ses bras autour de moi, de son corps contre le
YviJe n'entends pas le bruit de la porte s'ouvrant. Je ne vois pas les ombres qui passent devant moi. Tout ce que je ressens, tout ce que je perçois, c’est la chaleur d’Aleksandr, ses mains qui me marquent, me contrôlent. J'ai l'impression que le monde extérieur n'existe plus, que rien ne compte hormis cette présence dévorante, ce lien que j’ai avec lui, aussi toxique soit-il. Le poids de son corps contre le mien est une ancre qui m’empêche de fuir, un poids que je ne veux pas enlever. Mais, au fond de moi, quelque chose gronde, un éclat de réalité qui brise le rêve que j'ai tissé autour de lui.Des voix. Des pas précipités. Un changement dans l’air, une tension nouvelle. Je sens Aleksandr se tendre, ses bras se raidissant autour de moi, son regard perçant cherchant à percer cette intrusion qui dérange notre moment. Il serre davantage, me rapprochant de lui comme pour me protéger. Mais je sens la présence de quelque chose... de quelqu’un d’autre.AleksandrJe n’entends pas les triplé
AleksandrJe les regarde, chaque muscle de mon corps tendu, prêt à réagir à la moindre tentative de leur part. Je sais ce qu’ils veulent, je sais ce qu’ils espèrent. Mais Yvi est mienne. Elle l’a toujours été, et ils devront faire face à cette réalité. Ils peuvent tenter de m’arracher ce que je tiens, mais ils découvriront qu’ils sont à des années-lumière de comprendre le lien que j’ai forgé avec elle.Je la garde contre moi, mon regard défiant, ne laissant aucun doute sur mes intentions. Ils peuvent essayer de récupérer ce qui leur appartient selon leurs règles. Mais moi, je joue selon les miennes.AleksandrJe les vois entrer, et je sais qu’ils savent. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, c’est une métamorphose. Une lueur nouvelle dans leur regard. De la terreur ? Non. De la rage. De la perte. De la conscience que quelque chose leur échappe définitivement.Leur démarche n’a plus rien des anciens seigneurs conquérants. Ils sont venus pour elle. Pas pour une guerre. Pas pour un
AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
KaelLe palais d’Aleksandr est un endroit où le temps semble se figer. Chaque couloir que nous traversons est une vieille relique, une pièce de l’histoire du vampire qui nous guide dans ce lieu oublié des vivants. Les murs, ornés de tapisseries anciennes, racontent des histoires de batailles et de sang versé, des légendes de créatures mythologiques perdues dans la brume du temps. C’est dans cet endroit que nous avons été amenés, dans cet endroit qui se dresse comme un monstre qui attend patiemment d’être réveillé.Mais c’est Yvi qui domine tout. Elle est notre lumière et notre ténèbre, notre faiblesse et notre force. Il n’y a pas un seul de nous qui ne soit pas prêt à tout sacrifier pour elle, à tout risquer, même nos âmes. Peut-être que cela fait de nous des fous, des êtres égarés, mais c’est ainsi. Et dans ce silence pesant, je sais que cette guerre silencieuse que nous menons tous est plus qu’une simple question de territoire ou de pouvoir. Elle est bien plus profonde. C’est une qu
KaelL’ombre du palais d’Aleksandr se profile devant nous, immense, imposante, presque irréelle dans l’obscurité qui tombe sur nous. Le vent qui nous a poursuivis jusque-là semble se dissiper à l’entrée, remplacé par un silence lourd, presque étouffant. L’architecture du palais est une œuvre de pierre et de verre, une structure gothique qui semble vouloir fusionner avec la nuit elle-même. Les murs sont ornés de statues de créatures oubliées, leurs regards vides fixant un destin que nous partageons tous, d’une manière ou d’une autre. Nous avons franchi le seuil, et avec ce passage, il n’y a plus de retour en arrière.Aleksandr est en tête, son allure silencieuse, presque irréelle, dégageant une puissance que même les loups-garous les plus redoutés ne peuvent ignorer. Ses yeux, des braises ardentes dans la pénombre, scrutent l’horizon comme un prédateur anticipant le moindre mouvement. Il est un vampire. Un prédateur à part entière dans un monde de proies, et pourtant, ce qui nous lie a
Kael, Lyam, Soren, AleksandrKael La terre tremble encore sous nos pas. La bataille que nous avons livrée a laissé des cicatrices invisibles, mais elles sont là, profondément ancrées dans l'âme de chaque membre de notre groupe. Nous avons cru, un instant, que la guerre était terminée. Mais le calme, ce silence pesant qui nous enveloppe, n’est qu'une illusion. Nous savons tous que la véritable épreuve n’a fait que commencer. Le vent, toujours aussi froid, semble porteur d'un message de menace, d'un avertissement que nous n’avons pas encore compris.Je jette un coup d'œil furtif à Aleksandr. Son regard est noir de détermination, et il marche sans un mot, comme un spectre parmi les vivants. Il a combattu à nos côtés, mais il n'est pas comme nous. Il n’appartient pas à notre meute, à notre famille. Il est l'inconnu, l'intrus parmi les nôtres, et pourtant, sa présence ne fait qu'ajouter à la lourdeur de l'instant. Il a ses propres démons, des batailles qu'il mène dans l'ombre, loin de notr
KaelLe poids de la victoire est plus lourd que je ne l’avais imaginé. Ce n’est pas une légèreté de triomphe que je ressens, mais une lourdeur, comme si chaque battement de mon cœur me rappelait que ce n’est jamais simplement une victoire. Chaque perte, chaque instant de douleur, a imprimé son écho sur nous. Nous avons retrouvé Yvi, oui. Mais à quel prix? Le visage de Soren est impassible, ses yeux d’acier scrutant l’horizon, comme s’il attendait le prochain coup. Lyam, à mes côtés, semble plus léger. Peut-être parce qu'il voit ce que je ne vois pas encore. Il croit que la bataille est finie. Moi, je sais qu'il y a toujours un dernier sacrifice qui nous attend.Je lève les yeux vers l'horizon, où les ombres se fondent dans la lumière naissante. L’aube est encore un mirage, une promesse distante. La guerre nous change. Elle ne nous laisse jamais intacts.— Kael, dis quelque chose, murmure Lyam, la voix brisée par la tension qui s’effondre enfin. C’est fini, non?Je le regarde. Ses yeux
KaelLes couloirs défilent à une vitesse irréelle. Chaque pas que nous faisons, chaque souffle pris dans l’obscurité de ce palais, est chargé de la même urgence : Yvi. Elle est là, quelque part dans cette forteresse de pierre et de secrets. Le froid ne me touche plus. Il est noyé sous l’incendie de ce que je ressens, l’appel brûlant qui ne s’éteint pas.Je sens la meute derrière moi, silencieuse mais prête. Ils sont là pour elle. Tous. Pour briser les chaînes qui la retiennent, pour réécrire ce qui a été forgé dans l’ombre.Lyam marche à ma gauche. Ses pas sont aussi mesurés que les siens, et pourtant je sens la ferveur dans chacun d’eux. Il se bat contre son propre fardeau, celui d’un frère qui se doit de protéger. Mais ce n’est pas simplement la protection qui nous lie à Yvi. C’est la rédemption.— Elle est proche, dis-je sans vraiment y penser, ma voix s’éteignant dans le vacarme de la rage qui gronde sous la surface.LyamLa tension est palpable. Chaque fibre de mon être vibre, ch
KaelLe vent gifle mon visage, froid comme une lame. Mais ce n’est pas le froid qui m’arrache un frisson. Ce n’est pas l’hiver, ni la menace de la guerre. C’est elle. C’est Yvi.Elle est quelque part entre ces murs, seule. Et en danger.Je serre les poings. Les couloirs d’Aleksandr puent la domination et le sang ancien. Ce palais est un piège doré, une forteresse pour les monstres. Et pourtant, c’est ici qu’elle est retenue.Je lève les yeux. Lyam est à ma droite, Soren à ma gauche. Nos regards se croisent, et la tension entre nous devient vibration.L’appel est là, sourd, viscéral. Il pulse sous notre peau.— Il est temps. On doit l’appeler, dis-je.Ils hochent la tête. Rien d’autre n’est nécessaire. On agit. Toujours. Ensemble.Je ferme les yeux. Je tends mes racines intérieures vers la terre, même si elle est étouffée sous les pierres, écrasée par le pouvoir d’Aleksandr. L’énergie répond. Faible, mais vivante.Je puise dedans. Je me laisse envahir.Et d’un cri brut, un rugissement
Aleksandr, YviAleksandrL'alerte est donnée. Les grondements de la guerre résonnent à travers les murs de mon château, aussi sûrs qu'ils aient été construits. Je le sens dans l'air, cette tension qui se tisse, invisible mais implacable, comme un serpent prêt à frapper. Une attaque. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j'ai le temps d'entendre avant que tout ne bascule.Je me tiens sur le balcon, les yeux fixés sur l’horizon obscurci par l'ombre de l'attaque qui se profile. Le vent fait claquer les bannières de mon royaume, comme un cri dans la nuit. Mais ce n'est pas le vent qui me frappe le plus. C'est cette lourdeur, cette pression palpable dans l'air, comme si tout l'univers se préparait à se resserrer autour de moi. Je ressens ce poids lourd, cette pression sur ma poitrine. Mais il y a aussi autre chose. Quelque chose de plus fort. Une rage qui commence à bouillir, comme le sang dans mes veines, prête à exploser. Mes mains se serrent sur la balustrade, mes poings craquant sous
Yvi Je suis là, face à lui, les mots échappant de mes lèvres comme des chaînes que je viens de briser. J’ai tout dit. J’ai partagé ce que je suis devenue, ce que je porte. Ce que j’ai accepté. Et ce qui est inévitable.Je croyais que la vérité nous rapprocherait. Je croyais qu’après tout ce que nous avons traversé, il comprendrait. Mais je vois dans ses yeux quelque chose que je n'avais pas anticipé. Quelque chose de plus sombre, de plus lourd. Un tourbillon de colère. De possessivité. Il recule, comme si ma déclaration était un coup, une insulte qu’il ne peut pas tolérer. Les triplés. L’enfant que je porte. L’idée qu’ils soient en moi le fait trembler. Je le vois. Il le cache, mais je le vois. C’est une souffrance qu’il masque sous un masque de fer, mais ses yeux ne mentent pas. Je vois l’horizon s’assombrir dans son regard, un orage en gestation.Aleksandr Il ne dit rien tout de suite. Le silence s’étend, lourd, comme un filet invisible qui resserre la pièce. Il tourne autour de moi
YviJe me tiens là, sous les cieux gris, les battements de mon cœur résonnant dans ma poitrine.Le vent mord la peau, mais c’est une morsure familière. Ce n’est pas le vent qui me glace.C’est cette vérité qui brûle en moi.Ce que je porte.Ce qu’il sait déjà.Je suis enceinte.Et ce n’est pas d’Alexandr.Mais il le sait.Il l’a su avant même que je ne le dise.Le lien entre nous est étrange, hors du temps, hors du monde.Il sait.Comme il a toujours su.Et pourtant, rien ne peut préparer un cœur à cette vérité-là.Je frappe la porte de sa chambre .Je ne m’arrête pas, mes pas me mènent à lui, comme un instinct, comme un appel.Mais il m’attend déjà, là, dans l’ombre de son trône, un visage impassible, une silhouette immobile.Le silence entre nous est lourd. Chargé de tout ce qu’il n’a pas encore dit.Je le sens, dans l’air, dans les vibrations de la pièce.Il attend que je parle, mais il sait.Il a toujours su.AleksandrJe ne dis rien au début.Le bruit de mes pas dans la pièce rés